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Critiques de Paulin Ismard (30)
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Les mondes de l'esclavage : Une histoire co..

Il m'aura fallu quasiment deux mois pour venir à bout de cette somme de plus de 1000 pages qui retrace, avec rigueur, précision et clarté, l'histoire de l'esclavage sous toutes ses formes, à toutes ses latitudes et époques.



Ainsi, Les mondes de l'esclavage, fruit du travail conjoint d'un nombre impressionnant d'historiens internationaux, sous la direction de Paulin Ismard, se compose de trois parties complémentaires, qui permettent non seulement un éclairage mondial sur l'esclavage, mais aussi de faire comprendre comment les différences d'évolution des sociétés ont pu faire évoluer tout aussi différemment la notion même d'esclavage, tant dans son fonctionnement que dans sa réception, dans son acceptation comme dans son refus, dans son développement, ou non, à grande échelle, comme dans le cas du commerce triangulaire profondément lié au capitalisme - même s'il ne porte pas encore ce nom -, dans son désir, ou non, de réparation des dommages subis par celles et ceux qui ont été esclaves, ou qui descendent d'esclaves.



D'abord, avec Situations, l'on découvre strictement l'histoire de l'esclavage, de la Préhistoire à notre époque, lieu par lieu, époque par époque ; puis, avec Comparaisons, l'on met en parallèle ces différentes situations historiques selon des thématiques pour en faire saillir les points communs et/ou différences ; enfin, avec Transformations, l'on comprend comment et pourquoi l'esclavage a évolué ainsi au fil des siècles.



Une lecture passionnante, nécessaire, qui plus est extrêmement abordable, qui ne doit pas rebuter par son nombre de pages.
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Le Miroir d' dipe. Penser l'esclavage: Pens..

Livre passionnant quoique pas toujours facile d'abord.

L'approche comparée avec les époques plus contemporaines que la Grèce antique sont très enrichissantes en apportant un angle de vue original sur la question de la voix de l'esclave, son statut dans la société grecque et actuelle.

L'érudition de l'auteur dépasse parfois la capacité du lecteur mais ouvre aussi les portes sur d'autres approfondissements.
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Le Miroir d' dipe. Penser l'esclavage: Pens..

Peu d’auteurs dans l’Antiquité avaient un discours sur l’esclavage, mais beaucoup en parlaient tout de même, parfois entre les lignes ou par des voies détournées, afin de le critiquer ou de le justifier.
Lien : https://laviedesidees.fr/Pau..
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Les mondes de l'esclavage : Une histoire co..

Un livre considérable, par sa taille d’abord (1 200 pages), puis par le nombre de chercheurs et chercheuses qui ont travaillé sur les contributions composant cet ouvrage et enfin par le périmètre géographique et historique couvert. Toutes les époques, tous les continents et toutes les formes d’esclavage y sont abordés.

Je pensais savoir beaucoup de choses sur l’esclavage et la traite des humains, mais ce livre à la particularité de décentrer le regard du lecteur en l’invitant à découvrir les manifestations et les rouages de l’esclavage (passé et actuels) dans des dimensions culturelles, temporelles et spatiales très différentes (depuis la préhistoire jusqu’à nos jours). L’esclavage n’est ainsi pas abordé comme un phénomène unique mais comme une réalité composite qui évolue en fonction des contextes historiques et des sociétés qui la pratiquent.

Un ouvrage majeur !
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Les mondes de l'esclavage : Une histoire co..

Cette énorme collection d'articles tous assez fouillé que je n'ai pas encore terminé.

Il faut le voir plus comme une encyclopédie historique de l'esclavage.

Je regrette un peu sur l'aspect financier mis en avant.

Mais la première partie est historique avec assez peu d'informations.
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Le Miroir d' dipe. Penser l'esclavage: Pens..

L’historien de l’Antiquité Paulin Ismard signe un ouvrage novateur sur la place silencieuse de l’esclave dans la Grèce antique.
Lien : https://www.nouvelobs.com/id..
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Le Miroir d' dipe. Penser l'esclavage: Pens..

