Citations de Patrick Besson (244)
Pendant l'amour, les femmes ferment les yeux et les hommes regardent. Après, c'est l'inverse.
L'aventure est la tendresse des défigurés.
- Vous n’êtes pas mariée ?
- Non : je suis lesbienne.
- Je ne savais pas qu’il y avait des lesbiennes à Cognac.
- Pas des. Une.
- Vous devez vous sentir seule.
- A Bordeaux, il y en a une autre.
- Vous la connaissez ?
- Je vis avec.
- Le grand plaisir des hommes est de voir deux femmes coucher ensemble.
- Ma copine et moi, nous ne couchons pas ensemble : nous faisons l’amour.
Aïe, il était tombé sur une gouine romantique et solennelle. Ce n’était pas son jour.
"La littérature doit devenir un élément de la cause générale du prolétariat" a écrit LÉNINE .
" Le parti éduque le poéte prolétarien , il crée l'écrivain authentique "..........a écrit TROSTKI
"On peut négocier avec quelqu'un qui vous hait, pas avec quelqu'un qui vous méprise."
Elle lisait parce qu'elle pensait qu'il fallait lire et lisait de préférence ce que tout le monde lisait, car elle se disait que si tout le monde lisait quelque chose, ça devait être que cette chose était bonne à lire pour tout le monde.
- J’ai soif.
- Vous avez déjà beaucoup trop bu.
- Boire, pour un écrivain, c’est de la conscience professionnelle.
sa main remonte jusqu’à sa braguette, qu’elle déboutonne avec dextérité. Comme c’est doux et tendre une professionnelle – aussi doux et tendre qu’un grand pâtissier avec de la pâte à gâteau, un grand plombier avec une installation sanitaire, un grand écrivain avec son lecteur. La plupart du temps, se dit-il, on fait l’amour avec des gens dont ce n’est pas le métier – comme si on montait dans un Boeing avec un pilote amateur aux commandes ou comme si on lisait un roman écrit pendant ses week-ends par une femme de ménage publié à compte d’auteur. Jamais on n’a sorti son sexe du slip avec autant de grâce, de souplesse, d’élégance – et il est incapable de se souvenir d’une seule main, à part bien sûr la sienne, l’ayant décalotté avec autant de précaution.
Y a-t-il un bruit plus doux sur terre que du chablis versé dans un verre ? se demanda-t-il. Et il se répondit : Peut-être le floc-floc du pénis dans le vagin, quand on finit de faire jouir une femme.
Comment classer mes souvenirs de Nice? Par hôtels, femmes, lectures, décès?
Qu’y a-t-il de plus rapide qu’un financier ? Peut-être un footballeur. Une négociation est un soufflé au fromage: ne doit pas retomber. Je fais ma première offre à la Sibérienne: un verre après son service. Tania – les femmes russes n’ont, depuis des siècles, qu’une dizaine de prénoms à leur disposition, c’est pourquoi Tania s’appelle comme ma défunte mère – ne sourit pas. Elle me regarde avec une insistance étonnée. Elle dit qu’elle n’a pas soif. A-t-elle sommeil? Si oui, je l’emmène à mon hôtel. Il faut d’abord, me dit-elle, qu’elle appelle son mari pour obtenir son accord. Je lui dis que je peux l’appeler moi-même. Entre hommes cultivés, nous finirons par trouver un arrangement. Qu’est-ce qui me fait croire que son mari est cultivé ? demande-t-elle. Elle entre dans mon jeu, c’est bien: on progresse vers le lit. Je ne réponds pas car ce n’est pas une question, juste un revers lifté. Elle dit que, bien sûr, elle n’est pas mariée, sinon j’aurais déjà reçu une claque, bientôt suivie d’une balle dans la tête administrée par ledit époux. Je propose que nous allions nous promener autour de l’étang du Patriarche. Elle me demande si je suis romantique. Non: boulgakovien. Le numéro deux dans le cœur sec de maman, après Pouchkine.
"C'est la matin que j'aime vivre - après dix heures du soir, il faut dormir ou lire, afin de chasser la nuit de nos pensées. Tout ce qui est mauvais se fait la nuit et tout ce qui est bon se fait le matin. C'est à l'aube qu'on échappe au crime, celui que l'on voudrait commettre comme celui qui se préparait contre nous."
– Pourquoi l’inspecteur des impôts ? demande Maryse.
– Il m’a paru adroit de l’inviter à déjeuner. J’ai l’impression que nous avons affaire à un gourmet.
– À quoi vois-tu ça ?
– À son tour de taille.
– C’est peut-être un goinfre.
– Alors il se goinfrera.
Maryse, pensive soudain, lève un doigt.
– Il faudra le tenir éloigné de Pilou. Quand mon ex-mari est à proximité d’un inspecteur des impôts, il l’insulte, ou bien le frappe.
– Il a perdu sa fortune dans un contrôle fiscal, rappelle Jean-Jacques.
– Notre fortune. À l’époque, nous étions mariés.
– C’était lui qui l’avait faite.
– Oui, mais c’était moi qui la dépensais.
– Pas élégant de quitter un homme ruiné.
– C’est lui qui a demandé le divorce. J’en ai conclu que, comme la plupart des hommes riches, il m’aimait pour son argent. Quant à moi, l’inspecteur des impôts peut toujours essayer de me ruiner, l’estomac de mes amis s’en est déjà chargé. (p. 13-14)
"[...] les livres ne servent à rien dans la vie, sinon à s'en évader."
Je rentrais en premier à la maison, surtout depuis que Benito était incarcéré à Fleury-Mérogis. Un jury d'assises l'avait condamné à cinq ans de réclusion. Nous aurions préféré plus, surtout maman.
Il ferma la porte à clé derrière lui, glisse une pièce de dix francs dans l’appareil et cherche la chaîne vingt-deux. La brune est toujours là mais pas la blonde. A sa place, un grand type musclé à genoux fait un cunnilingus à celle que malgré lui il considère déjà comme sienne. Autant c’est excitant à faire un cunnilingus – et certaines filles, se dit-il, ont des chattes délicieuses, il est persuadé que la chatte est la bouche de l’âme, les âmes noires et amères donnant aux chattes un goût noir et amer -, autant c’est ridicule à voir. Ce type à genoux qui tire la langue, grotesque !
Il sait qu'il s'endormira le premier, car les vieux s'endorment toujours les premiers, mais ils se réveillent bien avant tout le monde. L'aube appartient aux vieux. Ils la scrutent derrière les rideaux de leur chambre, ne sachant pas trop s'ils attendent le soleil ou la mort, quelle délivrance sera pour eux la plus légère.
Les amants désunis tentent, avec une fausse gaîté, de ramasser les restes de leur liaison.
Ce qu'il y a de pénible dans le fait de ne pas aimer quelqu'un c'est qu'on pense beaucoup plus à lui que si on l'aimait, et il m'arrivait de décider d'aimer Bloch rien que pour me débarrasser de lui.
Fabien se resservit cinq centimètres de Coca auxquels il ajouta la même dose de whisky et trois glaçons. Je l'avais toujours vu faire un whisky-Coca dans ces proportions et dans cet ordre. Trois glaçons préservaient, disait-il, le foie, argument peu scientifique, confirmé à ce jour par aucun médecin.