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Critiques de Patrick Rotman (77)
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Génération

Avez-vous remarqué qu’on est toujours attiré par la période que nous n’avons jamais pu vivre ? Les personnes nées entre les deux guerres ne rêvent que des années folles, les baby boomers raffolent des années 30, les « fin de siècle » ont une nostalgie pour ces fabuleuses années 80 qu’ils n’ont pas connues… J’appartiens à la génération qui a une tendresse particulière pour ces années 50/60 du Quartier Latin et la révolte qui couve dans les rangs d’une jeunesse trop gâtée pour s’épanouir.

Génération raconte ces années-là par le menu. Un peu trop même.

Ce n’est pas un roman, mais un récit. Le témoignage de ceux qui ont « fait mai 68 ». Il aurait peut-être mieux valu écrire carrément une fiction, mettant en scène une poignée de personnages centraux se débattant au milieu de faits et personnes réelles. Une sorte de Forrest Gump du boulevard Saint Michel.

Parce que, le récit écrit à quatre mains, se résume à un simple dictionnaire où défilent quantité d’acteurs plus ou moins connus du grand public. Mais un dictionnaire qui bouge, comme les personnages des tableaux de Poudlard, l’école du célèbre Harry Potter.

Génération se décline en deux volumes. Celui-ci raconte les années 60, de la guerre d’Algérie au joli mois de Mai en suivant les pérégrinations d’une foule d’acteurs positionnés forcément à gauche sur l’échiquier politique.

Entre Alger, Cuba et Budapest, dans les pas des syndicats d’étudiants tentant de se démarquer d’un parti communiste français trop rigoureux, trop sectaire. Parmi les maoïstes, les trotskistes et l’aile plus libérale inspirée par le PCI (parti communiste italien), que l’on surnomment justement les Italiens. On croise le Ché, Kroutchev, Papon, Mao mais surtout et essentiellement une bande de jeunes en manque des faits de résistance de leurs ainés (le conflit mondial n’a pas 15 ans) et d’un combat politique fort.

Un récit qui sonne comme un roman, du moins c’est ce que promet la quatrième de couverture.

Puis, à trois chapitres de la fin, nous sommes le 3 Mai 1968. La machine s’emballe. Et le talent de romancier des deux auteurs reprend le dessus. On halète comme si on participait aux barricades, on tremble devant des CRS déchainés, armés de haine (je repense à un documentaire diffusé sur France Télévision pour la commémoration des 50 ans du joli mois de mai, donnant la parole pour la première fois aux flics d’alors. Pas ou peu de repentance mais se posant en victimes. Une honte ! Les vraies victimes étaient les jeunes et, accessoirement, les badauds et les riverains qui n’avaient rien demandé – tout cela apparait dans ces pages de fièvre).

La force du mouvement c’est qu’il nait comme une étincelle. Tous les apparatchiks des divers mouvements gauchistes qui ne faisaient que débattre depuis la fin de la guerre d’Algérie et qui intriguaient pour une question de pouvoir (de longues pages assez ennuyeuses, bardées de sigles des divers groupes, des « je t’aime… moi non plus » évoqués entre ceux qui pensent pareil mais pas de la même manière) ont été les premiers surpris par le déclenchement de ce qu’ils rêvaient au fond d’eux-mêmes. La CGT et le PC freinaient déjà de tous leurs freins. Preuve que, dans une société figée, même les contre-pouvoirs sont bien rangés des voitures et préfèrent leur petit train-train d’opposants officiels au grand chambardement.

Ce pavé (le jeu de mots était trop tentant !), est entrecoupé parfois de flashbacks à rebours, scènes fugaces vingt ou vingt cinq ans plus tard, illustrant cet aphorisme cinglant : « ils voulaient changer le monde ; c’est le monde qui les a changé ».

