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Critiques de Pat Conroy (431)
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À quelques milles du reste du monde

1969, Pat Conroy, jeune professeur de Caroline Sud, accepte le poste d’enseignant dans une école réservée aux noirs sur une île à laquelle on ne peut accéder qu’en bateau, située à quelques milles du reste du monde. Cette expérience unique a été vécue par l’auteur auprès de 18 jeunes dont certains sont illettrés dont d’autres ne savent que très peu s’exprimer, leur langage étant limité. Pat CONROY a dû faire face à un système administratif indifférent au sort de ces jeunes noirs dans un sud encore profondément ségrégationniste.

En nous relatant sa lutte en faveur d’une éducation efficace pragmatique et non conventionnelle permettant à ces jeunes de s’ouvrir au monde, Pat CONROY nous plonge dans l’Amérique de 1969 alors que KENNEDY est président des États Unis, dénonçant le racisme inhumain de cette époque qui perdure malheureusement encore aujourd’hui à bien des égards.

Ce roman autobiographique écrit en 1972 et traduit en 2018 par Marie Bisseriex, est le premier de l’auteur et augurait déjà la belle littérature qui a suivi. Des descriptions de paysages magnifiques et des états d’âme de l’auteur qui m’ont beaucoup touchée. A découvrir ou à relire 😍
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À quelques milles du reste du monde

Je remercie chaleureusement Babelio et la maison d'édition Le Nouveau Pont pour l'envoi, dans le cadre de Masse Critique, de A Quelques Milles Du Reste Du Monde, le dernier livre de Pat Conroy.

Dernier, enfin façon de parler puisqu'il s'agit d'une réédition de son tout premier roman, intitulé alors Conrack, publié en 1972.

Pat Conroy y relate son expérience en tant qu'enseignant à Yamacraw, une ile de Caroline du Sud au large de Savannah.



L'histoire débute à la rentrée scolaire de 1969.

Le Civil Rights Act a 5 ans,

Martin Luther King a été assassiné un an plus tôt.



Pat Conroy est issu d'une famille de militaires et a fait ses études au collège militaire La Citadelle. Cependant, il est myope et daltonien, ce qui l'empêche de devenir aviateur comme son père.

Il choisit donc d'enseigner dans un lycée de Caroline du Sud. Il a 21 ans.

C'est une période où les mentalités commencent à changer au Etats Unis.

Mais le sud reste profondément ancré dans ses valeurs du passé, aussi l'intégration des élèves noirs se passe plutôt mal.

Pat Conroy et ses amis sont jeunes, idéalistes, aussi ne vivent ils pas bien ce racisme qui perdure jusque dans les établissements scolaires où ils enseignent. Au même moment, les grands mouvements contre la guerre du Viet Nam apparaissent. Conroy les approuve mais ses opinions sont très mal perçues dans son lycée. Déçu, il décide donc de s'engager dans le Corps de la Paix . Le temps passe et sans réponse de leur part, il pose sa candidature au poste d'enseignant dans une école primaire de l'ile de Yamacraw.

La particularité de cette ile est qu'elle n'est peuplée (pratiquement) que de noirs. Ils vivent de leur petite ferme ou de la mer, mais très pauvrement, la pollution induite par les industries de Savannah ayant détruit leur principale source de revenus qu'était le ramassage des huitres.

En 1969, l'électricité vient tout juste d'y être installée mais pas le téléphone.

Les habitants vivent mal, l'alcool et la violence sont un fléau.

Lorsqu'il arrive à l'école, Pat Conroy est atterré par le niveau des enfants: aucun ne sait le nom du pays dans lequel ils vivent et bien sûr encore moins le nom du président. La plupart d'entre eux ne savent pas lire ni compter...

Sa collègue noire lui conseille d'user et abuser des châtiments corporels. Mais Pat Conroy comprend bien vite que ce ne sont pas les méthodes traditionnelles ni les coups de fouet qui aideront les enfants à progresser.

Il commence donc à les éduquer différemment, par le jeu, l'observation, la musique, les sorties. Ce qui n'est guère du coup de sa collègue, ni des ses supérieurs hiérarchiques!

