Patrick Besson .
Ecrivain vient de publier "
La présidentielle. Pastiches" chez Grasset
Pendant l'amour, les femmes ferment les yeux et les hommes regardent. Après, c'est l'inverse.
L'aventure est la tendresse des défigurés.
- Vous n’êtes pas mariée ?
- Non : je suis lesbienne.
- Je ne savais pas qu’il y avait des lesbiennes à Cognac.
- Pas des. Une.
- Vous devez vous sentir seule.
- A Bordeaux, il y en a une autre.
- Vous la connaissez ?
- Je vis avec.
- Le grand plaisir des hommes est de voir deux femmes coucher ensemble.
- Ma copine et moi, nous ne couchons pas ensemble : nous faisons l’amour.
Aïe, il était tombé sur une gouine romantique et solennelle. Ce n’était pas son jour.
"La littérature doit devenir un élément de la cause générale du prolétariat" a écrit LÉNINE .
" Le parti éduque le poéte prolétarien , il crée l'écrivain authentique "..........a écrit TROSTKI
"On peut négocier avec quelqu'un qui vous hait, pas avec quelqu'un qui vous méprise."
sa main remonte jusqu’à sa braguette, qu’elle déboutonne avec dextérité. Comme c’est doux et tendre une professionnelle – aussi doux et tendre qu’un grand pâtissier avec de la pâte à gâteau, un grand plombier avec une installation sanitaire, un grand écrivain avec son lecteur. La plupart du temps, se dit-il, on fait l’amour avec des gens dont ce n’est pas le métier – comme si on montait dans un Boeing avec un pilote amateur aux commandes ou comme si on lisait un roman écrit pendant ses week-ends par une femme de ménage publié à compte d’auteur. Jamais on n’a sorti son sexe du slip avec autant de grâce, de souplesse, d’élégance – et il est incapable de se souvenir d’une seule main, à part bien sûr la sienne, l’ayant décalotté avec autant de précaution.
Elle lisait parce qu'elle pensait qu'il fallait lire et lisait de préférence ce que tout le monde lisait, car elle se disait que si tout le monde lisait quelque chose, ça devait être que cette chose était bonne à lire pour tout le monde.
- J’ai soif.
- Vous avez déjà beaucoup trop bu.
- Boire, pour un écrivain, c’est de la conscience professionnelle.
Y a-t-il un bruit plus doux sur terre que du chablis versé dans un verre ? se demanda-t-il. Et il se répondit : Peut-être le floc-floc du pénis dans le vagin, quand on finit de faire jouir une femme.

Qu’y a-t-il de plus rapide qu’un financier ? Peut-être un footballeur. Une négociation est un soufflé au fromage: ne doit pas retomber. Je fais ma première offre à la Sibérienne: un verre après son service. Tania – les femmes russes n’ont, depuis des siècles, qu’une dizaine de prénoms à leur disposition, c’est pourquoi Tania s’appelle comme ma défunte mère – ne sourit pas. Elle me regarde avec une insistance étonnée. Elle dit qu’elle n’a pas soif. A-t-elle sommeil? Si oui, je l’emmène à mon hôtel. Il faut d’abord, me dit-elle, qu’elle appelle son mari pour obtenir son accord. Je lui dis que je peux l’appeler moi-même. Entre hommes cultivés, nous finirons par trouver un arrangement. Qu’est-ce qui me fait croire que son mari est cultivé ? demande-t-elle. Elle entre dans mon jeu, c’est bien: on progresse vers le lit. Je ne réponds pas car ce n’est pas une question, juste un revers lifté. Elle dit que, bien sûr, elle n’est pas mariée, sinon j’aurais déjà reçu une claque, bientôt suivie d’une balle dans la tête administrée par ledit époux. Je propose que nous allions nous promener autour de l’étang du Patriarche. Elle me demande si je suis romantique. Non: boulgakovien. Le numéro deux dans le cœur sec de maman, après Pouchkine.