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Critiques de Patrick Rotman (77)
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Ivo & Jorge

Peut-on faire plus différents que ces deux hommes ?

Semprún, espagnol pur sucre, issu d'une famille aisée, de la haute bourgeoisie et de l'aristocratie espagnole proche du pouvoir, ayant suivi le cursus scolaire de « l'élite », intellectuel épousant l'opposition frontale au franquisme après que sa famille a émigré en France. Il sera déporté pour participation à la Résistance puis participera à la lutte contre Franco au sein du PC espagnol.

Montand, fils d'émigrés pauvres en provenance d'Italie, autodidacte, acharné à la réussite et y parvenant à force de travail, compagnon de route du PCF sous l'influence de Simone Signoret.

L'un et l'autre épouseront donc la cause du communisme jusqu'à ce que, peu à peu, dans la douleur, ils ouvrent les yeux sur la réalité. Les événements de Hongrie en 1956 seront pour eux le révélateur initial, et ils finirent par rompre avec le communisme, même si Semprún, engagé clandestinement contre le franquisme, y mis plus de temps.

À la fin des années 60 ils collaborèrent au cinéma, Semprún en tant que scénariste et Montand acteur, en particulier grâce à Costa Gavras qui les réunit dans "Z" et surtout dans "L'aveu".

Ce dernier film fut vécu physiquement et moralement par Montand, comme une forme d'expiation, se reprochant d'avoir fermé le yeux trop longtemps sur les crimes du stalinisme.

L'auteur nous livre là un superbe exercice de « portraits croisés », l'itinéraire de deux hommes si différents, devenus amis, engagés dans une même cause, partageant les mêmes illusions et les mêmes désillusions, un parcours que certains d'entre nous ont emprunté, à nos places, et à des degrés divers : leurs rêves furent nos rêves, leurs désenchantements furent les nôtres.
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Ivo & Jorge

C’est le livre qui décrit une amitié sincère dont l’idéologie politique commune puis désenchantée, a créé entre eux cette complicité affective de 30 ans qui les a unis dans une admiration réciproque. Dans un contexte socio-culturel classique et figé, ces deux hommes ne se seraient sans-doute pas croisés. En 1963, d’après Rotman, ce sont les filles -camarades de classe- de chacune des épouses qui aurait permit la rencontre. Un coup de foudre dit-il.

Ayant beaucoup lu J.Semprun, totalement admirative de son parcours depuis son Espagne natale et dès 1936, des chemins de traverse qui l’ont conduit des Pays-Bas jusqu’à la France sans oublier une année derrière le portail « Jedem das seine » à Buchenwald, je me suis immergée dans ce récit avec passion, et il me bouleverse encore. Extrêmement documenté, Rotman a particulièrement bien résumé et mis en lumière toutes les facettes de la personnalité des protagonistes, avec empathie, sans éloges excessives. La construction du texte est intéressante, car par des paragraphes assez couts, elle alterne le parcours de chacun à la même époque -Ivo né en 1921 et Jorge en 1923- leurs deux années de différence facilitant l’exercice. Nous suivons ainsi la situation familiale aux milieux diamétralement opposés, prolétaire pour l’un et bourgeois pour l’autre ; la maturation professionnelle pour l’un et la résistance à l’occupant pour l’autre ; enfin leur engagement dans une foi politique idéale. Au fil des années, les rencontres et les événements leur feront perdre leurs convictions dans le système communiste soviétique quand les exactions totalitaires, antidémocratiques à Prague, à Budapest, les faux procès à charge… et les informations du goulag (Soljenitsyne) passent le mur. Alors, pour expier la culpabilité de leur aveuglement, de leur soumission au dogme et de leur silence, l’un et l’autre, ensemble, effectuerons leur rédemption par l’intermédiaire de scénarios et de réalisations de films dont l’Aveu en 1969 fut l’expression aboutie. Venir le présenter à Moscou en 1990 avec Costa Gavras bouclera leur chemin de croix.

Un livre magistral qui honore le parcours de vie et la mémoire de tous les hommes et femmes cités.


Lien : https://www.babelio.com/conf..
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Mai 68 raconté à ceux qui ne l'ont pas vécu

Jeune, j'ai « vécu » Mai 68. J'en ai alors saisi l'importance, même si je n'en ai pas vu tous les aspects. Par la suite, j'ai beaucoup lu à ce sujet. L'opuscule de Patrick Rotman ne m'a rien appris de nouveau. Pour moi ceci est juste une "révision" de ces événements, avec ses trois phases: crise étudiante, crise sociale, crise politique: ça a commencé d'une manière foudroyante, mais c'était quasiment fini au bout d'un mois ! L'opinion publique, d'abord favorable aux jeunes manifestants, s'est vite retournée. Tout s'est passé comme si la majorité des adultes n'avait finalement pas pris au sérieux cette agitation juvénile. Bien sûr, les retombées de cette surprenante "révolution" ont été plus durables.

A mon avis le plus intéressant dans ce livre - qui a le mérite de la concision - est la mise en perspective de cette page d'histoire. En particulier, Patrick Rotman rappelle le contexte de 1968: le mouvement contre l'autoritarisme; la furieuse envie des jeunes gens de rompre avec la rigidité générale des moeurs; l'influence des mouvements contestataires à l'étranger; enfin la politisation d'une (faible) minorité en raison de la guerre du Vietnam.