Le jeune enseignant veut faire changer les choses, bousculer le satu quo, mais il s'aperçoit rapidement que le système éducatif, par sa rigidité tient à ce que les élèves restent dans leur illettrisme profond car ils sont noirs...

Cette découverte est un gran choc pour Conroy: "Cette ile était le berceau d'une ignorance scandaleuse due au résultat de centaines d'années de négligence'... (p249)

D'une manière générale, l'enseignement donné aux noirs est "une tragédie et une parodie d'éducation".

Mais les dirigeants, au comble de l'hypocrisie, se donnent bonne conscience en installant une climatisation dans l'école alors que les vrais problèmes demeurent.

Le but étant bien sûr, par leur manque d'éducation, de les maintenir au plus bas de l'échelle sociale, une forme d'esclavage moderne.

"Si je laissais mes élèves partir sans avoir altéré substantiellement les conditions de leur existence, je savais qu'ils se feraient rapidement, irrémédiablement et désespérément dévorer par le ghetto de béton sans perspective d'une ville quelconque. J'entendais la voix blanche venant d'un inconscient collectif ancré au plus profond de moi me dire: " Ils ne connaissent rien de mieux. Ils sont heureux comme cela" (p151,152)



Dans ce récit, l'auteur décrit de façon très approfondie les mécanismes subtils et pernicieux du racisme.

Par exemple, de nombreux blancs n'ont en fait rien contre les noirs et en pratique les traitent plutôt bien, mais ils sont conditionnés à ne pas les aimer, à les traiter de "nègres" par tradition, par principe. A la fin des années 60 dans le Sud des Etats Unis, la haine des noirs est plus une tradition qu'une réalité basée sur des faits.

Il analyse aussi la culpabilité de certains blancs, comme ces deux étudiants venus d'une université de Californie pour aider à la construction des maisons de l'ile et qui se retrouvent à construire des lieux d'aisance pour les noirs pendant que ceux ci les regarde, assis en buvant de l'alcool à l'ombre.

Il découvre par ailleurs que sa collègue noire rêve d'être blanche et se complait à humilier les noirs... parce qu'ils sont noirs...

Les parents d'élèves eux même ne veulent pas d'un enseigna de couleur et affirment que seul un blanc peut être un bon enseignant, renforçant ainsi le mythe de la suprématie blanche...



C'est un constat tragique, mais qui n'est pas raconté de manière mélodramatique, au contraire, avec respect et humour. On rit beaucoup en lisant les réactions de élèves, mais Conroy nous les raconte sans ironie et avec une grande tendresse.



Pat Conroy, comme il le fera dans ses futurs romans, décrit magnifiquement les paysages marécageux et la nature luxuriante de la Caroline du Sud, si chère à son coeur.



La dernière partie est une peu longue, brouillonne, sans doute parce que le livre a été écrit un an après les faits et qu'un peu plus de recul aurait été souhaitable pour une meilleure structurations du récit.



Si vous vous intéressez aux problèmes du racisme et du statut des noirs à la fin des années 60 dans le sud des Etats Unis, si vous aimez Pat Conroy, ou si, tout simplement, vous aimez la belle littérature, précipitez vous sur ce roman magnifique et attachant.



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À quelques milles du reste du monde

J'aime Pat Conroy. Tellement ! Il me bouleverse, m'amuse, et me transporte par son écriture virtuose. Et voilà qu'il a écrit un livre où il parle de lui, nous raconte ses jeunes années, et je me suis dit que c'était sans doute une clé pour comprendre un peu mieux le bonhomme…



À 24 ans, Pat conroy jeune professeur demande à aller enseigner à Yamacraw, une petite île isolée de Caroline du Sud. Tellement isolée que le vingtième siècle a oublié sa présence. Des familles de noirs y vivent, abandonnées du reste de l'Amérique, dans un confort plus que sommaire, une ignorance quasi-totale et un alcoolisme endémique.



