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Critiques de Paulette Jiles (46)
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Des nouvelles du monde

En 1870, au Texas, la loi et la justice sont deux notions aux contours flous.

L'état s'apprête à rejoindre l'Union, mais le gouverneur Davis , qui défend les minorités noires, interdit le port d'arme (le pauvre , il doit se retourner dans sa tombe) divise et le pays est à feu et à sang. Si l'on ajoute les ethnies indiennes voisines qui multiplient les raids , on a une vague idée du climat.

Le capitaine Kidd est un ancien de la guerre de sécession. Aujourd'hui il parcourt les routes pour lire les journaux aux populations locales.

Dans une ville à la frontière indienne, on lui confie une petite enlevée quelques années plus tôt afin de la ramener dans sa famille , à l'autre bout de l'état.



C'est un livre plein d'humanisme, avec en toile de fond l'histoire mouvementée d'un état en quête d'identité et d'émancipation.

L'auteur navigue très bien entre justement cette plongée dans l'histoire et la vie personnelle du capitaine , qui à elle seule est aussi un raccourci de la grande histoire.

On est dans les grands plaines ou dans les rocheuses, on s'attend à voir débouler John Wayne ou Clint Eastwood dans les rues de Dallas, encore bourgade innocente des restes de houille. Les saloons, le pianiste, les colts et les petits métiers des "honnêtes gens " se bousculent au fil des pages qui nous font traverser le Texas.

On ajoute quelques frayeurs, du suspense , un peu de nature writing et une rencontre made in "Petit Prince" entre le papy au cœur d'or, épris de justice, et la petite rebelle et l'on obtient un très bon roman.

Un dernier petit mot sur le papy justement / un bau personnage , droit dans ses bottes , qui a subi les affres de la vie , la méchanceté et la cupidité des hommes et qui offre au crépuscule de sa vie une bien belle image de l'être humain.

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Des nouvelles du monde

"Au panthéon du western, entre True grit et Lonesome dove - Charles Frazier" dit le bandeau qui appâte le chaland sur la version Folio de ce superbe western. Une fois n'est pas coutume, je me suis laissée prendre par cette accroche alléchante, et je n'ai pas été déçue car deux fois ne sont pas coutume : ce slogan est fondé.

Il y a en effet du True grit dans le couple de héros, un vieux soldat revenu de tout qui s'engage à ramener vers sa famille une gamine de dix ans tout juste reprise aux Indiens kiowas qui l'avaient enlevée quatre ans plus tôt.

Y résonnent aussi des accents de Lonesome dove dans leur traversée du nord au sud du Texas de 1870 en pleine mutation, où la liberté et la violence du Far West laissent inexorablement la place à la violence plus sourde de la civilisation.

Mais ce western chante aussi sa propre musique qui vaut vraiment d'être découverte, même par ceux qui ne sont pas particulièrement amateurs de westerns : outre une évocation formidable de la nature âpre et riche du Texas, propre à forger les caractères, ce roman vaut par les deux puissantes figures qu'il met en scène et la relation profonde et émouvante qu'ils parviennent à tisser entre eux; lui, le vieil homme revenu de tout, apportant aux contrées les plus reculées les nouvelles du monde les plus éloignées de l'actualité bestiale et futile du moment; elle, la flambloyante môme deux fois arrachée aux siens, génétiquement blanche mais dont chaque cellule est devenue indienne, jetant sur le monde occidental le regard farouche et incrédule des enfants.

Poignant, rêche, sensible, ce western écrit par une femme pose un regard singulier sur l'histoire du grand ouest américain, tout en respectant le meilleur des codes du genre.
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Des nouvelles du monde

Il était une fois un capitaine à la retraite qui parcourait la campagne texane, en dodelinant sur sa mule et son chariot bringuebalant. Texas 1870, il erre, l’air sobre et triste d’un veuf, en proposant entre deux comptoirs, la lecture de quelques journaux lointains. Il a l’art de captiver son auditoire, avec ses histoires de guerre franco-prussienne, ses légendes en terre indienne, ses aventures au-delà des mers. Une petite boite de conserve passe d’ailleurs entre les gens, quelques pièces et piécettes émettent une mélodie métallique lorsqu’elles touchent le fond de celle-ci. Voilà de quoi se payer ce soir un verre de whisky.



Une pièce d’or en échange d’un service : ramener cette gamine un peu sauvage à sa famille dans le sud texan. Johanna avait été capturée par une tribu indienne kiowa et a vécu ainsi comme une « sauvage » pendant plus de quatre ans. L’aventure commence à travers les chemins détournés et poussiéreux du Texas. Des instants de sourire sous le regard de la lune, des moments teintés d’émotion, des coups de feu et de la poussière soulevée, le Far-West lointain joue de l’harmonica, et des nouvelles du monde.



Des rencontres et des dangers à partager, cette longue promenade loin d’être bucoliques sera surtout l’occasion de s’apprivoiser, deux êtres sensibles à la poussière et à la solitude, au caractère fort comme un vieux Tennessee Rye qui râpe la gorge. Pas besoin de parler la même langue pour se comprendre, un regard ou un silence parfois suffit. Parfois seulement. C’est aussi l’occasion de manger de la poussière authentique, Paulette Jiles étant dans son élément, un roman écrit dans son ranch près de San Antonio.



