Nous nous sommes rencontrés dans un cauchemar. Dans cet entre-deux où le temps n'a aucune prise sur la raison. Nous sommes tombés amoureux. Brutalement. Puis, nous nous sommes réveillés. Et tout s'est terminé...
Tu as beau dire que je n’ai aucune dette envers toi, que je ne te dois rien, c’est pourtant bien le cas. (Mon cœur s’emballa.) J’ai accepté de te dévoiler certaines choses me concernant pour te remercier de m’avoir sauvée et protégée. Je n’ai jamais supposé que tout cela serait gratuit. J’ai besoin de te donner quelque chose en contrepartie, ne serait-ce que pour mon amour-propre.
J’avais horreur d’entendre ma voix flancher, trembloter sous la force de ma colère et de ma frustration.
— Je ne possède rien qui ait de la valeur, et pourtant tu m’en donnes, repris-je. Tu ne le comprends pas, ça ? Tu imagines à quel point ça peut me rendre malade, à quel point accepter une telle chose me répugne, parce que…
Il plaqua sa bouche contre la mienne, m’imposant le silence par un baiser fougueux.
Je restai pétrifiée, sous le choc, perdue dans cette étreinte et complètement à la merci d’Elder.
Il faisait disparaître tous mes neurones.
Bam.
Il envoyait au tapis tous mes arguments.
KO.
Il faisait fondre les remparts de glace que j’érigeais autour de moi par le contact fabuleux de sa bouche contre la mienne, de son souffle se mêlant au mien, de sa langue caressant la mienne.
Je ne possède rien qui ait de la valeur, et pourtant tu m’en donnes
« J’ai hâte de te revoir. »
De me revoir, pas de me forcer à avoir un rapport sexuel, ni de me faire mal, ni de m’obliger à faire ce qu’il voulait.
« J’ai hâte de te revoir… »
Des mots si simples, mais si rares et si précieux.
Elder pouvait me forcer à dévaliser mille banques et à commettre un million de délits pour lui rembourser la dette que j’avais envers lui. Mais à mesure qu’il augmentait ma valeur à ses yeux, il me rendait la tâche de plus en plus impossible.
J’avais raison.
Elder Prest était bien l’homme le plus dangereux que j’avais jamais rencontré.
Pas parce qu’il pouvait me tuer quand il le voulait, mais parce qu’il était en mesure de me dérober bien plus que ma vie.
Il n’avais qu’à tendre la main pour me voler mon cœur.
Je ne t'oublierai jamais, Elder Prest.
Je t'aimerai toujours, Personne.
Ne m'oublie jamais, je t'en prie.
Pimli...
Il était aussi gentil que cruel.
Il était tout ce dont j'avais envie, et tout ce que je craignais.
Elle était la plus belle chose au monde.
Elle était la chose la plus dangereuse de l'univers.
Il fallait que je le débarrasse d'elle avant qu'il soit trop tard.
Je n'avais pas compris à quel point j'avais besoin d'être indispensable, d'avoir quelqu'un à protéger après avoir été seul pendant si longtemps.
Pour la première fois, le blanc me manquait, car il m'aurait aidée à me concentrer sur qui j'étais vraiment.
J'avais commencé à oublier.
Mais Elder avait, malgré lui, réveillé ma mémoire.
Plus jamais je n'oublierai.
Elle était à moi.
Elle avait une dette envers moi.
Et le temps du remboursement était presque arrivé.
Ma peur n'était pas due à l'idée de courir à moitié nue dans les rues, ni même d'appeler la police pour qu'on vienne me chercher, mais de partir en laissant tous ces mystères insondés.
Il m'avait sauvée de la mort en m'offrant une seconde de bonheur, et je voulais qu'il reste dans ma vie. Mais je savais que c'était impossible.
Mais tout ce qui faisait qu'elle était Pimlico avait disparu.
Mon esprit s'affranchit de son état de servitude pour embrasser son innocence.
Où rien ni personne ne pouvait m'atteindre.
Plutôt que de compter ce que j’avais perdu et ne retrouverais plus jamais, je préférais faire le point sur ce qu’il me restait.
J'avais moi-même causé ma perte. J'étais tombée amoureuse de mon maître.
Cette prise de conscience fut comme un illumination. Je ne suis pas une gentille fille qui aime les sucettes à l'anis. Je suis une guerrière, une vicieuse, une femme qui aime les châtiments corporels.
- Elle !
Mon estomac se noua, menaçant de se révulser. Oh, mon Dieu...
Quatre petits mots :
J'ai été vendue.
J'étais là pour lui et il était là pour moi.
Je ne serais plus jamais seule. Il m'aimerait toujours.
Je ne pus contenir mes larmes.
- Pour la première fois de ma vie, je suis vulnérable parce que je suis tombé amoureux, dit-il en français.