AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Pat Conroy (432)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Le Prince des Marées

Une ode au Sud pofond des Etats-Unis, des personnages attachants, tant par leur souffrance que par leurs valeurs, des paysages somptueux, une histoire bien construite qui tient son lecteur en haleine tout du long. Bref, un livre comme j'aimerais en lire plus souvent et qui nous montre à quel point notre enfance conditionne nos vies.
Commenter  J’apprécie          00
Le Prince des Marées

Superbe ! Pourtant j’ai eu un peu de mal au début et il m’a fallu une petite centaine de pages avant d’entrer vraiment dans l’histoire mais que je suis heureuse d’avoir persévéré ! Nous sommes en Caroline du Sud, dans l’Amérique profonde où le racisme est bien ancré et les clivages sociaux importants mais aussi où la nature, sauvage et omniprésente, est magnifique. Par petites touches, au fil des anecdotes, des petits bonheurs mais aussi des drames et des secrets de famille, l’auteur nous dévoile toute la complexité de ses personnages. Il y a Tom, le narrateur, qui cache ses blessures derrière une forme d’ironie. Il y a Savannah, sa sœur jumelle, poète de talent au caractère suicidaire. Et il y a Luke, le grand frère idéaliste et protecteur, le « prince des marées ». Même les personnages secondaires sont attachants comme la belle psychanalyste Lowenstein, la grand-mère aventurière ou le grand-père mystique. Une sublime fresque romanesque riche tant par les nombreux thèmes abordés que par la multitude des émotions qu’elle transmet !
Commenter  J’apprécie          10
La mort de Santini

Déçu par cet ultime livre de Pat Conroy. Il manque quelques repères généalogiques en annexe pour arriver à se retrouver dans les familles des parents, des amis sans oublier les trois mariages de l’auteur. Ce livre autobiographique est brouillon et c’est dommage. Il ne peut pas, de toute manière , être compris si l’on n’a pas lu les autres livres de Pat Conroy . J’ai été très impressionné par la relation violente de la mère, Peg, avec sa fille Carol Ann. On est proche de la haine. On reste surpris par le déni des frères et sœurs et on se dit que Pat Conroy nous a donné au fil de ses romans « sa vérité » sur l’histoire de cette famille de « timbrés ». On aurait presque aimé un roman choral où chacun des membres de la famille se serait exprimé pour raconter sa version. Il n’en reste pas moins que dans l’œuvre de cet auteur « le Prince des marées » reste une pure merveille de lecture.
Commenter  J’apprécie          00
Le Prince des Marées

Quel magnifique roman ! Mettant en scène une famille dysfonctionnelle et violente, cette histoire des Wingo de Caroline du Sud laisse au lecteur de bons moments pleins d'humour qui lui permettent de franchir les moments cruels et indicibles. L'ensemble est vraiment très réussi.

Commenter  J’apprécie          90
Le Prince des Marées

je crois que j'attendais trop de ce livre au vu de sa réputation. je l'ai attaqué en me disant que je n'allais pas le lâcher et le dévorer. Et si ca a été effectivement le cas par moments, il y en a eu aussi d'autres où l'ennui faisait que je m'arrêtais après 15 pages de lecture. bref, une expérience de lecture vraiment très inégale qui a fait que j'ai alterné entre l'envie de crier à la supercherie pour finalement au passage suivant ne pas réussir à lâcher le bouquin jusqu'au trou d'air suivant.
Commenter  J’apprécie          00
À quelques milles du reste du monde

Auteur, mais aussi ancien professeur, Pat Conroy a vécu une expérience qui l’a révolté. C’est cette histoire qu’il raconte dans ce roman plus que réussit !