On découvre, au début de son récit, qu'il a été un jeune crétin, avec des comportements racistes dans sa bande de copains : "Le mot nègre possédait le mystère et l'attrait du fruit défendu et je l'utilisais abusivement au sein de la bande d'amis blancs et abrutis qui contribua à mon éducation."

Pourtant, par idéalisme, il ira enseigner à des enfants noirs totalement incultes. Et les méthodes d'enseignement du jeune professeur "Conrack" ou "Patroy" selon qui le nomme, s'évertuent à casser les codes et leur apprendre des tas de choses dans un joyeux bordel. Pourtant ses méthodes dérangent. Mrs Brown, la directrice, considère que les noirs ne comprennent que le fouet, alors qu'elle est elle-même afro-américaine.



Il y a énormément d'humour dans ce récit et on se rend compte que Pat Conroy ne s'est jamais pris au sérieux et pratiquait l'autodérision, même en compagnie de tous ces petits noirs, ces sauvageons, ces petits gremlins remuants, ignorants et moqueurs, lui qui se sentait, au milieu d'eux, si ridiculement blanc.



Dans cette Amérique des hippies, de la guerre au Vietnam, de la marche sur Washington, Pat Conroy nous raconte la vie des afro-américains laissés sur le bord de la route et de ces patriotes blancs et racistes qui rêvaient de buter toute cette engeance chevelue, droguée, colorée pour rendre à l'Amérique sa grandeur.



C'est un plaisir absolu, une délectation totale de découvrir la vie et la grande générosité d'un auteur qu'on aime passionnément, par son talent d'écriture et les histoires qu'il raconte. Cet électron libre, totalement anticonformiste, nous offre un regard amusé et moqueur sur ses contemporains, cette Amérique raciste, puritaine, et bien-pensante.

C'est tout un pan de l'histoire des États-Unis que Pat Conroy nous offre là, avec l'ironie, la drôlerie et la bienveillance qui le caractérisent.



Côtoyer ces enfants, isolés du monde et analphabètes à fait grandir ce jeune Pat Conroy qui pouvait avoir des idées abruptes sur certains sujets, tant il ignorait la profondeur de certaines croyances et superstitions.

J'aurais adoré avoir un prof comme lui, idéaliste, humaniste, anticonformiste, humble et pourtant moralisateur et inflexible parfois, qui a offert à ces enfants un peu du monde dont ils ignoraient presque tout, et l'altérité grâce à des intervenants extérieurs. Ce livre est aussi un regard sur l'Amérique post-ségrégation.
Lien : https://mechantdobby.over-bl..
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À quelques milles du reste du monde

Cher Pat,



Y avait-il un meilleur moyen pour vous rencontrer que lire cet épisode autobiographique de votre vie ? Je ne crois pas.



« A quelques milles du reste du monde » et ce titre qui, a lui seul déjà m’avait enchantée, m’a donc permis de faire connaissance avec le héros que vous êtes, ordinaire que vous croyez être.

Pourtant, étudiant blanc en Caroline du Sud dans les années 60, votre destin suprématiste semblait tout tracé.

Alors, lorsque jeune enseignant vous décidez de quitter votre bastion conservateur pour aller faire vos classes sur une île de noirs, votre métamorphose et le repentir qui l’accompagne n’en sont que plus humbles et plus forts.



« Bienvenue en outre-mer où les enfants sont soit fainéants, soit attardés. » C’est peu ou prou ce que vous dira l’administrateur égocentrique de l’école qui se pense Bon Samaritain quand il gère son école comme on gérait une plantation.



Ce roman est comme le journal intime que vous auriez tenu durant l’année que vous avez passée sur l’île. Avec sincérité et en assumant vos préjugés, vous nous livrez vos sentiments, votre surprise à découvrir ces gamins illettrés, votre révolte contre le système scolaire qui les a abandonné, votre agacement face à leurs familles qui les contiennent dans leur condition, vos angoisses aussi de ne pas parvenir à leur apprendre un petit peu le monde. Vous leur donnerez beaucoup à ces gamins qui croient dur comme fer aux fantômes mais ne peuvent envisager qu’un homme a marché sur la lune. Et ils vous leur rendront bien.