Reste un formidable document sur une époque où les idéologies avaient encore quelque chose à promettre, où les rêves pouvaient être vécus, où l’avenir nous appartenait. La force de cette jeunesse d’après guerre était d’être encore des enfants. En 2020, même les ados ont mûri trop vite : ils ne pensent qu’à défendre leurs droits à la retraite. Les passions qui menaient souvent dans des impasses extrémistes ont été remplacées par une raison qui interdit tout débordement, toute utopie, tout rêve. Nous avons grandi trop vite.

Tout ça s’est dilué dans une globalisation sans retour, même les revendications ne dépassent guère le niveau des pâquerettes : le carburant moins cher.

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Génération

Je constate avec surprise que, pour le moment, aucune critique n'a été postée au sujet de ces deux gros volumes qui retracent d'une manière vivante et détaillée tout un pan de l'histoire récente: d'abord l'épopée de Mai 68, ensuite la dérive gauchiste qui a suivi. Je comprends que les jeunes soient indifférents, mais n'y a-t-il pas encore quelques soixante-huitards motivés pour "regarder dans le rétroviseur" ? Pour tous ceux qui hésiteraient à lire "Génération", je conseille vivement la lecture de cet ouvrage qui fait le tour de la question d'une manière exhaustive..
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Génération, tome 1 : Les années de rêve

C’est agréable à lire, ça fait plaisir de se remettre en mémoire divers événements. C’était l’époque où on pouvait croire que l’imagination arriverait au pouvoir et la soupe spontanément dans les assiettes et l’eau chaude spontanément dans les radiateurs.

C’est agréable à lire mais ça rassemble des souvenirs personnels, partiels, sans chercher si derrière tout cela il n’y avait pas des gens qui tiraient les ficelles.

Dommage.

(Dommage aussi que certains leaders de l’époque soient devenus des stars de télévision).
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Génération, tome 1 : Les années de rêve

Image très fidèle de ce passé, pour ceux qui l'ont connu. Excellent.
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Génération, tome 1 : Les années de rêve

Dans les années 60 les étudiants étaient très actifs en politique. Ce livre nous parle des principalement des étudiants communistes avec les différentes branches du mouvement et puis mi-sixties l'arrivée du maoïsme qui conduira à la radicalisation de certains et à mai 68 .

C'est malheureusement trop long et bien trop de noms apparaissent,disparaissent puis réapparaissent avec pour résultat que l'on se perd régulièrement dans le récit .

C'est dommage car le sujet est intéressant .
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Génération, tome 1 : Les années de rêve

Le bouquin qu'il faut lire quand on s'intéresse à Mai 68 ou qu'on veut comprendre l'état d'esprit de ces "jeunes révolutionnaires sans révolution", animés par un romantisme révolutionnaire difficile à concevoir aujourd'hui. Ce gros livre foisonnant (près de 600 pages) se lit comme un roman. Je recommande sans réserve.
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Génération, tome 1 : Les années de rêve

La naissance, la montée puis l'apparition au grand jour lors de mai 68 des mouvements de contestation « d'extrême-gauche ».

Au-delà de l'analyse de ce qu'on appellera les « groupuscules », l'intérêt du livre réside dans les destins individuels et les ressorts psychologiques de leurs dirigeants.

C'est là, qu'une mise à jour s'imposerait : que sont-ils devenus ? Il y aurait beaucoup de surprises !

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Génération, tome 2 : Les années de poudre

Un récit haletant de ces quelques années autour de 68. Idéaux, utopies, espoir, drames, tout y est. Passionnant.
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Goulag : Une histoire soviétique

Un ouvrage collectif faisant la part belle aux documents d'époque et la traduction de récits de Gueorgui Demidov offrent une vision saisissante de l'enfer soviétique.
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
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Ivo & Jorge

Je suis amoureuse de Montand depuis toujours, cela doit me venir de ma mère qui l’est aussi... L’amour filial, donc, me destina à lire ce roman.

À partir du moment où Yves et Simone sont mentionnés, en principe je vais apprécier.