Dans cet ouvrage précis et ambitieux, l’historien montre comment le citoyen d’Athènes doit se comprendre d’abord comme un « maître ».
Lien : https://www.lemonde.fr/livre..
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Ils ont fait l'Histoire, tome 29 : Alexandr..

Dans ce tome 29 de la série « ils ont fait l’histoire », c’est Alexandre le Grand qui est conté par deux de ses anciens compagnons d’armes. Je ne trouve pas forcément que cette narration soit la plus judicieuse en terme de rythme et puis c’est une perte de cases qui auraient pu être destinées au récit sur Alexandre le Grand à proprement dit. Bref, cela connote un peu plus le récit dans une réalité historique mais finalement le dossier final suffit amplement pour cet effet (car le dossier final est plutôt bien fait d’ailleurs).

Un récit qui revient très très peu sur l’aspect guerrier d’Alexandre le Grand (ne vous attendez à rien sur les grandes batailles de son règne) mais qui s’intéresse surtout à l’Alexandre unificateur qui souhaite que son territoire de coeur grecque ne fasse qu’un avec les territoires conquis au grand dam de ses compatriotes. Une idée noble mais avec trop d’années d’avance en terme politique pour que cela se passe sans embûches.

Le récit démontre aussi un Alexandre qui soigne son image quitte à mentir - un vrai publiciste avant l’heure - il veut être considérer comme une icône : le fondateur d’un empire puissant et prospère.

Bref, une BD qui est plutôt intéressante même si j’aurai voulu un peu plus de visuel pour situer les conquêtes d’Alexandre dans son contexte et aussi une BD un peu moins politique et plus militaire.
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Ils ont fait l'Histoire, tome 29 : Alexandr..

J'ai eu beaucoup de mal à m'intéresser au récit de la "vie" d'un des plus grands stratèges, d'un des plus grand leader que le monde ait connu. Les auteurs partent de la rencontre d'un scribe et d'un guerrier en 300 avant Jean-Claude. Ils se souviennent... et échangent leurs impressions sur Alexandre... Ce rouage de récit sent la naphtaline, mais passons.



Ils se retrouvent sous une statue d'Alexandre, dont on ne sait rien, et dont on ne saura rien. Puis suivent l'évocation des batailles et des conquêtes, des mariages d'Alexandre et clap de fin, il tousse, RIP... Le cahier final éclaire un peu ce que les auteurs ont voulu faire. L'Histoire est chiche de sources fiables sur Alexandre. On sait qu'il est Macédonien, et qu'il a cherché à assimiler les vaincus plutôt que de les asservir... Mais je me suis assez vite perdu dans les noms et les alliances. Quelques cartes, mieux faites que celle du cahier historique, auraient été les bienvenues.
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Les mondes de l'esclavage : Une histoire co..

Ce livre, issu de la collaboration d'une équipe internationale de chercheurs, philosophes.., nous donne à penser et réfléchir sur l'esclavage.

Sa définition, son histoire, son abolition et ses versions contemporaines (travail forcé, employés domestiques au Moyen-orient).

C'est une lecture prenante, ardue mais indispensable à notre époque.

Certains refusent la repentance exprimée par quelques politiques sur les conduites de nos prédécesseurs.

Osons regarder en arrière et accepter de reconnaître notre ignominie (qu'elle soit de pays occidentaux, européens, d'Afrique et du Moyen-Orient) pour mieux lutter sur ce qui arrive maintenant pour des millions de femmes, d'hommes et d'enfants.
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Les mondes de l'esclavage : Une histoire co..

Comment résumer Les mondes de l'esclavage : Une histoire comparée, une somme brillante de plus de 1000 pages écrites par plus de 50 auteurs ? Et que m'en reste-t-il ? Je confesse qu'à la fin de ce livre lu de A à Z, au vu de la profusion d'informations, je n'ai peut-être pas tout retenu... Ce n'est de toute façon pas le but de ce genre d'ouvrage. J'ai cependant l'esprit de synthèse, aussi puis-je (brillamment) résumer ce gros millier de pages en (seulement) deux mots : diversité et universalité.





