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Critiques de Paul Lafargue (48)
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Le Droit à la paresse

Éloge de la valeur paresse.



L’homme politique, journaliste et écrivain Paul Lafargue (1842-1911) rédigea cet essai qui le rendit célèbre, tandis qu’il était incarcéré à Paris pour propagande révolutionnaire, en réponse aux paroles de Thiers qui appelait l’homme à souffrir au travail et à ne pas jouir de la vie, et en réfutation du droit au travail de 1848 (sous-titre de l’essai).



«Une étrange folie possède les classes ouvrières des nations où règne la civilisation capitaliste. Cette folie traîne à sa suite des misères individuelles et sociales qui, depuis deux siècles, torturent la triste humanité. Cette folie est l’amour du travail, la passion moribonde du travail, poussée jusqu’à l’épuisement des forces vitales de l’individu et de sa progéniture.»



Initialement publié en feuilleton en 1881, puis en 1883 en un volume, réédité aux éditions Mille et une nuits en 1994, chez Allia en 1999 et au Passager clandestin en 2009, ce texte classique reste passionnant et plus que jamais d’actualité. Paul Lafargue s’y étonne et s’insurge contre la sacralisation de la valeur travail en particulier dans une classe ouvrière alors soumise à des conditions de travail quasiment inhumaines.



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Le Droit à la paresse

Il faut choisir le bon moment pour se lancer dans cette lecture…

Entamée pour ma part à la fin de la période des examens, elle m’a semblée totalement adaptée à la situation. Elle le paraîtra encore davantage à celui qui déciderait d’ouvrir ce livre au début de ses congés payés car Lafargue s’attaque moins au travail intellectuel d’apprentissage qu’au travail répétitif et abrutissant qui est avant tout motivé par l’acquisition de son gagne-pain.

En revanche, lecture à éviter peut-être pour celui pour qui les congés payés ne sont encore qu’un vague mirage : se faire comparer à un lourd bovin des prairies auvergnates et se faire rappeler l’abrutissement sévère qui est le sien ne saurait certainement pas remonter le moral après une longue journée à assembler des vis et des boulons, à rédiger des compte-rendu de réunion, ou à apporter des cafés à son supérieur et à ses collègues.



Aucune caste socio-professionnelle n’est épargnée par le constat de Lafargue : les politiciens, économistes et religieux sont les vecteurs de doctrines aptes à asservir les ouvriers, qui s’imaginent travailler pour leur bien et leur indépendance alors qu’ils ne servent qu’à enrichir le patron ou les bourgeois. Là où Lafargue surprend, c’est qu’il ne fustige pas entièrement ces vilains riches pleins de sous. Non, eux aussi sont victimes de la morale et des valeurs d’une société dédiée au labeur : contraints de s’enrichir toujours plus pour permettre aux ouvriers sans cesse plus nombreux d’avoir du travail, ils finissent par se morfondre d’une vie trop facile et ennuyeuse. C’est pour eux qu’on détourne une grande partie de la population active pour former cette caste qu’on nomme aujourd’hui le secteur tertiaire –celui des services. Des gens inutiles, qui n’ont d’autre mission que celle de distraire les bourgeois devenus malheureusement riches à cause des ouvriers qui se tuent malheureusement à la tâche, parce qu’ils croient aux discours faussement émancipateurs qu’on leur inflige.



Lafargue expose ce point de vue original avec une dérision souvent drôle. Il arrive à transformer cette agitation des sociétés capitalistes en une scène de théâtre absurde, uniquement dirigée par une poignée d’orateurs à l’esprit tordu. Où sont passés les philosophes de la Grèce Antique ? Eux, au moins, comme bon nombre d’autres peuples sauvages que Lafargue n’hésite pas à rappeler, avaient compris la nature aliénante du travail. Ces civilisations sont brandies comme des modèles, souvent comparées d’une manière caricaturale –mais drôle- à notre pauvre société qui s’est créée son propre malheur.