Un western donc, avec quelques indiens, sans bisons – probablement déjà tous massacrés dans cette contrée, réduits au silence dans des prairies asséchées, vite une bière -, des saloons et des bagarres avec chaises fracassées et l’indispensable poussière de la vie.
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Des nouvelles du monde

A peine cinq après la fin de la guerre de Sécession, les Noirs affranchis peinent à trouver leur place, ils sont souvent éclaireurs ou convoyeurs. Ils croisent au hasard des voyages le capitaine Jefferson Kyle Kidd, un vétéran de la guerre - guerre séminole et du Mexique. A soixante douze ans, il sillonne les petites villes du Texas où il organise des lectures pour diffuser les nouvelles locales ou plus lointaines et exotiques, - en évitant les sujets politiques qui peuvent dégénérer en bagarres générales. Britt l'un des convoyeurs confie au Capitaine, le soin d'accompagner une petite kiowa, âgée de dix ans et de la ramener à la famille qui lui reste. Blonde aux yeux bleus elle a en fait été kidnappée six ans plus tôt, ses parents ont été tués lors de l'attaque, elle n'a aucun souvenir de sa famille et ne parle plus sa langue maternelle ayant été élevée dans la tribu qui l'a enlevée. le Capitaine décide de la nommer Johanna.

Le long périple commence, un trajet de plusieurs centaines de kilomètres, où ils devront affronter les dangers, des rencontres menaçantes, les difficultés de communication, le temps de se découvrir, de se faire confiance et de s'apprivoiser.



Paulette Jiles offre avec Des nouvelles du monde un très beau roman à la fois historique et d'apprentissage, qui aborde de façon très humaine l'enlèvement d'enfants des colons par les tribus amérindiennes, des enfants qui restent traumatisés et qu'il est difficile de réadapter quand ils retrouvent leur famille, après avoir partagé pendant plusieurs années, la vie de leurs ravisseurs devenus par la force des choses des parents protecteurs, des enfants qui ont oublié leur langue maternelle. le Capitaine qui accompagne cette petite fille arrivera, grâce à de la patience et de l'empathie, à apprivoiser la petite Johanna, traversant avec elle mille dangers et essayant de la préparer à vivre dans une société pétrie d'obligations et d'interdits, alors qu'elle vivait libre, au plus près de la nature.

Deux êtres qui au long de ce périple vont se découvrir et un très beau roman sensible et fort.
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Des nouvelles du monde

Un long trajet à travers le Texas attend le lecteur qui s’attarde d’abord sur la carte présentée en ouverture afin de s’imprégner de ce parcours reliant Wichita Falls au nord du Texas, à San Antonio bien plus au sud de cet État.

En cette année 1870, ce déplacement se fera au rythme des chevaux et aux sons des grincements du chariot.

Le capitaine Kidd, 71 ans, a déjà trois guerres derrière lui dont la dernière en date qui l’a réduit à devenir lecteur public de journaux pour subsister, au jour le jour. L’amertume l’emplissait désormais et il évitait, autant que possible, de donner les nouvelles locales susceptibles de déclencher réactions et emportements de la foule. Il aimerait encore croire que les nouvelles qu’il apporte du monde entier puissent être synonymes de pacifisme dans son pays.

À Wichita Falls, il se voit confier une fillette de dix ans, Johanna, capturée quatre années plus tôt lors d’une attaque sanglante donnée par les Indiens Kiowas. Mais Johanna est désormais habitée par la culture indienne, son immobilité et son regard hostile dénoncent ce nouvel arrachement à sa famille d’adoption.



Ponctué tout de même de quelques embûches, ce voyage s’oriente essentiellement autour de la relation, douce et progressive, qui se profile entre le vieil homme et Johanna. Il faut tout de même garder à portée de main un bon revolver ou un vieux fusil de chasse et guetter le danger derrière les bosquets de chênes verts.

C’est une belle histoire où il ne faut pas chercher des rebondissements aventureux mais savourer la communication qui s’établit entre ces deux êtres. L’avancée se déroule au rythme des lectures des nouvelles d’un monde lointain et aux sons des grésillements du bacon qui frit sur le réchaud. L’apprentissage des attitudes et de la langue des Blancs pour Johanna est douloureux. On devine aisément ses difficultés de réadaptation, contrainte à basculer dans sa culture natale qui ne lui convient plus.



Sans être vraiment développé pour ne pas prendre trop de place dans le récit, le contexte historique est néanmoins bien présent : l’assimilation très progressive des Noirs affranchis, la loi martiale encore en vigueur au Texas…



Un petit point négatif ressenti le long de ce parcours serait une narration un peu lassante, un ton trop uniforme avec de nombreuses phrases débutant par « Il ». Peut-être dû à la traduction ?



La beauté de l’histoire estompe ce désagrément et laisse planer en fin de lecture les premiers sourires de Johanna et le visage serein du capitaine Kidd, abrité sous son chapeau à larges bords.