En 1969, Pat Conroy est choisi pour enseigner sur l’île de Yamacraw, en Caroline du Sud. Une île peuplée par une communauté noire. Pat est banc, et dans sa jeunesse, il était du genre très raciste. Mais le temps à fait son œuvre, il est encore jeune mais à compris ses erreurs. En arrivant sur l’île, il découvre qu’il a en charge une classe d’éléves de 10 à 14 ans illettré, ou au mieux très retardé. Choqué par l’abandon de ses jeunes enfants par le systéme éducatif, il va se lier à eux, et être pris d’un réel coup de coeur pour cette île isolée…



Il passera un peu plus d’une année sur l’île, à enseigner aux éleves. Ils sont deux professeurs, lui et Madame Brown, une noire qui voudrait être blanche. Persuadé de bien agir, elle éduque à coup de martinet, et n’apprécie que peu les cours de Conroy, plus basés sur une forme de divertissement, sur l’envie de faire découvrir le monde à des enfants isolés depuis bien trop longtemps. Mais en tant que lecteur, difficile de ne pas ressentir le fort attachement que ressent le professeur pour ses éléves, qui lui rendent bien. On ressent son intégration, sa rage envers le systéme qui les laissent presque dépérir sur leur île. Ce racisme sudiste ambiant le révolte et il va se débattre pour leur permettre de s’en sortir.



Mais forcément, il ne peut lutter seul. Alors sans en dire plus, je me contenterait de vous inviter à lire ce roman. Blindé d’humour malgré tout, il tacle sans vergogne et on ne peut que sentir la rage qui se dégage des mots de Conroy. Plus le roman avance, plus on sent son aversion pour son systéme, sa frustration, sa haine même. On a envie de l’aider, et sortir de la lecture sans une forme de rejet, de culpabilité, est quasiment impossible. Je ne peux faire autrement que de vous conseiller sérieusement de lire ce roman. Il a par ailleurs était adapté en film, sous le nom de Conrak, avec John Voight !
Commenter  J’apprécie          40
Le Prince des Marées

Enfin fini, ouf!

Drôle de façon pour commencer la critique d'un livre.

Et pourtant, j'ai vraiment eu du mal pour terminer ce roman.

Ce sera ma première et certainement dernière critique négative .

Certains passages sont longs et m'ont particulièrement ennuyé .

Alors que d'autres sont certes longs, mais au final ils amènent quelque chose à l'histoire.

Et justement, on ne sort pas indemne d'une telle lecture.

Poignant, cruel, horrible, écœurant, mais aussi profondément beau, parfois drôle.

Tous ces qualificatifs pour en parlé.

On était vraiment à un cheveu du 5 étoiles.



Commenter  J’apprécie          33
Le grand Santini

Pat Conroy fait partie de ces écrivains capables de nous embarquer dans un univers qu’il crée lentement, page après page et dans lequel nous finissons par nous immerger totalement, avec bonheur et nostalgie. Chez Pat Conroy tous ses romans contiennent les mêmes éléments : un père militaire, pilote de chasse, despote, violent et incapable d’exprimer le moindre sentiment , une mère douce et soumise, le fils aîné, narrateur et plusieurs frères et sœurs dont surtout une sœur dont le narrateur est complice. Le récit porte sur cette vie de famille souvent tragique et parfois belle.

Le fils aîné décrit à chaque fois un match de basket qui le portera aux nues. Pas aussi puissant que « le Prince des marées » un livre culte qu’on ne peut pas oublier ,ce grand Santini reste un très bon moment de lecture.

Dommage qu’il ne soit plus édité.
Commenter  J’apprécie          10
Le Prince des Marées

Pat Conroy est un immense conteur , il possède l'art du récit et de l'imaginaire ,l'amour de la nature , comme de nombreux écrivains américains . Cette saga familiale ,qui se passe en grande partie en Caroline du sud , donne lieu a de magnifiques descriptions et restitue, avec talent, l'ambiance et l'esprit du Sud des Etats-Unis.

C'est l'histoire d'une famille , mais aussi une tragédie pour deux frères ,Tom , Luke et leur soeur Savannah . Ils ont subi pendant l' enfance la violence d'un père ,et le manque d'empathie d'une mère .D'une grande beauté elle est déçue par son mariage et la vie modeste qu'elle mène , rêvant d'une vie plus facile et attrayante.

