Citations de Paul Geraldy (90)
si tu m'aimais, et si je t'aimais, comme je t'aimerais !
LE JARDIN CHAUD
Le jardin chaud, repu de soleil, accablé
De trop de jour, s’affaisse. Et les roses, en touffes,
Manquant d’air, à l’étroit dans leurs parfums, étouffent.
Un rosier feu met des carmins acidulés
Dans le grenat béat des pivoines bourgeoises.
Là sont les roses thé qui sentent la framboise.
Et voici, dominant, les couleurs, les odeurs,
La rose rose, belle avec tant de splendeur
Qu’auprès d’elle on se sent l’âme plus roturière.
L’arrosoir sec fait regretter le jardinier.
Aveuglé par tout ce tapage de lumière,
On voudrait s’abriter du ciel et des rosiers …
Mais déjà Marthe a préparé, dans la cuisine
Où les carreaux lavés à grande eau sont mouillés,
Des fraises frais cueillies, du lait et des tartines …
Et mis à égoutter sur des claies les caillés.
PROMENADE TROP LONGUE
Promenade trop longue et soleil éprouvant.
Retour muet … Mais ce bonheur en arrivant :
Trouver le couvert mis sous la tonnelle fraîche,
Refuser son potage et mordre dans les pêches !
Il faut se ressembler un peu pour se comprendre, mais il faut être un peu différent pour s'aimer.
Dualisme
Chérie, explique-moi pourquoi
tu dis : "mon piano, mes roses",
et : "tes livres, ton chien"...pourquoi
je t'entends déclarer parfois :
"C'est avec mon argent à moi
que je veux acheter ces choses."
Ce qui m'appartient, t'appartient !
Pourquoi ces mots qui nous opposent :
le tien, le mien, le mien le tien ?
Si tu m'aimais tout à fait bien,
tu dirais : "les livres, le chien"
et : "nos roses".
MÉDITATION
On aime d’abord par hasard
Par jeu, par curiosité
Pour avoir dans un regard
Lu des possibilités
Et puis comme au fond de soi-même
On s’aime beaucoup
Si quelqu’un vous aime, on l’aime
Par conformité de goût
On se rend grâce, on s’invite
À partager ses moindres mots
On prend l’habitude vite
D’échanger de petits mots
Quand on a longtemps dit les mêmes
On les redit sans y penser
Et alors, mon Dieu, on aime
Parce qu’on a commencé
Le souvenir est un poète
N'en fais pas un historien
J'aurais voulu...
J'aurais voulu ne savoir pas
ce qu'on trouve en suivant la route.
Maîtres, si je ne vous écoute
que d'une oreille et d'un coeur las
c'est que je préfère tout bas
mon ignorance à votre doute.
Laissez-moi, l'âme ouverte toute,
errer, revenir sur mes pas,
boire le vent, aimer la route...
et - m'en coûte ce qu'il en coûte ! -
avancer en ne sachant pas
où va la route, où vont les pas.
C'est la femme qui choisit l'homme qui la choisira.
Il y a beaucoup plus d'amour dans l'amitié, que dans l'amour.
On aime d'abord par hasard , par jeu , par curiosité , pour avoir , dans un regard , lu des possibilités
l'amour,
c'est l'effort que font les hommes
pour se contenter d'une seule femme
Le souvenir est un poète, n'en fait pas un historien
Ose ! Prends ! Le bonheur ne naît que d'un délire.
Fais taire ton esprit ! Ouvre ta bouche au vent !
Délivre-toi de toi !
Je n'ai que toi
Mais toi tu nous a tous les deux
dans la maison de ma mère,
je ne suis plus dans ma maison
depuis que je t'aime,
ceux qui m'aiment ne comptent plus
Une étoile paraît... Encore un jour qui fuit...
Et pourtant un jour, tu t'en iras
Je t'aime de ne pas savoir comment je t'aime
et parce qu'il vaut mieux, vois-tu, ne pas savoir