Lafargue a toutefois beau forcer le trait –procédé auquel on le sent obligé de recourir s’il se veut efficace, eut égard à la brièveté de son manifeste- jamais il ne paraît réducteur. L’enfermement dans lequel nous vivons ne provient que d’une chose : l’erreur qui est la nôtre lorsque nous pensons nous émanciper par le biais du travail acharné. Etant donnés les progrès techniques et technologiques qui caractérisaient la société du 19e siècle, 3 heures de travail quotidien auraient suffi à assurer son bon fonctionnement. Mieux que cela, tout le monde aurait enfin pu occuper une fonction et aurait disposé de suffisamment de temps pour se consacrer à ce que tout bon employé rêve de faire lorsqu’il s’image en vacances, mais qu’il ne fait jamais lorsqu’il l’est enfin –effrayé par la perspective de tout ce temps d’oisiveté qui se présente face à lui- : se prélasser, passer du temps en bonne compagnie, faire ripaille, se promener, instruire son esprit…



Heureusement que Lafargue n’exclut pas l’activité intellectuelle –modérée et motivée par le plaisir- de son Droit à la paresse : on se sentirait presque coupable de ne pas occuper notre temps libre à faire plutôt une petite sieste…Mais, au fait, pourquoi prendre de son temps libre pour effectuer cette lecture ? L’idéal reste certainement de lire ce manifeste pendant ses heures de travail, détournant ainsi la productivité de ses quotas de rendement exigés, et effectuant un bel hommage à la pensée de Lafargue… !




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La cité du soleil

Dans un long dialogue entre un Chevalier de l’Ordre des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem et un marin génois de Christophe Colomb, le moine dominicain d’origine calabraise Tommaso Campanella (1508-1588) définit « l’idée d’une réforme de la République chrétienne ». Si la cité idéale qu’il décrit présente des aspects proprement totalitaires dans son organisation et profondément théocratiques, elle repose également sur l’égalitarisme, l’abolition de la propriété privée et de l'argent.

(...)

Quelques belles intentions donc, mais assorties d’une organisation impitoyable, jusque pour la procréation, les charges, les métiers et les efforts. Si l’on ne travaille que quatre heures par jour, c'est en exerçant une profession révélée par l’horoscope. « LE MEILLEUR DES MONDES » avant l’heure, en quelque sorte.



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Le Droit à la paresse

Ah, que c'est bon, ce style pamphlétaire fin XIXème ! Plein d'hyperboles, de caricatures grivoises d'illustres politiques et capitaines d'industrie aujourd'hui totalement oubliés, ça sent encore la poudre de 48 et déjà tellement la Première Internationale... L'athée cite la Bible pour "confondre les jésuites", et le révolutionnaire, contre les moralistes, Platon, Cicéron, Hérodote, Xénophon, et j'en passe. Et puis, quel personnage tragique, que ce gendre de Marx !

Vous voulez en goûter, de l'hyperbole ? Tenez :

"La France capitaliste, énorme femelle, velue de la face et chauve du crâne, avachie, aux chairs flasques, bouffies, blafardes, aux yeux éteints, ensommeillée et bâillant, s'allonge sur un canapé de velours ; à ses pieds, le Capitalisme industriel, gigantesque organisme de fer, masque simiesque, dévore mécaniquement des hommes, des femmes, des enfants, dont les cris lugubres et déchirants emplissent l'air ; la Banque à museau de fouine [tiens tiens, déjà !], à corps d'hyène et mains de harpie, lui dérobe prestement les pièces de cent sous de la poche." (p. 80)

Une gourmandise littéraire que ce style, donc, qui valut à l'auteur d'être d'autant moins pris au sérieux qu'il a été souvent cité.

Et si, comme le suggère le préfacier (Paul Allies), ce petit opuscule avait mis le doigt sur la plaie que le communisme ne sut pas comprendre, à savoir le lien entre travail-croissance, surproduction et appauvrissement des classes laborieuses (cessons de parler de prolétariat !), avec une appendice non moins néfaste pour les "capitalistes" ? Eh oui ! dans ce cas, il s'agirait bel et bien d'une prémonition quasi prophétique, qui devrait avoir résisté à l'épreuve du temps, qui devrait valoir plus que la "nécessité historique" marxienne, en fait qui serait toujours d'actualité (même si la plupart des idées secondaires sont amplement périmées)...