Cette fratrie va avoir du mal à se construire et demeurer cabossée. L'analyse psychologique est très fine ,un des personnages du roman est d'ailleurs une psychiatre . Présente tout au long du récit ,elle demande à Tom de raconter l'histoire de la famille ,afin de sauver Savannah , devenue un écrivain célèbre, de la folie . Malgré l'évocation des souvenirs douloureux ,Tom ,le héros principal , fait toujours preuve d'humour, sans doute pour ne pas sombrer lui même ,dans le désespoir .

Un beau et grand roman ,certains passages auraient cependant mérité d'être plus courts



.
Commenter  J’apprécie          182
Le Prince des Marées

« Luke le fanatique. Tom le raté. Savannah la cinglée. » Et ce jugement péremptoire que leur mère a un jour porté sur eux, les trois enfants, l’aîné et les deux jumeaux, vont passer leur vie à s’efforcer désespérément soit de le confirmer soit de l’infirmer.



C’est une tentative de suicide de Savannah, coutumière du fait, qui constitue le fil directeur de ce roman. Il s’agit, pour la psy qui la suit, de remonter aux origines de son mal-être pour le comprendre et lui venir en aide, dans la mesure du possible. Poétesse reconnue, sujette à de multiples visions, Savannah a aussi tendance à occulter les événements douloureux et significatifs de son passé, qu’ils aient eu lieu dans le cadre familial, le père, alcoolique, étant d’une extrême violence, ou qu’ils aient surgi, monstrueux, de l’extérieur.



Si bien que c’est Tom, son frère jumeau, le narrateur, qui lui sert pour ainsi dire de mémoire, ramenant à la surface des souvenirs précieux dans la perspective de la guérison de sa sœur. Ce faisant, c’est aussi son propre passé qu’il lui faut affronter. Si son père est devenu violent, c’est que, lorsqu’il était lui-même enfant, il a imputé le départ de sa mère à la faiblesse de son propre père auquel il n’a dès lors pas voulu ressembler. Être violent, pour lui, c’était être fort. Ce faisant il a servi, à son tour, de contre-exemple à Tom qui, faute de modèle paternel fiable auquel se conformer, va éprouver bien des difficultés à se trouver des repères constructifs.



Quant à Luke, de retour de la guerre du Vietnam, il finira, par se lancer avec exaltation, dans une guérilla désespérée, seul contre tous, pour préserver l’île de son enfance de réquisitions territoriales de l’État. Il y perdra la vie.



Ce sont toutes sortes de moments émouvants, intenses, dramatiques, d’anecdotes savoureuses qui courent au fil des pages et de cette pérégrination au milieu des souvenirs. C’est aussi tout un tableau des États-Unis, et tout particulièrement des états du Sud, qui se trouve progressivement brossé. Ce sont ses magnifiques paysages qui nous sont offerts. On est confronté, avec les personnages, au racisme, à la Guerre du Vietnam. On partage la vie quotidienne d’un pêcheur de crevettes. On s’enthousiasme pour leurs matchs avec les joueurs de l’équipe de football. On est emporté par les images, les odeurs, les cris des mouettes qui suivent les bateaux.



L’enfance que Luke, Tom et Savannah ont vécue, entre un père brutal et une mère qui fait du silence sur ce qui leur est imposé, à elle comme à ses enfants, une vertu, s’est avérée pour eux particulièrement dévastatrice. Et pourtant… Pourtant ils finissent par porter sur elle un regard attendri. De leur propre aveu, ils n’auraient pas voulu en vivre une autre. Sans doute, entre autres et surtout, parce que c’est ensemble qu’ils ont dû affronter ces épreuves et qu’elles les ont amenés, question de survie, à tisser entre eux des liens indestructibles.

Quant à pardonner au père d’avoir fait de leur enfance un chemin de terreur… « Il ne pouvait rien à ce qu’il était. Et nous non plus. »

Commenter  J’apprécie          160
Le Prince des Marées

Le problème avec les bons bouquins, c'est qu'on brûle d'envie de connaître la fin sans être jamais pressé de les terminer...

