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Critiques de Pascal Martin (68)
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Va manger tes morts

Bon... le titre n’est pas engageant... Mais ma libraire m’a si bien recommandé ce polar que je l’ai pris et lu dans la foulée pour profiter de cette IMMENSE BOUFFÉE D’OXYGÈNE, celle promise sur la couverture. J’ai trouvé dans ce roman atypique : adrénaline, inventivité de l’écriture, surprise d’un scénario qui détonne, énorme cri d’espoir et de liberté. De l’oxygène à pleins poumons !



Le titre ? Une simple référence à une expression gitane, l'insulte suprême pour un Gitan, celle que l'on envoie à la figure de celui qui renie ses ancêtres. Romane, la passionaria manouche déjantée du récit, l’utilise souvent quand elle dégage du terrain les brutes qui ont massacré son enfance, lorsqu’elle vivait dans le camp des Savic. Ne pas chercher ici une étude fine sur la communauté des gens du voyage... Il y a deux clans ennemis, celui des Savic et celui des roumains, tirant leur revenu d’un catalogue de délits allant de la mendicité jusqu’à la vente d’arme.



Rio Capo Ortega est un agent de la société ALFA, Agence de Lutte contre les Fraudes à l’Assurance. Il vérifie s’il n’y a pas tricherie et si le lésé a bien droit à des indemnités. Oui, ça existe ce type d’enquêteur, j’en ai rencontré un une fois, qui était également un gentil garçon. J’espère qu’il n’a pas connu une destinée aussi mouvementée ! Célibataire, Rio mène une vie sans surprise, parfaitement ennuyeuse mais qui lui convient. La seule aventure qu’il se permet est de trouver un nouveau restaurant le vendredi soir.



La rencontre de Rio et de Romane n’a rien de conventionnel. Jugez-en ! Il dîne dans ce nouveau restaurant alors qu’à la table d’à côté est installé un homme plutôt âgé et une jeune femme. L’homme frappe celle-ci à plusieurs reprises. Il s’agit de l’héroïne du livre, Romane, que le lecteur va suivre à partir de ce moment fondateur. Rio s’interpose timidement « Excusez-moi, monsieur, je me mêle de ce qui ne me regarde pas mais on ne frappe pas une femme comme ça ». Aussitôt l’homme se lève et le bouscule violemment. Romane sort un révolver, abat l’homme puis entraîne Rio dans les rues. En quelques minutes la vie bien réglée de l’enquêteur d’assurance prend un tour imprévu. Un couple improbable se forme. Va-t-il la dénoncer et reprendre sa vie d’avant, continuer à être sous la coupe de mademoiselle Dercourt, celle qui, au retour de ses missions professionnelles, épluche ses notes de frais avec suspicion ? Ou bien va-t-il se retrouver en cavale comme Bonnie and Clyde ?



Est-il vraiment l’otage de Romane lorsqu’ils se réfugient dans son appartement ? Rio est vite subjugué. Elle est jeune, belle et il a tout d’un coup le sentiment d’exister. Ils sont pistés par les schmitts. Les schmitts ce sont les policiers. Rio et le lecteur également, vont devoir s’habituer au sabir gitan qu’elle emploie. Cela reste facile à comprendre et colore parfaitement le récit comme le « va criave tes moulos », traduit dans le titre. Pas besoin de lexique comme dans certains livres et en plus les expressions fleuries, grivoises passeront plus facilement pour certains. Et ils sont vraiment michto, Romane et Rio...



J’aime beaucoup les récits qui intègrent ainsi la parole de l’autre dans sa langue à lui. Je trouve que cela raconte quelque chose de la rencontre, de la confrontation avec une culture nouvelle vers laquelle il faut faire l’effort d’aller. Je pense ainsi, par exemple, au roman Les mots étrangers de Vassilis Alexakis, lui qui écrit si justement : « Les mots étrangers ont du cœur. Ils sont émus par la plus modeste phrase que vous écrivez dans leur langue, et tant pis si elle est pleine de fautes. »



Un récit court, concentré, rythmé jusqu’à la page finale, peu littéraire mais exprimant bien l’urgence de la fuite et le désir de vivre, communicatif, de la jeune femme, sorte de MeToo gitan – version polar bien sûr... La vie actuelle, Facebook, les sugar babies sont aussi du voyage, indiquant un auteur instillant du fond derrière le divertissement. Pour moi, la révélation d’un petit chef-d’œuvre dans le genre. Merci à cette jeune libraire de m’avoir mis dans les mains ce roman devenu, après une lecture enfiévrée ponctuée d’éclats de rire, un de mes essentiels, de ceux que je suis ravi de chroniquer.



Pascal Martin est un journaliste et écrivain français né le 7 décembre 1952 en Seine-et-Oise et mort le 30 juillet 2020 au Porge (Gironde). Il a eu de multiples vies, de quoi alimenter sa plume. Il a parcouru le monde, réalisant des enquêtes pour la télévision sur des sujets variés : la guerre à Beyrouth, le trafic de squelettes à Calcutta, l'arrivée au pouvoir de Khomeiny. Il a collaboré pendant une dizaine d’années à Envoyé Spécial. En 2015, il lance sa série de livres Le monde selon Cobus. Depuis 2017 il s’était essayé au polar : La reine noire, L’affaire Perceval. Un peu plus d’un an après sa disparition, les éditions Jigal publient son dernier titre : un pied de nez à la mort et jusqu’au bout une révérence à la liberté. Chapeau l’artiste !

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Retrouvez cette chronique avec une illustration personnelle sur Bibliofeel ou en cliquant sur le lien ci-dessous...


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Les fantômes du mur païen

"Illunée", mince huitième mot du roman et déjà au secours le dictionnaire! Je ne m’attendais pas à cela dans un polar d’un auteur que je ne connaissais pas et d’un coup, j’ai trouvé quatre autres de ses "polars un peu terroir" dans une boîte à livres. Je garde les bretons pour mes vacances et me suis attaqué à celui d'une région que je connais bien : l’Alsace et le Mont Saint Odile. Attaqué est un grand mot car ce sont des romans de taille raisonnable. Au fait, inspecteur Mignoni, tu t’es fait avoir en payant 200 € la chambre à l’hôtellerie du Mont Saint-Odile; pour y avoir dormi, je n’avais pas le souvenir d’une chambre aussi spartiate et ai vérifié : 121 € pour une personne en pension complète!



