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Citations de Philip Pullman (608)


Cette fois, avec un craquement sinistre, le poignard subtil se brisa et la lame tomba en mille morceaux, qui scintillèrent sur les pierres encore mouillées par la pluie battante de l'autre univers.

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Lyra et son daemon traversèrent le Réfectoire où grandissait l'obscurité, en prenant bien soin de rester hors de vue des cuisines. Les trois longues tables qui occupaient toute la longueur du Réfectoire étaient déjà dressées, l'argenterie et les verres réfléchissaient la lumière déclinante, et les longs bancs étaient tirés, prêts à accueillir les convives. Les portraits des anciens Maîtres étaient accrochés aux murs, tout là-haut dans la pénombre. Lyra atteignit l'estrade, jeta un coup d'œil par-dessus son épaule vers la porte ouverte des cuisines et, ne voyant personne, elle s'approcha de la table surélevée. Ici, les couverts étaient en or, pas en argent, et les quatorze sièges n'étaient pas des bancs en chêne, mais des chaises en acajou dotées de coussins de velours.

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Viens, lui dit-elle, on est tous là, on n'est pas blessés. Et maintenant, on voit où on va. Alors, continue d'avancer, continue. On ne peut pas faire autrement que de contourner ce... (Elle désigna l'abîme à ses pieds.) On est obligés de continuer. Je te jure que Will et moi, on ira jusqu'au bout. Alors, n'aie pas peur, n'abandonne pas, ne traine pas derrière. Fais passer le message aux autres. Je ne peux pas me retourner sans cesse, je dois regarder ou je mets les pieds. Je dois être sûre que tu nous suis, d'accord ?
Le petit fantôme hocha la tête. Alors, dans un silence angoissé, la colonne des morts reprit son chemin en longeant le gouffre. Combien de temps il leur fallut, ni Will ni Lyra n'auraient su le dire; à quel point c'était effrayant et dangereux, pas une seconde ils ne pouvaient l'oublier. L'obscurité était si intense dans le gouffre qu'elle semblait attirer le regard vers elle, et une sensation de vertige terrifiante s'emparait d'eux dès qu'ils regardaient en bas. Chaque fois qu'ils le pouvaient, ils fixaient devant eux une pierre, une prise, une saillie, une plaque de graviers instables, et ils évitaient ainsi de regarder l'abîme, mais celui-ci les tentait, il les appelait. Ils ne pouvaient s'empêcher d'y jeter un coup d'œil et, aussitôt, ils se sentaient vaciller, leur vision se mettait à tournoyer, et une horrible nausée les submergeait.

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L'univers est rempli d'intentions. Tout ce qui se produit a un but.

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Cette idée, encore fragile, flottait dans son esprit comme une bulle de savon, et Lyra n'osait pas la regarder en face, de peur de la voir éclater. Mais elle savait comment se comportent les idées, aussi la laissa-t-elle se développer lentement, en regardant ailleurs et en pensant à autre chose.

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Il remit l'argent dans sa caisse et ouvrit sa bouteille avec le décapsuleur fixé sur le comptoir ; après quoi, il ressortit du café et marcha dans la rue, en tournant le dos au boulevard. De petites épiceries et boulangeries alternaient avec les bijouteries, les fleuristes et les portes masquées par des rideaux de perles qui s'ouvraient sur des maisons dont les balcons en fer forgé, chargées de fleurs, dominaient les trottoirs étroits. Le silence, ainsi enfermé, semblait encore plus profond.