Personnellement, je me suis fait ma petite idée là-dessus : jugez-en pour vous-mêmes si ça vous intéresse :

"Travaillez, travaillez nuit et jour ; en travaillant, vous faites croître votre misère, et votre misère nous dispense de vous imposer le travail par la force de la loi. L'imposition légale du travail donne trop de peine, exige trop de violence et fait trop de bruit ; la faim, au contraire, est non seulement une pression paisible, silencieuse, incessante, mais comme le mobile le plus naturel du travail et de l'industrie, elle provoque aussi les effets les plus puissants." (cité p. 39)



"... le grand problème de la production capitaliste n'est plus de trouver des producteurs et de décupler leurs forces, mais de découvrir des consommateurs, d'exciter leurs appétits et de leur créer des besoins factices." (p. 62)



"Tous nos produits sont adultérés pour en faciliter l'écoulement et en abréger l'existence. Notre époque sera appelée "l'âge de la falsification", comme les premières époques de l'humanité ont reçu les noms "âge de la pierre", d'"âge de bronze", du caractère de leur production." (p. 64).



Eh bien, pour être daté 1880, chapeau bas !
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La cité du soleil

Dans La Cité du Soleil, Campanella décrit la communauté qu’il aurait voulu créer si sa conspiration avait réussi. (Campanella est incarcéré 26 ans à Naples) Tout au long de sa vie, il a également cherché à convaincre un souverain de l’aider à instaurer un gouvernement théocratique européen. Il s’est adressé au roi d’Espagne, au roi de France et même à Richelieu. Mais sans succès.

Le titre de l’œuvre est emprunté notamment à un texte éponyme datant de 135 avant J.-C. et rédigé par Iambule, un écrivain grec. Le texte original, qui est perdu, fait partie, selon Régis Messac, des premières utopies jamais écrites. Pour le contenu, Tommaso Campanella s’inspire de La République de Platon, qu’il cite. Il évoque aussi saint Augustin et reprend certains éléments de More. Il s’appuie sur la doctrine des premiers chrétiens, et, pour l’eau, les égouts et l’hygiène, des Romains (« ils se servent de bains et de thermes semblables à ceux des Romains »). Enfin, il utilise son expérience de la vie monastique.

e livre se présente sous la forme d'un dialogue entre un grand maître des Hospitaliers (dans le texte abrégé en « HOSP ») et un capitaine de vaisseau génois (« GEN »), son hôte, qui raconte ce qu’il a vu dans la Cité du Soleil. Cette utopie n'est rien moins que le reflet de l'univers créé par Dieu et qui doit donc fonctionner à l'image de la nature. La Cité du Soleil est certes un rêve prophétique, mais pour Campanella, elle représente également la projection d'un âge d'or possible.
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Le Droit à la paresse

Oh la la la vie en rose

Le rose qu'on nous propose

D'avoir les quantités d'choses

Qui donnent envie d'autre chose

Aïe, on nous fait croire

Que le bonheur c'est d'avoir

De l'avoir plein nos armoires

Dérisions de nous dérisoires.



Alain Souchon - Foule sentimentale.





Paul Lafargue, gendre de Karl Marx a écrit en 1890 ce pamphlet dans lequel il dénonce l’attachement addictif au travail.

Bon c’est vrai qu’avec la révolution industrielle, on avait un peu exagéré avec des journées de travail de 13 ou 14 heures, hommes, femmes et enfants ruinaient leur santé à la tâche mais à bien y réfléchir, comme il le dit en page 59, c’est dans les pays pauvres que le peuple est à son aise et dans les pays riches qu’ il est pauvre.