On pourrait parler indéfiniment de ce qui relève ou non de l'esclavage, de la frontière entre libre et non-libre. C'est une question complexe et chacun a sa définition. Mais au fond peu importe. De tout temps et en tout lieu des hommes en ont dominé d'autres, domination allant parfois si loin qu'on peut parler d'esclavage.





Au delà de la traite négrière, qui est et reste pour différentes raisons dans les consciences comme l'archétype mondial de cette aimable pratique, l'esclavage fut (et est ?) une pratique (quasi) universelle qui n'apparut pas avec l'agriculture et la sédentarisation comme on l'entend souvent mais semble, à la lecture de ce livre, être, malheureusement, quasiment une caractéristique du genre humain. Peut-être faudrait-il que les individus comme les peuples en aient pleinement conscience, pour pouvoir avancer plus sereinement vers l'avenir et enfin dépasser les structures, les imaginaires et les cultures forgés par ce passé qui imprègnent encore nombre de sociétés, et cela sans se dédouaner ni se victimiser. Nous n'y sommes pas encore.
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La démocratie contre les experts. Les esclave..

Dans cet essai très clair, Paulin Ismard évoque principalement Athènes à l'époque classique mais développe aussi le rôle de l'esclave public, le dêmosios, dans d'autres cités. Il distingue le dêmosios, au service de la cité, de l'esclave royal, dévoué, lui, à la personne du roi et dont la puissance ne dépend que du bon vouloir de son maître

Dans un premier chapitre, il revient sur le genèse de l'esclave public: à l'époque de la Grèce archaïque, les détenteurs d'un savoir particulier, une technê (comme le travail des métaux par exemple), se déplacent de cité en cité, y restent quelque temps puis repartent. De fait, les détenteurs de savoirs particuliers ne sont pas intégrés dans la cité.

Avec le développement de l'esclavage-marchandise et la réorganisation des communautés civiques le personnage du dêmosios se met en place.

Les tâches qui sont confiées aux dêmosioi sont très diverses : des travaux publics à l'expertise des monnaies, en passant par l'organisation des séances du conseil des Cinq-Cents qui préparait les séances de l'Assemblée des citoyens. Des tâches qui requièrent donc une certaine technê, une certaine expertise dont sont dépourvus les citoyens athéniens. Ils exercent aussi la fonction de forces de l'ordre : "Ainsi l'Athènes de l'époque classique n'a-t-elle jamais connu d'autre force de police qu'un corps d'esclaves mis à la disposition de ses différents magistrats." Ça laisse rêveur, non?

Paradoxalement, Paulin Ismard démontre ici que cet esclavage est constitutif de la démocratie athénienne: dans un souci d'égalité absolue, les membres des assemblées sont souvent tirés au sort et il est hors de question qu'un citoyen soit plus compétent que les autres. Les compétences revenaient donc à ces exclus du corps social, à ces sans-nom que l'on pouvait fouetter. A Athènes, "l'Etat ne s'est jamais incarné autrement que dans la pure négativité du corps-esclave du dêmosios." L'Etat ne peut pas prendre le pas sur la volonté commune.

Absolument passionnant, je l'ai dévoré en deux jours, le livre fait de nombreuses comparaisons avec d'autres sociétés esclavagistes. Je l'ai lu en consultant Les Mondes de l'esclavage pour les approfondir.

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Les mondes de l'esclavage : Une histoire co..

Je vous l'avoue : je ne l'ai pas encore terminé. Il faut dire qu'il s'agit là d'une compilation d'articles écrits par une cinquantaine d'auteurs de langues et nationalités différentes. Il s'agit d'un outil indispensable pour quiconque s'intéresse à la question et que toute bonne bibliothèque devrait posséder - notamment les bibliothèques universitaires. Je n'ai lu pour l'instant que quelques articles, je consulterai les autres au fur et à mesure de mes intérêts.