Tel fut le cas pour cette lecture grâce à laquelle j’ai appris et mieux compris.

J’ai découvert également Jorge Semprún, son histoire, ses envies, une autre vision de la vie.



Un livre bien documenté et bien écrit, que je recommande aux personnes curieuses et animées par la politique et l’Histoire!

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Ivo & Jorge

Un livre plein de nostalgie sur l'amitié et sur le dévouement militant de deux artistes.



Yves Montand et Jorge Semprun, tous deux issus de milieux sociaux opposés se rencontrèrent et ce fut l'amitié pour la vie.

Le comédien et chanteur, issu d'un milieu modeste, et l'intellectuel, fils d'une famille bourgeoise, furent des frères de lutte.



Le grand moment de cette amitié : leur rencontre avec le cinéaste Costa Gavras qui eut pour résultat des films cultes : Z, L'Aveu...



Un beau, un très beau livre.

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Ivo & Jorge

Patrick Rotman, très talentueux réalisateur de documentaires, mais aussi écrivain à ses heures, nous propose, dans son dernier livre, un sensible et passionnant portrait croisé de Jorge Semprun et Yves Montand, deux hommes qu'il aura eu l'occasion de cotoyer pendant sa longue carrière.



Il sonde les origines et les fondements d'une relation fidèle et loyale entre deux hommes que tout oppose au départ ( leurs originales sociales, leur témpéraments, leur façon de voir la vie) , mais une amitié que leur commun engagement aux côtés des communistes et les films qu'ils firent avec Costa Gavras -Z, L’Aveu-, aida à se matérialiser.



Deux hommes qui se sont trouvés et reconnus, et qui ont vaille que vaille chercher à rester fidèles à leurs convictions de jeunesse malgré les aléas de la vie .Ivo et Jorge donne l'opportunité à Patrick Rotman de brosser des caractères humains complexes et d'une grande profondeur. Il parvient ainsi à démontrer à quel point, l'indéfectible amitié qui lie Montand à Semprun est profondément ancrée dans toute l'histoire politique et culturelle du XXe siècle.



A travers les portraits d'Yves Montand et de Jorge Semprún, l'auteur évoque avec pertinence et une certaine mélancolie ces intellectuels qui ont cru au communisme comme source d'un monde meilleur et qui ont du mettre un voile sur leurs espoirs , quitte à rejeter totalement cette doctrine par la suite .



Patrick Rotman nous donne ainsi à voir et à comprendre une part de l'histoire du siècle passé à travers cette belle et forte histoire d'amitié à la vie à la mort .
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Ivo & Jorge

Ivo Livi est Yves Montand, fils d'ouvrier communiste de Toscane qui a fui les faisceaux mussoliniens en 1924, et qui s'est installé à Marseille. Jorge Semprùn Maura est le fils d'un aristocrate madrilène, élevé dans le luxe entre des gouvernantes allemandes, des visites au Prado et une éducation soignée à la maison. Qu'est-ce qui a pu rapprocher ces hommes si différents?



Le roman s'ouvre à Moscou en 1990 où l'on projette le film L'Aveu, le film de Costa Gavras adapté du livre de London dont Semprùn a rédigé le scénario où le rôle principal est interprété par Montand. Tout un symbole que cette projection, 20 ans après la sortie du film!



Allers et retours entre Moscou, Madrid et Marseille, Paris, Saint Paul de Vence,  pour raconter la vie de ces deux héros qui nous sont familiers et qui nous ont accompagné. De la Guerre d'Espagne, à la Perestroïka, en passant par la Résistance, Buchenwald, les Procès de Prague, Budapest 1956... Une histoire du XXème siècle vécue par le militant communiste et le compagnon de route, la clandestinité et les feux de la rampe. Une histoire de solidarité, de fraternité. Des regrets d'être "passé à côté de l'essentiel" : pour Montand en ne rejoignant pas la Résistance, pour Semprùn en ayant cautionné les procès staliniens. De belles rencontres aussi pour le lecteur : Edith Piaf, Simone  Signoret, Marilyn et Miller, et tant d'autres....