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Ô mon âme, ne cherche pas la vie éternelle, épuise le royaume des possibles
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- Je ne pensais pas qu'un jour j'en reverrais un. C'est un lecteur de symboles. T'a-t-il parlé de cet objet, petite ?
- Non. Il m'a seulement dit que je devrais apprendre à m'en servir par moi-même. Et il a appelée ça un aléthiomètre.
John Faa se tourna vers son compagnon.
- Qu'est-ce que ça signifie ?
- C'est un mot grec. Ca vient d'aletheia, il me semble, qui veut dire "vérité". Autrement dit, cet appareil sert à mesurer la vérité. Eh bien, Lyra, as-tu appris à l'utiliser ?
- Non. J'arrive à diriger les trois petites aiguilles sur différents dessins, mais impossible de contrôler la grande. Elle n'arrête pas de tourner. Mais parfois, quand je suis très concentrée, j'arrive à la faire aller dans un sens ou dans l'autre, uniquement par la pensée.
- Comment ça fonctionne, Farder Coram ? demanda John Faa. Et comment fait-on pour lire ?
- Tous ces dessins autour du cadran, expliqua Farder Coram en orientant l'objet vers le regard perçant de John Faa, sont des symboles, et chacun d'eux représente beaucoup de choses différentes. Prenez l'ancre de bateau, par exemple. Le premier sens de ce symbole est l'espoir, car l'espoir vous permet de tenir bon au milieu de la tempête, comme une ancre. Le deuxième sens, c'est la constance. Le troisième, c'est l'idée d'obstacle invisible, de prévention. Le quatrième sens, c'est la mer. Et ainsi de suite... Il y a peut-être une dizaine, une vingtaine, ou même une infinité de sens.
- Et vous les connaissez tous ?
- J'en connais quelques-uns, mais pour tous les interpréter, j'aurais besoin du Livre. J'ai vu le Livre, et je sais où il se trouve, malheureusement je ne l'ai pas.
- Nous parlerons de ça plus tard, dit John Faa. Dites-nous plutôt comment on fait pour déchiffrer.
- Il y a trois aiguilles que l'on peut contrôler, expliqua Farder Coram. On s'en sert pour poser une question. En désignant trois symboles, on peut poser toutes les questions que l'on souhaite, étant donné que chacun possède de nombreuses significations. Une fois que la question est bien précisée, la grande aiguille tourne et désigne d'autres symboles qui donnent la réponse.
- Mais comment l'appareil sait-il à quel niveau de sens on pense quand on pose la question ? demanda John Faa.
- L'appareil lui-même n'en sait rien. Pour que ça marche, celui qui pose la question doit avoir tous les niveaux présents à l'esprit. D'abord il faut connaître toutes les significations, or, il peut en exister des milliers. Ensuite, il faut pouvoir les garder en tête sans trop y penser ou sans solliciter une réponse, et juste suivre des yeux les déplacements de l'aiguille. Quand elle a fini de tournoyer, on a la réponse à sa question. Je sais comment ça fonctionne, car j'ai vu un sage d'Uppsala s'en servir, un jour. Et c'est la seule fois où j'ai pu admirer cet objet. Sais-tu que les aléthiomètres sont rares, petite ?
- Le Maître m'a dit qu'il en existait six seulement.
- J'en ignorais le nombre exact, mais c'est très peu.
- L'as-tu caché à Mme Coulter, comme le Maître te l'avait demandé, Lyra ?
- Oui. Mais son daemon a fouillé ma chambre. Et je suis sûre qu'il l'a trouvé.
- Je vois. Ma petite Lyra, j'ignore si nous connaîtrons un jour toute la vérité, mais voici ce que je crois d'après ce que je sais. Le Maître a été chargé par Lord Asriel de veiller sur toi et de te protéger de ta mère. Ce qu'il a fait, pendant dix ans ou plus. Mais les amis de Mme Coulter au sein de l'Eglise l'ont aidée à créer ce Conseil d'Oblation ; dans quel but ? nous l'ignorons. Toujours est-il que la voilà aussi puissante, à sa manière, que l'était Lord Asriel autrefois. Deux parents aussi redoutables et ambitieux l'un que l'autre, et le Maître de Jordan College coincé entre les deux avec toi sur les bras.
Mais le Maître a mille autres préoccupations. La principale étant son collège et le savoir qu'il renferme. S'il sent que cela est menacé, il se doit de réagir. Or, depuis quelques temps, l'Eglise se fait de plus en plus autoritaire. On crée des conseils pour ceci, des conseils pour cela, on parle de rétablir le Bureau de l'Inquisition, à Dieu ne plaise. Et le Maître est obligé de louvoyer entre toutes ces forces. S'il veut que Jordan College survive, il doit se ranger du côté de l'Eglise.
D'un autre côté, le Maître est soucieux de ton sort, Lyra. Bernie Johansen a toujours été formel sur ce point. Le Maître de Jordan College et tous les Erudits t'aiment comme leur propre fille. Ils étaient prêts à tout pour te protéger, et pas uniquement parce qu'ils l'avaient promis à Lord Asriel. Par conséquent, si le Maître t'a livrée à Mme Coulter, alors qu'il avait juré à Lord Asriel de ne jamais le faire, c'est qu'il a pensé que tu serais plus en sécurité avec elle qu'à Jordan College. Et s'il a décidé d'empoisonner Lord Asriel, sans doute est-ce parce qu'il a pensé que les agissements de ton oncle les mettaient tous en danger, et nous aussi peut-être, voire même la terre entière. Pour moi, le Maître est un homme confronté à de terribles décisions : quoi qu'il décide, il fera du mal, mais peut-être que s'il fait le bon choix, il en résultera moins de souffrances. Que Dieu me garde de devoir, un jour, être dans cette situation. Et lorsque est venu le moment où il a dû te laisser partir, il t'a donné ce lecteur de symboles, en te demandant de le protéger. Toutefois, j'ignore quel usage il veut que tu en fasses, étant donné que tu ne sais pas l'utiliser. Son raisonnement m'échappe, je l'avoue.
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Elle m’a expliqué que toute l’histoire humaine se résumait à la lutte entre la sagesse et la bêtise.
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Il trouva une boîte de Coca qu'il lui tendit, avant de sortir une boîte d'œufs. La fille coinça le soda glacé dans ses mains avec délice.
- Vas-y, bois, dit Will.
Elle regarda la boîte en fronçant les sourcils. Apparemment, elle ne savait pas comment l'ouvrir. Will souleva la petite languette métallique et la boisson jaillit en moussant. La fille lécha la mousse avec méfiance, puis ses yeux s'écarquillèrent.
- On peut le boire ? demanda-t-elle d'une voix où l'espoir se mêlait à l'appréhension.
- Oui. Visiblement, ils connaissent le Coca ici aussi. Tiens, regarde, je vais en boire pour te prouver que ce n'est pas du poison.
Il ouvrit une autre boîte. L'ayant vu boire l'étrange breuvage, elle l'imita. De toute évidence, elle mourait de soif. Elle but si vite que les bulles lui remontèrent dans le nez ; elle s'étrangla, rota bruyamment et fronça les sourcils quand Will la regarda.