On a tous connu ça hein ?

Dernier exemple en date : le Prince des Marées, tiens. Mille et quelques pages qu'on avale d'une traite, tiraillé entre l'impatience de découvrir le sort réservé à chacun des membres de la famille Wingo et la crainte de voir un jour leur formidable histoire prendre fin.



Et une fois le dernier chapitre achevé, le plus dur commence : dire adieu à Tom Wingo, prendre une grande inspiration et s'atteler à la rédaction d'un petit billet pas trop bancal.

Ne visons pas l'exhasutivité (les thématiques abordées sont tellement riches et nombreuses !) mais tâchons simplement de remercier comme ils le méritent Pat Conroy et tous ses lecteurs qui, par leurs critiques enthousiastes, m'ont motivé pour ce long voyage autour de Colleton, en Caroline du Sud ! Quel dépaysement, quelle incroyable immersion dans les marais du Sud, quelle finesse dans les portraits psychologiques des personnages et quelle stupéfiante succession de drames au sein de cette famille tellement dysfonctionnelle !



Entre un père instable, colérique et violent, une mère manipulatrice et dévorée d'ambition, une grand-mère fantastique et un grand-père mystique, rien d'étonnant à ce que le narrateur Tom, sa jumelle Savannah et leur aîné Luke soient depuis toujours confrontés à quelques petits désordres du ciboulot.

Patiemment, à coups de flash-backs imbriqués mêlant souvenirs d'enfance, péripéties diverses et dialogues mordants, Pat Conroy démonte l'un après l'autre les rouages de ces déséquilibres psychiques qui ont fait de Tom cet homme complexe et attachant, marqué de cicatrices profondes, qui se fait là "le piètre biographe de ses propres échecs" et qui "traîne dans [sa] vie d'adulte la nostalgie d'une enfance volée".

Cela ne l'empêche pas de faire preuve en toutes circonstance d'un humour acide et ravageur, d'un exceptionnel sens de la répartie, d'une nonchalance et d'une lucidité rares qui me l'ont immédiatement rendu très sympathique !



Comment rester insensible à l'amour inconditionnel qu'il voue à son frère et à sa soeur ?

Comment n'être pas touché par la mission qu'il s'est fixée vis à vis de Savannah, devenue grande poétesse torturée ("le mieux que je pouvais faire pour ma soeur était de raconter mon histoire à moi, avec un maximum de sincérité [...] Je voulais expliquer pourquoi ma soeur, ma jumelle, s'ouvrait les veines, pourquoi elle avait des visions abominables, pourquoi elle était hantée par une enfance à ce point conflictuelle et dévalorisante qu'elle avait peu de chances de jamais pouvoir se réconcilier avec son passé") ?



Les notions de pardon, de résilience, d'acceptation de soi et du tort causé par autrui font elles aussi partie intégrante de ce grand roman qui, en plus de tout le reste, en dit beaucoup sur l'Amérique, les antagonismes entre le Nord et le Sud, le mépris mutuel que s'opposent les prétentieux New-Yorkais et les cul-terreux de Colleton, les sombres années de ségrégation dans les états du Sud, puis celles non moins tragiques de la guerre du Vietnam et de la funeste course à l'armement nucléaire.



Vous l'aurez compris : le prince des Marées est un livre dense et foisonnant, diablement prenant, qui fait résonner en nous "cette farouche musique intérieure faite de sang, de ferveur et d'identité", un livre qui forcément nous interroge sur nos propres fratries et sur les évènements plus ou moins heureux qui nous ont façonné.

Sans doute sommes-nous nombreux, comme Tom Wingo, à pouvoir dire :

"J'ignore si c'est une famille normale ou non. Je sais seulement que c'est la seule famille dans laquelle j'ai jamais vécu."



Bien plus vaste que la "simple" analyse psychanalytique ou le classique récit familial, le Prince des marées est donc roman brillant, où la qualité des dialogues le dispute à celle des longues descriptions de la vie dans les marais.

