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Citations de Perrine Le Querrec (114)


Autour de la table tombale, cinq silences
Celui du père, tout en mots de labeur et de sécheresse
Celui de l'aînée, désordonné, débordant, qui voudrait s'échapper
Celui de la cadette, saillant, rebelle, indicible
Celui du benjamin, reclus, terré derrière la pudeur du cri
Celui de la mère, retranchement et travaux forcés, un silence de haine que nul n'écoute jamais
Il sont tous un air de famille, un air de désastre
Trois fois par jour, ils meurent de faim
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Le jour du jugement

Je ne bouge pas, juste les larmes
Je ne le regarde pas, juste les larmes
Le temps ne passe pas, juste les larmes
Grand débat entre les avocats, le coup de boule
devant l’école était-il intentionnel ou pas ?
Et les coups de boule sans témoins ?
les strangulations sans témoins
les représailles sans témoins
Je ne bouge pas, juste les larmes
Je ne le regarde pas, juste les larmes
Le temps ne passe pas, juste les larmes
J’ai survécu au quotidien aux menaces aux nuits, j’ai
survécu aux questions de la police Quand il vous
frappe il vous dit quoi ? J’ai survécu à ses droites
à ses beuveries, j’ai survécu à la confrontation
côte à côte il faut que je parle et lui il frotte ses
mains, j’ai survécu à la lenteur de la procédure à
l’aménagement de sa peine
J’ai aménagé
Mes peines mes peur mes culpabilités
Je suis ailleurs, juste les larmes
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L’interrogatoire
T’es où ?
Avec qui ?
Tu fais quoi ?
Tu rentres quand ?
Chaque question. T’es où ? Tu rentres quand ?
Attaque à ma liberté. Où tu étais ? Avec qui ?
J’ai été tellement battue. Tu fais quoi ? Avec qui ?
Je me suis tellement battue. Avec qui ? Et pourquoi ?
Pour la conquérir ma liberté. Qui ? Quoi ? Où ?
Maintenant, à la moindre question. Tu rentres quand ? t’es où ?
Tu fais quoi ?
Avec qui ?
je bloque je débloque je recule je refuse je m’enfuis
avec qui je veux où je veux quand je veux
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Allez, vas-y
Vis-le, ton rêve
Crache-le à la gueule de la réalité
Ouvre les bras, ouvre la bouche, ouvre
les yeux
Tu ne te noies pas : tu respires, peut-être pour la première fois. Ou la
Dernière.
Va arracher ton rêve aux angoisses du
Quotidien, à la misère qui recouvre tout
D’une poussière irritante, grise et acide.
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Pour éclairer sa nuit…



Pour éclairer sa nuit
il fixe
Sur son chapeau une couronne de bougies
Sous l’auréole de flammes
le peintre miraculeux
Réduit en cendres la stabilité
Chaque surface plane, un feu de joie
Un bûcher qui s’enflamme de sa puissance
Sur lui-même le paysage
Sur elle-même la raison
Sur soi-même enroulé
Quelle est cette nature qui jamais ne repose ?
Chaque œuvre, une tempête
un incendie
Sol et ciel
Troncs et hommes
Horizon et verticales
Fleurs et fuites
Cet incessant tumulte
Cet incessant bruissement
Ce qui rampe jaillit exprime fleurit folie
La semi-liberté soulignée de rouge, de noir
le cerne
Enfonce son dard de feu
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Journal de résidence : 23 janvier 2018. Mot après mot elles se sont redressées. Leur courage, leur joie de vivre, leur force, c’est cela qui a mené l’écriture ; notre besoin commun de briser le silence et l’indifférence autour des violences faites aux femmes, violences conjugales, sexuelles, psychologiques, violences humaines, violences de la société, la violence ses nombreux visages, c’est cela que vous allez lire.
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C'est un étang de miraculeux silence
C'est la porte des condamnés à mort
C'est l'épitaphe du tombeau
C'est l'endroit où vivre, l'envers où mourir
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Il est sur mon corps, il pousse et geint et frappe et crie et bave. Il est sur mon ventre, mon visage, mes seins, mes cuisses. Il perce, saigne, jure, force. Ses coups résonnent dans mes os; je pensais en avoir terminé avec lui, avec eux, je pensais m'enfoncer dans le néant et l'oubli, je pensais m'échapper. Mais il est là, sur moi, à me chevaucher.
Couteau, poinçon, gouge, il m'écorche, me pèle, me fend, me taille.
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Joséphine ne souhaite voir personne. Refuse les contacts. Refuse les échanges. Comme autrefois dans le Nord. Alexandre l’humilié cherche un peu de réconfort. Parfois une femme, une peau douceur, des caresses silencieuses.
Car Alexandre et Joséphine
Taciturnes, silencieux, étranges, solitaires
Estrangers
Ce n’est pas un père, juste une forme de violence
Ce n’est pas une mère, juste une forme d’indifférence
Ce n’est pas une famille, juste une forme de récit
Ce n’est pas eux, juste une forme de silence
Juste une forme d’humanité
Une longue cohabitation avec l’inhabitable
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"elle entend très distinctement la chute
interminable
de chaque feuille
(...)
la nature reprend des forces
la mesure des choses
n'est plus l'homme - le garçon
mais la fille du chien
la terre qui porte
leur chemin