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Cette fois, avec un craquement sinistre, le poignard subtil se brisa et la lame tomba en mille morceaux, qui scintillèrent sur les pierres encore mouillées par la pluie battante de l'autre univers.
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La pénitence et l’absolution préventives étaient des doctrines inventées et développées par le Consistoire, mais ignorées de l’Église en général. Il s’agissait de faire pénitence pour un péché qui n’avait pas encore été commis, une pénitence intense et fervente, accompagnée de flagellations, ceci dans le but de constituer une réserve de crédits. Quand la pénitence avait atteint le niveau approprié à tel ou tel péché, le pénitent recevait l’absolution par avance, bien qu’il puisse ne jamais être amené à commettre ce péché. Mais il était parfois nécessaire de tuer des gens, par exemple ; dans ces cas-là, l’assassin était beaucoup plus serein s’il pouvait agir en état de grâce.
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Will tira sa mère par la main, en lui disant :
- Allez, viens. Viens...
Mais sa mère traînait les pieds. Sa peur ne s'était pas dissipée. Will balaya du regard la rue étroite, baignée de la lumière du crépuscule et bordée de petites maisons toutes semblables, chacune derrière son jardinet et sa haie de buis. Les derniers rayons du soleil se reflétaient sur les fenêtres d'un côté de la rue et laissaient l'autre côté dans l'ombre. Le temps était compté. Les gens devaient être à table à cette heure et, bientôt, des enfants envahiraient les parages, des enfants curieux et bavards à qui rien n'échapperait. Il était dangereux d'attendre, mais Will ne pouvait rien faire d'autre que de convaincre sa mère, comme toujours.