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Octobre 17

Très intéressante et instructive plongée dans le mois d’octobre 17. On retrouve ou découvre les lieux de la révolution d’octobre et les hommes qui déjà jouent ce qui s’écrira de tragique encore par la suite. Le dessin est clair et participe de la clarté pédagogique.
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Mitterrand et ses ombres

Je ne connais que très peu Mitterrand, étant né peu de temps avant qu'il ne passe l'arme à gauche. Mais je pense que je sous-estime beaucoup l'influence et la place qu'il aura occupées dans la cinquième République, en tout cas celle d'avant Sarkozy (qui est le président avec lequel je me suis intéressé à la politique). Cette BD fut donc tout autant une façon d'être introduit aux fameuses affaires de Mitterrand qu'au chaos politique que fut la quatrième République.



C'est intéressant de noter comme la BD lie les différents évènements, même si ceux-ci sont continuellement racontés par Mitterrand et donc parfaitement sujets à interprétation. Il semble se mettre en valeur ou tout du moins occulter volontairement certains aspects de son parcours, tendant à se mettre en valeur. Par contre, ce que je retiens surtout, en dehors du joyeux climat qui régnait sur la vie politique d'alors (entre guerre d'Indochine, d'Algérie, retour de De Gaulle et coups d’État) et surtout l'incroyable bourbier que représente la classe politique. Ça se tire dans les pattes, ça magouille, ça se crée des pièges pour discréditer aux yeux de l'opinion etc .... J'entends souvent parler des magouilles, mais non de dieu ce que ça semble calme comparé à cette période ! On parle quand même d'attentats au bazooka dans un contexte de tension à cause d'une guerre ou encore de faux attentats. Une ambiance de dingue, dis donc !



Ce qui ressort de tout ça me semble finalement assez classique : la classe politique s'arrange dans son coin avec ses soucis, ses avis et ses convictions, en les rangeant à loisir pour rester au pouvoir ou y accéder. La seule chose qui semble avoir disparu de cette BD, c'est la considération pour le reste des citoyens. On sert les intérêts supérieurs de la nation, qui semblent souvent bien trop loin. Si la BD est dessinée de façon assez sommaire (il est compliqué de reconnaitre des personnes surtout si vous n'avez pas vécu cette période) elle sert surtout à supporter le texte.



Une BD politique assez intéressante pour ceux qui, comme moi, ne connaissent pas vraiment les rouages de la quatrième République et ses machinations en coulisse. Je comprends mieux l'aura qui baigna autour de Mitterrand et le personnage m'intrigue de plus en plus. On en aura vu passer des choses, dites donc !
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Mitterrand et ses ombres

Mitterrand et ses Ombres donne le point de vue de François Mitterrand sur trois scandales qui ont entaché sa vie politique.



Pour quelqu'un qui n'était pas né à cette époque, qui n'est pas français, ou qui ne connait pas d'avance les scandales dont il est question, le livre est plutôt opaque. On suppose que le lecteur a déjà une idée sur le sujet.



Ensuite, la BD n'est vraiment pas le meilleur support pour ce que l'auteur prétend faire. J'adore normalement les essais sous forme de roman graphique mais celui-ci semble simplement ne pas avoir été pensé pour ça à la base.



Un bon vieil essai à l'ancienne aurait fait un meilleur travail, en plus de gagner en clarté.
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L'ennemi intime

Depuis Homère, tout a déjà été écrit sur l'horreur de la guerre et comment elle transforme Monsieur Toutlemonde en machine à tuer. Et pourtant! La nature humaine étant désespérément immuable, l'homme étant foncièrement incapable de ne pas reproduire indéfiniment les erreurs d'un passé qu'il a trop souvent tendance à oublier lorsqu'il ne cherche pas à le magnifier, il est nécessaire, encore et toujours, de dire l'horreur de la guerre.

Dans ce livre qui marque à jamais, et qui a eu la chance rare de ne pas être trahi en étant porté à l'écran (sous le même titre), pas de manichéisme. Les salauds sont dans les deux camps, et parmi eux, il se peut parfois qu'une lueur de civilisation luise encore un peu. Cette guerre que la cécité des autorités comme le désir de la population françaises de passer à autre chose après les ravages de 39-45 , minimisent en "événements d'Algérie" est le sujet traité sans concession ni tabou par ce remarquable livre. Rien n'y est omis de la torture à la gégène d'un prisonnier au "traitement" au napalm d'un détachement de rebelles, en passant par les techniques de guérilla qui accablent les civils dont on ne veut plus croire en la neutralité. Dans cette guerre, comme dans toutes les guerres modernes, il n'y a pas d'entre deux:: si tu n'es pas mon allié, alors tu es mon ennemi et je dois te détruire avant que tu ne me détruises. Les idéaux que peuvent porter les recrues en arrivant de métropole, quel que soit leur grade, officier ou bidasse,, résumés par les trois mots "liberté, égalité, fraternité" censés s'appliquer aux trois départements sur lesquels l'ordre doit être restauré, se fracassent bien vite sur la réalité. Pas étonnant alors que certains, en plus d'y perdre leurs convictions, perdent aussi l'esprit.

