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Critiques de Peter Weiss (15)
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Esthétique de la résistance

Peter Weiss, Esthétique de la résistance, édition Klincksieck, 890 pages, MC

Voici un livre reçu lors de la précédente masse critique. Le thème m’inspirait, mais la surprise fut grande à la vue de ce pavé qui m’attendait. Comme d’habitude lorsque je reçois un livre, je commence toujours par feuilleter l’ouvrage, j’observe la mise en page, je jauge l’apparence pour voir ce qui m’attend. Et là, je vois un bloc de texte de la première à la dernière page. Aucun dialogue apparent, aucune aération à part les quelques changements de chapitre. Le livre est très dense et il m’a fallut beaucoup de concentration à la lecture, mais je n’ai aucun regret.

Ce roman est rédigé comme une autobiographie d’un jeune ouvrier qui a une certaine vision de l’engagement au moment de la montée du nazisme. Comment se forger une culture quand on est un adolescent ouvrier ? On se la donne soi-même, en suivant des cours du soir, en visitant des musées. Le narrateur est ses amis comprennent vite que l’art est un moyen d’expression à toutes les époques de la souffrance et de la révolte. Il faut donc se donner l’accès à l’art et se l’approprier.

A travers Géricault (Le radeau de la méduse), Picasso (Guernica), Kafka (Le château) et Delacroix (La liberté guidant le peuple) et Gaudi entre autre, les discussions s’emballent et l’engagement se confirme dans ne gauche qui parfois se divise et montre ses faiblesses entre ce qui se passe dans les bureaux politiques et la réalité sur le terrain.

Alors, cette Esthétique de la Résistance, qui se déroule sous le nazisme, le franquisme, et le stalinisme, ce sont des années d’apprentissage d’un jeune militant, une initiation aux combats politique, et c’est en même temps une histoire du mouvement ouvrier, de la République de Weimar à la chute du national-socialisme et du IIIe Reich, une fresque de la gauche révolutionnaire.

Pour info : cet ouvrage est paru pour la première fois entre 1975 et 1981 et a connu un très grand succès en Allemagne de l’ouest. Il est réédité aujourd’hui en un seul énorme volume.





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L'instruction

Entre 1963 et 1965 a lieu le procès de vingt-deux responsables nazis du camp d'extermination d'Auschwitz. Dans le public, un homme, un auteur, Peter Weiss. Il écoute les témoignages des victimes, plus effroyables et hallucinants les uns que les autres. Il écoute les accusés, leurs rires parfois. A partir de ses notes, il rédige « L'Instruction », texte composé de ces plaidoyers, organisés de façon à leur donner une forme théâtrale. le théâtre documentaire est né.



Avec cette nouvelle esthétique théâtrale, Peter Weiss souhaite rendre compte de la meilleure façon possible, c'est-à-dire de manière efficace, de la réalité d'Auschwitz. Sur le modèle d'un oratorio, une oeuvre lyrique dramatique représentée sans mise en scène, sans décor ni costume, l'auteur plonge le lecteur/spectateur au coeur du tribunal, le mettant face à face avec la vérité historique.

Ainsi, au travers de onze chants comportant chacun trois parties, Peter Weiss confronte victimes et bourreaux. Dans une écriture radicale, simple, sobre et dépouillée, les témoignages se succèdent, relatant l'horreur des détenus, de leur arrivée sur la rampe jusqu'au four crématoire, en passant par la description de la balançoire et l'enfer du bunker.

Nulle fioriture, aucune subjectivité, juste la parole de celui qui a subi et de celui qui a commis, dans sa plus pure expression. Solo, longues tirades, duos entre accusés et témoins s'alternent et donnent du rythme et de la musicalité au texte.