Votre expérience écœure, vos remises en question rassurent. Votre foi et votre engagement forcent le respect. Le monde a manqué, et manque encore, de Pat Conroy.



Respectueusement,

Céline
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À quelques milles du reste du monde

Ce premier roman de Pat Conroy est une petite merveille ! Cette fiction n’en est pas vraiment une car elle cache en réalité un témoignage historique passionnant. A la fin des sixties, Pat Conroy enseigna pendant toute une année aux enfants noirs de l’île isolée de Daufuskie, en Caroline du Nord. Depuis cette île coupée de tout, Pat Conroy était bien déterminé à faire découvrir le monde à ses élèves, quitte à lutter contre la rigidité du système éducatif ségrégué de l’époque. Il fut d’ailleurs renvoyé pour insubordination.



Quelques bonnes raisons pour lire ce livre :



* Ce livre raconte le combat d’un enseignant blanc pour ses élèves noirs à l’époque de la lutte pour les droits civiques et dans un Sud largement dominé par le racisme.



* Il dépeint la singularité de la vie des îliens et de la culture Gullah.



* L’écriture foisonnante de Pat Conroy se marie incroyablement bien avec les paysages marécageux de la Caroline du Sud.



* J’ai souvent ri en lisant ce livre, d’un rire libérateur.



Paru en 1972 aux Etats-Unis, c’est le premier roman de Pat Conroy. En France, il a été édité par les Presses de la Renaissance en 1974 sous le nom de Conrack (surnom que ses élèves avaient donné à Pat Conroy). Pour la version française, il faudra l’acheter d’occase car elle n’est plus éditée.



(Un film a été tiré de ce récit autobiographique : il s’agit de Conrack, sorti en 1974 et réalisé par Martin Ritt avec Jon Voigt dans le rôle titre. Ce n'est pas un chef-d’œuvre et il ne rend pas justice à Pat Conroy)




Lien : http://lectures-d-amerique.c..
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À quelques milles du reste du monde

Témoignage des actes de discriminations persistants au Sud des États-Unis en 1969. Les habitants de l'île de Yamacraw semblent effectivement avoir été bannis : le titre est justifié. Il ne s'agit pas d'un mélo larmoyant mais d'une "photographie" de la complexité de l'évolution des regards et des cultures. Par exemple, Pat Conroy a grandi dans l'univers ségrégationniste et regarde le jeune idéaliste qu'il était, avec recul et amusement.

On y découvre une multitude de petites histoires liées à l'Histoire (ségrégation, Vietnam, 2d guerre mondiale, etc.). On constate les séquelles d'un apprentissage inadapté/ forcé aggravant la situation de précarité de ces enfants, surtout pour ceux présentant un handicap.

La forme de cet écrit n'est pas celle d'un journal de bord. Chaque chapitre a une thématique ( navigation entre île/ continent en janvier, le basket, la sortie collective d'Halloween, etc.) Cela est vraiment agréable.

Le regard bienveillant et patient de Pat Conroy me rappelle le témoignage de l'enseignante Torey Hayden dans "Les enfants des autres".

J'ai beaucoup apprécié cette découverte instructive. Merci aux éditions "Le nouveau pont" et à Babelio via l'opération masse critique.
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À quelques milles du reste du monde

Auteur, mais aussi ancien professeur, Pat Conroy a vécu une expérience qui l’a révolté. C’est cette histoire qu’il raconte dans ce roman plus que réussit !