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— Mes sœurs, dit Ruta Skadi, laissez-moi vous raconter ce qui est en train de se passer, et vous expliquer qui sont nos ennemis dans cette affaire. Car une guerre se prépare. J'ignore encore qui seront nos alliés, mais je sais qui nous devons combattre. Il s'agit du Magisterium, de l'Église. Depuis qu'elle existe, c'est-à-dire très peu de temps à nos yeux, mais très très longtemps d'après les critères des mortels, l'Église a toujours cherché à supprimer et à contrôler toutes les pulsions naturelles. Et quand elle ne peut pas les contrôler, elle les détruit. Certaines d'entre vous ont vu ce qu'ils faisaient à Bolvangar. C'était épouvantable, mais ce n'est malheureusement pas le seul endroit, ni la seule pratique de ce genre. Mes sœurs, vous ne connaissez que le Nord ; moi, j'ai voyagé dans les contrées du Sud. Il y a là-bas des Églises qui mutilent les enfants elles aussi, comme les gens de Bolvangar, pas de la même façon, mais de manière tout aussi horrible. Ils leur coupent les organes sexuels, oui parfaitement, aux garçons comme aux filles ; ils les tranchent avec des couteaux. Voilà ce que fait l'Église, et toutes les églises ont le même objectif : contrôler, détruire, anéantir tous les bons sentiments.
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Assise à l’intersection de ces grandes branches, tout là-haut, elle ressentait une sorte de ravissement qu’elle n’avait connu qu’une seule fois dans sa vie, et ce n’était pas le jour où elle avait prononcé ses vœux pour devenir religieuse.
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Un menteur chevronné ne possède pas forcément une imagination débordante ; à vrai dire, beaucoup d’excellents menteurs n’ont aucune imagination, c’est ce qui confère à leurs mensonges un tel pouvoir de conviction.
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Si rien n’a été prévu, alors qui sait ce qui peut arriver ?
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- L’idée de l’oubli éternel m’est insupportable, Asriel, ajouta-t-elle. Tout plutôt que ça. Je pensais que la douleur serait la pire des choses, être torturée éternellement… Je croyais qu’il n’y avait rien de pire… Mais, tant qu’on reste conscient, c’est un moindre mal, non ? C’est mieux que de ne plus rien sentir et de s’enfoncer simplement dans l’obscurité, alors que tout disparaît pour toujours ?
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Quand elle est suffisante, la force l’emporte à tous les coups. — Pour toujours ? Il n’y a donc aucun espoir en dehors de la force ? — Non, pas pour toujours. Pendant un certain temps seulement. Ensuite, des fissures apparaissent, l’étau se desserre et les gens se souviennent de ce qu’ils étaient, ils sentent qu’ils veulent reprendre en main leur destin. La vie n’est pas une chose statique, Becky. La vie est dynamique. Tout change. C’est ça qui est beau…
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- Mes sœurs, dit Ruta Skadi, laissez-moi vous raconter ce qui est en train de se passer, et vous expliquer qui sont nos ennemis dans cette affaire. Car une guerre se prépare. J'ignore encore qui seront nos alliés, mais je sais qui nous devons combattre. Il s'agit du Magisterium, de l'Église. Depuis qu'elle existe, c'est-à-dire très peu de temps à nos yeux, mais très très longtemps d'après les critères des mortels, l'Église a toujours cherché à supprimer et à contrôler toutes les pulsions naturelles. Et quand elle ne peut pas les contrôler, elle les détruit. Certaines d'entre vous ont vu ce qu'ils faisaient à Bolvangar. C'était épouvantable, mais ce n'est malheureusement pas le seul endroit, ni la seule pratique de ce genre. Mes sœurs, vous ne connaissez que le Nord ; moi, j'ai voyagé dans les contrées du Sud. Il y a là-bas des Églises qui mutilent les enfants elles aussi, comme les gens de Bolvangar, pas de la même façon, mais de manière tout aussi horrible. Ils leur coupent les organes sexuels, oui parfaitement, aux garçons comme aux filles ; ils les tranchent avec des couteaux. Voilà ce que fait l'Église, et toutes les églises ont le même objectif : contrôler, détruire, anéantir tous les bons sentiments.

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