Par le message qu'il assène, ce livre, reste -hélas- d'actualité. Il suffit de le transposer ailleurs à une autre époque, et sa pertinence demeure. De quoi désespérer de la nature humaine.
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Mai 68 : Veille du grand soir

Excellente bande dessinée qui alterne les points de vue de jeunes étudiants soixante-huitards et celui des ministres et, bien sûr, du président.



Les personnages (étudiants) sont attachants, ils incarnent la diversité des opinions de l'époque. Quant aux ministres, leurs débats et actions sont authentiques grâce aux archives utilisées pour retranscrire au plus près la réalité de cet événement.



J'ai particulièrement apprécié cette BD parce qu'elle apporte la bonne quantité d'informations sur mai 68 (ni trop, ni pas assez). De plus, elle est agréable à lire, on a de l'empathie pour les deux camps. On les comprend et on ressent leurs inéluctables divergences.



PS : dans le même esprit (alternance des points de vue du pouvoir et de personnages incarnant la population) je recommande aussi Histoire dessinée de la guerre d'Algérie.
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Mai 68 : Veille du grand soir

Cette BD est géniale. Elle nous montre les discussions et les prises de décisions des deux camps ce qui nous donne un regard nuancé de cet épisode historique.

La lecture est très fluide. On ne se perd pas malgré le nombre d’évènements qui ont pris place en un mois.

L’auteur nous montre que cette révolution n’a pas eu lieu pour prendre le pourvoir mais pour libérer la parole.

Les dessins sont splendides, car ils sont clairs et plutôt réalistes pour l’expression des émotions, ce qui permet ainsi de véhiculer beaucoup d’informations uniquement par le dessin.

Je vous invite vivement à lire « Mai 68 : La veille du grand soir ».



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Résistances (1940-1945)

Ce livre est un document indispensable et je suis reconnaissante à Babelio et Arte Éditions de m'avoir permis d'y avoir accès.

Ce livre m'a permis d'en savoir plus sur une période de l'histoire qu'une partie de ma famille a vécu mais dont elle parle peu.

J'ai pu ainsi retrouver quelques figures que je connaissais déjà (Aubrac, Brossolette, Moulin..) mais dont je ne connaissais pas précisément l'histoire. J'ai pu également découvrir d'autres grandes figures.

J'ai beaucoup aimé les textes passionnants mais ce qui surpasse tout ce sont les documents, lettres, photos documents reproduits qui m'ont permis une immersion totale.

Passionné ou non d'Histoire, ce livre est à lire et à partager.
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Résistances (1940-1945)

Merci aux Editions Seuil, Arte Editions et Babelio pour m'avoir permis de découvrir ce très bel ouvrage sur la Résistance. Ayant lu "La Résistance en action", je me suis permise de comparer ces deux beaux livres qui se complètent à merveille.



Contrairement à "La Résistance en action", la couverture et le papier est brut, non lisse ou effet brillant (même si issu de sources responsables), seule chose qui m'a un peu surprise quand il s'agit de beaux livres.



Divisé en quatre parties, il comprend une bibliographie et une liste d'acronyme à la fin de l'ouvrage.



C'est le second ouvrage sur la Résistance que je reçois en 2022. Contrairement à "La Résistance en action" paru aux Editions De Borée, j'ai perçu ce livre comme une belle entrée en matière à tous ceux qui s'intéressent à la Seconde Guerre mondiale.



Introduction :



La Résistance est multiple et tous ceux qui y ont participé font partis de son histoire complexe. A la ville comme à la campagne, modestes ou riches, jeunes ou vieux, ils ont lutté de différentes manières. De distributeurs de tracts à l'édition de journaux clandestins, d'agents de liaison aux sabotages, du sauvetage de Juifs aux maquis...



2 % de la population française, tel est le quota de la résistance active et organisée plus l'aide de la population.



268 réseaux et 44 mouvements ont été recensés par les historiens.



Portraits et histoires de résistants ainsi que de l'esprit de la résistance. Connus ou restés dans l'ombre, c'est le combat clandestin de toute une vie pour la liberté de la France. Dès 1940, les premiers groupes se forment, les filières d'évasion se mettent en place, des actions de renseignement et des opérations contre les forces de Vichy prennent de l'ampleur. Les services de renseignement de l'armée allemande, l'Abwehr et la Gestapo commencent leur traque des résistants, infiltrants les réseaux grâce à des agents.



Présentation des principaux résistants avec le résumé de leur histoire :



Betty Albrecht : féministe, co-fondatrice de "Combat" et "Compagnons de la Libération".

Emmanuel d'Astier de la Vigerie : un des fondateurs du groupe "La Dernière Colonne" et de "Compagnons de la Libération".

Lucie Aubrac : Membre du groupe "La Dernière Colonne", aide à la publication de "Libération", fait évader son mari, exil à Londres, devient professeur d'histoire après la guerre.

Raymond Aubrac : un des chefs militaires des Mouvements Unis de la Résistance, interné à la prison de Montfort, évasion grâce à sa femme, devient Commissaire de la République à Marseille après la Libération.

Pierre Bénouville : membre de la Cagoule, du réseau Carte, journaliste. A l'origine de l'affaire Suisse, Compagnon de la Libération.