En 1969, Pat Conroy est choisi pour enseigner sur l’île de Yamacraw, en Caroline du Sud. Une île peuplée par une communauté noire. Pat est banc, et dans sa jeunesse, il était du genre très raciste. Mais le temps à fait son œuvre, il est encore jeune mais à compris ses erreurs. En arrivant sur l’île, il découvre qu’il a en charge une classe d’éléves de 10 à 14 ans illettré, ou au mieux très retardé. Choqué par l’abandon de ses jeunes enfants par le systéme éducatif, il va se lier à eux, et être pris d’un réel coup de coeur pour cette île isolée…



Il passera un peu plus d’une année sur l’île, à enseigner aux éleves. Ils sont deux professeurs, lui et Madame Brown, une noire qui voudrait être blanche. Persuadé de bien agir, elle éduque à coup de martinet, et n’apprécie que peu les cours de Conroy, plus basés sur une forme de divertissement, sur l’envie de faire découvrir le monde à des enfants isolés depuis bien trop longtemps. Mais en tant que lecteur, difficile de ne pas ressentir le fort attachement que ressent le professeur pour ses éléves, qui lui rendent bien. On ressent son intégration, sa rage envers le systéme qui les laissent presque dépérir sur leur île. Ce racisme sudiste ambiant le révolte et il va se débattre pour leur permettre de s’en sortir.



Mais forcément, il ne peut lutter seul. Alors sans en dire plus, je me contenterait de vous inviter à lire ce roman. Blindé d’humour malgré tout, il tacle sans vergogne et on ne peut que sentir la rage qui se dégage des mots de Conroy. Plus le roman avance, plus on sent son aversion pour son systéme, sa frustration, sa haine même. On a envie de l’aider, et sortir de la lecture sans une forme de rejet, de culpabilité, est quasiment impossible. Je ne peux faire autrement que de vous conseiller sérieusement de lire ce roman. Il a par ailleurs était adapté en film, sous le nom de Conrak, avec John Voight !
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À quelques milles du reste du monde

Depuis le temps que je voulais lire Pat Conroy... J’avoue n’avoir jamais eu le courage de m’attaquer au Prince des Marées…Voici donc ma première incursion chez l’auteur et dès les premières pages je n’ai pas regretté mon choix.



« A quelques milles du reste du monde » n’est pas un roman mais un récit autobiographique dans lequel l’auteur nous raconte une année de sa vie, une année qui va le marquer durablement.

Nous sommes en 1969, Pat Conroy a 22 ans et se porte volontaire pour partir enseigner sur l'île de Yamacraw, au large de la Caroline du Sud.

Là, il va rencontrer un monde à part et des conditions d’enseignement très différentes de tout ce qu'il a connu sur le continent. L’ile est principalement peuplé d’afro-américains qui ont longtemps vécus de la pêche et des huitres. Aujourd’hui, les eaux polluées par les industries de Savannah ne leur permettent plus de vivre décemment. Chargé d’une classe de 18 élèves allant de 10 à 14 ans, il va très vite se rendre compte que bien que scolarisés, ces enfants ont été abandonné par le système éducatif américain. Ils sont pour la plupart analphabètes, ne savent pas compter, ils sont incapables de situer leur ile sur la carte… Pat Conroy va devoir faire preuve d’imagination, tenter de nouvelles expériences pédagogiques pour aider ses enfants. Mais tout cela ne se fera pas sans heurts car les autorités ne se soucient guère de quelques gamins noirs et ils ne sont pas prêt à se faire bousculer par l’idéalisme d’un jeune prof.



Conroy écrit merveilleusement bien. Sa plume se fait classique quand il s’agit de nous décrire la nature de l’ile mais la plupart du temps elle se pare d’humour pour capturer le monde des enfants, la singularité des iliens, la naïveté du jeune enseignant qu’il est et l’absurdité du système scolaire.

Ce livre est une véritable fenêtre sur l’Amérique de la fin des années 60. La lutte pour les droits civiques est engagée mais les vieilles mentalités ont la dent dure. Le sud du pays est toujours bien ancré dans l’ancien système ségrégationniste. Les quelques blancs qui habitent sur l’ile sont les « décideurs » et on ne se mélange pas. Malgré ce contexte,l’histoire de ce jeune prof candide et de ses élèves est vraiment attachante et joyeuse. Si je ne me trompe pas, ce livre est le premier écrit par l’auteur un an après la fin de son séjour sur l’ile, mais sa pertinence perdure car les laissés-pour-compte de l’éducation n’ont pas disparu.