Personnage atypique, coureur de nuits, virologue, "le Bonsaï" a un C.V. "chargé". Mais l'histoire et tous les personnages proposent de nombreux thèmes variés, ce qui fait le charme de ce roman, même si on frise parfois l’overdose lorsque l’ Alsacienne joue de la séduction comme dans un James Bond!



Au final, c’est un roman plutôt agréable à lire, avec des références aux actualités de Pascal Martin qui fut grand reporter.

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Va manger tes morts

Le titre m’a tout d’abord intrigué, presque hanté… je voulais savoir à quoi il pouvait bien correspondre. Et bien ce n’est pas du tout ce à quoi je m’attendais…

Un divertissement, un bon moment de lecture, sans plus…



Je n’ai pas réellement accroché à cette histoire, je me suis presque ennuyé… (il faut dire je venais juste de finir un Stephen King… après cela, difficile d’être prise dans un roman… enfin, bref… difficile d’être à la hauteur du grand maître, mais ça, c’est une autre histoire.)



Romane et Rio seront vite oubliés pour moi.



Bonne lecture !
Lien : https://angelscath.blogspot...
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L'affaire Perceval

Vous connaissez un auteur qui s'appelle  Pascal Martin ?

Moi, non, je ne le connaissais pas.

L'affaire Perceval vient tout juste de paraître.  La bonne occasion de découvrir cet auteur.

Perceval, c'est le roi de l'audimat dans son domaine, une espèce de Karl Zero ou de journaliste comme il en existe sur une chaîne payante de notre paysage audiovisuel.

Un de ceux qui titille les personnalités politiques avec un humour grinçant qui lui attire la sympathie du public et l'inimitié de ses cibles.

Au point que....

Un jour, Perceval est victime d'un accident de scooter.

Un accident ?

Vous êtes sûr ?

Lui, pense plutôt être victime d'une tentative d'assassinat.

Parano la vedette de télé  ?

Ah, c'est sûr, le portrait que dresse Martin de ce milieu n'est pas reluisant.

Chez ces gens-là... comme disait le grand Jacques... on compte.

Il faut faire du chiffre, vendre de la pub, être vu.

Y a-t-il plus narcissique qu'une star du petit écran ?

Mais, revenons à nos moutons.

Les événements s'enchaînent. Il semblerait qu'on en veuille vraiment à la vie de Perceval.

Qui ?

Vengeance politique ?

Rivalité  amoureuse ?

Jalousie professionnelle ?

Les pistes sont nombreuses, je ne vous les livre pas toutes d'ailleurs. C'est normal, l'auteur écrit pour être lu, pas pour qu'une chronique dévoile les subtilités de son récit...

Je vais quand même vous donner mon opinion, mais... Chut  !!!

Ne le criez pas sur les toits, j'ai trouvé ce Perceval un tantinet agaçant.

Ne vous méprenez pas, rien à voir avec le style de l'auteur,  j'éprouve tout simplement une certaine aversion pour ce genre de personnage qui fait que ma télévision affiche régulièrement un écran noir.

Un roman sans prétention, qui se laisse lire.

















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Va manger tes morts

Un dernier roman, véritable ode à la vie, pour cet auteur nous ayant récemment quitté et que je découvre avec Va manger tes morts.



Un véritable coup de poing, une lecture qui vous bouscule. Va manger tes morts est une histoire comme on en trouve trop peu. Dans ce roman noir, tout commence par une scène ordinaire, Rio Capo Ortega, comme chaque vendredi soir, déguste un excellent steak dans une brasserie parisienne. La vie de cet enquêteur en assurance est réglée comme une horloge. Mais, en cette soirée ordinaire, à une table voisine, un sale type, cogne violemment la jeune femme avec qui il partage son repas. Pourquoi Rio s’en mêle, nul ne le sait. Il ne fait malgré tout pas le poids et sera à son tour sauvé par la jeune femme, tuant l’agresseur d’une balle dans la tête devant tout le monde.



L’enquêteur à la vie si posée d’habitude, se retrouvera en cavale, accompagné par la tueuse. Seulement nos décisions prises parfois en quelques fractions de secondes peuvent avoir des conséquences énormes sur nos vies…



Véritable ode à la vie, ce récit nous donne envie de nous échapper de nos quotidiens bien rythmés. Il nous fait voyager, nous donne à réfléchir et nous fait découvrir une culture mystérieuse, celle des Gitans. En effet, Romane, la jeune tueuse, est une Gitane au langage bien particulier. Michto, bicrave, chlof, courave, gadjo, tikno… et en leitmotive Va criave tes moulos, ne sont qu’un petit échantillon du vocabulaire de Romane. Un roman quasi bilingue.



Va manger tes morts est une véritable aventure littéraire. Un roman plaisant à lire, mais avec un fond très dur mêlant traite humaine, violence extrême, règlement de compte. Parfois, suivre son instinct, ne pas prendre le temps de réfléchir à ses actes, fait exploser nos petites vies pour le meilleur ou le pire…



Pascal Martin nous aura quittés en laissant en héritage un récit débordant de vie.



Un grand merci à Jimmy Gallier et à Jigal Polar.
Lien : https://imaginoire.fr/2021/1..
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La reine noire

Chanterelle-les-Bains, ça sent bon la destination de vacances, non ? Les doigts de pieds en éventail, l’amusement…



Non, oubliez cette destination pour vos futures vacances, sauf si vous voulez visiter la Lorraine industrielle et son ancienne raffinerie de sucre, qui, quand elle a fermé, a tué le village qui ne vivait que pour sa reine noire (le surnom de la haute cheminée).



Voilà une petite pépite noire qui prenait la poussière dans mes étagères depuis sa sortie en format poche. Mince alors, je ne me doutais pas que c’était un petit diamant brut qui me ferait passer un excellent moment de lecture.



"Si j’aurais su, j’aurais lu plus tôt" (Petit Gibus, sors de ma grammaire !). Imaginez un petit village, comme il en existe partout, avec ses commères, ses colporteurs de ragots, son esprit de clocher. Pas envie d’aller y vivre !



Comme dans un bon vieux western, deux hommes font leur entrée dans ce village qui est mort socialement. Si le premier laisse perplexe de par son habillement tout en noir, ses lunettes de soleil opaques (un gothique ?) et sa BM rutilante, le second qui porte un beau costume et roule dans une vieille Volvo, est reconnu tout de suite.



C’est Michel Durand, un ancien enfant du pays, de retour pour quelques jours au village. Il est psychiatre et tête sa pipe éteinte comme un Maigret, tout en s’aspergeant de parfum et de petrol-han. Il est flic et se garde bien de le signaler.