Jeanne Bohec : Engagée dans le Corps des Volontaires Françaises de la France Libre à Londres, en juin 1940. Formatrice des agents du BCRA aux explosifs. Parachutée en Bretagne en 1944, participe aux destructions de voies ferrées, surnommée la "Plastiqueuse à bicyclette", une des cinq femmes parachutées durant la guerre.

Cristina Boïco : communiste roumaine, chimiste, intègre l'Organisation Spéciale du PCF dès 1941. Créatrice d'un service de renseignements qui choisit les cibles des attentats éventuels contre l'armée allemande à Paris.

Claude Bourdet : ingénieur, responsable de "Combat" dans les Alpes Maritimes. Créée en 1942, le Noyautage des Administrations Publiques, représentant de "Combat" à la réunion du CNR, directeur de celui-ci en 1943. Arrêté le 25 mars 1944, déporté à Buchenwald, dirige le journal "Combat" à son retour et créée "France-Observateur".

Pierre Brossolette : journaliste, démobilisé, se sert de sa librairie comme lieu de rendez-vous clandestin. Rejoint le réseau du Musée de l'Homme, numéro 2 du BCRA. Effectue deux missions dans la France occupée, se suicide le 22 mars 1944 de l'immeuble de la Gestapo. Compagnon de la Libération.

Jean Cavaillès : figure marquante de la philosophie, un des fondateurs de "La Dernière Colonne", participe à la création de "Libération". Créée le réseau de renseignements Cohors. Arrêté après avoir été trahi le 28 août 1943, interné à la prison de Fresnes, il fut exécuté le 17 février 1944.

Geneviève De Gaulle : nièce du Général De Gaulle, étudiante, elle participe au réseau du Musée de l'Homme et rejoint le Mouvement Défense de la France. Trahie, elle est arrêtée le 20 juin 1943 par l'inspecteur de la Gestapo française. Internée à la prison de Fresnes puis déportée au camp de Ravensbrück. Libérée le 25 avril 1945 à la libération du camp.

Charles Delestraint : Général de corps d'armée, sollicité pour prendre la tête de l'Armée Secrète, arrêté le 9 juin 1943, déporté et exécuté au camp de Dachau.

André Dewavrin : politicien, officier du génie, nommé chef des services de renseignements de la France Libre. Chef d'Etat-major du général Koening. Dirige les services secrets à la Libération.

Henry Frenay : créateur d'un mouvement de résistance antiallemand. S'oppose au CNR, commissaire aux Prisonniers et Déportés au Comité Français de la Libération Nationale en automne 1943.

Georges Guingouin : instituteur communiste, entre clandestinité dès 1941. Créateur des groupes dans les campagnes. Commandant des FFI de Haute-Vienne et entre dans Limoges. Compagnon de la Libération.

Boris Holban : juif roumain, participe à la constitution des groupes armés (Main-d'Oeuvre Immigrée), responsable militaire parisien des FTP-MOI.

Denise Jacob : agent de liaison à 19 ans du Mouvement Franc-Tireur à Lyon. Arrêtée le 18 juin 1944. Déportée à Ravensbrück, amie de Geneviève De Gaulle et Germaine Tillion.

Jean-Pierre Levy : ingénieur commercial juif, démobilisé, animateur du groupe Franc-Tireur. Evasion en juillet 1944 après avoir été arrêté ce même mois. Compagnon de la Libération.

Marie-Madeleine Méric : fondatrice du réseau de renseignements Alliance, affiliée avec l'Intelligence Service en avril 1941. Dirige seule le réseau implanté sur tout le territoire. Traquée par la Gestapo, s'exile en Angleterre en juillet 1943. Participe à la Libération, se remarie à la fin de la guerre.

Jean Moulin : délégué personnel du chef de la France Libre en zone non occupée, a pour mission d'unifier les mouvements de résistance sous De Gaulle. Après la création du CNR le 8 mai 1943, il tome dans une souricière et meurt après avoir été torturé.

Christian Pineau : créateur du journal "Libération" pour la zone nord, créateur du réseau Cohors pour le BCRA. Arrêté par la Gestapo, il est déporté à Buchenwald. Député puis ministre à neuf reprises, il est le pionnier de la construction européenne.

Serge Ravanel : agent de liaison puis responsable des Groupes Francs, mène des actions. Trois arrestations et évasions. Chef des FFI de la région toulousaine. Compagnon de la Libération.

Marcel Rayman : juif polonais, membre du deuxième détachement des FTP-MOI de la région parisienne. En charge de la direction de l'équipe spéciale qui s'occupe des missions les plus périlleuses. Participe à l'attentat contre le SS Julius Ritter. Arrêté après une longue filature le 16 novembre 1943 lors d'un coup de filet qui démantèle tout le groupe. Fusillé le 21 février 1944, figure sur l'Affiche rouge.

Gilbert Renault : un des premiers agents envoyés en France. Dirige le réseau Confrérie Notre-Dame. Interdit de retour en France, travaille à la BCRA.