Tous les articles sont référencés et les notions abordées ont des renvois à d'autres pages du manuel. Le livre est aussi pourvu d'un index des lieux et d'un autre index des noms pour faciliter la navigation. Il est indispensable à mon sens de le lire en se servant de la table des matières: la première partie rassemble les études des situations historiques de la Préhistoire à aujourd'hui dans toutes les parties du monde où l'esclavage a existé - c'est celle que j'ai le plus consultée pour l'instant ; la deuxième intitulée "Comparaisons" compare les notions liées à l'esclavage (Affranchissement - Justice - Captifs - Maîtres - Résistances etc.) à travers les différentes situations historiques. Enfin la dernière partie évoque les "Transformations" de la notion à travers l'Histoire : l'esclavage est protéiforme.



La lecture sous forme de colonnes me gêne: les marges sont larges à l'extérieur et pas suffisamment à l'intérieur ce qui ne facilite pas la lecture. Les quatre cartes à la fin du manuel sont en gris clair et gris un peu moins clair: vu la qualité du reste, je pense que quatre planches en couleurs auraient eu leur place, quitte à augmenter légèrement le prix - 29,90€ ce qui n'est pas cher payé pour un ouvrage de référence comme celui-ci.



Malgré ces quelques réserves, je n'ai aucun regret concernant cet achat.

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Les mondes de l'esclavage : Une histoire co..

Un volume d’histoire comparée, sous la direction de Paulin Ismard, montre l’étendue des pratiques d’asservissement d’humains par d’autres, du néolithique à nos jours et pratiquement partout. Une somme monumentale – non sans point aveugle
Lien : https://www.lemonde.fr/livre..
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Les mondes de l'esclavage : Une histoire co..

Proposant une histoire comparée des différentes formes d’esclavage depuis l’Antiquité, ce livre collectif d’historiens, juristes, anthropologues permet de nourrir une réflexion dépassionnée de cette question et de ses incidences actuelles.
Lien : https://www.la-croix.com/Cul..
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Ils ont fait l'Histoire, tome 29 : Alexandr..

Comme pour Bonaparte, je ne vais pas m'amuser à refaire une présentation d'Alexandre le grand, qui, s'avère, être pas mal prétentieux. Sa vie nous est racontée à travers les récits d'un scribe et d'un ancien de la phalange, si je me souviens bien.. Alaxandre c'est l'obstination à vouloir surpasser les exploits de ceux qu'il qualifie comme ses ancêtres: Héraclès, Achille ainsi que son "vrai" papa: Zeus.. C'est aussi la découverte d'anciennes civilisations comme la Perse, les habitants de l'Indu Kush, en bref tout un programme. J'ai beaucoup apprécié les illustrations et c'est pas mal coloré :)
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Ils ont fait l'Histoire, tome 29 : Alexandr..

Comment raconter l'histoire d'Alexandre le Grand en 48 pages? C'est le défi auquel étaient confrontés les auteurs de cette BD de la série "Ils sont fait l'histoire". Pour le relever, ils ont choisi de faire dialoguer un scribe et un soldat, anciens compagnons d'Alexandre, au pied de la majestueuse statue de ce dernier à Memphis. Ces deux amis se remémorent leurs campagnes et les grands moments du règne d'Alexandre, et ne sont pas toujours d'accord sur les choix faits par l'empereur. Ce parti pris narratif fait ainsi bien apparaître les ambiguïtés du règne d'Alexandre.

On termine cependant la lecture en ayant l'impression de n'avoir eu qu'un bref aperçu de la vie d'Alexandre, même si le dossier final constitue un bon complément.

Les dessins classiques sont presque photographiques, bien servis en cela par une mise en couleurs très soignée. Je les ai appréciés, même s'ils manquent peut-être un peu de souffle.

L'ensemble est donc intéressant et plutôt réussi, tout en ne faisant pas partie des meilleurs albums de la série car laissant un peu sur sa faim (Napoléon, lui, a eu droit à 3 tomes).
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Ils ont fait l'Histoire, tome 29 : Alexandr..

Encore un très bel album de cette série dans lequel Alexandre le Grand est présenté. Un peu "déçue" dans le côté BD pour la rapide vue d'ensemble du conquérant, la partie plus historique est le plus essentiel et profitable.
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L'évènement Socrate



“Tout est politique”





J’ai pris connaissance de l’auteur, Paulin Ismard, maître de conférence en Histoire grecque à l’Université Panthéon-Sorbonne, lors de sa tournée promotionnelle pour son dernier ouvrage “La démocratie contre les experts : Les esclaves publics en Grèce Ancienne” (merci France Culture, encore une fois).



