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Citations de Patrick Boman (27)


Dayehon (Xinjiang)
La gare de Turfan, bâtie en plein désert de caillasse à cinquante kilomètres de la ville, grise, assommée de soleil, miséreuses. Pierre, ferraille, verre cassé, des Ouïgours semblant à demi clochardisés, des chinois accablés d'avoir été mutés ici.
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Dans la plus grande monotonie, des plantations de cocotiers s’étendaient à l’infini… Le soleil de l’après-midi l’assommait, les corbeaux rivalisaient de croassements et des nuées de moustiques s’agglutinaient autour de lui. Peut-être les avides diptères n’avaient-ils pas goûté depuis longtemps au sang d’un Inguirîss, un Anglais, bien gras de surcroît, venu d’au-delà des mers et se nourrissant surtout de chair des bovins sacrés et de celle de vils pourceaux, alliant ainsi le sacrilège inouï du steak à la souillure révoltante du bacon.
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L’homme s’incrustait, jetant des regards autour de lui. Il avait quelque chose à dire ou une requête à formuler. En dépit de l’amour effréné des Indes pour la paperasse, le formulaire qu’il tenait à la main n’était qu’un prétexte, destiné à ses collègues autant qu’au personnel de l’hôtel. Pourtant, il ne fallait pas bousculer Chandrikâ, mais au contraire lui laisser le temps de se vider tranquillement de ses secrets, même si Peabody était assez contrarié de ne pouvoir avancer dans la lecture de son roman de marine, surtout à l’instant de cette poursuite haletante. Que ces grenouillards rendent gorge, par l’enfer !
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Voyageurs anglais ou indiens, les uns suivis de porteurs chargés de leur malle et se dirigeant vers les wagons de première classe, les autres charriant d'énormes balluchons ficelés, de la literie et de la nourriture, musiciens ambulants, mendiants en quantité prodigieuse qui s'enfuyaient en apercevant le gourdin des agents pour réapparaître un peu plus tard, racoleurs d'hôtels, pickpockets, culs-de-jatte, vrais et faux aveugles, marchands à la sauvette, gominés au doigt baladeur, la foule déferlait dans la gare principale en une houle infatigable.
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Le juge Melchisedek F. Crimson, un sexagénaire cramoisi, ne se laissait, disait-on, graisser la patte par personne, mais une vie passée dans la nonchalance tropicale ne l'avait pas amené à suivre ses dossiers avec beaucoup d'énergie. Pour la criminalité indigène, il s'était résigné à laisser bien des vilenies impunies au prétexte qu'il ne fallait pas trop importuner les naturels si on voulait avoir la paix dans le pays.
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Un agent bengali poussa vivement dans le dos du Danois. Un greffier indien gominé et cravaté de noir contemplait sa plume d'acier et son encrier avec la mélancolie que confère le fait d'appartenir à une civilisation qui s'enorgueillit de trente siècles de tradition bureaucratique ininterrompue même par les tremblements de terre, les épidémies, les invasions, les massacres et les pluies de scorpions. Le scribe avait triomphé de tout.
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Et, tandis que le gandin s'étranglait de fureur, le gros homme tourna les talons avec un pet d'adieu.
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Peabody avait tout juste terminé ses aubergines à l'ail et ses épinards à la crème aigre, il avait croqué le dernier piment par gourmandise et torché la sauce avec un reste de la galette. Accoudé à la table poisseuse, il soufflait un instant, quand un garçon pressé sans doute de le voir libérer les lieux, lui passa sur les avant-bras un coup de chiffon fétide. Le vieil homme soupira. Il avait presque oublié que dans ce pays il ne faut jamais s'attarder à table.
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En dépit de la nuit, la chaleur semblait ne jamais vouloir décroître. On entendait les cris des bateliers sur le fleuve, et, dans la rue, les sabots d'une patrouille, le quincaillement d'un tramway. Le soleil s'était couché sur les colonnes de marbre gris et impérieux des banques, des administrations de l'Empire, des compagnies d’assurances, sur les terrasses encombrées de meubles cassés, sur les monceaux de détritus sédimentés, sur les bungalows des Britanniques, les cabanes des miséreux, les étables-chaumières abritant des centaines de buffles à la peau luisante, et une lune blafarde se levait sur la ville où s'entassait la multitude.
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Je leur ferai passer le goût du riz, moi, à ces sagouins.