Henry Rol-Tanguy : membre du parti communiste, engagé dans les Brigades Internationales, démobilisé en 1940, responsable des comités populaires. Chef régional des FFI de la région parisienne, est aux côtés du général Leclerc lors de la reddition du général Dietrich von Choltitz, commandant de la garnison allemande. S'engage dans l'armée. Compagnon de la Libération.

Germaine Tillion : ethnologue, a des relations avec le réseau du Musée de l'Homme, agent de liaison, trahie par l'abbé Robert Alesch, agent de l'Abwher, arrêtée le 1er août 1942, déportée à Ravensbrück.

Hélène et Philippe Viannay : Créent un journal clandestin "Défense de la France" en 1941 (tirage de 40 000 exemplaires). Se rallient à De Gaulle grâce à la nièce de celui-ci en 1943.  Fournisseurs de faux papiers pour toute la Résistance. Participent à la Libération. Créateurs de "France-Soir" issu de leur journal clandestin. Créent et dirigent une école de voile et le Centre de Formation des Journalistes.



Adapté aux novices, en plus de présenter un portrait de nombreux résistants et notamment des femmes, on découvre l'histoire de la Résistance sous tous ses aspects.



Ce qui fait la force de ce beau livre sont les nombreux documents qui agrémentent les explications avec l'accent mis sur les différents réseaux de résistance.



On retiendra également :



Plus de 60 000 morts et 200 000 blessés au cours de la Débâcle.

2 millions de soldats furent internés sur le sol français avant d'être faits prisonniers en Allemagne.

8 millions de Français sur les routes de l'Exode.



Un livre qui se lit relativement vite, il y a moins de texte que dans "Résistance en actions", ce qui permet de toucher un large public. Ceux qui resteront sur leur faim pourront se tourner vers d'autres ouvrages pour approfondir leurs connaissances.



Un livre qui retrace avec précision l'histoire de la Résistance allant à l'essentiel mais qui permet d'avoir les réponses aux questions que l'on se pose avec une richesse de documents et autres reproductions à un prix peu élevé comparé à ses semblables.



Un beau livre richement documenté pour une introduction à l'histoire de la Résistance !
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Résistances (1940-1945)

Les fêtes de fin d'année voient fleurir nombre de " beaux livres "de nature , au-delà du magnifique cadeau qu'ils représentent , à servir de superbe support à une grande acquisition de connaissances .

"Résistances " ne déroge pas à la règle et nous livre un trés bel éclairage sur cette triste époque de notre histoire , sortant des sentiers convenus tant par son texte apuré mais parfaitement maitrisé , ses illustrations fondées sur des reproductions photographiques ou documentaires sobres mais essentielles , évitant de tomber dans le " choquant " , et favorisant la connaissance historique .La tâche n'est pas facile : réduire une période historique aussi foisonnante que sombre , cinq années en 220 pages avec autant d'illustrations peut faire douter de la profondeur du sujet .Certes , les puristes , historiens confirmés ou non y trouveront sans aucun doute à redire et je les comprends .Cependant , n'oublions pas que ce livre , ce " beau livre " est destiné à être offert et doit toucher un large public , dont je fais partie , pas forcément trés au fait . J'ai toujours beaucoup aimé ces beaux livres qui , en me livrant un essentiel , excitaient ma curiosité , me poussant parfois à approfondir mes connaissances dès lors que j'étais " ferré " .

Donc , résumons , voici un livre qui est trés bien écrit , trés bien documenté ( Cest Rotman tout de même ....) destiné à un public plutôt "novice mais curieux ". Evènements , personnages , traîtres , miliciens , "retournés " ,hommes politiques , héros et héroïnes se succèdent pour constituer une trame trés solide à ce que furent ces Résistances , bien loin de l'image uniquement glorifiante de la Résistance qui fut souvent la norme dans les romans et films d'aprés - guerre .

Je l'ai dit , sans être complètement ignare , je n'étais pas non plus au fait de la réalité qui a constitué " une guerre dans la guerre ": la quête du pouvoir ! on le sait , tout conflit profite à quelqu'un , c'est encore une fois ce qui figurera en conclusion mais on retiendra ( ou retrouvera ) le nom de tous ceux et celles qui , au péril de leur vie , voire , pour beaucoup , au prix de leur existence , ont combattu le fascisme .Et puis , il y a ceux qui , " résistants de la 25ème heure " , se sont forgés une " virginité " au bon moment .De ceux-là , pas vraiment question dans l'ouvrage , et tant mieux . Non , ici ,ilo est de plus en plus question d'hégémonie politique au fil des pages , c'est trés , trés intéressant .Pour tout vous dire , j'ai dévoré cet ouvrage ...en trois soirs !

Ce livre m'ayant été offert lors de la dernière Masse Critique par le Père- Noël Babelio , son chef de traîneau Patrick Rotman et ses lutins d'Arteéditions du Seuil , qu'il me soit permis de leur adresser mes bien chaleureux remerciements .Ils ont fait un heureux avant l'heure .

Et puis , dernier point que je n'ai pas l'habitude d'aborder : le prix .Pour une telle mine d'informations , pour une si belle présentation , il est tout à fait raisonnable ...Ca a son importance dans la période que nous vivons , période où le souvenir du passé , la culture sont essentiels et non réservés à certains .Tout est si précaire ...
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Octobre 17

Ce roman graphique nous offre une plongée au cœur de la révolution russe et de ce mois d’octobre 1917 où le monde a basculé.