la pensée c'est le bras
c'est la main qui avance
la jambe qui plie
la pensée c'est le chien
le poumon qui se gonfle
l'aorte qui bat
(...)
elle se gardait bien et depuis
longtemps de donner des réponses
plutôt ouvrir un livre et chercher
la poésie

sans savoir que la nature allait dévorer
son esprit lambeau après lambeau
les animaux déchiquettent sans poser
d'autres questions que celles
de la survie
(...)
épitaphe
"on te l'avait bien dit"

trop tard pour mourir jeune
(...)
Un corps est lourd lorsqu'il tombe
d'eau salée et de sang
pierres sèches dans le ventre
(...)
l'alternative consiste à fuir
ou empiler des mots
(...)
la compagnie des formes
Illisibles
(...)
elle plisse des yeux plisse le paysage
le vent le ciel moutonne magnétique
elle virevolte les talons
percent des vides aucune route
n'est fiable finalement
(...)
aucune main ne se tend pour vite
la ramener sur le bon chemin
la terre la détrousse
tant pis pour l'éboulement
(...)
il y aurait mille façons ici
de se suicider disent les longues branches
dit la falaise
dit la bête embusquée
disent-ils et dit-elle
(...)
effroyable silence
la fille s'est dégagée de la langue
(...)
puis ce point de rupture
plus rien n'avait de sens

elle qui parlait souvent
avec de vastes gestes
d'air de lumière de chair
rétrécit le mot
jusqu'à la trace
seul os
maigre
du dialogue
(...)
comme toujours en dedans
on écoute les contours
jamais l'intérieur
(...)
à ses rêves
l'endroit où il n'est plus possible
de se ressembler
(...)
de mémoire qu'elle s'autorise
ici les deuils se délient
chutent dans les crevasses
(...)
que fait-elle au juste?elle chasse
les mots dans l'épais
(...)
tout serait ainsi possible
loin

que fait-elle au juste?
elle épaule l'horizon
les becs frappent les troncs
de dépouillement en dépouillement le bleu
(...)
qui modèle qui?
(...)
ce qui compte surtout
c'est de ramasser des brindilles
que le feu ne s'éteigne pas
(...)
déclaration de chasse
la guerre contre l'animal
est ouverte
fille et chien rasent les talus
il y aura des victimes
dans les deux camps
(...)
chacun reçoit sa part de mort
(...)
c'est méconnaître l'événement d'un bourgeon
d'une visite
le miracle d'un mot
que de lui demander si souvent des nouvelles
de l'ennui
(...)
vibrations tremblements
les ténèbres deviennent
dans le noir magnésium
des fentes de lumière"
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s’habiller encore ?
tandis que le temps s’avale de travers
vêtements de nuit et vêtements de jour perdent
leurs mailles leur tenue leur usage
encore une caresse sur le dos
admirable de l’animal
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À la chronique des chiens écrasés
décès de madame R.
herbe tendre
violet perfume really
the air smells like teen violet

le chien
décoiffé
la fille
chiens sur le front
les deux
errants
dans un jeu de quilles

elle se gardait bien et depuis
longtemps de donner des réponses
plutôt ouvrir un livre et chercher
la poésie

sans savoir que la nature allait dévorer
son esprit lambeau après lambeau
les animaux déchiquettent sans poser
d’autres questions que celles
de la survie
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Feux de voitures …