Dans ce polar noir à l’écriture serrée comme un café expresso, mais non dénuée d’humour (noir, bien entendu), on se demande bien qui sera Le Bon, qui sera le Truand et qui jouera le rôle de La Brute.



Parce qu’ici, tout n’est pas tel qu’on nous le montre, qu’on veut nous le faire croire… Les apparences sont trompeuses. Voyez, Wotjeck, habillé comme un gothique, c’est un tueur sans scrupules (Le Truand ou La Brute ?) et pourtant, il aime les chats et ne brutalise pas les personnes atteintes de déficiences mentales. Serait-ce le Bon, alors ? un peu de tout à la fois ?



Quant au nouveau maire, c’est un magouilleur de première, oscillant entre le Truand et la Brute. Heureusement qu’il y a le flic, intègre et tout. Recherchant la justice pour la faire triompher, nom d’une pipe qu’il tète comme un petit veau au pis !



Ce polar noir brouille les pistes, mélange les cartes et il faut avancer dans le récit pour que le puzzle se mette en place et nous montre l’image complète. L’auteur a construit habillement son récit, donné un passé à ses personnages, leur a donné du piquant, du mordant et des casseroles aussi.



On pourrait se demander comment c’est possible d’avoir autant de personnages avec autant de casseroles au cul, un village avec autant de personnes pas nettes, cachant des sombres secrets peu reluisants.



Et puis, j’ai repensé que tous les pays en possédaient. Regroupés dans des hémicycles, vociférant, parlant pour ne rien dire, dormant, parfois, malgré la présence des chaînes de télé. Une belle bande de guignols avec des squelettes dans leur placard !



Anybref, même si l’auteur flirte avec la ligne rouge des stéréotypes réunis dans ce village (la bonne du curé, les joueurs de cartes, le flic, le tueur à gages, le politicien véreux, magouilleur, phallocrate à la main lourde, le manipulateur, les langues de putes, le gigolo, les femmes faciles, le chat cabossé, la jeune fille désespérée,…), le tout est présenté d’une telle manière que ça passe sans souci, tant l’humour et l’ironie sont présents, sans oublier les surprises d’un scénario qui n’ira pas là où on l’attend.



Voilà donc un excellent roman noir à la française, inattendu, un rural noir qui fleure bon le western, sans les duels dans la rue, mais avec des confrontations plus psychologiques, cachées, faites par des gens qui sont comme le dieu Janus, celui aux deux visages. L’un que l’on montre à tout le monde et le caché, qui doit bien rester caché !



Dans les non-dits, les lecteurs comprendront ce qu’il s’est passé dans l’envers du décor, qui est l’auteur des sabotages, qui tire les ficelles, qui ne veut pas être le pantin… Et surtout, qui sont les plus pourris dans l’histoire (ils sont nombreux).



J’espère juste que ce petit polar noir, aussi sombre qu’un café, mais avec moins d’amertume, ait bénéficié d’un bon succès, en librairie. On voit toujours les mêmes en tête de gondole alors que parfois, des petits romans sont de petites pépites noires, mais ne seront jamais mis sous les feux des projecteurs.



Moi, je me suis éclatée avec cette lecture !


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Les fantômes du mur païen

Près du mont Saint-Odile dans les Vosges, neuf cadavres d'hommes noirs, des clandestins sans papiers, sans identité, neuf fantômes donc, sont retrouvés au pied de l'une des plus grandes énigmes archéologiques d'Europe, le Mur païen. Vincent Romain, alias le Bonsaï, est dépêché d'urgence pour mener une enquête 'parallèle'. Un policier, l'inspecteur Mignoni, est chargé de le suivre. L'un et l'autre détiennent grâce à leurs sources, les officielles et les officieuses, quelques clés de l'affaire. S'y greffe bientôt le mystère 'Aga' : à douze ans, noir, 'Aga' est le seul rescapé du massacre. L'enfant connaissait les victimes, il a vu les meurtriers, il pourrait par son témoignage faire éclater une parcelle de la vérité. Mais 'Aga' est muet et ne sait pas écrire. Il devient la proie d'hommes dangereux qui le recherchent pour des raisons diverses. 'Aga' se réfugie dans l'auberge Chez Lou, où séjourne également le Bonsaï. La suite est palpitante ...



Le lecteur est transporté au milieu d'un complot tentaculaire, complexe et sanglant, qui le mènera de l'Alsace au Congo en le faisant passer par la difficulté de la vie en couple hors de la maternité, le racisme, les émeutes entre extrémistes blancs et défenseurs de la communauté noire, la corruption en Afrique, les délocalisations sauvages et l'immigration clandestine, la maltraitance d'enfants, la pédophilie, la remontée du fascisme et du néo-nazisme en Europe, les relations entre l'argent et le football (devenue une vraie industrie), les souvenirs du Struthof (seul camp d'extermination installé en territoire français), le milieu hospitalier en Afrique, les virus tueurs (Ebola, Marburg …), les technologies militaires les plus avancées, les pouvoirs respectifs de l'armée et des mercenaires, de la police et des milices parallèles, et j'en passe !



Et quels personnages ! L'histoire du Bonsaï (page 65) vaut à elle seule le détour ! Mais que dire d'Aga', footballeur évoluant dans le sillage de Zidane, de Lou, femme débordante de maternité empêchée, de Mignoni, flic ballotté d'événement en événement, de Germain, diable d'homme, colosse et garde-forestier, de Beveuren, chef nazillon, sadique et revanchard, de Zako, super-mercenaire plongé dans toutes les combines Congolaises (émigration, pétrole …) du moment qu'il y a des commissions à percevoir, de Vidocq, ministre et écrivain raté, de Salif, le souffre-douleur, de Lopès, fou dangereux et passionné par les grenouilles tueuses, de Peter de Villiers, virologue émérite, de Frère Jean, de Lachaume, d'Orion et de Foch …



Polar régional (par-delà le Mur païen, on découvre l'intérieur typique des winstub, leurs couleurs, leurs spécialités gastronomiques, leurs odeurs et les relations qui y naissent), dosant savamment suspense, humour (on sourit en découvrant la voiturette poussive du Bonsaï) et mystère, 'Les Fantômes du mur païen' sont une réussite du genre : le côté glauque est renforcé par les légendes du Mont Sainte-Odile (voir ci-dessous) et par le rythme soutenu de l'intrigue. Le livre est bourré d'inventions, passionnant par l'originalité de son histoire, bien documenté, vif et captivant, d'une lecture facile, énigmatique mais sans lourdeur' : il se lit d'une traite (moins de 300 pages).