Le lecteur/spectateur ressort groggy de cette immersion dans l'horreur. Par la forme de récit choisie, il prend part au jury. C'est violent, c'est implacable et c'est nécessaire. Peter Weiss a été un des rares auteurs allemands à écrire sur la Shoah dans les années 1960, alors que tant d'autres se taisaient et préféraient oublier, pour le "bien de la Nation". Cette oeuvre, outre la vérité historique, fait également office de mémoire collective.



C'est un des textes sur la Shoah qui m'a le plus bouleversée.

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La persécution... de... Marat

Le Marat-Sade est une pièce hors du commun. On y voit l'assassinat de Jean-Paul Marat (1793) joué par des internés de l'asile de Charenton de 1808. Une troupe de malades dirigée par le bon vieux marquis de Sade. Il est enfermé, il doit bien occuper ses journées, non? Des malades qui font la révolution. L'image est forte.



Il y a aussi une confrontation d'idées entre Marat et Sade parce qu'en tant que réalisateur, Sade s'introduit aussi dans sa propre pièce, créant un drôle d'effet sachant qu'ils sont supposés être à deux époques différentes. Sade devient un peu comme l'envers de la conscience du révolutionnaire. Marat dit que la violence est nécessaire pour changer les choses. Le problème avec la violence, c'est qu'elle n'est pas contrôlable. Pour Sade, l'individu prime avant tout, il doit vivre sans limites. Le pouvoir est tout le temps partout. On croit se libérer, mais l'on est simplement sous le joug d'un autre intérêt, et l'individu n'y peut rien. La liberté, au fond, n'est peut-être que le pouvoir de choisir ses passions, ses tyrans. À la fin, le peuple l'emporte, mais est-ce qu'il peut réussir à quelque chose, c'est ce que Sade soulève comme questionnement.



Alexandre Dumas a dit quelque part qu'«il était possible de violer l'Histoire à condition de lui faire de beaux enfants». En voilà un splendide!
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L'instruction

Le lecteur est plongé dans l'horreur d'Auschwitz par les propos des kapos et des resposnables directs, en charge des prisonniers. Peter Weiss reprend les déclarations faites au procès de Francfort. Sans fioriture, ce n'est pas nécessaire, il déroule le quotidien du camp, la mière, les frustrations, les drames, les exécutions... la déchéance et la perte d'humanité. C'est écoeurant. C'est vrai. Lors d'une représentation à Liège, j'ai vu des spectateurs se lever et quitter la salle. J'en ai entendu dire "oh non, pas ça" avant de se lever et de partir la tête basse. A lire. A voir. Pour que cela ne se reproduise jamais. Pour ne pas oublier.
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Hölderlin

J'ai découvert Peter Weiss avec l'Instruction, une pièce très dure sur le procès de Francfort, celui où furent jugés les "petits" des camps de concentration. J'avais surkiffé l'engagement, le rythme, le côté cru et "vérité" du théâtre de Weiss.



Je retrouve ces aspects dans Hölderlin, sorte de biographie du poète engagé et visionnaire (qualificatifs qui pourraient s'appliquer à Weiss également), contemporain de Hegel, de Schiller ou Goethe. Par contre, je suis moins en phase avec les aspects avant-gardistes de la pièce (que j'avais moins ressentis dans l'Instruction).



Le propos de Weiss est que la poésie est politique, humaniste et engagée. Et Hölderlin se révèle être le défenseur de cette vision des choses. Il en subira les conséquences, durement, dans sa chair et son esprit, sombrant doucement dans une folie synonyme d'isolement et de déconnexion du réel. Weisse semble nous dire que cette folie est logique, incontournable car elle est masque, paravent qui permet d'occulter le monde tel qu'il est. C'est le prix à payer pour que le poète ne soit pas le complice de l'injustice et de la lâcheté du monde. Weiss très social et engagé offre un long plaidoyer pour une société plus juste. Où les gens assument leurs choix et leurs engagements. Leurs amitiés aussi. Une pièce qui a sans doute vieilli dans la forme, mais pas dans le fond.
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DIE ERMITTLUNG ORATORIUM IN 11 GESANGEN.