Feux de voitures feux des confins feux de révolte
feux d’injustice feux de colère feux d’abandon
feux résistance feux déclaration feux d’indignés
feux d’oubliés feux de sursaut feux consommés
feux ciblés feux de consommation feux de vengeance
feux d’impossibles feux de plaisir feux de joie
feux ensemble feux d’unité feux de puissance
feux d’impuissance feux d’urgence 14 juillet
Liberté-Égalité-Fraternité Nouvel An Liberté-
Égalité-Fraternité feux des mensonges feux
des promesses feux des mépris les nuits de feux
Feux, des signaux
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Pour x raisons
La violence tombe
Pour x raisons
Mon corps, une ombre
Pour x raisons
Ma vie, une tombe
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Rouge pute

Pour certains c’est la colombe blanche
La liberté
Pour moi c’est Rouge Pute
Ma liberté
Du rouge à lèvres, du rouge voyant, du rouge-tu-me-vois ?
Du rouge-c’est-moi

Putain cognait-il si je mettais du rouge
Elle déclenche la violence et la féminité
Les insultes l’interrogatoire les brutalités
Rouge sang

Dans ma nouvelle collection je choisis un tube
Rouge Pute
Je dessine mes lèvres, redessine ma vie
Visible
Vivante
Rouge vif
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Allez, vas-y
Vis-le, ton rêve
Crache-le à la gueule de la réalité
Ouvre les bras, ouvre la bouche, ouvre
les yeux
Tu ne te noies pas : tu respires, peut-être pour la première fois. Ou la
Dernière.
Va arracher ton rêve aux angoisses du
Quotidien, à la misère qui recouvre tout
D’une poussière irritante, grise et acide.
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Horloge à l’envers horloge à l’endroit horloge sans aiguille horloge arrêtée horloge à quartz horloge à cristaux horloge mécanique horloge ancienne horloge à l’heure horloge moderne horloge cassée horloge emballée réveil matin réveil soir réveil jamais horloge trotteuse carillons tocante montre à gousset verre de montre bracelet horloge digitale comtoise horloge à pendule horloge design horloge murale chandelles sablier cloche cadran solaire clepsydre chandelle pendule de cheminée horloge atomique montre-bracelet horloge ancienne horloge muette mesurer se lever se réveiller dormir mourir crever patienter en retard en avance jamais à l’heure oublier le lapin.
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comme toujours buter
sur le visage opaque de la ville
comme toujours en dedans
on écoute les contours
jamais l’intérieur
les injonctions pullulent
désobéir
à ses rêves
l’endroit où il n’est plus possible
de se ressembler

dans l’ombre des tombeaux
tenant au poignet la laisse du colosse
à ce moment tout est possible

la faim la soif redécouvertes
le danger redécouvert
oreilles yeux pointés avec une acuité accrue

sous le trait épais des sourcils
des trous
de mémoire qu’elle s’autorise
ici les deuils se délient
chutent dans les crevasses
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l’horizon ligne noire couche avec la nuit
sur le sable entre mer et ciel elle se dresse
seule dans l’encre et la mer en roulis de silence
au bout de ses bras les flammes tournoient elle écrit
une langue de feu pour elle seule et la mer et la nuit
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Pain noir / pain blanc
(à Sylvie)

Des femmes à miettes
Miettes d’attention de douceur de normalité
Des femmes en miettes
Pain noir plein la bouche plein les jours plein le ventre
Ventre dur, martelé
Marteau des poings des pieds
Pain noir à étouffer, pain noir à vomir
Femmes émiettées
Puis femmes sauvées
Écoutées protégées
Les associations, le pain blanc
Ces Femmes pas des mauviettes
Quand tous les liens coupés
La honte la peur la haine
Devant la miette d’homme se relèvent
A pleines dents croquer le pain blanc
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