Soit dit en passant : le Mur païen existe bien ! Au cœur de l’Alsace, en équilibre sur la ligne bleue des Vosges, perché au sommet du mont Sainte-Odile, le couvent de la sainte mérovingienne accueille un million de visiteurs par an dans une atmosphère digne du «Nom de la rose» d’Umberto Eco. Le Mont Sainte-Odile n'est pas avare de « légendes » : le visiteur pourra voir, sous le Hagelschloss, de longs cortèges de fantômes sortir des galeries souterraines ; dans la forêt de l'Urlossenholz, il pourra rencontrer des feux follets ; ses pas le conduiront peut-être au « pavé du diable », chemin antique couvert de dalles carrées en grès. En contrebas du couvent, un mur cyclopéen enfièvre les esprits : c’est le Mur païen, ambiance «X-Files». Dragon minéral entaillé d’encoches et englobant le Mont Sainte-Odile, ce serpent de pierre fait le gros dos à travers la forêt sur 14 kilomètres, le long d’une fracture dans l’écorce terrestre. Depuis plus de cent ans, les chercheurs se heurtent au mur : il est muet. Personne ne peut le dater. Archéologues, sourciers, radiesthésistes immergés dans ce «bain vibratoire exceptionnel» semblent «marcher sur des braises» autour du mur. Certains ont des flashes, voient les hommes du néolithique le construire et affirment que 5000 ans avant notre ère on étreignait la montagne de blocs de pierre monumentaux de 2 tonnes, reliés entre eux par des tenons de bois à queue d’aronde. «C’est un sac de nœuds, ce Sainte-Odile, on fait chou blanc dans les fouilles», constate François Pétry, aux Affaires culturelles de Strasbourg. Pour le docteur Mantz, amateur éclairé, l’enceinte, datant de la fin du IIe siècle avant J.-C., serait un oppidum celtique doté d’un sanctuaire voué aux dieux Vogésus et Teutatès. D’autres hypothèses misent sur le Bas-Empire romain ou sur une piste d’atterrissage des Atlantes. Le flou règne autour de la superbe muraille qui surplombe, ici, la vaste plaine d’Alsace, et fait face, là, aux ballons des Vosges. Gilbert Christmann, sourcier, affirme que les courants magnétiques y sont si forts que ceux qui tentent d’y dormir l’été rebroussent chemin, oppressés. «Il y a trop de signaux telluriques, on ne peut pas y rester longtemps», explique-t-il. Par-delà le choc minéral, il reste le plaisir de ce fouillis de verdure, mégalithes naturels et blocs de grès gigantesques soulevés par les racines d’arbres immenses.



Le lecteur qui voudrait en savoir plus sur le Mur païen pourra visiter les sites suivants :

http://www.clubvosgien-amis-mont-sainte-odile.com/sites-remarquables/mur-pa%C3%AFen/

http://vers-le-vent.blogspot.fr/2012/05/balade-au-mur-paien.html

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Va manger tes morts

Rio Capo Ortega contrôleur pour une agence de lutte contre la fraude à l’assurance mange tranquillement son assiette dans un restaurant lorsqu’une femme se fait gifler à plusieurs reprises par l’homme avec qui elle est attablée. A la gifle de trop Rio se lève et intervient, l’homme lui rentre dedans et la femme tire une balle en pleine tête de son agresseur. Elle prend ensuite son « sauveur » en otage pour fuir.



La femme, c’est Romane une gitane pur jus. Après le choc, le refus et les doutes, ensemble avec Rio ils vont finir par devenir les « Bonnie & Clyde » du moment.



Utilisant avec malice le langage gitan à travers Romane l’auteur nous raconte l’histoire de son parcours chaotique.



Pascal Martin nous lègue Va manger tes morts, son dernier livre. Un moment emprunt de violence et de liberté.
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Du danger de perdre patience en faisant son..

Ce qui est bien avec les boîtes ou cabanes à livres, c’est que l’on trouve de tout et que l’on peut découvrir des titres vers lesquels on n’irait pas forcément. C’est le cas avec ce roman qui traite de l’univers carcéral et du monde financier avec les traders. Tout commence avec une scène d’action dès le début du livre : dans une station essence, Victor Cobus est bloqué par un véhicule, cède au stress et à la violence, ce qui le conduit au drame. Le lendemain, la police sonne chez lui, l’accuse d’un crime qu’il a commis et l’envoie au trou. Commence alors la descente aux enfers pour ce riche trader qui a toujours vécu dans le luxe, la drogue et les femmes de petite vertu… L’auteur a plutôt bien retranscrit l’ambiance de la prison : on distingue les gangs, les caïds, les matons, les magouilles et le stress permanent de se faire culbuter par d’autres codétenus… Mais Victor Cobus a du chien : il ne se laisse pas faire, a du répondant, des contacts et un soupçon de chance ! En effet, il va réussir à travailler pour la prison tout en tentant de rendre son séjour le moins douloureux possible. Il est comme dans une immense partie de poker : il doit observer, trouver le bon moment, abattre ses cartes et penser aux retombées ! Je n’aurais pas été capable de réaliser le tiers de ses actions. Cet homme est plein de surprises ! Même si je n’ai pas réussi à m’attacher à lui, je n’ai pu qu’admirer la façon dont il a su garder la tête hors de l’eau…



Pendant tout le roman, on se demande comment cet anti-héros va s’en sortir. J’avoue que je n’avais pas vu la conclusion arriver. Je me doutais de son avenir avec Gilda, mais pas du reste. Cela m’a grandement surprise. Pascal Martin a proposé un sacré retournement de situation qui donne envie de se jeter sur la suite ! Je serais curieuse de savoir comment Victor va rebondir… Hélas, il ne me semble pas qu’un second tome soit publié. Hormis le personnage principal, plusieurs protagonistes font avancer l’histoire. Certes, on reste dans la caricature, toutefois ces individus ne sont pas inintéressants et ont pu me surprendre à plusieurs reprises. Il y a par exemple Van Beveren (un gardien touchant qui va se lier d’amitié avec Victor), Sid Juvénal (le plus gros caïd de la prison dont il faut le plus se méfier), ou encore Serfaty (un avocat mystérieux aux pratiques étonnantes…). Bien évidemment, il y a d’autres personnages comme le chef de la prison, le père du héros, ses collègues, d’autres gardiens, les juges, … Mais ce sont ces trois-là que je retiens le plus, car ils jouent un rôle majeur dans l’intrigue. Cette dernière m’a permis de découvrir l’univers des traders dont je ne connaissais rien. D’ailleurs, je suis étonnée de leur jargon qui est aussi cru que spécial. Mais j’ai lu que l’auteur avait découvert ce monde financier avec les traders et les spéculateurs… Je suppose donc que les répliques de Victor retranscrivent bien l’ambiance qu’il doit y avoir là-bas… En tout cas, ce n’est vraiment pas un métier fait pour moi !