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Des nouvelles du monde

Un roman émouvant, en plein territoire indien, au Texas. Le Capitaine Kyle KIDD , âgé de plus de 70 ans, accepte de prendre en charge une fille, enlevée par les Kiowas, à l’âge de 6 ans et en ayant 10 à ce moment de l’histoire, et de la ramener chez sa tante et son oncle, ses parents ayant été massacrés lors de ce rapt.



Le Capitaine Kyle KIDD parcourt le Texas, alors en ébullition, et raconte, à chacune de ses étapes, au public, les nouvelles du monde qu’il trouve dans les journaux. Il faut dire qu’il parle plusieurs langues et peut faire rêver son public par les articles qu’il leur lit à haute voix, venant de contrées lointaines. C’est de cette façon qu’il gagne sa vie.



Cette fois, il sera accompagné de Johanna. Ils vont braver bien des dangers. Ils parcourront plus de 600 km ensemble, ils s’apprivoiseront et un lien indéfectible va se nouer entre eux. D’autant plus que Johanna n’a plus aucun souvenir de sa petite enfance, sauf quelques bribes qui reviendront au fil du temps. Elle va devoir se réadapter à cette nouvelle vie et en cela, le Capitaine KIDD l’y aidera.



Il va bien falloir, au bout de ce voyage se séparer. Comment le vivra Johanna ? et comment sera-t-elle accueillie par sa famille ?



« Une histoire fascinante qui en dit long sur ce que signifie veiller sur quelqu’un et trouver sa place dans le monde » - Tracy CHEVALIER



Je ne pourrai mieux dire. Un grand merci à Jérôme « fannyvincent » pour m’avoir fait découvrir ce livre.
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Des nouvelles du monde

Texas 1870.

Le capitaine Jefferson Kyle Kidd, veuf, solitaire, ancien soldat, gagne sa vie en allant de ville en ville pour faire des lectures publiques de journaux. Un soir, à la fin d’une de ces lectures, il se voit confier la mission de reconduire la petite Johanna, auprès de son oncle et sa tante.

Johanna, dix ans, unique rescapée de sa famille massacrée par les indiens, élevée comme l’une des leurs par ceux qui ont tué les siens.



Commence alors un voyage mouvementé, une traversée de tous les dangers dans cette contrée où les lois ne concernent que ceux qui veulent bien les respecter.

Un voyage intérieur et salvateur aussi, entre le vieil homme qui n’attend plus grand-chose de la vie et la toute jeune fille qui démarre la sienne dans la violence.

Alternant les épisodes de bravoure et les scènes intimistes, Paulette Jiles tisse autour de ses personnages un récit à la fois captivant, émouvant et intelligent !

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Des nouvelles du monde

Un voyage entre Wichita Falls et San Antonio à l’époque du Far-West.

Un voyage qui nous amène à réfléchir sur les relations humaines tout en passant un agréable moment de lecture.

La relation entre un vieil homme et une jeune fille élevée par les indiens est le fil conducteur du roman. Depuis le commencement un peu difficile jusqu’au dénouement très poignant.

Un seul regret pour ma part, je trouve le livre un peu trop court. J’aurais apprécié que l’auteur prenne plus de temps pour décrire les personnages, leurs histoires et leurs psychologies.

Le livre fait 230 pages mais je trouve qu’il aurait pu en faire plus afin de devenir un grand roman.

Pour les amateurs de western, Far-west et cow-boys c’est vraiment un roman à lire.



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Des nouvelles du monde

"Des nouvelles du monde" est le premier roman de l'Américaine Paulette Jiles à être publié chez nous. Il aborde un sujet très intéressant : celui des enfants Blancs capturés puis élevés par des Indiens, et qui une fois rendus à leur famille d'origine doivent se réadapter à leur ancienne culture, de gré ou de force. Kidnappée très jeune par des Indiens Kiowas, Johanna a perdu l'usage de sa langue maternelle et n'a plus aucun souvenir de la vie "civilisée". Hormis son apparence, elle a tout d'une véritable Kiowa et se serait volontiers contentée de grandir dans la Prairie avec sa famille d'adoption. Pas de chance pour elle : le Bureau des affaires indiennes a obtenu qu'elle soit restituée à un oncle et une tante qui lui sont totalement étrangers. Pour les rejoindre, Johanna va devoir parcourir le Texas dans le chariot d'un vieil homme, ancien soldat, qui gagne sa vie en allant de ville en ville pour lire la presse nationale et internationale à ceux qui n'y ont pas accès...



Avant d'aller plus loin, on va évacuer les points qui fâchent :



1/ Je lis beaucoup de romans anglo-saxons se déroulant aux 18ème et 19ème siècles, et j'en ai assez de voir les protagonistes manipuler des "mousquets". Le mousquet est une arme à feu utilisée aux 16ème et 17ème siècles (il suffit de penser aux Mousquetaires de Dumas), pas plus tard. En anglais, certains types de fusils primitifs sont appelés "muskets", d'où l'erreur de traduction récurrente... qui n'est faite qu'une fois dans "Des nouvelles du monde", ce qui est un moindre mal par rapport à d'autres ouvrages. Mais il fallait que ce soit dit.