Leurs histoires auraient pu se croiser, j'ai attendu leur rencontre : elle a eu lieu en 1963,



"Entre Montand et Semprùn, naît une amitié nourrie de leurs histoires respectives, de la recherche d'un idéal perdu, de complicités personnelles.



Ces deux émigrés de l'histoire ont partagé les grandeurs et les désillusions d'une génération. Au début de leur "liaison" amicale, les deux hommes en sont au même point idéologique : Montand et Semprùn sont des communistes critiques qui ont perdu leurs illusions mais ont gardé leurs espérance[...]ils espèrent encore débarrasser le communisme de la perversion stalinienne. Dans cette quête impossible, Semprùn va devenir la conscience de Montand..."



Le chanteur va s'impliquer dans des films politiques, le duo deviendra trio avec Costa Gavras . Ivo & Jorge nous emmène au cinéma! 
Lien : https://netsdevoyages.car.blog
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Ivo & Jorge

Juste un immense joyau !!!



Patrick Rotman a l’idée géniale de nous faire parcourir l’histoire du XXe et ses grands soubresauts à travers la grande amitié de deux hommes aux origines si dissemblables, et aux personnalités « fortes » : Jorge Semprun et Yves Montand, qui se rejoindront plus tard, dans des engagements similaires…La narration est habilement menée , alternant les parcours du chanteur-comédien et de l’écrivain engagé : récits de l’enfance, la jeunesse, les débuts de la vie d’adulte pendant la guerre,la résistance, l’adhésion au parti communiste, les carrières de l’un et de l’autre, leur rencontre…



Un récit au style fluide qui nous emporte littéralement… par l’émotion, l’intelligence, la dynamique du récit, prodigue en dialogues, anecdotes…



J’ai tant souligné au fil de ma lecture… que je me contenterai d’un extrait du prologue…qui exprime déjà tant de ce qui a réuni les deux amis, Yvo et Jorge !



«(…)

Dès qu'il [Montand ] a fini son dernier refrain, il se lève et rejoint ses amis Costa-Gavras et Jorge Semprun. Ils viennent d'atterrir du vol de Paris, encore incrédules de se trouver là, en juin 1990 dans le Moscou de la perestroïka gorbatchévienne pour présenter -L'Aveu-, qui a dénoncé les crimes du communisme. Ce film sorti juste vingt-ans auparavant est leur oeuvre, aux trois immigrés, le réalisateur né en Grèce, le scénariste espagnol et l'acteur d'origine italienne. Entre eux, l'idée de la projection de l'Aveu dans la Mecque du communisme était depuis des années devenue un sujet de plaisanterie. Quand on passera L'Aveu à Moscou, les poules auront des dents, les poissons des bretelles et les cochons voleront. Les trois amis étaient convaincus que de leur vivant, les Russes ne verraient pas le film.

Le miracle s'est produit.”



Un total coup de foudre pour ce livre flamboyant… qui m’a captivée… que je voudrais ne pas achever !

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Ivo & Jorge

« le communisme n'était pas la jeunesse du monde mais il était notre jeunesse ». Phrase prononcée par Jorge Semprun à l'intention d'Ivo Livi, à la fin du livre, et qui illustre parfaitement l'engagement de Jorge et celui de son ami, Ivo.



Il est évident que ce livre m'a touchée puisqu'il me remémore ma jeunesse. J'ai lu Semprun très jeune comme j'ai aimé Montand chantant « Les feuilles mortes » ou « A bicyclette ». Montand, c'est l'époque du beau cinéma, des grands acteurs comme dans César et Rosalie ou François, Paul et les autres. IL est difficile d'oublier « Z » et « l'Aveu » avec Gavras derrière la caméra ou « le Salaire de la peur » de Clouzot.



