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Citations de Philippe Muray (532)


L’occulte ? La mystique ? Plus que jamais ! On en veut dans tous les coins ! Et la plus moche ! La plus baveuse ! Mais sous contrôle, surveillée ! Invitée par CNN ! Par TF3, par FR10 ! Par tout le gang ! Le XXIe sera mystique ! Les pires cons le disent ! Ou ne sera pas ! Tous les abrutis sont d’accord !
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Pour arranger la situation, ajoutons que jamais la littérature, région parmi d’autres du mouroir touristique appelé culture, n’a été plus encouragée, caressée sous toutes les coutures, comme l’espèce en voie de disparition qu’elle est. C’est joli, c’est inoffensif, c’est décoratif la littérature. Ça ne fait de mal à personne. Ce n’est qu’une couleur au milieu des autres sur la riche palette de l’approbation du monde tel qu’on le voit en train de se reformater. C’est un site à visiter si on n’a rien de mieux à faire.
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Love bombing ! Divine expression ! Il s’en était levé d’illumination lorsqu’elle l’avait prononcée. Je crois même que c’est alors qu’il a décidé qu’il se la ferait, Margareta. C’était trop beau. Love bombing ! Le bombardement d’amour ! Brrraomm ! Vlang ! Plein la gueule ! Et des baisers ! Des roucoulades ! Wroong ! Vrang ! Reboum dans la tronche ! Attrape ça ! Braoum ! Et encore ça ! Ah ! c’était la grande correction ! Le cataclysme des suavités ! Des giboulées partout de tendresse ! Des éclats de Bien Des ruines de tout !
Love bombing ! Il s’extasiait. Il n’en montrait rien, bien entendu. Secrètement enthousiasmé, il la laissait continuer. Il était surexcité maintenant. Elle lui plaisait énormément. Il la voyait nue déjà. Il ravageait les étapes. Il imaginait ses trésors, son ventre, ses belles fesses larges, sa forêt noire. Il la voulait. Là. Il l’aurait. Love bombing. Le salaud.
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[…] je crois, pour conclure, qu’un des buts essentiels du critique de romans devrait consister à se créer un bagage de connaissances de plus en plus précises concernant ce qui est bon, et plus encore ce qui est mauvais, pour l’art romanesque. La connaissance de l’ennemi, la science de l’ennemi des romans, c’est-à-dire de presque tout ce qui se met en place, aujourd’hui, sous nos yeux […], voilà ce qui pourrait être le propre de la critique, d’une critique faite dans l’intérêt de l’art romanesque, et non dans le dessein de s’auto-célébrer, de justifier sa propre existence ou carrément de nuire, comme les deux charlatanismes critiques, l’universitaire et le médiatique, dont je parlais en commençant.
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La santé, le sport : l’un des versants essentiels de la ré-approbation du monde, de sa remise en ordre globale, nécessaire et absolue. L’autre versant, cela va de soi, ce sont les mystères cosmiques, christologies, prophétismes, vibrations positives, réenchantements, révélations subliminales.
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Un critique, plutôt que de perdre son temps à analyser tous ces romans de néo-sacristains, tous ces livres rédigés avec un stylo directement trempé dans le préservatif, pourrait s’amuser à les rapprocher de slogans publicitaires connus, montrer qu’ils se ramènent tous à l’une ou l’autre des injonctions récentes de la pub.
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Le monde contemporain est rempli de propositions qu’on ne peut pas rejeter. Qui oserait dire non à la tolérance, au bonheur, à la paix éternelle ? Au taux de croissance ? Au respect de l’environnement ? A la disparition des caries ?
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[…] on peut considérer Comte-Sponville, avec son Petit traité des grandes vertus, comme celui qui se charge de penser magistralement cette insurrection des bénitiers romanesques, ce triomphe de la bonne parole caoutchouteuse, cet impérialisme sucré de la vision « United colors », et qui lui bricole sa théorie faite de moralisme artisanal, de fondamentalisme doux, de fanatisme exquis de la Transparence. La bondieuserie manquait de bras, elle en a trouvé.
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Une seule opinion pour tous, peut-être, mais alors librement consentie, et renouvelable par quinzaine, pour éviter l’ennui, les habitudes, tel serait sûrement l’avenir humain.
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Et voici la néo-Fête, voilà le carnaval reconstitué en studio qui nous crève les yeux et que si peu de romanciers osent voir, de crainte sans doute de dégoûter la clientèle ; ou parce qu’on ne peut pas déclarer mauvais ce que tout un chacun a l’air de trouver délectable. Plutôt se replier sur l’exotisme, le roman historique, les cités grandioses et chargées de vestiges, la visite du musée vénitien, la poésie.
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La rétrospective Dürer, organisée par le musée du Jus de pomme, avec le soutien du Senatsverwaltung Für Kulturelle Angelegenheiten de Berlin et le concours des Biscottes Craquette, réunira cinquante-quatre tableaux de l’artiste, illustrant les multiples facettes de son talent exceptionnel. Pour célébrer cet événement, les Biscottes Craquette ont décidé d’imprimer sur chaque paquet cinq chefs-d’œuvre de Dürer.