2/ J'évoquais la chose il y a peu de temps dans ma critique de "Orphelins de Dieu" de Marc Biancarelli, mais après ma lecture de "Des nouvelles du monde" il semble que les dialogues dépourvus de guillemets ou de tirets ne soient pas un mal uniquement français. Paulette Jiles pousse le vice jusqu'à intercaler un tas d'indications scéniques dans ses dialogues, ce qui renforce leur illisibilité... Mais pourquoi ? Quel est l'intérêt de rendre la lecture plus ardue, de manière aussi artificielle ?



3/ Il y a enfin l'éternel problème des phrases nominales, même si Paulette Jiles n'en abuse pas trop comparé à nombre de ses contemporains. Je me demande toujours comment un auteur peut estimer qu'il est pertinent d'écrire : "D'un côté se dressait un massif de graminées, gracieuses et vertes. Terminées par de grandes têtes à plumes." au lieu de : "D'un côté se dressait un massif de graminées, gracieuses et vertes, terminées par de grandes têtes à plumes." Je crains que les arcanes de la Littérature Contemporaine ne me soient à jamais impénétrables...



Bref, reprenons.



Nos héros, la fillette de dix ans et le septuagénaire, traverseront donc l'immense État du Texas du nord au sud, feront étape dans de nombreuses villes, rencontreront quelques dangers en route... Et voilà, c'est à peu près tout. Cette simplicité de l'intrigue n'est pas un défaut, au contraire, ne pas se disperser permet de se concentrer sur l'essentiel : la relation tissée entre les deux protagonistes, qui apprennent d'abord à s'apprivoiser malgré leur défiance initiale, puis à se rendre indispensables l'un à l'autre. Nous avons donc une gamine dotée d'une forte personnalité, voyageant dans les étendues sauvages de l'Ouest en compagnie d'un homme âgé : les amateurs de westerns songeront sans aucun doute à "True Grit"... Johanna Leonberger reste néanmoins très différente de Mattie Ross, tout comme le Capitaine Kidd n'est pas Rooster Cogburn. Ayant lu le roman de Charles Portis et vu le film des frères Coen quelques semaines seulement avant de lire "Des nouvelles du monde", je n'ai pas eu l'impression d'une redite, chacune de ces oeuvres a ses propres caractéristiques.



Agacé par les tics d'écriture susmentionnés, j'ai longtemps classé mentalement ma lecture en "3 étoiles", avant d'infléchir ma position sur les derniers chapitres. La fin du roman n'a rien de surprenant, on peut même dire qu'elle est cousue de fil blanc, pourtant elle m'a touché, justement par sa simplicité évidente. Au bout du compte, les qualités l'emportent sur les défauts, et le voyage effectué en compagnie de "Cho-hanna" et "Kep-ten" valait bien 4 étoiles.
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Des nouvelles du monde

Alléchée par la critique d’Allantvers (merci !) je me suis lancée dans la lecture de ce western atypique. Atypique, parce que ce livre est écrit par une femme ce qui est plutôt rare en matière de western et ensuite parce que l’idée de départ est originale. Le Capitaine Kidd arpente le pays jusque dans ses contrées les plus reculées pour y apporter « des nouvelles du monde ». Il lit ses journaux devant un public hétéroclite en fonction duquel il adapte ses lectures. Mais le Capitaine se lasse, s’aigrie, se fane peu à peu, jusqu’à ce qu’on lui confie cette petite fille enlevée par les Kiowas à l’âge de 4 ans. Elle a aujourd’hui 10 ans et malgré son comportement en marge et ses difficultés à passer inaperçue dans le « monde civilisé » le Capitaine s’est engagé à la ramener auprès des siens. Seulement voilà le voyage est long et dangereux pour un vieil homme et une enfant. Mais les apparences sont trompeuses, le « Kep-Ten »a encore de beaux restes et peut se révéler redoutable, quant à la petite Johanna elle n’a rien de la petite victime à plaindre que les âmes charitables s’attendent à rencontrer en entendant son histoire.



Paulette Jiles nous emmène pour une traversée semée d’embuches et fait défiler sous nos yeux des paysages magnifiques. Sur un rythme lent et constant qui ne laisse pas de place pour l’ennui on progresse dans l’ouest sauvage jusque dans les endroits les plus reculés. On y croisera d’ailleurs une population pas toujours recommandable où les sauvages ne sont pas toujours ceux que l’on croit. Mais au-delà de ce voyage Paulette Jiles nous offre surtout une aventure humaine émouvante, toute en pudeur et sans fioriture. Ces deux êtres vont apprendre et se nourrir l’un de l’autre et s’accepter sans se juger. Ils vont s’appuyer l’un sur l’autre pour retrouver un second souffle et poursuivre leur chemin. Mais la petite a une famille qui l’attend et le Kep-Ten qui est un homme d’honneur s’est engagé à leur ramener la petite Johanna malgré la peine que cela leur occasionne à tous les deux.



Loin de sombrer dans le pathos cette histoire a du chien ! Le caractère bien trempé du Capitaine Kidd m’a beaucoup plu, pour un papi il a beaucoup de classe et il en impose. Par ailleurs le comportement décalé mais tellement authentique et franc de Johanna donne lieu à des passages qui font sourire.

De plus d’un point de vue historique le livre est bien documenté et aborde le thème intéressant de ces personnes enlevées par les indiens et pour qui le retour à la vie « civilisée » fut un déchirement.