Ceci étant dit, quand je parle de médiatisation, je ne veux sûrement pas faire un parallèle avec chaque ouvrage de Patrick Boucheron à qui on déplie le tapis rouge tel un mandarin médiatique et homme de réseaux … (petit tacle gratuit, oui, c’était facile).





Dans cet ouvrage, son précédent, Paulin Ismard s’intéresse au procès du plus que célèbre sophiste-philosophe Socrate, plus précisément à l’occasion de son procès, qui a tant fait couler d’encres au fil des siècles, afin de tenter de comprendre cette condamnation judiciaire, mais, plus globalement, pour saisir le cadre intellectuel et social de l’Athènes du tournant du Ve siècle avant Jésus-Christ. Saisir le contexte pour comprendre l’événement.





Je préfère spoiler de suite, il ne faut pas s’attendre à la lecture de cet ouvrage à un propos péremptoire sur “l’énigme” Socrate, l’historien insistant bien, constamment, sur les sources parcellaires et insuffisantes pour expliquer de manière tranchée (dogmatique ?) la raison de cette condamnation.



L’important n’est pas là, mais bien dans la présentation des multiples éléments mettant en lumière la position particulière qu’occupait Socrate dans la vie Athénienne, à l’ère du “consensus démocratique” en vigueur à l’époque.



Et d’ailleurs, en parlant de cause ou des causes de ce procès, Paulin Ismard s’inscrit totalement en faux envers le monisme explicatif de certains historiens. Pour lui, ce n’est ni exclusivement pour une raison d’impiété, ni pour des questions de positionnement politique (règlement de comptes entre politiciens) ou de pratiques éducatives originales que Socrate a été condamné.





Néanmoins, avant d’en venir aux raisons qui faisaient de Socrate un “intellectuel” pouvant paraître en décalage avec l’idéologie dominante de son époque, Ismard s’intéresse aux sources sur lesquels les “historiens” s’appuient depuis des siècles.



Tout d’abord, un élément qui dénote par rapport à notre conception du “Droit” ou en tout cas de nos usages juridiques, les athéniens n’ont à aucun moment jugé important, indispensable, utile, de fournir une explication à la condamnation de Socrate, ce qui évidemment, complique la tâche de l’historien. Grosse différence donc avec un autre Grand procès de l’histoire européenne, celui de Jeanne d’Arc, dont nous sont parvenus davantage de traces, et qui ont permis à Georges et Andrée Duby de venir hanter ma deuxième année de licence d’histoire ...



Outre quelques écrits de personnalités, disciples et adversaires, l’essentiel des traces que l’on garde de Socrate nous vient du philosophe Platon, mais pour qui Socrate pouvait parfois avoir une fonction d’homme de paille prompte à installer les idées platonicienne. Il ajoute que les écrits de Xénophone, moins utilisés du fait de la domination intellectuelle et historique de Platon, proposant d’ailleurs des visions de Socrate parfois bien différentes de celles de Platon ! Paulin Ismard souligne pour autant que la force de cet événement historique se cristallise dans le fait que le procès de Socrate fut un des événements intellectuels les plus commentés et les plus débattus, marquant ainsi son symbolisme prégnant pour ce tournant du Ve siècle Athénien et raisonnant à travers les siècles.





Le travail principal de l’historien est ici de recontextualiser le cadre du procès dans l’histoire et la société grecque de ce tournant du Ve siècle avant notre ère, soit une période d’instabilité (ou en tout cas de tumultuosité) politique à l’heure de la fin de la guerre du Péloponnèse et des renversements successifs de régimes (oligarchiques et démocratiques).



De ce point de vue, Paulin Ismard explique que, bien que la pensée des sophistes (dont Socrate) fut un compagnon de route du développement de la pensée démocratique, dans une première phase, à l’inverse, et en particulier lors des dernières années de la guerre du Péloponnèse, celle-ci a nourri, à l’inverse, la culture politique des élites, de “l’aristocratie athénienne”. Ainsi, Socrate, comme d’autres, a pu être considéré comme une figure intellectuelle proche de l’oligarchie athénienne ayant pris le pouvoir en 404 (la crise des Trente) et donc considéré par certains comme un “ennemi de la Démocratie”.



