La Chevauchée fantastique de John Ford, avec John Wayne. Extrait.
" Tout ce que j'ai appris d'important dans la vie, dit-il, je le tiens de gens qui n'ont pas essayé de me l'enseigner et qui n'ont jamais su qu'ils me l'avaient transmis. Les choses qu'un homme de bien possède en lui passent naturellement aux autres.....
- Ne te fie pas à un indien. Tu te feras tuer en essayant d'être gentil.
- Si tu habitais sous une de leurs tentes, tu les entendrais dire la même chose de nous. Les gens ont peur et construisent des murs. Le monde est plein de murs. C'est une sale façon de concevoir la vie.
" Cet imbécile et ses conseils d'homme.... d'homme orgueilleux... de sinistre bigot. Il faudrait que les femmes soient obéissantes, comme des esclaves, comme des animaux ! Qu'elles lèchent les mains de leur maître et acceptent ses coups en silence. Oh, Millard, quand donc ce monde sera-t-il juste pour les femmes ?
Entre les versants l’obscurité impénétrable était une superposition de couches pressées les unes sur les autres par le poids des milliards de kilomètre au-dessus, et la brume épaisse lui chatouillait le visage comme le frôlement d’une toile d’araignée. En de pareilles nuits, les multiples odeurs de la terre surgissait partout comme autant de sources vives, ici, un brin de menthe, là, l’arôme d’un cèdre, la senteur discrète des fougères : et ces rigoles parfumées se rejoignaient et formaient des ruisseaux invisibles qui sillonnaient la nuit, rencontrant d’autres ruisseaux de taille plus importante, la résine des pins, le musc âpre des putois, la fumée crachée par la cheminée de sa cabane, l’effervescence de l’herbe saturée d’eau dans les près ; et tous les ruisseaux se jetaient dans une large rivière d’odeurs, un lent et puissant écoulement, entêtant et sauvage, qui prenait possession de la nuit.
Au long des journées, les rayons jouaient sur une terre encore amollie par la pluie du printemps. La chaleur et l'humidité libéraient le parfum unique de la fertilité superposant les odeurs, accélérant la croissance de toutes choses. Les roses du couhant, les pourpres du crépuscule, les gris du soir entrainaient doucement le jour vers la nuit; et le souffle de la terre, tour à tour délicat, sucré et puissament épicé, enveloppait Burnett de ses grisantes turbulences. La terre était une femme qui, longuement aimée et carressée, se tendait vers la jouissance ultime.
Le matin de Noël, Martha Gay contempla la brume qui déferlait sur la terre, noyant les arbres et les collines. Il avait plu pendant la nuit, mais ceci n’était pas de la pluie ; c’était de l’eau battue en une mousse plus vaporeuse que des blancs d’œufs vivement fouettées, descendant par couches successives, de plus en plus bas, jusqu’à s’enrouler autour de la grange. Elle la sentait sur son visage comme une sueur froide, et tout autour, l’herbe du pré et les ustensiles de la famille luisaient sous des perles de cristal.
J'ai connu un vieux bonhomme à St Louis, autrefois, qui n'était pas loin de mourir. Il a dit que les seules choses qu'il regrettait dans sa vie étaient celles qu'il n'avait pas faites. Je ne serais pas étonné qu'il ait en grande partie raison. Tout ce que nous faisons entraîne des conséquences, même ce que nous ne faisons pas. Nous le payons. Alors, est-ce qu'on paie pour quelque chose ou pour rien ?
Nous avons grandi avec l'idée américaine qu'il était possible de partir de rien et de devenir riche ou d'être élu président. Telle est notre religion : croire que nous allions réaliser un rêve de prospérité, de bonheur, de viande dans nos assiettes, léguer à nos enfants davantage que nous n'avions reçu, et tout ce qui s'ensuit. En vieillissant, nous avons compris que nous risquions d'être déçus. Mais nous ne pouvions admettre que nous avions tort de rêver, car ce serait dire que l'espoir est une illusion. Alors, nous avons vu qu'il y avait des terres disponibles ici et nous sommes venus recommencer à zéro en espérant que ce qui ne marchait pas dans l'Est marcherait ici.
L’Amérique n’avait aucune limite, hormis celles qu’un homme s’imposait. Le passé que Clenchfield aimait tant n’existait pas ici. Le présent qu’il s’efforçait de maintenir équilibré et exact, au prix de gros efforts, serait bientôt un lendemain mort. Quand un homme s’attachait à une époque, celle-ci, qui ne cessait de reculer dans la nuit des temps, l’entraînait avec lui jusqu’à ce que l’un et l’autre soient morts et oubliés.
Pour résister à l'assaut des éléments, il fallait se retirer dans ses pensées et dresser un rempart entre soi et la souffrance que l'on ressentait à l'extérieur, puis, quand les éléments transperçaient ce rempart, se retirer plus profondément encore dans sa chair et ériger un autre rempart. Le danger survenait seulement lorsque le dernier rempart était vaincu et que les éléments atteignaient cette petite cellule centrale où se logeait la volonté d'exister. À ce moment-là, le voyageur devenait un spectateur écoutant le combat entre sa volonté et l'intrus attaché à le tuer.