Gavras derrière la caméra, Semprun au scénario et Montand l'acteur. Les images défilent devant mes yeux : c'est une authentique félicité, un peu comme le plaisir de la cigarette interdite accompagnant un bon café (ancienne fumeuse) même si ce récit est consacré aussi aux évènements terribles qui ont jalonné l'Histoire de ce XXème siècle et de ces atrocités.



Passionnante, émouvante, vibrante lecture ! Patrick Rotman a un style extrêmement visuel, dynamique, je dirais empathique ! Ami de Semprun et de Montand, il leur donne vie sous nos yeux. C'est lui le narrateur. de questions courtes en réponse sans fard, on remonte le cours du temps jusqu'à la jeunesse de Jorge, issu de la bourgeoisie et aristocratie madrilène, et celle d'Ivo, issu du milieu ouvrier marseillais jusqu'à leur rencontre, en 1960, où, malgré leurs différences sociales, ils vont se « reconnaître ». de ce qui se dégage de ces deux hommes, de ce ciment indicible, ils vont pouvoir, mutuellement, échanger, analyser, leurs illusions, disséquer leurs convictions et surtout devoir, sans se mentir, accepter avec lucidité leurs désillusions quant au vrai visage du communisme. Ce sera une amitié absolue, une véritable collaboration pour mieux dénoncer et régler les comptes avec leur engagement politique.



Le récit s'ouvre en juin 1990. Yves Montand, Simone Signoret, Jorge Semprun et Costa Gavras atterrissent à Moscou où ils viennent présenter l'Aveu qui dénonce les crimes du communisme. Dans cette Russie de Gorbatchev, les trois amis, l'émigré italien, l'émigré espagnol et l'émigré grec sont saisis d'une sensation de miracle : le tout Moscou vient voir l'Aveu.



De la situation présente, Jorge se raconte rétrospectivement : l'exil avec la chute de la République Espagnole, la Résistance, Buchenwald où il découvre la fraternité ; « Quand l'histoire galope, l'abject côtoie le sublime et la fraternité s'oppose au mal absolu », la clandestinité en Espagne afin de prendre des contacts et constituer des réseaux communistes, la foi chevillée au ventre.



Pendant ce temps, on assiste à la montée sur les planches du jeune Yves Montand, on le suit des quartiers insalubres de Marseille à son arrivée à Paris, puis on assiste à son ascension, toujours fidèle à son père Giovanni, ouvrier communiste, ayant fui le fascisme. Avec intelligence, l'auteur met en miroir, aux mêmes époques, les deux destinées, afin de permettre une vue individuelle du chemin de chacun, tout en conservant une vision globale.



Quelle époque et quel bouillonnement intellectuel après cette seconde guerre mondiale : c'est ce qui ressort de cette lecture. Mais aussi que d'aveuglements, qu'il est dur de faire tomber le bandeau quand les douleurs du désenchantement, du renoncement sont tenaces. On replonge dans Prague, dans Budapest. le récit n'est jamais assommant, il est riche d'enseignements sur l'être humain.



Montand est décédé en octobre 1991. Il devait être sur scène en 1992 à Bercy, je n'ai donc jamais pu voir ce cow-boy dans les plaines du Far-West. Il aurait eu cent ans cette année !

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Ivo & Jorge



Ivo c'est Le chanteur , acteur Yves Montand et Jorge l'écrivain et scénariste Jorge Semprun , tous deux des grands bonhommes dans leur domaine et aussi des figures du communisme qu'ils finirent par rejeter .



Nous avons tous en tète quelques chansons interprétées par Montand et beaucoup d'entre nous ont lu quelques titres de Semprun .



Bien que ce livre s'intitule " Roman " ce n'en est pas vraiment un , plutôt un portrait croisé et une double biographie qui redonne vie à ces deux talentueux disparus et évoque aussi d'autres personnages par eux côtoyés ( Le réalisateur Costa Gavras , par exemple ) .



Livre passionnant et émouvant .





