Knowledge was power, ans surprise was key.
Aujourd’hui, le brouillard s’était levé sur mes souvenirs.
Je grinçai des dents et le regrettai aussitôt. Les sensations que cela éveilla dans ma langue gonflée étaient si étranges, si incongrues… Les points de suture me chatouillaient le palais et je sentis le goût métallique du sang dans ma bouche.
Je frissonnai.
La crise de panique approchait à grands pas, un véritable orage plein d’éclairs fourchus et de vents soufflant en tempête.
Mon âme subit une attaque de claustrophobie. Elle semblait vouloir se débarrasser de sa vieille carcasse pour en trouver une nouvelle en meilleur état. Je me sentais sale, impuissante et inutile, et pas seulement parce que je ne me souvenais même plus de ma dernière douche. Ces dernières années me collaient à la peau malgré la mort de Maître A.
Il alimentait mon espoir, même quand ce dernier était inexistant.
Dans la vie, il arrive toujours un moment où la détermination détrône les circonstances.
« J’eus envie de hurler : « Tu crois pouvoir me comprendre ? Je te connaîtrai mieux. Si on tentait un pari ? »
Je lui donnerai mes secrets s’il réussissait à me sortir de là. Ce type dégageait une aura particulière, inconnue, essentielle, dont j’avais besoin. Terriblement besoin.
J’ignorais tout du monstre qui sommeillait en lui, mais ça n’avait aucune importance. Perdue dans ses yeux sans fond, j’osai entrer en guerre avec lui.
Plus nous nous contemplions, plus le lien qui nous reliait se concrétisait. Cette fichue alchimie était de retour, et vibrait intensément en me fouettant les sangs.
« Dans la vie, il arrive toujours un moment où la détermination détrône les circonstances. Où la volonté prend le pas sur ce qui doit être fait. »
— Tu m’es reconnaissante ? De t’avoir sauvée ?
Fatiguée, je le dévisageai.
Non.
Oui.
Merci.
Il me rendit mon regard, attendit encore une réponse qui ne viendrait jamais. Enfin, il siffla.
— Eh bien, tu ne devrais pas.
Mon cœur s’emballa.
La voiture rebondit sur une bosse et nous projeta l’un contre l’autre. Il s’empara de mon poignet. Une nouvelle bride, un nouveau maître, une nouvelle vie de servitude.
— Je ne suis pas le héros dans cette histoire. Je suis un méchant de plus. Tu ferais mieux de t’en souvenir.
Ils me voyaient, pouvaient même m’apprécier l’espace d’un instant, mais je ne revêtais aucune importance.
Quatre petits mots.
Si l’on me demandait quelle est ma plus grande peur, mon pire cauchemar, je répondrais par quatre petits mots.
Comment ma vie avait-elle pu basculer dans un tel enfer ?
Comment mon amour pour Brax avait-il pu se dégrader à ce point ?
La cagoule noire sentait le rance et m’empêchait de respirer autant que de réfléchir posément. La corde qui me ligotait me sciait les poignets.
Du bruit.
La porte de l’avion s’ouvrit. Des pas approchèrent. Sous la cagoule, des images d’horreur m’assaillirent. Allait-on me violer ? Me mutiler ? Reverrais-je jamais Brax ?
Q n'était plus le diable.
Il était mon maître. Je lui appartenais.
Je n'appartenais plus à Brax. Je ne m'appartenais même plus à moi-même. J'appartenais à un lugubre avenir, incertain, terrifiant.