Un drame théatrale écrit en 1965 qui retranscrit un procès de tortionnaires nazis.



Pas de fioriture, pas de pathos malsaint. Des vérités qui vous prènent la gorge, des mots simples qui expriment toute la cruauté organisée de ce génocide. Impossible de ne pas être touché au plus profond de soi.



Un petit livre à préscrire dans toutes les classes d'histoire.



Pour la version française: L’Instruction (traduit de l'allemand par Jean Baudrillard), théâtre (oratorio en onze chants), Le Seuil, 1966.
Lien : http://de.wikipedia.org/wiki..
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Esthétique de la résistance

Nouvelle publication par Klincksieck de cette immense fresque devenue un grand (et long) classique : il s'agit d'un parcours dans les mouvements ouvriers et sociaux allemands de la première moitié du XXe s en regard de grandes oeuvres culturelles remarquablement décrites et interprétées. Un grand livre, dans lequel il est nécessaire de se plonger, et qui nécessite un certain engagement.. Assurément un monument littéraire digne des autres très grandes oeuvres du siècle...
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L'instruction

Nous qui vivons encore avec ces imagesTribunal de Francfort. Des procès-verbaux.



Un oratorio en onze chants :

Le Chant de la rampe

Le Chant du camp

Le Chant de la balançoire

Le Chant de la possibilité de survivre

Le Chant de la mort de Lili Tofler

Le Chant du sergent Stark

Le Chant du Mur noir

Le Chant du phénol

Le Chant du Bunker

Le Chant du Zyklon B

Le Chant des fours crématoires



La force du texte. Les « simples » faits rapportés. L’anonymat des témoins qui ne « font que rapporter ce que des centaines ont exprimé ». Les accusés portant figure précise, portant des noms.



Les mots de l’ordre, de l’obéissance, des trains devant arriver à l’heure, de la discipline…



« Avec des tampons à aiguilles on nous imprimait

les chiffres dans la peau »



Des accusés qui rient, « Je ne suis pas au courant », les accusés qui approuvent et qui rient, des accusés qui manifestent leur indignation…



« Nous attendions une attaque aérienne

sur les chambres à gaz

ou des bombardements des voies d’accès »



Contre les mensonges et les demandes de prescription.



Et ce texte en dit aussi long sur les regards sur Auschwitz dans les années soixante.




Lien : https://entreleslignesentrel..
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La persécution... de... Marat

En ce 13 juillet 1809, Monsieur Coulmier, Directeur de l’Hospice de Charenton a le plai­sir de vous accueillir dans la salle de bai­gnade où va avoir lieu la repré­sen­ta­tion du meur­tre de Jean-Paul Marat ("l’Ami du peuple") par Charlotte Corday. Cette pièce, nous la devons à la plume de Monsieur de Sade, pen­sion­naire de l’Hospice, qui a réuni un groupe d’inter­nés qui vont jouer tous les per­son­na­ges.
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L'instruction

Cette pièce est dure, très dure à lire... Mais, quelle puissance ! Ici on est plongé dans le procès des dignitaires d'Auschwitz à Francfort. Et pour moi cette œuvre se résume à cette paraphrase de l'auteur : "j'ai vu les impacts de balles sur les murs sans entendre les carabines." lors de sa visite du camp de concentration illustrant parfaitement son syndrome du survivant.
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Esthétique de la résistance

Roman-essai ardu mais très instructif et très intéressant. J'ai dû me concentrer pour le lire, mais des mois plus tard, je pense encore à certaines idées qui s'y trouvent.