J’ai globalement apprécié ce livre, néanmoins il comporte aussi des défauts qui m’ont dérangée : le langage est très cru pas forcément nécessaire (venant de prisonniers, je peux le comprendre, mais tous les personnages ne sont pas avares en insultes ou en grossièretés), un anti-héros que j’ai pris plaisir à suivre, mais que je n’ai pas apprécié (que ce soit son caractère au début ou à la fin) ainsi que l’humour auquel je n’ai pas toujours adhéré (à mes yeux, ce n’est pas une comédie jubilatoire et déjantée comme l’indique la quatrième de couverture…). Ce qui m’a surtout plu, c’est ce jeu permanent auquel Victor va se prêter pour s’en sortir. Il y a également la conclusion étonnante ou encore l’idée de lutin que l’on a dans la tête. Ce roman au titre à rallonge est donc une lecture en demi-teinte tirant plus sur le positif puisque j’ai envie de lire la suite…


Lien : https://lespagesquitournent...
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Va manger tes morts

Pascal Martin, dont j'ai ici chroniqué pas mal de romans, a écrit avec Va manger tes morts son dernier, il est décédé en juillet 2020. Et avec tout le respect que je dois à l'auteur décédé, je me dois de dire qu'il fait encore mouche et avec talent. Son histoire, pas banale, notamment parce que Romane s'exprime dans une langue qui emprunte à l'argot au parler gitan, au langage du moment des jeunes et a recours à des expressions très personnelles, ce qui fait qu'elle est parfois un peu hermétique : "Au fil du temps, Rio s'était habitué aux répliques nébuleuses de Romane. Il ne comprenait pas toujours ce qu'elle disait, ni le sens des mots qu'elle employait, mais on peut aimer la musique d'une chanson sans en comprendre les paroles." (p.143) Si pour le lecteur, le début peut paraître abscons, la gouaille, l'entrain de la jeune femme emportent tout et on se fait même à son parler d'autant plus que parfois, Rio traduit pour lui-même et donc pour nous.



La cavale de Rio et Romane ne sera pas de tout repos, dès qu'un danger paraît passé, un autre surgit : "Cette histoire était comme une poupée gigogne. Chaque fois qu'une vérité apparaissait, il y en avait une autre cachée à l'intérieur. Un vrai théâtre d'ombres." (p.202) On se demande même jusqu'au bout s'ils s'en sortiront et si oui, comment, mais rien de ce que l'on peut envisager ne se déroule vraiment, c'est Romane qui décide de tout et qui surprend tant Rio que nous-mêmes.



Un polar rapide, vif, dynamique notamment grâce aux dialogues et à la quasi hyper-activité de Romane à laquelle il est difficile de résister. D'ailleurs pourquoi résisterait-on lorsque se propose à nous un excellent roman noir ?
Lien : http://www.lyvres.fr/
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Du danger de perdre patience en faisant son..

Alors, j'ai gagné ce livre en participant à un concours sur Instagram, organisé par les éditions Robert Laffont. Je ne connaissais pas du tout et je n'en avais jamais entendu parler. Du coup c'est avec une totale ignorance que j'ai ouvert ce livre. D'abord je dois dire que j'ai adoré la page de couverture avec le vilain lutin. La première phrase m'a plu et m'a permis d'aborder la lecture de ce livre très curieuse de ce que j'allais découvrir.... "On a tous un lutin caché au fond de notre tête".



Bref, nous voilà à bord du grand 4x4 Defender de Victor Cobus, trader arrogant, écrivain à ses heures perdues.... et justement voilà que ce Victor Cobus, qui vient juste de mettre de l'essence, se retrouve bloqué par une Porsche Carrera... il klaxonne, klaxonne, jusqu'à ce que le passager de la Porsche vienne lui dire de se détendre (bon les termes employés sont plus familiers hein ^^). Perdant patience, Cobus klaxonne et reklaxonne.... là tout s'enchaîne, le passager tente de fracasser la vitre du Defender, paniqué Cobus démarre et emboutit la Porsche... le voilà alors face au conducteur qui pointe une arme sur lui, ni une ni d'eux, Cobus accélère et le renverse puis s'enfuit.... et rentre chez lui... comme si de rien n'était, non sans avoir auparavant vérifié que sa voiture ne présentait pas trop de dégât.... quelle horreur ce type !! Mais c'est sans compter sans l'efficacité de la police, et le lendemain il est arrêté et mis en prison.



Voilà le trader habitué au luxe, devant se contenter d'une "paillasse" pour dormir... C'est alors que s'imaginant le pire, Cobus se voit attribué un "job" pour les gardiens de la prison. Il doit faire fructifier toutes leurs économies : 30 000 euros, en échange, les gardiens garantissent sa sécurité au sein de la prison et lui accorde tous les privilèges (plateau repas, vin, café, chambre d'amour etc....).



Et bien pour moi, ce livre fut une agréable surprise ! je l'ai dévoré en 2 soirées de lecture. C'est frais, le langage familier employé est parfait. J'ai rigolé, j'ai été émue, parfois choquée, mais j'ai adoré, et du coup j'ai hâte de lire la suite des aventures de Victor Cobus. Les personnages sont sympas, j'ai adoré l'avocat Serfaty et le gardien Van beveren. Et que dire de Victor Cobus, je ne sais pas si je l'aime bien.... Je déteste le Victor Cobus du début, mais le Victor Cobus de la fin me plaît assez... à suivre donc !!



Je tiens donc à remercier les éditions Robert Laffont pour m'avoir permis de découvrir ce livre, que je n'aurai peut être jamais lu si je ne l'avais pas gagné !