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- C'est mon premier cas de cannibalisme et j'ai quarante ans d'Hindoustan à mon actif. Comme quoi, il ne faut jamais jurer de rien. Surtout en matière gastronomique.
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- Comme vous y allez ! Seriez-vous républicains, comme ces satanés Français de Pondichéry ?
- Ces comédons arrogants que nous n'avons pas réussi à extirper du visage radieux du Raj ! Que le diable les emporte, eux, leur vin rouge, leurs lapin chasseur et leurs grenouilles à l'ail ! Moi, républicain ? Quelle horreur !
La voix de Peabody frémit à cette évocation.
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- La haine obscurcit la cervelle de l'insensé.
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La cloche de cuivre suspendue au-dessus du bar tinta pour annoncer l'ouverture. Dix-huit heures.
Le soir tombait. Au-delà de la véranda du club, le tumulte de Calcutta redoublait, mêlant les cris des vendeurs et des gueux, les hennissements des chevaux au poil luisant que montaient les policemen et la clameur de la foule innombrable des affamés du Bengale pour qui un beignet gras serait un souper digne d'un nabab. Les odeurs de fleurs, de feu d'ordures, de vase, de friture, de parfums huileux, de poisson avarié et d'excréments se mêlaient en un fumet que nul être humain l'ayant respiré ne pourrait jamais oublier, et une brise longtemps attendue apportait l'appel du muezzin en même temps que les clochettes des temples hindous, le carillon des églises, un lointain sifflet de locomotive, le bruit de ferraille d'un tramway hippomobile. Des vaches affamées meuglaient. Un steamer à l'approche corna sur la rivière Hoogly.
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Le camping-car du chef est garé à côté de l'estrade, gris sombre, aux vitres teintées, ressemblant à un corbillard. A distance se tiennent les soldats d'une force de paix internationale, apeurés, abreuvés d'ordres ineptes et prêts à toutes les capitulations pour surtout ne jamais faire usage de leurs armes.
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On peut prouver l’existence du Mal - il suffit d'ouvrir le journal tous les matins -, mais on ne peut prouver celle de Dieu. S'il existe ... lâche-t-il dans un souffle.
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- Je signale aux autorités subséquentes une activité nocturne suspecte dans l’établissement mortuaire où des personnes se sont introduites.
(...)
- Vous êtes allé y voir de plus près ?
- Pensez donc, pour attraper un mauvais coup ! Surtout si c'est des sataniss' chargés de chnouf jusqu'aux yeux ou des nazis bourrés à la bière.
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Ne pourrions-nous faire un effort ? N’êtes-vous pas oppressés par ce décor sordide, par ces gens qui voyagent comme des cons ?
– Prends patience, dit Yuk. Peut-être apprendront-ils à tirer un meilleur profit de leurs pérégrinations. Qu’entendre par là, au reste ? Quant à ce qui nous entoure, je n’y vois rien d’angoissant. Ce siège cabossé et sale n’en est pas moins attirant pour le cul désirant s’y reposer, et cette moquette tachée n’en joue pas moins son rôle, qui est de nous procurer plus de confort et de chaleur. En y vivant, nous avons érodé ce décor. Trop de ferrailles rouillées et de chiffons gras traînent partout, je te l’accorde. Mais la propreté doit-elle être élevée au rang de valeur ? Il est étincelant l’acier des dentistes, et le drap qui habille les tortionnaires n’est pas taché de jaune d’oeuf. Vois-tu, le lisse, le continu m’inquiètent par ce qu’ils cachent. Les tons pastel dont on peint souvent les chambres d’enfant masquent mal la violence faite aux lardons. Des couleurs froides les rendront moins agités… Des vert pâle glacés… Qu’ils ne risquent pas de se fracturer le coude contre la cloison en s’astiquant le manche… Des rose bonbon bien nauséeux…
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Il se sent soudain très mal, et rumine ce proverbe mûri sur une terre de pharaons et de pyramides, si loin de Nueva Siddhapura, qui assure que « La vie c’est comme un concombre, un jour tu l’as dans la main et le lendemain, ailleurs ! ».
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j’ai simplement déclaré : ‘Je suis encore jeune, je suis l’avenir de votre patrie de merde, élisez-moi pour que l’ordre règne. Si je vous insulte en m’exhibant aux messes et en léchant le cul de la prêtraille, c’est que vous aimez ça, pas vrai ?’
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