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Ça pourrait être cela, en fin de compte, le propre de la critique : repérer ce qui tend à rendre le roman impossible. Il y a donc la poétification de la réalité. Et aussi, en vrac : l’interdiction de se moquer ou de caricaturer (tout le monde est respectable) ; la victimocratie ; le primat des larmes et de l’émotion, mélange radioactif de résidus de gauchisme et de puritanisme ; le terrorisme du cœur ; le chantage au moi comme authenticité, comme preuve (et finalement comme œuvre : « Il me suffit d’exhiber mes blessures et d’appeler ça de l’art. reconnaissez mes blessures comme de l’art et taisez-vous ! ») ; le rôle épurateur des émissions dites littéraires du type « Apostrophes », leur longue mission de nettoyage éthique et de formation de nouvelles générations d’ « auteurs » consensuels ; la confusion organisée des sexes (alors qu’un bon romancier est toujours un très ferme différenciateur des sexes) ; la propagande homophile acceptée lâchement comme style de vie général (« On est tous un peu homos ») ; le devenir nursery-monde du monde, l’infantilisation généralisée (devant « l’intérêt de l’enfant », qui oserait ne pas s’agenouiller ?) ; la vitesse médiatique, la sinistre vitesse liquidatrice, en opposition avec la lenteur nécessaire aux arts (à leur profond instinct de conservation) ; le modèle du racisme à toutes les sauces (invention du « sexisme » sur le moule du racisme, fabrication plus récente du « spécisme », crime consistant à voir une distinction entre les espèces) ; le refus des gens eux-mêmes, des simples gens, de n’être que des gens, leur prétention à passer pour le gratin, pour le dessus du panier, pour l’élite, leur désir d’être pris pour des people, comme on dit dans les magazines people justement, donc à perdre toute consistance romanesque […] ; la culture englobant les différentes disciplines dites artistiques et les réorientant vers une finalité résolument touristique, à l’intérieur du nouvel ordre social lui-même touristique (on vient, on paie, on regarde, on photographie, on camescopise, on approuve, on s’évacue) ; le tourisme lui-même, bien sûr, forme ultime et destructrice de la transparence planétaire, avec son choix de sites, ses cadrages, ses ravages et son accompagnement de pâtisseries romanesques luberonnaises ou vénitiennes qui ne renseignent que sur l’endroit où les auteurs ont passé leurs derniers congés payés. Et il faudrait encore ajouter la prévention généralisée, la Sécurité sociale (pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, la survie triomphant de la vie), la politique des sondages en lutte contre toute attitude anti-communautaire, contre toute échappée hors des « valeurs » de la classe moyenne, contre toute imprévisibilité (donc contre l’essence du romanesque). Et ainsi de suite.
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Le Temps n’était même plus perdu, il s’effondrait sous le Loisir. Les années se vomissaient. On retrouvait partout, à travers rues, cette affiche qui ne cessait de proclamer : « POUR UN MONDE SANS CARIES ». Et qu’est-ce qu’on aurait pu attendre d’autre du monde désormais ? Une grosse fille Laide et sale marchait à sa rencontre, portant un badge sur son tee-shirt, entre les seins : « MAINTENANT, JE SUIS EN PLEINE FORME, DEMANDEZ-MOI POURQUOI ».
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Le propre du roman, ça devrait être de s’acharner à dévoiler, dans cette néo-réalité, tout ce qui tend maintenant à rendre les romans impossibles. Le roman ne peut réussir à « incarner » le présent caché par les médias qu’aux prix d’une hostilité aussi ferme que constante et sereine.
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L’architecture contemporaine n’avait eu pour fonction, en somme, que de rendre aimable, gai, désirable, n’importe quel bâtiment du monde d’avant.
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Plus j’ai vu s’accroître, en ces années, le nombre de choses dont il était préférable de ne rien dire, et plus j’ai senti augmenter dans la même proportion mon envie de les couvrir par écrit du ridicule de l’immortalité.
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Nous nous battrons. Nous nous battrons pour tout, pour les mots qui n'ont plus de sens et pour la vie qui va avec. Nous nous battrons pour l'ordre mondial caritatif et les endroits où ça bouge bien. Nous nous battrons pour la vie jeune et les arts alternatifs. Nous lutterons pour nos tour-opérateurs, pour nos compagnies aériennes, pour nos chaînes hôtelières, pour nos prestataires de service, pour nos pages Web et pour nos forfaits à prix coûtant.
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Vous apprendrez les infinis délices de la repentance, qui est un nom sublime pour désigner et encourager la destruction de tout le passé.
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Vous éclairez vos lanternes avec nos vessies
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Même les interprétations vraisemblantes du monde ne sont plus à la hauteur de la situation. Le vraisemblable est une récompense que notre non-réel ne mérite pas. Déconner plus haut que cette époque sera une tâche de longue haleine. Et vomir sera penser. Rien n’est terminé. Les choses amusantes ne font que commencer.
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