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Ivo & Jorge

Commençons par des remerciements : merci aux lecteurs de Babelio qui m’ont donné envie de lire ce livre. Cette double biographie est passionnante et présente tout un pan de l’histoire du XX éme siècle.



Ivo, c’est Yves Montand ; Jorge, Jorge Semprun. Deux personnalités que tout oppose dans leur jeunesse. Ivo Livi est le fils d’un immigré italien communiste, élevé dans les quartiers populaires de Marseille ; pas intéressé par l’école, mais débrouillard et enchaînant les petits boulots – dont coiffeur – jusqu’à tenter de percer juste avant guerre dans le music-hall. Jorge de Semprun sort lui d’une famille bourgeoise, impliquée côté maternel dans la vie politique espagnole depuis deux générations, vivant à deux pas du Prado à Madrid, élevé par des gouvernantes. Rotman choisit d’alterner tout le long de l’ouvrage la vie de l’un et celle de l’autre aux mêmes moments. Ces scènes mises en parallèle font penser au générique de la série télé des années 70 the Persuaders (Amicalement vôtre). Des points de départs opposés et des caractères affirmés, d’un côté un volubile, jouant de son corps, mais intérieurement timide, de l’autre un gars plus réservé, marqué tôt par l’histoire de son pays.



Montand va connaître ses premiers succès parisiens pendant la guerre, rencontrer et aimer Piaf, rester toujours sensible à l’idéologie communiste, colportée par son père et son frère aîné, mais sans jamais vraiment s’engager.



Semprun, lui, va connaître l’exil, la déchéance sociale, l’entrée dans la résistance en France, l’arrestation par la Gestapo, le camp de Buchenwald, l’aide des camarades communiste internés. Il sort de la guerre marqué à vie et se lance pendant dix ans dans la vie clandestine pour créer et faire vivre des cellules du parti communiste espagnol sur le sol espagnol durant les années Franco.



Le parcours de Montand, sa volonté de réussir, son goût du travail, l’envie de bien faire, s’expliquent par ses origines. Celui de Semprun est marqué par ce passage dans les bureaux de l'Arbeitsstatistik du camp de Buchenwald. Les communistes avaient pris en main l’administration informelle du camp, aidaient leurs sympathisants. Il y a côtoyé les futurs dirigeants des partis communistes des Pays de l’Est, comme son voisin de bureau Josef Frank, futur membre du comité central du PC tchèque, avant d’être victime d’une parodie de procès sous le stalinisme.



Ces procès de Prague vont commencer à faire douter Semprun… et Montand. Petit à petit, ils s’écartent de leurs idées, envisagent une réforme de l’intérieur du système, avant de constater en Hongrie en 1956, puis en république Tchèque en 1968, l’impossibilité de voir le bloc soviétique changer.



Entretemps, Montand aura connu l’Amérique qui le faisait rêver enfant, Semprun se sera découvert écrivain.



Patrick Rotman explique très bien ces évolutions parallèles qui s’agrègent au final autour d’un film : L’Aveu.



Le style est fluide, les anecdotes nombreuses ; ce récit est passionnant de bout en bout. Avec une mention spéciale sur le passage de Semprun à Buchenwald. Ces quelques pages sur le rôle qu’y ont tenu les « politique » et la solidarité qui les a animés sont impressionnantes.
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Ivo & Jorge

Peut-on faire plus différents que ces deux hommes ?

Semprún, espagnol pur sucre, issu d'une famille aisée, de la haute bourgeoisie et de l'aristocratie espagnole proche du pouvoir, ayant suivi le cursus scolaire de « l'élite », intellectuel épousant l'opposition frontale au franquisme après que sa famille a émigré en France. Il sera déporté pour participation à la Résistance puis participera à la lutte contre Franco au sein du PC espagnol.

Montand, fils d'émigrés pauvres en provenance d'Italie, autodidacte, acharné à la réussite et y parvenant à force de travail, compagnon de route du PCF sous l'influence de Simone Signoret.