Le dossier historique en fin d’album n’est d’ailleurs pas de trop pour comprendre les événements.

Le talent de scénariste de Patrick Rotman est sublimé par les dessins de Benoît Blary, faisant de cet album une réussite à l’instar de sa couverture dont on voit le making off en fin d’album.
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Génération

Avez-vous remarqué qu’on est toujours attiré par la période que nous n’avons jamais pu vivre ? Les personnes nées entre les deux guerres ne rêvent que des années folles, les baby boomers raffolent des années 30, les « fin de siècle » ont une nostalgie pour ces fabuleuses années 80 qu’ils n’ont pas connues… J’appartiens à la génération qui a une tendresse particulière pour ces années 50/60 du Quartier Latin et la révolte qui couve dans les rangs d’une jeunesse trop gâtée pour s’épanouir.

Génération raconte ces années-là par le menu. Un peu trop même.

Ce n’est pas un roman, mais un récit. Le témoignage de ceux qui ont « fait mai 68 ». Il aurait peut-être mieux valu écrire carrément une fiction, mettant en scène une poignée de personnages centraux se débattant au milieu de faits et personnes réelles. Une sorte de Forrest Gump du boulevard Saint Michel.

Parce que, le récit écrit à quatre mains, se résume à un simple dictionnaire où défilent quantité d’acteurs plus ou moins connus du grand public. Mais un dictionnaire qui bouge, comme les personnages des tableaux de Poudlard, l’école du célèbre Harry Potter.

Génération se décline en deux volumes. Celui-ci raconte les années 60, de la guerre d’Algérie au joli mois de Mai en suivant les pérégrinations d’une foule d’acteurs positionnés forcément à gauche sur l’échiquier politique.

Entre Alger, Cuba et Budapest, dans les pas des syndicats d’étudiants tentant de se démarquer d’un parti communiste français trop rigoureux, trop sectaire. Parmi les maoïstes, les trotskistes et l’aile plus libérale inspirée par le PCI (parti communiste italien), que l’on surnomment justement les Italiens. On croise le Ché, Kroutchev, Papon, Mao mais surtout et essentiellement une bande de jeunes en manque des faits de résistance de leurs ainés (le conflit mondial n’a pas 15 ans) et d’un combat politique fort.

Un récit qui sonne comme un roman, du moins c’est ce que promet la quatrième de couverture.

Puis, à trois chapitres de la fin, nous sommes le 3 Mai 1968. La machine s’emballe. Et le talent de romancier des deux auteurs reprend le dessus. On halète comme si on participait aux barricades, on tremble devant des CRS déchainés, armés de haine (je repense à un documentaire diffusé sur France Télévision pour la commémoration des 50 ans du joli mois de mai, donnant la parole pour la première fois aux flics d’alors. Pas ou peu de repentance mais se posant en victimes. Une honte ! Les vraies victimes étaient les jeunes et, accessoirement, les badauds et les riverains qui n’avaient rien demandé – tout cela apparait dans ces pages de fièvre).

La force du mouvement c’est qu’il nait comme une étincelle. Tous les apparatchiks des divers mouvements gauchistes qui ne faisaient que débattre depuis la fin de la guerre d’Algérie et qui intriguaient pour une question de pouvoir (de longues pages assez ennuyeuses, bardées de sigles des divers groupes, des « je t’aime… moi non plus » évoqués entre ceux qui pensent pareil mais pas de la même manière) ont été les premiers surpris par le déclenchement de ce qu’ils rêvaient au fond d’eux-mêmes. La CGT et le PC freinaient déjà de tous leurs freins. Preuve que, dans une société figée, même les contre-pouvoirs sont bien rangés des voitures et préfèrent leur petit train-train d’opposants officiels au grand chambardement.

Ce pavé (le jeu de mots était trop tentant !), est entrecoupé parfois de flashbacks à rebours, scènes fugaces vingt ou vingt cinq ans plus tard, illustrant cet aphorisme cinglant : « ils voulaient changer le monde ; c’est le monde qui les a changé ».

Reste un formidable document sur une époque où les idéologies avaient encore quelque chose à promettre, où les rêves pouvaient être vécus, où l’avenir nous appartenait. La force de cette jeunesse d’après guerre était d’être encore des enfants. En 2020, même les ados ont mûri trop vite : ils ne pensent qu’à défendre leurs droits à la retraite. Les passions qui menaient souvent dans des impasses extrémistes ont été remplacées par une raison qui interdit tout débordement, toute utopie, tout rêve. Nous avons grandi trop vite.

Tout ça s’est dilué dans une globalisation sans retour, même les revendications ne dépassent guère le niveau des pâquerettes : le carburant moins cher.

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Octobre 17

Difficile d’appeler BD cette version graphique de la révolution d’octobre 1917 racontée pas à pas par Patrick Rotman. Il y a beaucoup de textes, une présentation qui se joue par moment des cases pour permettre la continuité de l’écrit. Les dessins sont très classiques et assez attendus : rien de révolutionnaire… L’intérêt de ce roman graphique est ailleurs : comprendre par quelle succession d’événements et de choix, qui furent au début ceux de Lénine seul, un mouvement révolutionnaire minoritaire dans les urnes et sur le terrain, le bolchevisme, a pu accéder au pouvoir en Russie au nom des masses populaires.