Un texte puissant au succès international amplement mérité !

Commenter  J’apprécie          368
Le grand Santini

A force de vouloir être un "Marine" parfait, Bull Meecham en oublie que sa famille n'est pas militaire, et il est un tyran domestique plein de bonnes intentions, donc inconstructif...

Moralité: ses enfants se complaisent dans le résistance larvée...

Le milieu "aviation"du milieu du XXème siècle est remarquablement rendu...

Le personnage que j'ai trouvé le plus crédible et complexe est la fille aînée, Mary-Anne..

Evidemment, quand on a volé dans les années 60, on devine comment ça va finir...

On pourrait en tirer un théorème:

"le meilleur des militaires fera un lamentable civil, et inversement."

Commenter  J’apprécie          00
The Lords of Discipline

Une pépite, du grand Pat Conroy... Enfin c'est le deuxième livre que je lis de lui après "The Prince of tides" et c'est toujours du Grand Conroy.

Il nous emporte dans le tourbillon de son âme, on vibre avec sa plume d'enchanteur, on ressent avec lui. Il nous immerge dans son univers et on peine à refermer son livre. On aimerait que cela dure, dure et dure tant c'est beau, juste, poignant. Je ris, je pleure je m'indigne, je crie.

Sans "The Prince of tides" et sans aujourd'hui "The Lords of discipline", je n'aurais pas entrevue qui je suis, je n'aurais pas compris l'influence de ma sphère familiale. Grâce à ses mots si pertinents, je me découvre et comprends mes choix aujourd'hui. Il ose déclarer tout haut ce qui se tait, ce qui se cache, ce que l'on maquille sous un tas d'étiquettes.
Commenter  J’apprécie          00
Le Prince des Marées

Laissez la plume envoûtante de Pat Conroy vous entraîner dans les marais de la Caroline du Sud, au bord de l'océan Atlantique, dans la grande fresque de la famille Wingo, celle d'une fratrie malmenée par un père raté et violent, protégée mais tourmentée par leur mère magnifique et manipulatrice, frappée par les tragédies, qui a su survivre et se battre, grâce à l'amour lumineux qui unit les deux frères et la soeur. Pat Conroy a réussi à mettre en mots puissants les tourments des liens familiaux "cette résonnance, cette farouche musique intérieure, faite de sang, de ferveur, d'identité. C'était la beauté et la peur de la parenté, des liens ineffables de la famille, qui faisaient chanter une flamboyante terreur et un amour paralysé à l'intérieur de moi." Vous frémirez d'angoisse, vous verserez quelques larmes, mais aussi vous sourirez souvent et rirez parfois de bon coeur grâce à l'humour insufflé par l'auteur à son narrateur/ alter ego, le très attachant Tom Wingo. Quelle magnifique histoire !
Commenter  J’apprécie          387
À quelques milles du reste du monde

Cher Pat,



Y avait-il un meilleur moyen pour vous rencontrer que lire cet épisode autobiographique de votre vie ? Je ne crois pas.



« A quelques milles du reste du monde » et ce titre qui, a lui seul déjà m’avait enchantée, m’a donc permis de faire connaissance avec le héros que vous êtes, ordinaire que vous croyez être.

Pourtant, étudiant blanc en Caroline du Sud dans les années 60, votre destin suprématiste semblait tout tracé.

Alors, lorsque jeune enseignant vous décidez de quitter votre bastion conservateur pour aller faire vos classes sur une île de noirs, votre métamorphose et le repentir qui l’accompagne n’en sont que plus humbles et plus forts.



« Bienvenue en outre-mer où les enfants sont soit fainéants, soit attardés. » C’est peu ou prou ce que vous dira l’administrateur égocentrique de l’école qui se pense Bon Samaritain quand il gère son école comme on gérait une plantation.