Et je vous laisse avec cette citation que j'ai adoré, Victor Cobus parle de la prison : "C'était comme dans la vraie vie. Tu as du jus ? On t'essore. Tu es sec ? On te jette".
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La reine noire

Il était une fois, dans le village de Chanterelle, avant la crise, une raffinerie de sucre, qui employait la quasi-totalité du bourg. On l’appelait la Reine Noire, sa haute cheminée de l’usine était comme un phare pour toute la région. Le conte de fées s’arrête là. Un jour, mondialisation oblige, l’usine est délocalisée en Indonésie. Depuis lors, les jeunes s’en vont chercher du travail ailleurs, et l’usine et le village se meurent lentement.

Seul le bistrot de la mère Paillet conserve un semblant d’activité, ainsi que l’auberge du vieux Joe, qui a du voir passer tous les couples illégitimes du village.



Un jour arrivent au village deux hommes au look diamétralement opposé. L’un a le style gothique, tout habillé de noir, les yeux cachés par d’épaisses lunettes noires, comme un masque de soudeur. Il conduit une luxueuse décapotable BMW dont s’échappent des accents de musique médiévale à plein volume. C’est Toto Wotjiek,qui traînait derrière lui une réputation de sale gosse, et a quitté le village il y a longtemps. Son père, un ouvrier polonais descendait un litre de pastis par jour, et sa mère contre une passe gagnait de quoi remplir la marmite. Il a fait fortune ailleurs, on ne sait où ni comment.

L’autre porte un costume de bon faiseur, le bouc bien taillé, les cheveux enduits de Pétrole Hahn, et il s’asperge abondamment d’Habit Rouge. Il s’appelle Michel Durand, il est flic et lui aussi a vécu son enfance à Chanterelle, où son père fut le dernier directeur de l’usine.

Peu après leur arrivée, des évènements étranges se produisent dans le village : poules égorgées, cimetières profanés… Jusqu’à la mère Lacroix, qui assassine sa fille débile avant de se donner la mort.

Il n’en faut pas plus pour que le village s’alarme et réclame un coupable. Toto Wojtiek est le bouc émissaire tout désigné. Son père, cet ivrogne de polack, ne tuait-il pas les chats ?

Toto Wojtiek et Michel Durand sont revenus au village dans un but bien précis. Tous deux ont des comptes à régler avec leur passé et la Reine Noire. En habiles manipulateurs, ils placent leurs pions en de subtils gambits sur l’échiquier de Chanterelle où trône la Reine noire, promise à une prochaine démolition.

Dans le bistrot de la mère Paillet, autour du comptoir, les commérages vont bon train entre les pochetrons du coin, prompts à passer de l’invective à la flatterie et la servilité.



Et au fur et à mesure de l’avancée du récit, se font jour toutes les lâchetés, les compromissions, les secrets gênants que l’on étale maintenant au grand jour.

L’intérêt de ce roman réside surtout dans son duo de héros qui sortent vraiment de l’ordinaire, un flic et un tueur vraiment à contre-emploi, où le méchant n’est pas toujours celui que l’on attend. Les personnages secondaires, comme Marjolaine, la mère Lacroix, Joe, ou Milos, le fils du maire Spätz, sont d’une réelle épaisseur, et contribuent à donner du corps au récit.

La narration est fluide et le récit habilement structuré. Malgré la noirceur et la violence qui habitent ce roman, l’auteur se laisse aller par moments à un style plus gouailleur qui contribue à alléger l’ambiance délétère de suspicion qui plombe toutes les pages.

Dans un environnement social glauque, en pleine décomposition, un univers aux limites étriquées, Pascal Martin orchestre à merveille ce duel entre deux hommes que tout sépare, jusqu’au dénouement, pas très moral, mais tellement légitime.

Il signe là un roman social d’un réalisme brut. Noir, machiavélique et violent, c’est une belle lecture, que je vous recommande.

Éditions Jigal, 2017


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Dans le secret des sectes

Ce document dresse un panorama des sectes des années 80-90.

Le sujet est analysé de manière thématique: sexe, argent, pouvoir politique,...

L'enquête est bien documentée, rédigée dans un style accessible, avec parfois certaines descriptions difficilement soutenables.

On regrette toutefois le manque d'informations pour s'en sortir.

Le livre est quelque peu daté, bien que l'esprit des sectes d'aujourd'hui reste toujours le même...
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Va manger tes morts

Bonjour amis lecteurs,

Je remercie chaleureusement Jimmy Gallier et les éditions Jigal Polar pour l’envoi en service presse du livre de Pascal Martin: « Va manger tes morts ». Le dernier roman de cet auteur qui nous a quitté récemment. Partons à la découverte de ce magnifique roman noir, bouleversant et émouvant. L’auteur nous plonge avec talent dans une intrigue captivante qui se lit d’un trait. Les personnages principaux sont savoureux et attachants. Romane nous lance une invitation particulière à découvrir le monde manouche, creuset d’une langue qui manie l’injure avec une certaine poésie. Le titre du roman prend alors tout son sens. Quant à Rio, sa vie routinière et son intégrité professionnelle dans la recherche des escroqueries aux assurances vont être chamboulées suite à sa rencontre avec Romane. Un polar au rythme effréné, aux dialogues épiques, aux multiples rebondissements, un roman poignant, douloureux mais aussi une ode à la liberté et à la vie.

Un excellent moment de lecture !
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Va manger tes morts

Le dernier livre de Pascal Martin vient nous rappeler que la vie est trop courte pour ne pas la vivre à fond. C’est ce que va découvrir Rio, la quarantaine, confortablement installé dans sa petite vie tranquille avec ses habitudes, un travail d’enquêteur pour les assurances, qu’il fait de son mieux et sa solitude choisie. Tout cela va voler en éclat lorsqu‘il va croiser Romane la gitane qui croque la vie à pleine dent et sème la mort sans remord. Une lecture rafraichissante et presque exotique avec le langage gitan que Rio et le lecteur découvrent « gadjos » que nous sommes, avec le plus grand plaisir. Les métaphores fleuries, une vision de la vie différente et une jeunesse à bruler par les deux bouts nous emportent dans l’univers de Va manger tes morts.

Il y a une telle liberté dans l’écriture, des dialogues qui fusent et une belle rencontre entre deux êtres que rien ne prédestinait à vivre ensemble. Un roman noir sur l’enfance bafouée, sur la place de la femme, la manipulation mais aussi la vengeance et la revanche à prendre sur la vie. Je n’ose pas dire une romance ce qui peut paraître antinomique avec le roman noir, et pourtant c’est bien de cela qu’il s’agit aussi.