Chaque phase de cette année 1917 est clairement exposée (en respectant les dates du calendrier julien, alors en vigueur dans la Russie tsariste, ce qui entraîne un écart notable avec notre calendrier grégorien). Le retour de Lénine en Russie en avril 1917 est celui d’un propagandiste, déconnecté de la situation du moment. Il veut passer tout de suite à l’action contre le gouvernement bourgeois issu de la révolution de février. Mais, en fait, cette idée n’a aucune assise en Russie. Les autres dirigeants du parti préfèrent attendre que la situation soit plus favorable. Les mencheviks contrôlent les Soviets. Un premier soulèvement d’ouvriers en juillet 17 à Petrograd est un échec sanglant, vis à vis duquel le parti bolchevik a joué une espèce de double-jeu : comprendre les manifestants, mais ne pas officiellement les soutenir. La répression s’abat sur les militants bolcheviks malgré tout. Ce qui va être finalement une aubaine. Le général en chef des armées du gouvernement provisoire, le général Kornilov, se croyant en position de force, fait marcher ses troupes vers Petrograd en août pour y prendre le pouvoir. Kerenski prend peur, sait que seuls les bolcheviks peuvent mobiliser ouvriers et soldats pour le stopper. C’est ce qui se passe, mais désormais Trotski, sorti de prison, est incontournable (pendant que Lénine est lui toujours caché fuyant la répression). C’est Trotski qui va progressivement prendre le contrôle du soviet de Petrograd, puis d’un Comité militaire révolutionnaire. Les régiments sont prêts, les armes pour les ouvriers aussi ; l’insurrection du 25 octobre sera une formalité. Petrograd bascule presque sans combats.



Ce que ce roman graphique montre bien c’est que l’intellectuel intransigeant qu’était Lénine ne serait pas parvenu à réussir « sa » révolution, sans l’implication matérielle du plus terre à terre Trotski. La révolution est faite au nom des masse, mais bien évidemment c’est le petit cercle des dirigeants du parti bolchevik qui va accaparer le pouvoir. Staline profitera quelques années plus tard de tout cela … et fera tuer Trotski…



Le contexte historique et politique est bien expliqué, mais peut demander à qui ne connaîtrait pas bien le déroulé de cette année 17 une certaine attention. En tous cas, la présentation ainsi faite de cette année 1917 à Petrograd est très instructive. Les annexes finales présentent les protagonistes et résument très bien les évènements.
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Les intellocrates : Expédition en haute intel..

Ce livre de 1981 devrait être obsolète mais il ne l'est pas tant que cela :d'abord parce que certainsl de protagonistes continuent à squatter journaux et plateaux télé ( rien n'est plus résistant que les parasites!) ,ensuite parce que les mécanismes décrits sont toujours à l'œuvre . Certaines sphères d'influence ont perdu du terrain ,d'autres sont apparues (Internet,Réseaux sociaux) .Le livre reste encore intéressant à titre de "madeleine" pour une large partie de ma vie (et de celle de mes contemporains) de lecteur ,auditeur et téléspectateur, il l'est aussi par l'humour acerbe des auteurs/
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Ivo & Jorge



Ivo c'est Le chanteur , acteur Yves Montand et Jorge l'écrivain et scénariste Jorge Semprun , tous deux des grands bonhommes dans leur domaine et aussi des figures du communisme qu'ils finirent par rejeter .



Nous avons tous en tète quelques chansons interprétées par Montand et beaucoup d'entre nous ont lu quelques titres de Semprun .



Bien que ce livre s'intitule " Roman " ce n'en est pas vraiment un , plutôt un portrait croisé et une double biographie qui redonne vie à ces deux talentueux disparus et évoque aussi d'autres personnages par eux côtoyés ( Le réalisateur Costa Gavras , par exemple ) .



Livre passionnant et émouvant .





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Génération, tome 1 : Les années de rêve

Dans les années 60 les étudiants étaient très actifs en politique. Ce livre nous parle des principalement des étudiants communistes avec les différentes branches du mouvement et puis mi-sixties l'arrivée du maoïsme qui conduira à la radicalisation de certains et à mai 68 .

C'est malheureusement trop long et bien trop de noms apparaissent,disparaissent puis réapparaissent avec pour résultat que l'on se perd régulièrement dans le récit .

C'est dommage car le sujet est intéressant .
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Octobre 17

Ce roman graphique nous raconte ces semaines incroyables qui, du 3 avril au 25 octobre, vont voir le mouvement de bascule complet de la Russie, qui, dans la même année, passe du tsarisme au bolchevisme, avec un bref passage par un gouvernement provisoire qui rêvait d’installer une monarchie parlementaire. On y découvre comment les bolcheviks, fortement minoritaires en février, finissent par s’emparer du pouvoir en octobre, un pouvoir que, nous le savons, ils ne lâcheront pas de sitôt !