J'ai d'abord fait ma critique - ou mes Impressions de lecture - sous forme vidéo beaucoup plus détaillée. Si vous voulez en savoir plus, je vous invite à consulter mon canal sur YouTube:
Lien : https://youtu.be/xSGvKUAY0DU
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Esthétique de la résistance

L’estomaquante force totale de l’Esthétique de la résistance, dont divers passages peuvent rappeler Robert Walser ou Thomas Bernhard, tient aussi à son caractère romanesque, au défilé des personnages qui font chacun vivre leur monde, leurs convictions et les manières d’y être fidèle.
Lien : http://next.liberation.fr/li..
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L'instruction

Un sous-genre assez méconnu : le théâtre-documentaire.

Un thème maintes fois traité dans la littérature : Le camp de concentration

Le tout orchestré par un Peter Weiss dont le style est ,c'est le moins que l'on puisse dire , épuré.

Les rares didascalies décrivent les rires des accusés face aux affirmations de certains témoins. Il n'y a la moindre ponctuation.

Les témoins se suivent et répondent au juge de manière purement factuelle.

Point de lamentation ou d'injure. Juste des faits .

Le résultat est efficace .

Lecture aussi bouleversante qu'instructive. A lire.
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Esthétique de la résistance

C'est tout un monde, le monde, que l'on pénètre avec Peter Weiss. Inutile de préciser que quelques jours ne suffisent pas et qu'il faudra y revenir, pénétrer plus avant, tourner des pages encore après avoir pris le temps de la « digestion » (nous n'avons lu que le premier volet de la trilogie contenue dans cet énorme volume). Vous êtes prévenus, ce n'est pas un ouvrage que l'on tient à bout de bras enfoui sous la couette (le poids du papier et la densité du texte ne le permettent pas), il lui faut la table et le crayon. Il généralise et très peu particularise. Pas de personnalité à laquelle vraiment s'accrocher mais de la solide théorie littéraire et artistique, de l'inconnue histoire du mouvement ouvrier germanique depuis la République de Weimar jusqu'à la chute du IIIe Reich. C'est une épopée de la gauche révolutionnaire sous le nazisme, le stalinisme et le franquisme ; une réflexion sur la place qu'occupe l'art comme expression de la souffrance et de la révolte. le théorique dans ces pages se mêle sans cesse au vécu, l'analyse au récit.





Le narrateur du roman est un jeune militant autodidacte confronté à l'effondrement de la démocratie en Allemagne, la montée du national-socialisme, la souffrance de l'exil et la guerre d'Espagne. Les événements, les combats, les espoirs comme les échecs continument défilent. Brecht, Münzenberg comme Grosz y jouent un rôle. La guerre d'Espagne est aussi présente que le quartier prolétarien berlinois de Wedding, ainsi à chaque instant l'expérience des personnages peut s'identifier à l'histoire en train de se faire. Dans « L'esthétique de la résistance », les oeuvres d'art sont vivantes comme les hommes eux-mêmes. Dans les toutes premières pages, happés par l'histoire et la violence immortalisées par la pierre, des ouvriers contemplent la frise de l'autel de Pergame et échangent interminablement. de même, il est fantastiquement question dans l'ouvrage d'«Un enterrement à Omans », de « La divine comédie », du « Château », du « Radeau de la Méduse », de « Guernica »… Tous ces chefs d'oeuvres sont ici témoins de souffrance, de culture et comme l'affirmait Walter Benjamin ils sont « document[s] de barbarie ». Ils se mêlent inextricablement aux terribles événements. La grande tâche des personnages du roman, c'est de résister et de s'approprier inlassablement la culture des experts dans la perspective du monde vécu par les exclus de la terre. Dans « L'esthétique de la résistance », « l'histoire [s'écrit] du point de vue des vaincus ».

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Esthétique de la résistance

Le message d’espoir porté par le livre consiste à montrer comment les œuvres d’art d’une époque d’esclavage et de triomphe sur des peuples écrasés peuvent s’inverser en un langage lucide pour la révolte et l’émancipation future, fût-ce dans les pires conditions.
Lien : http://www.lemonde.fr/livres..
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