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Citations de Patrice Delbourg (56)


Mon géniteur avait rencontré naguère ma génitrice lors d'une bagarre générale dans la sciure du café Le Gramont, sur les Grands Boulevards, après la représentation d'une pièce de Feydeau, variation sur l'adultère marital. Une sombre histoire de mauvais regard échangé aux gentlemen qui avait dégénéré en rixe sauvage. Ma future mère avait apprécié la science de l'uppercut chez cet homme bien mis, de son côté il avait prisé sa manière de l'encourager dans le pugilat et le cumul des mandales, avec des inflexions gutturales dignes d'une poissarde des bas quartiers.
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D'emblée , il est vrai , Lilith , rousse walkyrie convertie en nouvelle femme de plâtre , ne correspondait guère aux canons esthétiques que j'avais l'habitude de côtoyer en solo sur les magazines de papier glacé . C'était même au premier regard une antidote à toute forme de béguin esthétique . Elle avait le schéma corporel et le minois de la cantatrice dodue et rebondie qui avait cessé depuis quelques moissons de surveiller l'évolution de ses avant-postes et de son pétrousquin .
Adepte des services en plein air , elle affichait le visage enluminé des paysannes au retour des champs . Silhouette joviale , bien charpentée , les prunelles enfoncées dans les orbites s'ouvraient goulûment à la ronde pour dévorer le spectacle permanent qui se présentait à elle . Une longue jupe de cotonnade bariolée à l'ancienne lui tombait sur les chevilles . Une échancrure dévoilait à chaque enjambée des mollets vigoureux . Les cheveux de chanvre étaient maintenant tirés en arrière dans un petit catogan lié d'un ruban de velours maronnasse .
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Il fait nuit : les m'pafous ont des senteurs plus frêles ;
sourd, un marimeba vibre en des temps égaux ;
des alligators d'or grouillent parmi les prêles ;
un vent léger courbe la tête des sorghos ;

et le mont Koungoua rond comme une bedaine,
sous la Lune aux reflets pâles de molybdène,
se mire dans le fleuve au bleuâtre circuit.

Makoko reste aveugle à tout ce qui l'entoure :
avec conviction ce potentat savoure
un bras de son grand-père et le juge trop cuit."

Gorges Fourest (bateleur ovipare)
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Jugeant sa fille (19 ans) trop peu austère, l'horloger stéphanois Jallat l'a tuée. Il est vrai qu'il lui reste onze autres enfants.

Félix Fénéon (terroriste de la brève)
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On aime les détaillants on n’aime pas les fonctionnaires, on aime les routiniers on n’aime pas les réfractaires, on aime les petits Blancs purs on n’aime pas les sang-mêlé.
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- Je vais me préparer - sans entrain ! - pour la fête
De ce soir : sur le pont, lampions, danses, romances
(Je dois accompagner miss Roseway qui quête
- Fort gentiment - pour les familles des marins
Naufragés !) Oh, qu'en une valse lente, ses reins
A mon bras droit, je l'entraîne sans violence

Dans un naufrage où Dieu reconnaîtrait les siens..."