C’est le roman de l’habileté politique, de la manipulation, et, peut-être, d’une des premières utilisations massives de la presse pour faire passer des messages, qui tiennent en deux slogans : « Tout le pouvoir aux soviets », et « Le pain, la paix ». Lénine et Trotski, qui n’a pas créé La Pravda pour rien, alors qu’il était en exil à Vienne, comprennent rapidement que ces slogans, qui ont fait descendre des centaines de milliers de russes dans les rues, sont aussi ceux qui pourraient les porter au pouvoir.



On croise aussi, au fil des pages, Maïakovski et sa muse, Lili Brik – sœur d’Elsa Triolet – dont la poésie accompagne la révolution ; Alexandra Kollontaï, militante marxiste féministe, qui sera la première femme de l’époque contemporaine à être nommée ministre, d’abord, puis ambassadrice.



On voit aussi, au fil des pages, se mettre en place, dès ces premières semaines, tous les ressorts de ce qui va tourner à la dantesque lutte pour le pouvoir entre tous ces acteurs, et qui verra, à partir de la mort de Lénine, en 1924, Staline éliminer systématiquement tous ses rivaux, pour régner sur le Kremlin jusqu’à sa mort, en 1953.



L’intelligence politique transpire à toutes les pages. Alexandra Kollontaï, par exemple, à l’occasion d’une réunion des principaux leaders bolcheviks, souligne l’un des ressorts de leur incroyable succès. « Tous les partis sont pour la guerre. Notre parti doit être le parti de la paix », dit-elle (p. 21).



Le 4 juillet 1917, un premier coup de chaud agite Petrograd. Mais c’est encore trop tôt, et Lénine le dit : « Nous ne pouvons pas être contre les masses. Nous ne pouvons pas être vraiment avec. Il est essentiel que les soldats, les marins, les ouvriers aient le sentiment que notre parti est avec eux. Mais si le coup de force échoue, nous ne devons pas être impliqués » (p. 41). Plus manipulateur, on ne peut pas. Et en effet, c’est un nouvel échec, les bolcheviks sont déclarés hors la loi, certains ont le temps de se cacher à nouveau, d’autres sont jetés en prison. Mais, comme un coup du sort, le général Kornilov, nouveau commandant en chef des armées russes, veut en finir avec la révolution, et attaque Petrograd, amenant le gouvernement provisoire à libérer Trotski pour mobiliser les troupes – une stratégie à courte vue, on le comprend aisément, puisque c’est le même Trotski qui, dans les semaines qui suivent, met au point le plan qui va assurer définitivement aux bolcheviks la prise du pouvoir -.



Ces événements, les connaissiez-vous ? C’est passionnant, de voir ainsi s’assembler pièce après pièce ce qui va constituer l’URSS, aux dépends des hommes de ce pays. Les dessins sont faits de telle manière à ce que l’on reconnaisse assez facilement les différents protagonistes. Bref, si une petite escapade à Petrograd vous intéresse, c’est par ici !
Lien : https://ogrimoire.com/2022/0..
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La Guerre sans nom : Les appelés d'Algérie (195..

Ce livre est le complément du film documentaire signé Patrick Rotman et Bertrand Tavernier. Le film datant de 1992 offrait le témoignage d’anciens soldats français, des appelés, engagés dans la guerre d’Algérie. Une guerre qui ne portait alors pas ce nom puisqu’il s’agissait avant tout d’une opération de maintien de l’ordre, également appelée « événements d’Algérie »,… du moins officiellement.

Certains témoignages n’apparaissent pas dans le film (qui ne dure que 4 heures !), parfois pour des raisons techniques, parfois pour une certaine pudeur. Toujours est-il que sont interrogés quelques dizaines de cinquantenaires qui ont pour point commun d’avoir été envoyés durant leurs jeunes années en Algérie. Parfois contre leur gré. Souvent avec une méconnaissance de la situation et des enjeux sur place. Des jeunes qui se retrouvent armés mais peu préparés face à un ennemi inconnu.

Construits à la manière de Marcel Ophuls (le film "Le chagrin et la pitié"), le livre et le film nous donnent à voir des témoignages bruts, respectant les silences et prenant le temps avec chaque intervenant, avec le minimum d’interventions du journaliste, et surtout sans le moindre jugement. Ce qui pose parfois certaines limites : si tous ont été témoins ou ont entendu parler de la torture, aucun n’avouera y avoir participé.

Après n’oublions pas qu’il s’agissait de jeunes adultes, plongés dans un conflit qui les dépassait, une situation qu’ils n’avaient pas souhaitée, sans bien sûr le recul que l’on peut avoir aujourd’hui. Ainsi un des témoins (Séraphin Berthier) nous dit : « C’est facile de décanter dans un fauteuil ; c’est facile d’analyser (cinq) ans après. Mais quand tu es pris dans le coup… »

Cet ensemble de témoignages est en tout cas extrêmement émouvant, même si l’on ne partage pas les convictions de certains intervenants, loin s’en faut, et nous montre à quel point cette guerre a marqué à vif tout une génération. Une génération qui pourtant a toujours été oubliée, déconsidérée (ainsi les anciens combattants d’Algérie n’ont-ils pas eu les mêmes droits que les autres anciens combattants !). Une guerre qui laisse au moment du film et du livre et encore aujourd’hui des séquelles au sein de notre société, séquelles dû notamment au silence et à la honte qui ont suivi ce conflit.

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