Ce roman est comme le journal intime que vous auriez tenu durant l’année que vous avez passée sur l’île. Avec sincérité et en assumant vos préjugés, vous nous livrez vos sentiments, votre surprise à découvrir ces gamins illettrés, votre révolte contre le système scolaire qui les a abandonné, votre agacement face à leurs familles qui les contiennent dans leur condition, vos angoisses aussi de ne pas parvenir à leur apprendre un petit peu le monde. Vous leur donnerez beaucoup à ces gamins qui croient dur comme fer aux fantômes mais ne peuvent envisager qu’un homme a marché sur la lune. Et ils vous leur rendront bien.



Votre expérience écœure, vos remises en question rassurent. Votre foi et votre engagement forcent le respect. Le monde a manqué, et manque encore, de Pat Conroy.



Respectueusement,

Céline
Lien : https://www.instagram.com/p/..
Commenter  J’apprécie          30
Le Prince des Marées

C'est après avoir lu Beach Music que j'ai eu envie d'engouffrer ce Prince des Marées, écrit quelques années avant. Beach Music, disait-on, était trop dispersé, au scénario plein de contradictions, tandis que ce Prince serait un chef d'œuvre...

J'ai retrouvé le Sud américain, cette atmosphère entre ciel et mer, ses marsouins enchanteurs, qui m'avait bien plu. J'ai retrouvé le père cogneur qui gâche la vie de ses enfants. J'ai retrouvé l'esprit de la fratrie, toujours un bijou sous la plume de Conroy. Et une mère haïe mais adorée, qui fait ce qu'elle peut après une enfance sordide pour accéder à la respectabilité.

Comme dans Beach Music, j'ai surtout aimé ce qu'on pourrait appeler des nouvelles, qui livrent des bribes de l'histoire du livre lui-même, mieux harmonisées dans le Prince des marées. Des petits chefs d'oeuvres, qui pourtant, à mon goût, ne suffisent pas à faire du livre entier un chef d'œuvre, va comprendre... Conroy y excelle, avec ses morceaux de bravoure, d'intense poésie lumineuse ou de terrible contemplation de ce que peuvent faire des humains à d'autres humains. Des instants suspendus de beauté dans les brumes (électriques) des marais aux îles silencieuses. Dans la mer omniprésente, le mystère de sa faune, et ces gens qui vivent là, avec leur passé abimé. Ici, c'est Luke qu'on aime, l'irréductible frère aîné protecteur et doux, l'ami du tigre qu'on apprend (rudement) à aimer aussi. Tom (le narrateur) et Savannah, les jumeaux, forment un duo désemparé, qui ne supporterait pas cette vie sans ce frère droit dans ses bottes qui sait la leur rendre un peu plus douce. Les trois belles plantes, qui ne demandaient qu'à grandir en beauté, font ce qu'elles peuvent dans ce monde incroyablement beau et rendu laid par les gens. Brutalité physique, brutalité sociale, brutalité familiale, mais un grand-père allumé qui leur donne sa foi, une grand-mère loufoque et libertaire, l'apparition de Snow ou de M. Fruit, la galerie est riche.

Sans passer sous silence toute la partie new-yorkaise. Tom a appris que sa soeur jumelle Savannah, qui vit à New York et se fait un nom dans la poésie, a encore tenté de s'ouvrir les veines. Il quitte son Sud aquatique pour voler à son secours, bien que détestant la ville tentaculaire, trop snob, qui broie les gens "normaux". Il rencontre la psy de sa soeur (Lowenstein), et tous deux essaient de dénouer le filet dans lequel est prise la jeune femme. C'est en racontant des bribes de son passé que Tom lui livre, nous livre ses secrets.

Lui, c'est un faux macho sudiste, parfois un peu bourrin mais très sincère. Il cherche la plus grande justesse pour décrire ce qu'il a vécu, ce que les trois enfants ont vécu, et chacun des personnages de son entourage. Il ne se met pas en valeur, mais sans pour autant s'autoflageller, il raconte. On est pris. On termine le livre à regrets, comme avec Beach Music, parce qu'on a appris à les aimer, ces gens, ces paysages. J'aimerais savoir ce qu'a vécu réellement l'auteur, dans tous ces évènements. Son propre père était un militaire violent, mais pour le reste ?