En se serrant le ventre, la classe ouvrière a développé le ventre de la bourgeoisie condamnée à la surconsommation, ce qui n’est pas bon pour ses artères. On a créé des besoins pour les consommateurs mais comme cela ne suffisait pas à épuiser les stocks, on a créé ces mêmes besoins aux peuples coloniaux qui n’en avaient que faire. Comme cela ne suffisait toujours pas, on a réduit la durée de vie des produits (ce qu’on appelle aujourd’hui l’obsolescence programmée) pour fournir toujours plus de travail aux ouvriers qui ne pouvaient pas se résigner à vivre les bras croisés. On inventa ensuite la mécanisation qui devait libérer l’homme du travail, on peut constater qu’il n’en est rien. Enfin, on a rationné le travail en inventant le chômage comme on rationne l’eau sur un navire en détresse.

Pourtant, il savait déjà même s’il ne le dit pas en ces termes qu’une réduction du temps de travail peut augmenter la productivité. Pour lui, le droit au travail n’est qu’un droit à la misère.

Pour lui, on pourrait ne travailler que 3 heures par jour, le temps libéré permettrait de prendre du bon temps et développerait la créativité. Un adepte de la simplicité volontaire avant l’heure ? Ce texte est étonnant !



Je viens de prendre ma retraite après avoir cotisé mes 168 trimestres et qu’est-ce que je fais depuis ? Je marche 10 km par jour et je m’impose des heures de lecture et des critiques sur Babelio. Il me faut apprendre à glandouiller, à siroter mon café en terrasse en regardant les gens qui vont bosser. De plus, je n’ai pas besoin de marcher à 6 km/heure puisque j’ai le temps. Il y a bien là un conditionnement dont il faut apprendre à se détacher. Il faut que j’apprenne à me promener plutôt que de crapahuter comme un bourrin…

Merci Monsieur Lafargue !





Challenge ABC

Challenge Riquiqui 2022.



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Le Droit à la paresse

« Une étrange folie possède les classes ouvrières des nations où règne la civilisation capitaliste. Cette folie traîne à sa suite des misères individuelles et sociales qui, depuis des siècles, torturent la triste humanité. Cette folie est l'amour du travail, la passion moribonde du travail, poussée jusqu'à l'épuisement des forces vitales de l'individu et de sa progéniture. »



L'introduction donne tout de suite le ton de l'ouvrage : Lafargue s'indigne avec vigueur contre le « droit au travail » que réclament les ouvriers, et milite pour qu'au contraire, ils travaillent un peu moins et s'occupent un peu plus de leur loisir.



Il me manque peut-être des éléments pour comprendre vraiment le but de l'auteur, mais je reste très sceptique. Comme disait Coluche : « A la télé ils disent tous les jours : “Y a trois millions de personnes qui veulent du travail.” C'est pas vrai : de l'argent leur suffirait.  » Et ça me semble le nœud du problème : la plupart des gens qui réclament du travail ne le fond probablement pas pour avoir le plaisir de passer des heures de plus dans l'entreprise, mais plutôt pour arrêter de compter les centimes en fin de mois, rajouter un peu plus de viande au menu, moins craindre les ordonnances du médecin ou savoir offrir des études à leurs enfants.



Ce pamphlet me semble donc ne concerner qu'une petite partie des travailleurs, ceux qui peuvent facilement se permettre de sacrifier une part de salaire pour le consacrer aux loisirs. Ou alors, il faut expliquer dans un autre livre comment instaurer une société purement égalitaire, qui songerait avant tout à combler les besoins de tous, avant de penser au luxe. Le livre sera sûrement beaucoup plus épais, parce que de nombreuses solutions ont déjà été proposées, mais avec bien peu de réussite.
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Le Droit à la paresse

Écrit en 1880, c'est un pamphlet. Ce n'est pas un hymne à la paresse comme le titre pourrait le laisser supposer, c'est l'affirmation argumentée du droit aux loisirs et à la réglementation du temps de travail. L'auteur pointe le temps de travail excessif qui induit la surproduction et, paradoxalement, le chômage qui s'ensuit. Il critique vertement la bourgeoisie aux commandes économiques depuis la Révolution de 1789 pour avoir contribué à cet état de faits en réduisant drastiquement les jours fériés. Contre la religion du travail il prône en quelque sorte une société du temps libre.