Un western qui mise plus sur les relations humaines que sur les fusillades. Un pari pas facile mais très réussi !

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Des nouvelles du monde

Il fait chaud et humide. La Red River se gonfle sur ses rives, s’impatiente et se vide au-delà de son lit charriant la boue et le limon. La plaine est dangereuse, le sol incertain.



Embarquons-nous sur la route jusqu’à San Antonio, ballotés au rythme des pas du cheval, dans la petite carriole des Eaux Curatives Soufrées du Texas, le Capitaine Kidd aux commandes. Il nous guide accompagné de l’enfant enlevée par les Kiowas quatre ans plus tôt. Le danger rode ; les indiens, les cow-boys, les anciens fédérés. Le périple est long, le roman captivant comme un film que l’on regarde, un vieux western où Clint Eastwood côtoierait Henry Fonda ou Lee Van Cleef. On y est, presque en sueur, à les regarder, le vieil homme et la petite fille, inconnus, un peu malmenés, un peu chahutés, à s’apprivoiser. Ils posent les armes, s’écoutent, se regardent. Lui, elle, si différents, si heurtés devenant complices. Une leçon de vie. Une leçon d’histoire. Tout y est, le récit factuel intéressant et instructif, les sentiments, la philosophie, le bonheur – des petits riens qui se tissent au gré de l’aventure. Le respect. L’amour.



Ce livre se lit telle une belle histoire. Une parenthèse dans laquelle on se fond.  Clémente. Douce. Au-delà des péripéties, des rencontres, des critiques. Au-delà des idées reçues, des esprits retors, de la lie humaine. Il existe de beaux instants.



Un roman « bonbon » pour rêver.
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Des nouvelles du monde

Johanna a été capturée très jeune par des indiens Kiowas. Sa mère, son père et sa soeur ont tous étés massacrés sous ses yeux. Pourtant, quelques années plus tard alors que le Capitaine Kidd, soixante-et-onze ans, est chargé de l'escorter à travers le Texas pour rejoindre son oncle et sa tante, Johanna, que les Kiowas ont élevée comme l'une des leurs, est devenue une indienne à part entière. Elle ne rêve que de s'enfuir pour retrouver la vie nomade qui était la sienne et sa nouvelle famille à laquelle elle a également été arrachée.

Paulette Jiles s'est appuyée, pour écrire son roman, sur l'étude psychologique des enfants enlevés au Texas et notamment sur l'ouvrage de Scott Zeach "The Captured". Le rendu est à la fois crédible et émouvant.

Un western est une promesse d'aventure et à cet égard le pari est tenu. De ville en ville, le Capitaine Kidd gagne de quoi poursuivre son périple en permettant aux habitants de quitter ponctuellement leur quotidien, tandis qu'il leur lit des articles de journaux offrant des nouvelles d'endroits lointains.

Avec eux, nous sommes propulsés sur une route parsemée d'embûches et d'écueils de toutes sortes, un panorama complet du Texas des années 1870, de ses villes, de ses paysages changeants, de ses mœurs et de ses conflits. Chaque chapitre semble être un nouvel épisode que l'on a hâte de vivre à leurs côtés.

Mais la vraie valeur ajoutée de ce livre est l'immense tendresse qui s'en dégage. Intrépidité et sagesse s'entremêlent dans une touchante histoire où ces deux êtres aux mondes et aux âges totalement dissemblables s'apprivoisent dans l'adversité.
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Des nouvelles du monde

1870, au Texas. Le capitaine Jefferson Kyle Kidd a survécu a plusieurs guerres. Depuis quelques années, il parcourt les villes, afin de lire à voix haute des journaux à un public de toute origine et de toute éducation. Un soir, après un de ces lectures, une de ses connaissances lui propose, contre argent, de prendre Johanna Leonberger comme paquet et de la ramener auprès de sa famille. Quatre ans plus tôt, la fillette a été le témoin du massacre de sa famille par les Indiens. Adoptée par les Kiowas, elle est l'une des leurs. Sauf que maintenant, elle va devoir repartir chez les Blancs, alors qu'elle n'y tient pas...

Capitaine Kidd va devoir non seulement affronter les voleurs et les brigands sur son chemin, mais aussi l'armée et les Indiens. Et, accessoirement, apprivoiser cette petite fille.

Des nouvelles du monde réunit tout ce que j'aime : l'époque, l'histoire, des Indiens, des voyages... Paulette Jiles nous relate en plus une histoire réelle : celles d'enfants enlevés et élevés par des Indiens, des enfants qui s'adaptaient si bien à leur nouvelle vie qu'il n'arrivaient plus du tout à se réadapter ensuite à leur vie d'origine.

Mais, outre ce sujet intéressant, Paulette Jiles va décrire avec brio la relation entre le capitaine Kidd et Johanna. Malgré des débuts difficiles, le capitaine Kidd va finir par apprivoiser cette fillette, et une relation très complice va se nouer entre ces deux personnes très différentes.

Je recommande !