L'un et l'autre épouseront donc la cause du communisme jusqu'à ce que, peu à peu, dans la douleur, ils ouvrent les yeux sur la réalité. Les événements de Hongrie en 1956 seront pour eux le révélateur initial, et ils finirent par rompre avec le communisme, même si Semprún, engagé clandestinement contre le franquisme, y mis plus de temps.

À la fin des années 60 ils collaborèrent au cinéma, Semprún en tant que scénariste et Montand acteur, en particulier grâce à Costa Gavras qui les réunit dans "Z" et surtout dans "L'aveu".

Ce dernier film fut vécu physiquement et moralement par Montand, comme une forme d'expiation, se reprochant d'avoir fermé le yeux trop longtemps sur les crimes du stalinisme.

L'auteur nous livre là un superbe exercice de « portraits croisés », l'itinéraire de deux hommes si différents, devenus amis, engagés dans une même cause, partageant les mêmes illusions et les mêmes désillusions, un parcours que certains d'entre nous ont emprunté, à nos places, et à des degrés divers : leurs rêves furent nos rêves, leurs désenchantements furent les nôtres.
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Ivo & Jorge

Réunir dans une même biographie croisée deux de mes héros, Jorge Semprun et Ivo Livi dit Yves Montand, et sous la plume de Patrick Rotman, il n'en fallait pas beaucoup plus pour m'allécher! Merci Martine toi qui par ta critique enthousiaste m'as littéralement prescrit cette gourmandise !



Le livre a tenu ses promesses et je l'ai dévoré presque trop vite, entre deux lectures plus ardues, comme on croque un éclair au chocolat entre deux plats de quinoa-boulgour bio!



L'aristo et le prolo, le résistant et le chanteur, l'homme de plume et l'homme de scène, l'intellectuel et l'autodidacte, tout opposait Jorge Semprun et Ivo Livi qu'un "coup de foudre amical" finit par réunir en 1963.



Tous deux ont eu un compagnonnage plus ou moins étroit avec le parti communiste. L'un, Ivo, par culture familiale et anti fascisme viscéral (mais sans aller jusqu'à s'encarter), l'autre, Jorge, par choix politique et opposition clandestine au franquisme triomphant, après la guerre civile espagnole.



Indéfectiblement liés ( et formant bientôt un trio inséparable sous la houlette de Costa Gavras) tous deux ont incarné la fascination, la fidélité aveugle puis descillée à l'égard du communisme, et enfin la critique et la dénonciation de ses crimes et de ses abus...comme bien d'autres hommes et femmes de gauche à l'époque de la guerre froide.



Patrick Rotman fait revivre les années de l'avant guerre aux années quatre vingt à travers le prisme de ces deux vies, de ces deux consciences exemplaires.



L'intellectuel comme le baladin ont eu à se poser le problème de l'engagement face au nazisme, puis face au communisme.



Leurs erreurs, leurs ratages, leurs illusions et leurs déconvenues sont celles de toute une génération.



C'est aussi pour cela qu'on admire comment, sans se renier complètement ni hurler avec les loups capitalistes, ces deux hommes si différents ont su apparier leurs qualités complémentaires pour dénoncer avec une vigueur implacable - bien que tardive- l' ignoble mascarade des procès de Moscou en signant, pour Semprun, le scénario du film de Costa Gavras, L'aveu, dont Montand interpréta le rôle principal, celui du "traître" Arthur London.



Cet Aveu extorqué sous la torture à Arthur London c'est aussi le leur:celui d'avoir cru à une idéologie aussi meurtrière que celle du nazisme qu'elle combattait, et d'y avoir cru au point de fermer les yeux sur ses mensonges et ses errements.







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Ivo & Jorge

« Ivo et Jorge » de Patrick Rotman, Jorge Semprun et Yves Montand, compagnons de route et de doute.
Lien : https://www.sudouest.fr/cult..
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