Après le succès du Prince des Marées, Pat Conroy a écrit, donc, ce Beach Music dans la même veine. Et est tombé dans une grave et longue dépression. Voici deux livres pour comprendre pourquoi. C'est pourtant la lumière du sud qui me reste en refermant le livre.
Commenter  J’apprécie          51
Le Prince des Marées

Je me suis rendue jusqu’au chapitre 14, péniblement...je n’ai pas l’habitude d’abandonner là lecture d’un livre qui m’avait été fortement recommandé. Mais, peut-être ne suis-je pas dans de bonnes dispositions pour ce type de roman. Un chef d’œuvre, dit-on. Pour moi, non. C’est le premier titre que je lis de cet auteur et je suis déçue.
Commenter  J’apprécie          30
Le Prince des Marées

Comme tous les grands romans il n'est pas si facile que ça de parler de celui-ci. Un roman fleuve qui se lit aisément. Un roman qui a touché un large public et je ne peux que me joindre au concert de louanges tant ce roman devient addictif. Je me retiendrai de tout résumé même synthétique tant on est pris dans les rets d'une intrigue protéiforme.

Un roman que l'on peut aimer pour des raisons évidentes :

Un roman sur le Sud. C'est de ce point de vue un grand roman du Sud comme le proclame crânement le bandeau de couverture. La Caroline du Sud est un état conservateur, un véritable cliché sudiste. Ici c'est le substrat fondamental mêlant basses terres et eaux dans les vastes étendues et dédales d'îles et et de marais. Un substrat où la famille Wingo a ses racines ;

Une histoire familiale hors de l'ordinaire, des grands-parents fantasques, deux parents monstres d'égoïsme ; 3 enfants élevés dans la violence, la peur et le merveilleux ;

Un récit ponctué de savoureux épisodes totalement improbables  :du sauvetage du marsouin Snow des griffes des parcs animaliers de Floride à la chevauchée en ski nautique de l'aïeul, ou la passe d'armes oratoire à fleurets non mouchetés entre le brillant violoniste new-yorkais et le pauvre plouc de Caroline du Sud par exemple ;

Un roman sociétal sur les années 50 et 60 chez des petits blancs, des pêcheurs de crevettes, des femmes au foyer, des vendeurs de bible ou des joueurs de football américain ;

Un roman sur les traumatismes familiaux sudistes opposés à une parole libérée dans le New York, des années soixante.

C'est tout cela. C'est aussi bien autre chose

L'auteur ne manque pas d'humour et se livre à une partie de billard à trois bandes. Il part d' une substitution. Savannah s'est ouvert les veines à New York. Son frère jumeau, Tom, se rend sur place, occupe son appartement, rencontre l'analyste de sa soeur, et c'est lui qui va convoquer le passé familial et les racines sudistes. C'est lui, le narrateur, qui va au final devenir objet d'analyse.

On chemine avec Tom, le narrateur, un homme dépressif aimant le football américain et la bonne cuisine, toujours prêt à dégainer son humour à deux balles en guise de parade.

Le roman est réussi car il ne donne pas d'explication définitive. Il dénonce des non-dits et met des mots sur des drames refoulés. Il déploie toute une palette contrastée sans décider vraiment où il faut se situer, où se trouve la bonne voie. Jusqu'au dernier mot l'ambiguïté est présente sur les choix que nous faisons, que nous devons faire, sur les accommodements nécessaires. En ce sens c'est un grand roman qui ouvre les possibilités plus qu'il ne les ferme.
Commenter  J’apprécie          243
Le Prince des Marées

Attention CHEF D’OEUVRE !!!

1070 pages englouties en quelques jours lors d’une lecture commune avec de super lectrices d’A l’assaut des pavés: Fanya, Stéphanie, Françoise, Marie-Odile, Dany et Nasaissa.



Dans la famille Wingo, je voudrais les jumeaux Tom et Savannah et leur aîné d’un an, Luke, ainsi que leurs parents Lila et Henri.