(Voir mon avis complet sur mon blog.)
Lien : http://chezlechatducheshire...
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Des nouvelles du monde

Donnez-moi la main que je vous hisse dans le chariot estampillé "eaux curatives" aux côtés du Kep-Ten Kidd et de la jeune Chohenna car le voyage vaut la peine d’être vécu et je vous envie de ne pas l’avoir encore fait…



Le capitaine Jefferson Kyle Kidd parcourt le nord du Texas pour lire aux gens des nouvelles, tirées de différents journaux, choisissant les plus intéressantes, des exotiques, évitant de parler politique si l’endroit ne s’y prête pas.



Sa haute stature d’1,80m, sa voix posée, agréable et son grand âge de 71 ans en impose aux autres, mais rien ne le prédestinait à escorter une jeune gamine de 10 ans qui a passé 4 ans chez les Kiowas après que ceux-ci aient massacré sa famille.



Il est dit que les enfants enlevés par les indiens et élevés parmi eux ne savent jamais vraiment tout à fait se réadapter à la vie dite civilisée, même si leur captivité n’a durée qu’une seule année. Comme s’ils avaient été marqué à jamais par leur famille d’adoption, ces enfants restaient indiens toute leur vie.



C’est le cas de Johanna qui prononcera ensuite son prénom "Cho-hanna" et qui fera du capitaine un "kep-ten", ayant bien du mal à prononcer les lettres "r" ou le "th" anglais alors qu’elle manie la langue kiowas avec habilité, même si celle-ci est très difficile car basée beaucoup sur des positions du corps, des mains, des voyelles, des sons chantés.



Le voyage est long – 600km – et je vous conseille de bien vous installer sur le banc du chariot car même si on n’a pas le temps de s’ennuyer tant le récit est dense du fait que ce voyage n’a rien d’une balade tranquille, nous devrons aussi faire face au choc de deux cultures diamétralement opposées et à une petite fille qui est de nouveau arrachée aux siens.



Ajoutons à cela une écriture assez petite et le fait que les tirets cadratin et guillemets sont partis en vacances sans prévenir le lecteur (c’est une mode cette économie de tirets et guillemets ??). Bon, cette absence n’a pas gêné ma lecture le moins du monde car l’agencement des phrases est bien fait à tel point que vous ne douterez jamais de qui parle.



Voilà un magnifique récit fait partie de ceux qu’on lit à son aise, sans se presser, comme on savourerait un grand whisky qui a patiemment muri dans son fut de chêne (ou de ce que vous voulez), comme on savourerait un met exquis et raffiné, cuisiné avec amour et professionnalisme par un grand chef : on prend le temps de savourer, on ne se bâfre pas et on ne fait pas cul-sec.



Ce roman est bourré d’émotions en tout genre, pas de celles qui vous font verser une larme à chaque fois, mais de tas de petits moments intenses, de petits gestes, d’apprivoisement entre deux êtres que tout oppose et qui se trouvent réuni sans vraiment l’avoir voulu. Ces deux êtres qui vont vivre un voyage où ils devront avoir confiance l’un dans l’autre.



Et puis, cette traversée d’une partie du Texas, les traumatismes encore apparents d’une guerre fratricide qui opposa le Nord et le Sud, cette civilisation qui voit émerger le progrès alors que les bandits, des pillards et les guerres indiennes font encore des ravages… Ces paysages magnifiques parsemés de maisons calcinées et de famille décimées. Magnifique et horrible en même temps.



Ne vous attendez pas, ici, à un récit palpitant à la manière d’un James Bond sautant de toit en toit, mais plus à un Sean Connery vieilli et blanchi sous le harnais de l’armée, un homme instruit, qui sait se défendre mais n’a plus 20 ans, ni même 50, mais 70 !



Les palpitations seront ailleurs et même dans les moments les plus calmes, on ne sait jamais ce qui peut surgir d’un coin de la plaine ou au détour d’un bosquet. Et puis, l’auteur, de sa plume habile et poétesse, arrive sans peine à entraîner son lecteur même pour traverser des rivières en crue ou affronter des êtres dépourvus de toute humanité et abjects.



Un voyage magnifique que je viens de faire à bord du chariot estampillé "Eaux curatives" et ce roman, à l’instar de ces eaux, eut un véritable effet curatif, mettant du baume à mon cœur, un antidote à la morosité ambiante tant par ses deux personnages principaux que par leur récit de leur périple.



Un roman fort, émouvant, profond, merveilleux, des personnages qu’on a du mal à quitter et un récit porté par une plume magnifique.


Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Des nouvelles du monde

1870, Nord du Texas. Le Capitaine Kidd gagne sa vie par le biais de lectures publiques d’articles de journaux, apportant ainsi, dans ces endroits reculés, des nouvelles du monde. On lui propose un soir de ramener dans sa famille, près de San Antonio, une jeune fille, Johanna, enlevée, puis élevée par les indiens Kiowas. Homme d’honneur, sans attaches particulières, il accepte cette mission délicate.