Je ne jugerai pas ce livre avec des arguments économiques. J'ai avant tout pris goût à un pamphlet qui tape tous azimuts, la bourgeoisie en tête, les milieux industriels, les économistes et même le prolétariat responsable pour une part de sa situation.

Voilà une lecture vivifiante qui résonne particulièrement aujourd'hui, alors que peu à peu la sobriété s'impose, et que, plus radicalement, la décroissance est envisagée par certains.
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Le Droit à la paresse

Lecture idéale pour la rentrée ? Peut-être, même s'il m'a fallu, cet après-midi même, dénier ce droit si précieux à quelques élèves encore en week-end... Le propos de ce bouquin est intéressant, car il sonne encore comme une provocation face à l'idéologie dominante, celle du travailler plus pour gagner plus et du calcul du mérite en fonction des heures passées à bosser. Certes la rhétorique prolétarienne du beau-fils de Marx semble un peu dépassée, mais sa critique de la surproduction, de l'allongement non nécessaire des horaires de travail, des bienfaits supposés du boulot constant, me séduit. Il prône un maximum de trois heures de travail par jour et prétend que cela est possible, étant donné la machinisation, et surtout, et c'est là que j'abonde dans son sens, que c'est ainsi qu'on rendra l'homme épanoui. L'oisiveté, la glandouille, les grandes ripailles, les bénichons, les recrotzons, les bals des pèdzes, un peu de lecture, un peu de musique, un pique-nique, des grillades, un après-midi à la piscine, un peu de surf sur la vague Internet, une sieste crapuleuse, n'est-ce pas plus bénéfique qu'une journée à corriger les réponses critiques de mes élèves que, cet après-midi, j'aurais mieux fait de soulager, en les laissant faire la sieste qui manifestement les attirait irrésistiblement.

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Le Droit à la paresse

J'ai eu beaucoup d'agrément à lire ce petit bouquin qui bien que datant de 1880 et des poussières m'est apparu bigrement actuel ! Travail, bourgeoisie, capitalisme, surproduction, exploitation, prolétariat, rien ne nous dépayse…. Et des vauriens de tous ordres, en veux-tu en voilà, il suffit juste de substituer les noms de ceux d'hier avec ceux aujourd'hui ….
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Pie IX au Paradis

Juste un drôle de livre, on se dit où est ce qu'il va ramasser tout ça, ce Lafarque! Il nous plonge dans une église en perte de vitesse de ses saints, qui, eux, à leur tour, vivent une crise de foi, un paradis malade de sagesse avec un Dieu le père vieux, malade et insolent, un Jésus en bon gentleman qui s'informe plutôt de la mode, des femmes sur la terre lorsque Pie IX vient lui annoncer la crise que traverse l'église...



Enfin, une grande liberté dans la manière de traiter la chose de religion... Hé bien pourquoi pas, on essaie de rire un peu sur ce qui engendre toujours silence et méditation. Surprenant à lire!
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Le Droit à la paresse

Lafargue propose à la France de la Révolution industrielle des journées de trois heures de travail. de quoi faire rugir les détenteurs du capital mais aussi les rouges défenseurs de l'internationale.

Livre carrément impertinent mais rudement intéressant.

Le dit Paul se maria avec la fille de Marx, Laura : ils mirent fin ensemble à leurs jours au cours de leur 69eme année puisqu'ils s'étaient promis ne pas dépasser la deadline des 70 ans ! Quand on pense que leur sépulture est au père Lachaise, au pied du mur des fédérés !



Bref, Lafargue invite à l'oisiveté, l'hédonisme, et au travail avec parcimonie. Dans un monde où on chipote autour des 35 heures, autant dire que Lafargue n'a pas encore connu le grand soir.



Ce qui m'a le plus intriguée c'est l'évocation d'une société qui produit de la pacotille. Il parle d'une société industrielle en plein "âge de la falsification", comme on a qualifié les époques antérieures "âge de pierre" ou "âge de bronze". Très pertinent. Plus on consomme, plus on travaille et fait travailler, pour fabriquer des biens sans grande durée de vie...La machine était en marche il y a 150 ans, le phénomène n'a fait que s'amplifier. La pandémie sera-t-elle le frein à cette frénésie du travail et de la consommation ?