Traduit par Marie Bisseriex
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À quelques milles du reste du monde

À QUELQUES MILLES DU RESTE DU MONDE de PAT CONROY

Pat se porte volontaire pour enseigner à Yamacrow, à des enfants pauvres de couleur. Le docteur Piedmont, super intendant de l’éducation en Caroline du sud n’en espérait pas tant. Yamacrow est une petite île proche de Savannah en Georgie, elle a connu un certain âge d’or avec les huîtres mais une usine pollua les eaux et depuis elle se vide de ses habitants. Madame Brown est la directrice de l’école, elle est noire et pour elle, la discipline se fait au fouet et elle applique strictement les méthodes qu’elle a apprises, sans aucun résultat pour les enfants. À la rentrée, Pat découvre avec stupeur l’état de leurs connaissances que ce soit en lecture, écriture, calcul ou compréhension. De plus ils parlent le gullah, langue créole, mélange de dialecte africain et d’anglais souvent archaïque. Il va donc devoir trouver des solutions pour les sortir de leur isolement(ils pensent que Savannah est la plus grande ville du monde) et de leur inculture. Il va se battre à sa façon en prenant appui sur l’actualité, en leur faisant faire des excursions hors de l’île, mais il va très vite se trouver en butte à Madame Brown, gardienne du temple des traditions, aux parents d’élèves, effrayés des innovations et bien sûr aux institutions(blanches) pleines de bienveillance mais totalement empreintes de racisme et de ségrégation, on est dans le Sud dans les années 60.

Très autobiographiques, ce sont les premières expériences d’enseignement de Pat CONROY, pétri d’idées progressistes, plein d’illusions sur ce que doit être un prof et qui se trouve confronté à la réalité. Intéressant.
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Beach music

Se lit bien, sans prise de tête. Un livre léger pour se reposer les neurones
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Beach music

Un très beau livre. Belles descriptions de la Caroline du Sud. Un roman écrit tout en douceur. Quelques passages qui m'ont toutefois parus longs.
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Beach music

Ravi de retrouver la Caroline du sud, je me replongeai à nouveau dans l'univers de Pat Conroy.

Il y a plusieurs années j'avais lu "Le prince des marées" et j'avais été tout simplement ébloui tellement ce roman est somptueux et brillant. Et, encore une fois, j'en ai pris plein les yeux.

Beach Music, roman magnifique et généreux, roman de la démesure aussi, trop ambitieux peut-être mais si long soit-il on ne s'y ennuie pas une seule page.

On y retrouve avec bonheur le style et le rythme de Pat Conroy, des personnages inoubliables, des dialogues incisifs, de superbes descriptions de paysages, des histoires de familles confrontées à la Grande Histoire, et aussi, seul petit bémol, sa fichue tendance à user un peu trop, à mon goût, d'un sens de la répartie implacable de certains de ses personnages, ce qui peut parfois déstabiliser le lecteur (une des facéties chroniques de Pat Conroy), je suppose que c'est une façon pour lui de mettre de la distance par rapport à l'arrière-plan plutôt sombre de ses romans.

Peut-être est-ce là un des enseignements des livres de Pat Conroy, vivre pleinement tout en essayant de s'élever, avec une élégante et subtile ironie, au dessus du caractère tragique de la vie.



"il lui fallut longtemps pour mourir, car elle aimait passionnément la Terre, et sa ville, et sa famille. Mais lorsqu'elle s'en alla, elle fut bien étonnée de quitter son corps pour s'élever au dessus de la maison et de l'océan.

Elle regarda en bas, vers la lune, et les étoiles, et la Voie lactée, libérée de son corps, et elle se sentait légère, aérienne, belle tandis qu'elle tourbillonnait dans la douce lumière des étoiles..."
Lien : https://www.babelio.com/monp..
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Beach music

Un livre qui ressemble beaucoup(trop ?) au "prince des marées" du meme auteur. Une famille de Caroline du sud , déchirée , brisée par des secrets trop longtemps gardés .La guerre du Vietnam...les révoltes étudiantes ...la jeunesse Américaine qui perd ses illusions .

