Ça raconte Sarah, c’est l’histoire d’une passion amoureuse, d’une histoire d’amour dévorante. Il s’agit d’une rencontre entre deux femmes a priori hétérosexuelles à l’origine et qui tombent follement amoureuses. L’une mène une vie tranquille, mère, professeur, et s’ennuie, elle décrit sa vie comme un phénomène « latent ». L’autre, musicienne, est une véritable tornade de vie. Elles vivent une histoire d’amour dont l’intensité est si extrême qu’elles ne semblent pas pouvoir en sortir indemnes.
Il convient d’abord de saluer la performance de l’auteur qui réussit à tenir ce roman sans même l’ombre d’un dialogue. Par ailleurs, elle use à très bon escient de figures de style qui viennent illustrer cette passion. Le roman se compose en deux parties qui ne sont pas explicitement nommées mais qu’on imagine facilement : la naissance et la mort, l’amour et le désamour, la passion et la destruction. Cette dichotomie très schématique vient en fait illustrer une réalité assez dure : que la passion dévorante n’est autre que dévastatrice.
Dans la première partie, c’est un véritable ouragan, le début de cette passion fulgurante. Les phrases sont courtes : un sujet, un verbe et un complément suffisent. Celles-ci viennent exprimer l’éphémère d’une telle relation qui semble vouée à l’échec. Elles sont saisissantes, se posent comme un souffle et repartent aussi tôt. Le rythme de la narration est extrêmement rapide. Il illustre l’intensité de la vie, sans coupure, sans pause, sans relâchement. La lecture étouffe, elle se resserre comme un étau, de la même manière que l’amour de ces protagonistes l’une envers l’autre. Les chapitres sont courts comme le sont parfois les émotions de la vie, les pulsations du cœur, l’intensité d’un moment. Il y a beaucoup de répétitions qui viennent alourdir le récit mais qui, d’un autre point de vue, peuvent apparaître comme le coté cyclique de la vie elle-même.
Dans la seconde partie, c’est l’exil, la narratrice cherche à se retrouver elle-même. Les phrases sont plus longues, elles semblent se rallonger sous le poids du temps et de la douleur. Les sentiments paraissent détériorés, comme abîmés. La narration semble plus lasse, essoufflée par cette passion qui la détruit.
Me concernant, bien que je salue ces techniques littéraires, je n’ai pas accroché à l’histoire. Celle-ci m’a ennuyée et je n’ai pas réussi à faire partie de cette passion. Je me suis sentie comme une lectrice un peu abandonnée, laissée de côté par cette histoire d’amour à laquelle je n’ai pas pris part. Je n’ai pas senti de connivence entre le narrateur et moi-même, surtout pendant les apartés terminologiques de certains termes.
Toutefois, je félicite l’auteur qui a remporté le prix du roman des étudiants 2019 pour son premier roman et qui illustre tout de même avec brio la fascination amoureuse jusqu’à sa destruction.
Lien :
https://littecritiques.wordp..