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La Légende de Victor Hugo

Comme je suis heureux d'avoir lu Les Misérables avant ce petit livre de Paul Lafargue. Et comme je suis heureux d'avoir lu Lafargue faire descendre du piédestal sur lequel j'avais tendance à le placer, Victor Hugo. Car ce livre, plus que tous les débats que j'ai pu suivre sur la question, m'aura fait "évoluer". Quelle question ?

J'avais l'esprit du côté de ceux qui pensent que l'on ne peut pas distinguer l'oeuvre de l'auteur. Et pour cause, une oeuvre n'est pas un travail "ordinaire" : Hannah Arendt dans La condition de l'homme moderne (et justement contre la vision marxiste du travail) distingue l'oeuvre (destinée à imprimer le monde de l'empreinte de l'homme), du produit de son travail (destiné à une consommation immédiate, produit de la nécessité de vivre). Et si c'est l'action qui tient la place la plus noble dans sa trilogie (travail, oeuvre, action), seule à même de réellement permettre de créer le lien entre les hommes (un lien qui ne se médiatise pas dans une production, fut-elle "oeuvre"), la réalisation de l'oeuvre, se distingue malgré tout du travail. Elle n'est pas aliénante, mais est libération. Car, pour Arendt, l'oeuvre implique la maitrise, elle symbolise l'homme autonome ; contre le travail qui, précisément, en est la négation (comme l'organisation scientifique du travail en est la plus parfaite illustration). Par l'oeuvre, l'homme s'exprime véritablement et agit sur le monde, le façonne à son image [pour le meilleur et pour le pire d'ailleurs]. Quand pour Marx, non sans une certaine ambiguïté (peut-être liée à celle du concept de travail lui-même), c'est par le travail qu'il y parvient ; tout en critiquant les conditions de sa réalisation dans un monde bourgeois.

Alors, oui sans doute, Lafargue a raison de montrer que le socle d'une de nos plus illustres figures littéraire est bien bancale, que la pierre de cet homme statufié est bien friable pour peu que l'on gratte le vernis... peut-être même vermoulue, rongée par les vers de l'avarice et d'un "hugoïsme" pire que tout égoïsme. Mais outre que tout "grand" homme a ses ambivalences, pour ne pas dire ses vices (le père de l'épouse de Lafargue lui-même, son maître à penser, Karl Marx, n'a-t-il pas vécu au crochet d'Engels, qui tirait sa fortune de la propriété de moyens de production industriels ? Pire : Marx n'a-t-il pas abusé de certaines des femmes qu'il employait comme personnel de maison comme l'aurait fait le pire des bourgeois ?), outre cela donc, on peut, peut-être, considérer que c'est l'oeuvre qu'il laisse qui importe le plus (l'oeuvre de Marx est immense et sans conteste, pour moi, un bien fait pour notre compréhension des rapports sociaux). Et voilà que, lisant la face sombre de Victor Hugo, je me mets à douter plus encore de ce que je croyais : l'homme, sans doute, DOIT ÊTRE, précisément, distingué de son oeuvre, à tout le moins lorsque celle-ci est plus grande que lui, c'est-à-dire lorsqu'elle nous permet, comme le disait si bien Orwell, de devenir plus humains.

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La Légende de Victor Hugo

S'attaquer à une légende nationale est assez périlleux. Pourtant, Paul Lafargue ose le faire. L'auteur du "droit à la paresse" et gendre de Karl Marx ne fait pas partie de ceux qui admire le maître.

Avec "La légende de Victor Hugo" il montre que l'écrivain républicain est un bourgeois arriviste.

Il s'agit d'un pamphlet écrit après l'euphorie des funérailles nationales et la panthéonisation du poète.

Avec humour mais de façon argumentée il critique celui qui a su jouer avec son image. Lafargue décrit avec humour celui qui est devenu royaliste très jeune et poète par intérêt, bourgeois devenu républicain qui a toujours su placer son argent.