Beaucoup de sujets sont survolés dans ce livre .
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Beach music

Comme beaucoup d’entre vous, j’ai été subjuguée par Le Prince Des Marées.

Mais c’est toujours une erreur de lire LE chef d’œuvre d’un auteur en premier, car ses autres romans, par comparaison sont forcément décevants...

Pourtant, avec Beach Music on retrouve les thèmes chers à Pat Conroy: les relations familiales très difficiles, la relation au père, ainsi qu’à la mère pathologiques et conflictuelles, son amour pour les paysages de la Caroline du Sud et de la belle ville de Charleston.

Il y ajoute l’histoire avec un grand H, avec l’évocation des souffrances vécues par les juifs polonais rescapés de l’holocauste et immigrés en Caroline du Sud, avec aussi les fractures que la guerre du Vietnam a apportées au sein de toute une génération de jeunes américains.

Tous les éléments sont réunis pour une saga passionnante, d’autant que Pat Conroy est un conteur né.

Cependant, beaucoup trop de longueurs, de digressions cassent le rythme du roman, le rendant parfois lourd et ennuyeux...

Je lui attribue 4 étoiles cependant car Pat Conroy demeure un écrivain majeur du sud des États Unis et le meilleur ambassadeur des marais de Caroline du Sud.
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Beach music

J'aime lire des romans où l'auteur parle des relations familales, certainement par manque ou par trop plein, je n'en sais rien. J'adore Wally lamb, pour moi le maître en la matière mais en relisant "Beach Music" je dois dire que j'ai été comblée.Un pavé de 700 pages, une fresque, un voyage d'abord dans des pays différents, puis dans le passé et aussi au coeur du pire et du meilleur. L'Italie, la Caroline du Sud, l'europe de l'Est pendant la guerre, l'holocauste, la naissance des tortues, l'amour, la maladie, la mort......et la famille. Ce mot que je découvre encore et toujours. Dans mon petit larousse en couleurs que je traine depuis mon enfance la définition de famille me fait plutôt rire : "Le père, la mère et les enfants", groupes d'êtres ou des choses présentant des caractères communs".Ouais..... pas convaincue! Alors je lis, j'apprends, je note pour qu'enfin un jour je rentre dans la norme.

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Beach music

Un excellent livre tres long mais rapide à lire tant le rythme est excellent et l'humour omnipresent bref on ne s'ennuie jamais au cours des pages e je me suis régalé à découvrir cet auteur ! je vous conseille ce livre en tout cas !
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Beach music

Vous aimez être ému(e), pleurer, être captivé(e) à ne pouvoir lâcher votre lecture ? Ce livre est pour vous !




Lien : http://mapetitepause.over-bl..
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Beach music

Le grand Santini était le seul roman de Pat Conroy que j'avais lu. Je l'avais aimé. Beach Music est un pavé de 700 pages qui emporte les suffrages. Truffé d'éléments autobiographiques ce livre explore les années soixante à l'est des Etats-Unis. Jack McCall, dont la femme Shyla s'est suicidée, quitte la Caroline du Sud pour l'Italie avec sa petite fille Leah. Et c'est toute l'histoire de sa famille, riche en péripéties, qui nous mène de l'Europe des années trente aux années Vietnam, en passant par les parties de pêche adolescentes et les amitiés trahies. Cette saga est un navire qui tangue bien un peu, Pat Conroy s'attardant par exemple sur l'holocauste et l'insoutenable mais il est vrai que le judaïsme joue un rôle important dans le roman. Nous sommes là dans une littérature classique américaine sans allusion péjorative.



Les McCall sont une fratrie, les quatre frères de Jack le retrouvant à l'occasion de la maladie de leur mère Lucy. Leur père aussi est de la partie, ancien juge alcoolique, ainsi que les amis d'adolescence, de ceux qui marchèrent contre la guerre en ces années peu nuancées. la musique, la plage, les fraternités étudiantes très fortes en Amérique, les relations avec les parents, les engagements, les addictions. L'air est connu et je suis d'une génération à peine plus jeune. J'ai bien souvenir des images télé de ces manifs sur fond de Joan Baez. Pat Conroy, je l'ai dit, s'attarde parfois un peu longtemps à mon sens. Et à force de vouloir relier passé et présent cela m'a donné une impression d'artifice un peu pesant.