J’ai trouvé Romane attachante entre feu follet et désir de normalité. Rio quand à lui m’est apparu comme un ours, bienveillant et pour finir complètement fou d’elle. C’était beau, frais et cela est venu réveiller mon côté midinette et prince charmant alors que je me pensais plutôt blasée. Un très beau roman qui une fois passé la déroute des réparties de Romane nous donne une vision très Bonnie & Clyde de ce duo improbable et qui fonctionne magnifiquement. Bonne lecture.


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Va manger tes morts

Rio Capo Ortega est un homme qui apprécie une certaine quiétude existentielle. Enquêteur pour les assurances, l'éducation qu'il a reçue de son père – boxeur Uruguayen – dans le respect de l'ordre et de la loi, ne le prédestine pas à sortir du droit chemin, jusqu'à ce qu'une « météorite vienne le percuter de plein fouet et fasse voler sa vie en éclats », en la personne de Romane.

Alors que dans un restaurant Rio tente de prendre la défense de la jeune femme qui se ramasse des gifles de la part de l'homme qui l'accompagne, celle-ci sort un flingue et explose la tête de l'importun aux baffes faciles.



S'ensuit la cavale de deux personnes que tout oppose. Mais comme il est bien connu que les contraires s'attirent, Rio craque sous le charme sauvage de la jeune femme, et Romane trouve rapidement cet homme bien « michto », pour utiliser un de ses mots favoris. Romane est Gitane, et son langage est un joyeux mélange dans lequel prédominent de nombreux termes Manouches, ce qui rend la compréhension de Rio et du lecteur parfois incertaine, le sous-titrage faisant souvent défaut.

Mais comme le dit si bien Rio qui ne saisit pas toujours les propos de Romane  : « on peut aimer la musique d'une chanson sans en comprendre les paroles ».



La balade de nos « Bonnie and Clyde » ne manque pas de saveur, quelques morts violentes parsemant leur chemin comme celui de leurs illustres prédécesseurs, avec dans l'histoire de Rio et Romane une inversion des rôles et des influences par rapport au couple de référence.

Il ressort de ce roman noir une grande fraîcheur, liée principalement à la personnalité même des protagonistes, mais également à la vivacité du style de l'auteur et sa légèreté de ton qui nous les rendent attachants.



Livre reçu dans le cadre d'une Masse Critique. Merci à Babelio et aux Editions Jigal.
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La métamorphose

Après l'Affaire Perceval, je retrouve avec grand plaisir l'écriture mordante mais non dénuée de tendresse de Pascal Martin. Je prends le train en cours de route avec La métamorphose qui est le livre III du Monde selon Cobus. Je ne doute pas d'être passé à côté de quelques bons moments au côté de notre personnage principal, ancien trader, Cobus mène sa barque du mieux qu'il peut mais toujours avec ses valeurs et sa droiture tout personnelle. Clairement on peut lire ce tome séparément mais c'est mieux avec les deux premiers je ne doute pas y venir à mon tour. Une intrigue brûlante autour d'un immeuble « squat » où l'on rencontre de fortes personnalités, celle de JuJu et du peintre maudit Kodesh mais aussi le jeune Madu quinze ans plein de vie. Alors bien sur Cobus trimballe derrière lui de sacrées valises, lui qui sort de Fleury-Mérogis retrouve une réalité où le monde des affaires véreuses est toujours d'actualité. Mais ce serait sans compter sur Jack Wallace, le personnage d'un des romans de Cobus qui apporte une touche de folie ou de courage. Un roman noir particulièrement haletant, où les flics ripoux sont de vrais méchants et les délinquants pas si mauvais que cela. J'ai adoré le premier chapitre qui permet de prendre la mesure du style qui nous attend avec une scénette sado-maso aux petits oignons. Cobus, un anti-héros comme j'aime entre galères et espoirs. Un livre que j'ai lu d'une traite avec ces 214 pages, il brosse un portrait sans concession de notre société et de ses populations marginales, sans papiers, cloches. Un petit monde dans lequel Cobus navigue comme un poisson dans l'eau. Je ne sais pas encore qui je préfère le plus de Jack ou de Cobus. Bonne lecture.
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Du danger de perdre patience en faisant son..

« Du danger de perdre patience »… Parfois, on imagine avoir dans la tête deux consciences qui régissent nos actions. Il y a le gentil Jiminy Cricket, sorte de maître Yoda plein de sagesse, et l’autre, le diablotin malicieux qui sautille et qui nous incite à quelques folies. Ainsi commence la rocambolesque histoire de Victor Cobus, un stratège de la finance, trader et écrivain de polars, qui, après avoir fait le plein d’essence de son luxueux Defender, a commis une terrible imprudence !



La scène… Le soir, une station essence, Cobus vient de payer son plein, il s’engage pour partir et est stoppé net dans son élan par une Porsche Carrera mal garée. Une ou deux secondes après, le voilà qu’il commence à s’impatienter… il fait un petit pouet avec son klaxon. Aucune réaction. La Porsche et un taxi sont en conversation, ils l’ignorent… Un deuxième pouet plus affirmé retentit sans les déranger… C’est à ce moment précis, que le petit démon se réveille… Cobus, transformé, appuie fougueusement sur l’avertisseur en provoquant les deux hommes et son destin…



« – J’ai bloqué ma main sur le klaxon.

Le type qui faisait face au chauffeur de taxi s’est retourné et m’a adressé un geste plein de morgue agacée. Il était noir, grand, massif. Il m’a semblé voir luire dans la lumière des phares les éclats d’une chaîne en or autour du cou.

Je me suis mis à tambouriner sur mon klaxon.

C’est alors que j’ai vu un type sortir de la Porsche, côté passager.

Il était jeune, crâne rasé. Son teint était si pâle qu’on aurait cru à l’apparition d’un mort vivant. Il était vêtu d’une veste en cuir sombre. Il est venu vers moi. J’ai enlevé ma main du klaxon. Je me suis composé un visage souriant et j’ai actionné l’ouverture électrique de ma vitre. Il m’a apostrophé.

- Qu’est-ce que tu nous sonnes avec ta trompette, bouffon ?

La colère révulsait ses traits. Les yeux lui sortaient de la tête. Ce type me donnait l’impression d’avoir fumé dix tonnes de crack en une seule pipe. J’ai temporisé.

- Si vous pouviez demander à votre ami d’avancer un peu, ne serait-ce que d’un mètre, ça me permettrait de passer. A moins que vous puissiez vous-même prendre le volant.

- J’ai pas mon permis.

- Alors…

- Alors ? Tu vois pas qu’ils tapent la discute ?