Tous les cinq vivent dans une petite maison blanche isolée, au bord du fleuve, sur l’île de Melrose en Caroline du sud, dont les murs sont les seuls témoins de la violence intrinsèque du couple parental.

Le maître mot y est le silence.

Le silence qui tait les coups, qui empêche la construction de soi, celui qui tue à petit feu.

L’histoire est tragique et puise ses racines dans la vie de l’auteur.

Elle raconte les traumatismes, l’éducation américaine, la guerre, la schizophrénie, la résilience, l’amour aussi. Et pourtant on rit. Car la magie de Pat Conroy est de nous raconter cette famille dysfonctionnelle de sudistes américains avec humour, avec cynisme ou avec dérision.



J’ai adoré ce roman que je conservais depuis quinze ans dans ma PAL. Ce fut une telle lecture coup de cœur que j’ai bien l’intention de lire tous les livres de l’auteur. Leurs titres sont déjà dans ma wishlist de Noël.



Le prince des marées de Pat Conroy publié aux éditions Pocket et traduit par Françoise Cartano.



Commenter  J’apprécie          40
Le Prince des Marées

C'est la première fois que je lis Pat Conroy, et alors mais quelle écriture ! C'est beau, mais beau !! Tellement que au bout de douze pages à peine je rêvais de partir voir les paysages de Caroline du sud qu'il décrit si bien.

Je viens de vivre des heures sublimes et douloureuses avec cette lecture.



Il y a tout le long un humour assez caustique que j'adore.

Et il y a l'amour entre les trois membres de cette fratrie, qui semble plus fort que tout.

Mais rapidement on a le sentiment d'une tragédie à venir, c'est terrifiant. Il y a un effroi sous-jacent, le sentiment du passé saccagé qui va saccager l'avenir. Comme si tout partait de tellement loin que ça en devenait inéluctable.



Dès le début j'ai eu le sentiment que Tom, le narrateur, se servait de l'ironie comme d'une carapace. C'est très étrange de se faire ainsi passer pour un je-m'en-foutiste afin de lutter contre les vicissitudes de la vie. C'est une façon de dire à ses douleurs "vous ne m'aurez pas", hélas c'est souvent mal accepté, perçu comme du cynisme.

En fait Tom est un être bourré de contradictions. Ce qu'il décrit nous laisse penser le contraire de ce qu'il ressent, quand il parle de sa mère par exemple. Il a l'air de la mépriser, pourtant il m'a fait ressentir une certaine empathie envers elle, ou peut-être était-ce de la pitié.



Luke, Savannah et Tom sont les enfants meurtris d'un couple toxique, mais n'est-ce pas hélas trop souvent la terrible condition quand deux personnes se rencontrent sur un malentendu et fondent une famille ?

Leurs parents leur mènent une vie dure bien qu'à l'époque, la règle était une éducation très stricte voire très dure. Mais là, c'est au-delà de ça.

Entre un père rustre et imprévisible, et une mère qui rêvait d'élévation sociale et imprévisible aussi, ils grandissent tant bien que mal, faisant toujours corps tous les trois.



Pat Conroy fait avec talent des allers-retours entre passé et présent. Il distille savamment au goutte à goutte tout ce qu'on doit savoir sur la destinée de la famille Wingo.

Je suis passée par toutes sortes d'émotions durant ces quelques décennies passées auprès d'eux, de l'incompréhension à la surprise, du rire à l'effroi. Qu'est-ce que je les ai aimés Luke, Savannah et Tom !

C'est en même temps tout un pan de l'histoire américaine qui nous est offert là.
Lien : http://mechantdobby.over-blo..
Commenter  J’apprécie          100




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Pat Conroy Voir plus

Quiz Voir plus

Le prince des marées de Pat Conroy

Qui est l'aîné des enfants Wingo?

Tom
Luke
Savannah
Ce sont des triplés

10 questions
65 lecteurs ont répondu
Thème : Le Prince des Marées de Pat ConroyCréer un quiz sur cet auteur

{* *}