L'auteur excelle encore une fois dans la peinture de la ville de Waterford, ce fameux Deep South qui n'est toutefois pas l'Alabama. Oui même chez les sudistes U.S. il existe des différences de tons. N'est pas redneck qui veut. Les prises de conscience politique sont à géométrie un peu variable. Il y a un père général plus général que père, ou père à la manière d'un général. On découvre sur le tard les talents de passionaria de Shyla. Pat Conroy prend un parti de théâtralisation des évènements du passé, presque au sens propre. C'est assez surprenant mais on se prend au jeu. Beach Music est donc un (très) long roman d'une Amérique aux prises avec ses démons, et les thèmes de l'engagement, de l'activisme, du pardon de la réconciliation, qui se lit assez facilement et qui a du souffle. De quoi donner envie de découvrir Le prince des marées, autre roman célèbre de Pat Conroy.
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Beach music

Livre à éviter. Déjà le début n'est pas folichon : un américain premier en tout arrivé à Rome du haut de toute sa supériorité d'Outre Atlantique. Reste le pire : le passage sur l'holocauste est complétement affligeant , irréaliste et inexact quand on a quelques connaissances sur la période : l'auteur ne fait qu'en rajouter là où c'est suffisamment horrible. Ce n'est rien que de la surenchère gore... et quel manque de respect total pour ce qui c'est passé. Le style et la construction sont ordinaires. Passer votre chemin sans aucun état d'âme.
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Beach music

Je viens de terminer ce roman de Pat Conroy. Un pavé de plus de 900 pages.

Les deux personnages principaux sont Jack Mc Call et sa fille Leah.

Lorsque sa femme s’est suicidée en se jetant du haut d’un pont, Jack a décidé d’aller vivre à Rome avec sa fille et de ne plus revenir en Caroline-du-Sud d’où il est originaire. Il se pose des questions sur les raisons du suicide de Shyla, sa femme, sans pouvoir soupçonner quoique ce soit.

Un télégramme lui apprend que sa mère, atteinte de leucémie est au plus mal. Il décide de retourner en Amérique pour assister aux derniers instants de sa mère.

A mon sens, ce roman en comprend plusieurs, nous y retrouvons, sans aucune chronologie les différentes phases et époques de la vie de chaque personnage :

- La déchéance du Juge Mc Call, père de Jack, alcoolique notoire ;

- L’enfance tourmentée de Lucy, sa mère ;

- L’Holocauste vécu par les parents de Shyla ;

- La guerre du Viet Nâm ;

- La schizophrénie de son plus jeune frère ;

- La folie de Shyla ;

- L’amitié entre Jack, Mike, Capers, Ledare et Jordan, leurs souvenirs d’enfance.

Beaucoup de sujets y sont traités à commencer par l’amour paternel, l’amour maternel, l’amitié, la dispute, la guerre, les horreurs de l’holocauste, l’enfance maltraitée, le viol, la maladie, l’amour, la folie, la mort.

L’auteur a une très belle plume, je l’ai lu avec beaucoup de plaisir. Son livre est dense et très long à lire, il faut en digérer les différentes phases. Il est parfois difficile à suivre tant les sujets sont nombreux et traités pêle-mêle, sans aucune chronologie. J’ai mis plus de deux mois pour le lire, il faut le digérer tant sa lecture est intense.

Les chapitres sont longs, les paragraphes font parfois plus d’une page, ce qui ne rends pas la lecture facile.

J’ai aimé ce livre, je l’ai dégusté. Il est émouvant, à la fois triste et mouvementé, bouleversant par moment beaucoup d’adjectifs pourraient le qualifier, j’y ai cependant trouvé quelques longueurs.

Malgré tout je lui ai préféré « Le Prince des Marées » (du même auteur) que je considère comme un chef d’œuvre.

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