Un élément constitutif de la pensée de nombreux sophistes a sans doute beaucoup joué dans ce rapprochement avec l’élite de la société Athénienne nous explique l’historien : une vision du monde social détachée de toute origine religieuse (contrairement aux usages d’alors, où la société est censée représentée harmonieusement le modèle naturel). Dans cette optique, les fondements de la Vérité, du Bien/Mal se font plus tenus et ont amené certains à développer une vision relativiste de la loi et des règles institutionnelles en vigueur. D’où, pour Ismard, le peu de surprise de retrouver quelques sophistes à la pointe des mouvements oligarchiques de 411 ou 404 et d’avoir cédé pour certains à la laconomanie, c’est-à-dire à la fascination pour les régimes oligarchiques.



Toujours pour ce qui est de l’explication-recontextualisation “politique”, Paulin Ismard nous rappelle que, tant chez Platon que Xénophon, la vision de la politique, et de sa légitimité chez Socrate était intrinsèquement élitiste et anti-démocratique. En effet, si l’idéal démocratique induit une capacité égale des citoyens à exercer les fonctions politiques et participer plus largement à la vie publique, l’idéologie Socratienne promeut elle une légitimité de la compétence, c’est-à-dire, que seuls les (plus) capables-sachants peuvent et doivent diriger la cité. Comme le cite Ismard, la vision politique Socratique s’oppose donc consubstantiellement, fondamentalement au “régime des ignorants”, de la multitude, proprement démocratique (dans l’idée). Sont ainsi disqualifiés par nature tant le tirage au sort que le vote à décision majoritaire, outils institutionnels utilisés à cette époque à Athènes.





Une des principales accusations portées à l’encontre de Socrate est basée sur un motif religieux. Plus précisément, on lui a notamment reproché d’avoir introduit dans la cité de nouvelles divinités et de ne pas avoir respecté les usages établis. Ce point est alors l’occasion pour l’historien d’effectuer une (bienheureuse) recontextualisation à propos de la religiosité antique (que l’on peut être amenés à oublier).



Tout d’abord, il rappelle que les cadres mentaux, concernant le rapport à la religion n’ont strictement rien à voir entre “les anciens et les modernes” (rapport à l’hérésie, la dissidence religieuse, etc.), le sujet de la tolérance religieuse étant le fruit de l’évolution des sociétés futures à l’heure de l’entrée dans la “modernisation”. La question de la tolérance-liberté religieuse (de la différenciation) ne se posant tout simplement pas à Athènes à cette époque. En effet, il insiste sur le fait qu’il n’existait pas dans cette société polythéiste de doctrine, de texte sacré prescrivant les usages et codes religieux. Comme il l’indique, “plurivoque et ambiguë, la parole du mythe est faite de sédimentation successives et se nourrit de réinterpétations constantes en fonction des auteurs ou des contextes d’énonciation : il n’a jamais existé de version “officielle” ou canonique d’un mythe”.



En outre, Paulin Ismard considère qu’il serait surprenant que Socrate fut condamné pour sa “théologie” dans le sens où d’autres sophistes sont allés beaucoup plus loin dans la critique de la religiosité grecque (qualifiée d’inutile ou absurde par Critias notamment) et qu’aucun précédent de condamnation à ce sujet n’est connu (et que le procès de Socrate ne semble pas avoir fait jurisprudence par la suite).



Enfin, du point de vue des sources, il souligne que ni Xénophon ni Platon ne s’arrêtent sur ce point dans leur évocation du procès de Socrate, comme pour signifier que cette question de la religion “n’avait pas été un objet de débat lors du procès”.





Se terminant sur des chapitres moins intéressants concernant les réappropriations de la figure de Socrate au cours des siècles qui suivent sa mort, Paulin Ismard nous livre une étude loin des caricatures journalistiques-médiatiques ou de la binge histoire-philosophie au sein desquelles Socrate est placé sur un piédestal et considéré (uniquement) comme un héros philosophique, phare de la pensée d’une époque rétrograde, tel un messie en avance sur son temps, dans une vision complètement apologétique.