- Si je le vois bien, mais…

- Alors qu’est-ce que tu klaxonnes, connard, avec ton quat’quat de merde ?

- Je suis un peu pressé et… «



Il aurait pu se la jouer modeste, mais son diablotin est à la fête. Cobus, complètement irresponsable, allume encore plus son public et fonce avec sa voiture bélier dans le tas. Le noir costaud pointe une arme et… et… tout s’enraye dans une incroyable aliénation.



« Le superbe appartement dans le XVIè, la villa à Deauville, le chalet à Chamonix, coke et whisky à gogo, avalanche de filles « bombesques »… », adieu tout cela ! Cobus se retrouve rapidement en garde à vue, bon pour la prison, accusé d’avoir sciemment renversé Mr. Ouatara et d’avoir fui. Le scénario de la légitime défense s’effondre car on n’a pas retrouvé l’arme. De plus, les témoignages ne le servent pas, ni sa personnalité de trader-romancier, et, cerise sur le gâteau, le juge chargé de l’affaire éprouve de la compassion pour le jeune homme hospitalisé qui passera certainement sa vie en fauteuil roulant. Ça fait beaucoup pour une soirée ! un véritable cauchemar !



Fleury-Mérogis, à chaque sas, « Porte ! », des cris, des insultes des autres détenus, des menaces, « Porte ! », oui surveillant, merci surveillant, « Porte ! ». Cobus reçoit les consignes de ce monde à part. Si on l’intègre dans une cellule à un lit, quartier des homos, c’est que son CV intéresse le gardien chef. On lui propose de lui adoucir l’existence, à l’écart des autres, s’il fait fructifier leurs économies qui s’élèvent à 31.230 euros. On le prévient également que Sid Juvenal, le caïd de la prison et grand ami de Ouatara, a des vues sur lui. La tractation est aussitôt topée ! Cobus demande et se crée une salle des marchés avec un ordinateur, un téléviseur branché à la chaîne BFM Business et un portable relié à l’international. Il fera tout son possible pour les satisfaire… c’est une question de survie.



Nanti d’un avocat issu des banlieues, d’une clique de surveillants « bienveillants », d’une petite-amie qui fantasme sur son incarcération, d’un père milliardaire tortueux, « guigné » par les taulards, torturé par les courbes du CAC 40 qui dégringolent… Cobus continue à suivre son instinct avec une morgue qui en agace plus d’un !



Explosif ! ce livre, qui est le premier de la série « Le monde selon Cobus », maintient captif le lecteur. Fou, flippant, d’un humour noir et corrosif, l’auteur modèle Cobus tout au long du livre. Le trader antipathique mue et arrive à ressembler à son personnage de fiction, Jack Wallace. En prison, le diablotin s’exprime pleinement, il est parfois sans limite ! C’est jouissif (même s’il fait peur).

Un début disjoncté, une ambiance carcérale angoissante, claustrophobe, bestiale (bien documentée), une fin qui est une renaissance, des dialogues rythmés, rock, schizophrènes, azimutés, avec un peu d’humanité, des personnages stéréotypés mais intéressants, certains attachants, qu’on aimerait retrouver dans le deuxième volet… cette lecture fut très divertissante.

(Divertissante… mais l’empreinte qui me reste, c’est la vie en prison ; une horreur. Pascal Martin est journaliste d’investigation, alors je pense qu’il a été honnête et que la représentation qu’il a donnée n’est pas une caricature.)



Je vous recommande ce livre !
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Du danger de perdre patience en faisant son..

Mlle Alice, pouvez-vous nous raconter votre rencontre avec Du Danger de Perdre Patience en Faisant son Plein d'Essence?

"Une fois encore, c'est un livre que j'ai eu la chance de recevoir grâce aux Editions Robert Laffont que je remercie pour cette nouvelle découverte."



Dites-nous en un peu plus sur son histoire...

"Victor Cobus est trader. Sa vie: fric, cocaïne et filles faciles. Jusqu'au jour où il va renverser un homme et se retrouver en prison."



Mais que s'est-il exactement passé entre vous?

"Ce livre débute de façon assez ahurissante. Le héros renverse un homme qui le menaçait de son arme. Jusque là, j'applaudis plutôt sa réactivité mais ensuite, au lieu de se rendre au commissariat le plus proche, il rentre chez lui tout fier de lui. Normal! Enfin, jusqu'à ce que les flics débarquent et qu'aucune arme n'ayant été retrouvée sur les lieux, il soit envoyé en prison. Et là, c'est lui qui est ahuri! Ça a le mérite certain de vous plonger directement dans l'action et de vous accrocher dès les premières pages. Ensuite, pour sa survie, Victor Cobus va devoir jongler avec les règles subtiles de la prison... On ne peut pas dire qu'il y ait une enquête, je ne le qualifierais donc pas de roman policier mais le suspense se maintient au fil des pages, Cobus étant l'équilibriste et nous les spectateurs attendant de savoir de quel côté il va tomber. Quant à l'atmosphère, l'auteur nous dépeint les milieu carcéral et celui de la finance de façon particulièrement réaliste. Il faut dire qu'il est journaliste d'investigation et à réaliser des reportages sur ces sujets, ce qui est plus qu'appréciable.



Et comment cela s'est-il fini?

"J'ai été un peu déçue par la fin en revanche. Il y a beaucoup de choses que l'on ne sait pas et même si je suppose qu'elles nous seront révélées dans les tomes suivants, c'est plutôt frustrant. Et puis la morale semble quand même être que puisque Victor Cobus était un trader arrogant et plein de fric, il mérite ce qui lui arrive. Mouais."
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Va manger tes morts

Quand même une grosse claque !

Depuis toujours j'apprécie JIGAL pour la qualité de ses productions, pour l'énergie et le rythme qui s'en dégage.

Mais il faut avouer que la petite Morgane est terriblement remuante. Et lorsqu'elle entraine Rio dans son sillage, il commence à remuer aussi et à aimer ça.

Au-delà du simple roman noir déjà terriblement efficace si l'on se contente d'une lecture au premier degré, Va manger tes morts, en plus d'être un véritable hommage à la langue gitane est aussi une terrible dénonciation des conséquences des violences faites aux enfants.

Violence physique, violence affective, violence morale, abandon.

Qui façonne les monstres ?

Certes ce livre est violent. Pourtant il est bourré d'amour et d'espoir. La fin est splendide et on regrette que Pascal Martin ait cassé sa pipe. On en voudrait encore …
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