J’ai été véritablement conquis par cette histoire, pleine d’humanité, de sagesse et de pudeur. Une très belle relation s’instaure progressivement entre les deux personnages centraux, au fil du chemin, des dangers. Et ce n’était pourtant pas gagné d’avance… la jeune Johanna, après avoir vécu plusieurs années avec les Kiowas, est désormais totalement imprégnée de leur culture, leur mode de vie. C’est une petite fille sauvage, ayant oublié les premières années de sa vie, y compris la première langue qu’elle ait apprise. Mais c'est aussi une captive ensuite rejetée par ceux l’ayant élevée. C’est donc une immense responsabilité qu’endosse ainsi le Capitaine en acceptant de la convoyer, tâche dont il va pourtant s’acquitter consciencieusement, agissant tel un père (ou un grand-père) de substitution pour cette enfant.



Ce récit est absolument magnifique, tellement émouvant, on en imagine aisément une adaptation cinématographique ! Un dernier mot pour signaler, qu’en début d’ouvrage, figure une carte permettant de suivre le périple du Capitaine et de Johanna : un petit « bonus » que j’ai adoré, ne cessant de m’y référer au fil de ma lecture…

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Des nouvelles du monde

Vous cherchez un livre à l'ambiance western ? Mais avec une grande sensibilité ? Ne cherchez plus, vous avez trouvé le livre qu'il vous faut.



Ici, on retrouve bien les codes du western, le personnage un peu taciturne et ayant vécu plusieurs conflits, les indiens, les bandits de grands chemins, les grandes étendues américaines, les saloons... Bref, j'en passe. Mais cela ne se limite pas à ça, loin de là même.



Ce livre nous raconte l'histoire d'une petite fille enlevée par les indiens et dont la garde est confiée à un capitaine qui gagne sa croûte en lisant les nouvelles du monde dans différents villages et qui promet de ramener la fillette dans sa famille. Mais voilà, la fillette s'est très bien adapté au monde des indiens et ce n'est pas toujours facile sans compter l'environnement hostile.



Ce livre, c'est d'abord la rencontre de deux personnages très attachants, c'est une histoire émouvante, tout ça dans une ambiance western et avec un fond de vrai en plus puisque le cas des enfants enlevés par les indiens est un sujet abordé dans de nombreuses publications historiques et l'auteur donne d'ailleurs un conseil de lecture sur ce sujet à la fin de son roman.



Tout ça est parfaitement retranscrit par la plume de l'auteur. C'est émouvant, c'est drôle et c'est très agréable à lire. Quelques passages m'ont un peu moins intéressés, je ne parle pas de longueurs car je ne me suis ennuyé à aucun moment, c'est donc purement subjectif.



Mais cela ne m'empêche en aucun cas de recommander ce livre sans hésiter, je ne lis pas des western tous les jours, mais c'est un des meilleurs que j'ai lu dernièrement.
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Des nouvelles du monde

Paulette Jiles trouve les mots juste pour nous mettre au plus proche de ces personnages. Très vite, on s’attache à ce vieux capitaine de l’armée qui n’avait plus que la solitude pour compagnie. Puis cette jeune fille qui dû faire face à la perte de sa première famille puis celle de la seconde qui l’a vendu pour des breloques. Une entrée dans la vie des plus compliquée surtout qu’elle est plongée dans une société qui se modernise. Un vrai choc des civilisations et des mentalités. On les accompagne avec plaisir dans ce trajet aventureux et palpitant où la bienveillance et l’écoute sont les maîtres mots. Ni la nature sauvage, ni la cruauté des hommes n’ont pu se mettre sur leur chemin. Et c’est l’amour et cette bienveillance qui les fera se retrouver pour constituer un duo attachant.



Sous la poussière de désert, entre les cadavres et les vengeances, se cachent des gens pleins d’espoir pour des lendemains meilleurs et plus justes. Alors si vous voyez une affiche du capitaine Kidd allez assister à sa lecture, il vous fera voyager loin.
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Des nouvelles du monde

Un improbable voyage initiatique, aux couleurs western, qui mène les personnages du nord au sud du Texas, par une route loin d'être tranquille. Deux personnages si différents, encore éloignés par l'histoire de Johanna, qui a tout oublié de ses origines. Deux solitudes, deux êtres en quête d'avenir, d'espoir, qui ensemble, vont se rapprocher au fil des embûches. Jusqu'à quel point seront-ils liés ?
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Des nouvelles du monde

Coup de coeur pour ce roman captivant de l'américaine Paulette Jiles, paru aux éditions La Table Ronde la semaine dernière.



1870, au nord du Texas. le capitaine Kidd, ancien soldat, ancien imprimeur, gagne sa vie en lisant les nouvelles du monde de ville en ville, des articles choisis dans la presse américaine et européenne. Un soir il accepte de ramener la petite Johanna dans sa famille de naissance, à plus de six cent kilomètres de là. Enlevée quatre ans auparavant par les indiens Kiowa qui ont massacré sa famille puis l'ont élevée comme l'une des leurs, « son silence absolu la rendait curieusement absente. Elle avait le maintien de tous les indiens qu'il avait rencontrés, une sorte d'immobilité cinétique, et pourtant, c'était une fillette de dix ans aux cheveux blond foncé, avec des yeux bleus et des taches de rousseur. » Une enfant sauvage qui ne comprend que le Kiowa et a tout oublié de sa vie d'avant, qui pense : « Je m'appelle Cigale. le nom de mon père est Eau qui Tourbillonne. le nom de ma mère est Trois Taches. Je veux rentrer chez moi ».