Henry Jean-Marie Levet (esthète transatlantique)
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Pépiniériste du quotidien, grand taxidermiste de parcelles magiques, il bricole des petites beautés va-nu-pieds qui ont la brusque luisance des cassures de houille. Comme un don d'ubiquité dans le manège des mots.
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Romancier de la défaite sociale, de la faillite intime, Bove s'est très tôt instruit de la précarité, de l'instabilité de la vie quotidienne dans une mystique du banal.
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"De toutes parts la vie éclate, de toutes parts
des paroles, des cris, des bals, des épluchures
er des lumières traînent leurs robes de soirée
-qui versera cette nuit dans le goulot des nuits?"
Benjamin Fondane.
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Jamais le lyrisme quotidien n'aura manifesté une telle liesse, une telle incandescence, un tel besoin d'amour torréfié : "J'ai tellement de seins dans ma poitrine que deux cratères fumants s'y dessinent comme un renne dans une caverne pour te recevoir comme l'armure reçoit la femme nue."
(À propos de Benjamin Péret. )
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En 1916, après avoir perdu un bras au front, celui de son art, Cendrars se réfugie dans une petite oasis de l’Essonne, Méréville, un minuscule paradis à 65 kilomètres de Paris. Son premier lotissement terrestre. Une Suisse miniature mais sans les Suisses et leur engeance. Il s’installe dans la grange de Samson, un paysan du cru. Il s’assoit sur une botte de foin mais il n’écrit pas, il est manchot de fraîche date, il est coupé en deux, il est comme mort.
Pour vivre, il aide les cressonnières riveraines dont les époux combattent dans les tranchées. Le cresson pousse dans les rigoles de brique arrosées par des sources et, l’été venu, il faut l’arracher pour le mettre à sécher. En juillet, les bords des chemins en sont tout tapissés. Le poète pose aussi des collets en rase campagne, attrape des lièvres et des alouettes qu’il va vendre à la gare. Dans sa grange aménagée, il invente un sel pour l’estomac et le négocie à un apothicaire qui en fera fortune.
Le terrain d’élection, le compost, le labour préféré du poète reste son cher et fameux « profond aujourd’hui », état de corps tel qu’il le décrira cliniquement, au scalpel, le 13 février 1917 : « Éponge des profondeurs, le cerveau respire doucement. Les cuisses se souviennent et font des mouvements de nageoires. L’orage vous arrache les amygdales. Un cri passe sur vous comme l’ombre d’un iceberg. Cela glace et désunit. L’être se rassemble difficilement. La faim attire les membres et les groupes autour du vide qu’est maintenant le ventre. Le corps revêt l’uniforme de la pesanteur. L’esprit partout épars se concentre dans la cocarde de la conscience. Je suis homme. Tu es femme. Au revoir. Chacun réintègre sa chambre. Il y a des chaussures devant la porte… Je suis empalé sur ma sensibilité… »
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(...)tous les souvenirs des chers disparus continuent à bouger dans ma mémoire pendant que tinte un dernier drelin de glaçons dans une anisette bien noyée .
Dans cet édifice , l'usage de l'alcool a toujours été la clé de voûte de l'organisation du temps . Blanc limé le matin , quinquina à l'approche de midi , minervois au déjeuner , mirabelle à l'heure du goûter , brandy aux vêpres , schnaps et eau-de-vie pour suivre ...
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Sa tournure d'esprit vive et enjouée de Breton de Cornouailles se montrera rarement prise en défaut.
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Il est croqué en son temps, dans au moins sept romans, sous les traits plus ou moins flatteurs de César Blum par Maurice Sachs, M.Crabe par Francis Carco, Septime Febur par André Salmon, Jean Chipre par Louis Aragon...
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Les pieds enveloppés dans les chaussettes rouges que lui tricotait Liane de Pougy, il circule entre différentes castes et dédales d'influence, théologiques, blagueur et sodomites.
Le suiveur peine à lui sucer la roue.
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Il faudrait savoir à la fin si c'est nous autres écrivains de suivre les règles-ou aux règles de nous suivre!
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Le nez de Cendrars, son blase, son pif, son tarbouif, fut son principal sismographe. Un groin de fantaisie.
ou encore à propos des engagements politiques:
Cendrars s'en moque, il s'en tamponne dans les grandes largeurs, il est déjà dans les nuées. C'est-à-dire nulle part. Il ne s'attarde ni ne pèse, il vole, survole les péripéties de la vie des pouvoirs publics, plus léger que l'hélium dans l'aérostat.
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On dira à l’entrée du palafitte: «Je vous présente un monsieur qui fut moitié un autre, moitié tout le monde, surtout personne. Il n’eut ni enfance ni maturité. Il ne fut rien après comme il avait été zéro avant.» Avec un peu d’aubaine, il bénéficiera peut-être d’un non-lieu.
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Un essaim de grues flèche le ciel cyanosé.
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La rue sature ses slogans.
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