Paul Lafargue accuse Hugo de faire une littérature qui met ses idées au service de la bourgeoisie souveraine, maîtresse du pouvoir social. Il dénonce le fait que sa renommée lui importait avant tout et prétend que la mise en scène de ses funérailles est le couronnement de sa carrière de comédien.

Il ne peut quand même pas nier qu'Hugo a oeuvré contre la peine de mort mais il pense que sans la lutte pour la justice sociale, c'est inutile.

Certes il y a une part de vérité car Victor Hugo devait être mégalomane et le fait qu'il soit avide d'argent n'est pas surprenant vu le nombre de maîtresses qu'il devait entretenir. Pour autant, c'est drôle d'égratigner un peu les génies mais cela ne va pas faire tomber de son piédestal celui qui a laissé une oeuvre que beaucoup lui envient.

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Le Droit à la paresse

Un droit absolument ...imprescriptible
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Le Droit à la paresse

Cet ouvrage tout à fait rafraîchissant est l'oeuvre du beau-fils de Marx. Cette position familiale n'est peut être pas aussi anodine qu'il y paraît. Alors que beau-papa ne parlait que de l'homme en tant que producteur, Lafargue fait l'apologie de la paresse, de l'action non contrainte ce qui le rend éminemment plus sympathique. Bon, je ne suis pas objectif. Lisez ce Droit à la Paresse il en restera toujours quelque chose!
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Le Droit à la paresse

Alors que l’on chipote aujourd’hui à propos de la semaine de 35 heures, Paul Lafargue (1842-1911) proposait dès 1880 des journées de trois heures. Dans ce manifeste audacieux, il s’indigne que le prolétariat se soit laissé pervertir par le dogme du travail, proclamé comme principe révolutionnaire.



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La Légende de Victor Hugo

Lafargue, nous dit le texte en quatrième de couverture, est en prison au moment des funérailles de Victor Hugo, et c'est là qu'il écrit ce réjouissant petit livre qui ne laisse plus grand chose debout du Grand Homme, dont il montre les incessantes compromissions avec tous les pouvoirs successifs, même avec celui de Napoléon III qui lui fournit l'occasion de se refaire une virginité révolutionnaire. Une lecture indispensable et revigorante, un livre vraiment insolent, pour une fois.

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La cité du soleil

Utopie et politique.



Ce texte – ouvrage de philosophie politique - publié une première fois en 1604 se présente sous la forme d’un dialogue entre deux interlocuteurs : le grand maître des hospitaliers et un capitaine de vaisseau génois, son hôte.

Il s’agit d’une utopie écrite par le moine dominicain et philosophe italien Tommaso Campanella (1568-1639) en 1602 durant son emprisonnement.

L’hospitalier demande au marin génois de lui raconter son voyage et ses particularités, sa découverte de la Cité du Soleil, sa rencontre avec le peuple des Solariens.

S’en suit un long dialogue – texte riche sur une société égalitaire - décrivant la Cité du Soleil, société idéale organisée selon des principes philosophiques et religieux.



La Cité du Soleil ou Idée d’une république philosophique.



Une lecture réflexion, découverte grâce à ma fille au cours de ses études.

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Le Droit à la paresse

Pamphlet affirmant haut et fort le droit à la paresse contre le droit au travail revendiqué par les prolétaires eux-mêmes. A l'époque, des hommes, des femmes et des enfants travaillaient douze heures par jour pour simplement survivre. Paul Lafargue n'y va pas par quatre chemins en appelant de ses vœux un temps de travail quotidien de trois heures au plus. Nous en sommes légalement, en France, à sept ou huit sans compter les week-ends, congés payés et jours fériés. Le cadre de vie a beaucoup changé, peut-être pas pour toute l'humanité. La problématique d'un système obligeant à produire et à vendre pour vivre, en dépit de graves déséquilibres humains et désormais écologiques, sans parler de l'aliénation personnelle, conserve toute son emprise infernale.
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