Johanna et le Capitaine entament alors un voyage périlleux, où la nature autant que les hommes sont un risque permanent. J'ai trouvé le contexte socio-politique de l'époque particulièrement bien rendu : il faut voir ce qu'était le Texas alors ! Entre le territoire indien au nord (et leurs raids n'importe où), le Mexique pas loin au sud, les bandes de pillards de tous poils qui écument les routes, les colons espagnols installés dans le sud de l'état depuis plus de cent ans et les plus récents, qui eux viennent d'un peu partout (Johanna est d'origine allemande). La guerre de sécession n'est pas terminée depuis si longtemps et ses remous agitent encore la vie quotidienne : ceux qui avaient des allégeances confédérées ont été écartés des postes de pouvoir, les laissant vacants dans beaucoup de petites villes. L'armée régulière américaine surveille les réunions de groupe, vérifie les certificats d'allégeance des voyageurs, qui ont interdiction de porter des armes de poing. Et les Noirs tout nouvellement affranchis essayent de se faire une place.



« Toute cette eau, ces arbres gigantesques, chacun doté d'un esprit. Des gouttes de pluie semblables à des pierres précieuses cascadaient de leurs mains longues et minces. »



Une fois commencé, je n'ai plus lâché Des nouvelles du monde. On s'attache à Johanna et au Capitaine dès les premières lignes. Des personnalités fortes et splendides. La plume de Paulette Jiles est nourrie et limpide, même dans les recoins plus sombres, elle a un style visuel et vivant. Un voyage haletant parfois cruel entre mesquites et chênes verts, le long de fleuves en crue et d'arroyos, en compagnie de ces deux êtres qui vont apprendre à s'estimer et s'apprivoiser mutuellement. Un voyage immersif dans le langage aussi, car pour communiquer, le Capitaine et Johanna vont développer leurs propres codes. C'est extraordinaire de suivre l'évolution de l'apprentissage de la fillette, qui va mélanger de plus en plus de mots anglais dans ses phrases en Kiowa, mots qu'elle prononce avec un accent kiowa et allemand magnifiquement bien rendu. « Pliss, Kep-ten » (Please, captain), “Blek-fast” (breakfast), “Wan, doo, tlee, foh, fife, siss, sefen, ate-a, nine-a, den » (one, two, three, four, five, six, seven, eight, nine, ten). La traduction de Jean Esch est talentueuse et intelligente.



Des nouvelles du monde est vraiment un beau voyage en humanité. Un roman que je vous souhaite de découvrir ! Merci aux éditions La Table Ronde.



“Le Capitaine sortit de la chambre d'hôtel et ferma la porte à clefs derrière lui. Il s'arrêta dans le couloir. Il entendit Johanna entonner un chant Kiowa. Cela pouvait tout signifier. Qu'elle était résignée, qu'elle allait se pendre avec le cordon du rideau, mettre le feu à la chambre, ou s'endormir.

Au moins, elle n'était pas armée. »



NB : J'avais beaucoup aimé aussi L'apache aux yeux bleus de Christel Mouchard (Flammarion jeunesse), inspiré de faits réels, l'enlèvement de ce garçon, l'acclimatation cruelle à la vie indienne, puis la métamorphose, l'acceptation totale, qui rend un retour, une réadaptation quasiment impossible.
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Des nouvelles du monde

Sur Netflix, le magnifique film LA MISSION avec Tom Hanks m'a donné envie de découvrir le récit original. J'ai adoré le film et, chose rare, j'ai adoré le livre. 

Ce récit n'est pas sans rappeler les classiques du genre : Danse avec les Loups et True Grit. Un couple improbable qui doit faire équipe pour survivre dans ce monde hostile où les indiens sont là mais invisibles. Kep ten, qu'il soit sous les traits de Tom Hanks ou sous la plume de Paulette Jiles, est criant de douleur, d'humanité. Les affres de la vie ne l'ont pas épargné et lorsqu'il croise la route de Johanna, il ne peut que tendre la main à cette fille sauvage, plus indienne que blanche. Il doit réapprendre à cette fillette à vivre au milieu d'hommes et de femmes qui vont la détester ; il doit lui apprendre à parler sa langue de naissance, à réintégrer les us et coutumes de son ancienne vie.

Deux éclopés de la vie qui vont s'apprivoiser, se connaître, se respecter et contre toute attente, s'aider. Sous ses airs de petite fille, on retrouve une volonté inébranlable qui n'est pas sans nous rappeler May Dodd, l'inoubliable héroïne de Mille femmes blanches de Jim Fergus.

Un western comme on aimerait en voir ou lire plus souvent. Une histoire où l'humanité explose à chaque page mais où la bêtise humaine nous ramène à une réalité historique. Tout ce qui est différent de nous doit disparaître de grès ou de force. On sent que ce sont les dernières années de vie du peuple indiens qui transparaissent dans ce récit historique. On sent aussi que la réadaptation de Johanna ne sera jamais complète car elle restera la petite blanche indienne.

Alors laissons nous ballotés au rythme des chevaux sur la route de San Antonio avec ses paysages sublimes et ses habitants, pas toujours aimables.
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