Bien que l’on comprenne que Socrate fut vu comme l’incarnation d’une menace politico intellectuelle dans une époque troublée, ce qui aurait causé sa perte, comme par nécessité de procéder à une exérèse du corps social, l’historien nous portraiture surtout la complexité de la figure de l’individu et le replace d’une belle manière dans son époque en offrant un portrait nuancé ne mettant pas de côté le fait qu’il fut un adversaire de la démocratie de part sa conception élitiste du pouvoir. De ce point de vue là, Platon fut bien son digne successeur.



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Ils ont fait l'Histoire, tome 29 : Alexandr..

Le défaut majeur de cette bande dessinée, c'est qu'elle est beaucoup trop courte. D'ellipses en résumé, de silence en sous-entendus, bah on ressort très frustré, car l'immense histoire d'Alexandre et de son armée grecque, de ses généraux, de ses rêves, ambitions, légende et démesure, ça ne tient pas en 48 pages, rien à faire...



Par contre j'ai beaucoup apprécié la façon d'aborder l'homme, en débat sur les motivations et les raisons d'Alexandre de pousser toujours plus loin à l'est, entre Spyros, le scribe, tout acquis à Alexandre, et Artemas, le vétéran revenu, après de nombreuses années de cette immense périple, pour ne retrouver que des cendres de son ancienne vie, et qui, lui, est beaucoup plus critique.



J'avoue que je peine à me faire un avis définitif et tranché, depuis toujours, sur Alexandre le Grand. S'il est, sans conteste, une légende, ses motivations et ses raisons restent pures spéculations. Gros mégalo, ou diplomate trop en avance sur son temps ? Fou ou surdoué ? Visionnaire ou aveuglé par son ambition ? Peut-être un peu de tout ça à la fois, hein...

J'ai bien aimé le traitement du film d'O. Stone, avec Colin Farrell, où l'on comprend qu'il fuit le plus loin possible de sa mère, trop envahissante, tout en reprenant à son compte le rêve de son père, entraînant ses malheureux soldats à sa suite, mais cela aussi reste pure spéculation. Intéressante, mais spéculative, lol.



S'il est devenu une légende, c'est qu'il l'a voulu. Comme Ramsès II avant lui, Jules César après lui, et à peu près tous les hommes de pouvoir depuis l'invention de l'écriture, il a fait en sorte qu'on se souvienne de lui. Il écrivait sa propre histoire en même temps qu'il la vivait, et en était sans aucun doute conscient. Il est passionnant à étudier, confondant quand on regarde le périple, qu'il a imposé à son armée, à travers le monde antique d'alors.

J'étais médusée en lisant "La guerre des Gaules", comment à marche forcée les soldats, dont on ne saura jamais le nom, la piétaille, traversait la Gaule en tous sens, et plutôt rapidement, tout ça pour aller en plus se battre, et souvent mourir, à des lieues de chez eux.

Et par rapport à ce qu'a fait l'armée d'Alexandre, la Gaule, bah c'était pas grand chose...

L'être humain est un puits d'étonnement sans fin pour moi...

Je ne sais même pas s'il y avait des routes à l'époque. Sans doute pas... Ce sont les romains, plus tard, qui ont inventé les routes pavées. Donc c'était marche forcée sur des terrains variés, pas forcément très praticables.

Et tout ça, on n'en voit pas le quart du tiers de la moitié dans cette bande dessinée... C'est évoqué, mais bon, survolé, tout comme les relations, les généraux, les différents personnages.



Les dessins sont nets, précis, assez épurés, on reconnait bien chaque personnage, c'est plaisant à lire. Pour le "débutant en Alexandre", c'est vraiment sympa. Après, pour les férus d'Histoire de l'antiquité, nul doute que ça les laissera sur leur faim...

Même si les quelques pages d'Histoire qui lui sont consacrées en fin de BD sont plutôt pas mal, très claires, et qu'on a aussi quelques références bibliographiques, mais très peu.





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