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Citations de Philippe Torreton (292)


... on était confiants, on avait des ordres, c’est pratique un ordre, un ordre ça s’exécute, tu dis oui au chef, tu salues, tu tournes les talons et puis t’y vas comme t’es venu, ça repose, ça trace ton avenir immédiat.
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Philippe Torreton
... la dernière phrase que m'adressa Mémé se fait entendre...
Ce n'est pas facile de mourir me dit-elle.
Page 134
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"ma mémé, elle était silencieuse de mots mais bavarde en preuves d'amour".
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Tu peux partir Mémé, on va s'en sortir, ni riches ni pauvres on est là sur cette terre avec de quoi tenir dans ce monde difficile.
On sait d'où l'on vient maintenant.
On a un toit à jamais, une terre pour toujours.
On peut mettre son doigt sur la carte des sentiments et se dire "je viens de là".
Page 132
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Un cadeau ce n'est pas nécessaire, ce qui compte c'est d'être là.
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Je trouvais sa pierre tombale trop neuve.
Ca ne lui allait pas, il aurait fallu que sa tombe fût déjà mousseuse et licheneuse, une tombe à l'ancienne (...) Celle-ci était brillante, neuve, en marbre noir.
S'il ne tenait qu'à moi, je t'aurais mis de la brique, ou une grosse pierre de granit brut, ou rien, un champ, une motte de terre, pis, une croix, parce que faut ben mett'e un truc et c'est tout.

Non, en fait, j'aurais planté un arbre,
pour que ses racines te prennent et t'aspirent et te fassent monter dans ses feuilles, comme ça le vent t'aurait fait chanter enfin, librement, comme ça des petits auraient pu continuer à grimper sur toi pour voir plus loin, comme ça tu aurais pu encore nous indiquer les saisons qui passent, nous qui mangeons n'importe quoi n'importe quand ...
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Pour toi l'argent doit aider, comme un outil. En avoir un peu sur ton compte te semblait absurde. Tu n'étais pas du genre à compter les décimales après virgule des taux d'intérêts, tu n'avais besoin de rien mais tu savais que tes enfants étaient déjà infectés du virus de la fièvre acheteuse, urbains que nous étions on devait tout acheter. Il fallait meubler le vide, s'équiper, changer de pneus, de Frigidaire, de cartables, de télévision, de literie, d'ampoules, de vélos, de crèmerie, de coiffure, d'apparence... Ces besoins répandus sur nos zones urbaines comme des pesticides nous faisaient croire que l'on vivrait mieux. Et ça marche encore. Travailler plus pour gagner plus et consommer toujours et encore des produits de moins en moins bons, de moins en solides. Du fabriqué ailleurs, de la culture d'obsolescence sur palettes, des produits pour pauvres qui rendent encore plus pauvres.
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Une blouse avec deux grosses poches devant pour y mettre tes énormes mouchoirs, des mouchoirs grands comme des taies d'oreiller, des mouchoirs porte-monnaie, porte-noisettes, mouchoir foulard, mouchoir chapeau avec un nœud à chaque coin, mouchoir gant de toilette pour essuyer les petits morveux ou les petits qui saignent ou les petits au chocolat. Des mouchoirs qui pourraient se vexer que l'on se mouche simplement dedans.
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Rouen ressemblait à une carcasse de bœuf suspendue par les pattes arrière, on distinguait ses entrailles, et comme une brutalité peut soulever la robe d’une femme respectueuse et digne, des béances de guerre laissaient voir de loin la cathédrale. J’avais honte de la découvrir ainsi exposée, meurtrie, éclaboussée de crachats métalliques, insultée de flammes, soufflée, sidérée… Comment allions-nous faire ? T’es là, debout, flageolant face aux ruines, Rouen était éradiquée, terminée, trop de destructions, on n’y arriverait jamais.
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... Chez mémé fallait que ça pousse que ça fleurisse que ça fasse des petits, des boutures, des œufs, des bourgeons, des rejets, que ça Marcotte, que ça se greffe, que ça se sépare et se ressème, que ça hiverne et reprenne, que ça se conserve et se congèle, que ça s'échange et s'assèche en motte et en bouquet pour toujours et à jamais.
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Tiens curé, encore un truc dont tu aurais pu te servir pour honorer ma mémé, ce rapport à la terre ! Le respect du vivant, la parcimonie dans le prélèvement nécessaire, le recyclage des choses, s'assurer que la terre puisse servir encore à la descendance sans être obligé de la décontaminer. L’Église devrait être à la tête des mouvements les plus écologistes, le blé qui tue les paysans, qu'en penserait ton Jésus ? Arrête-moi mémé si je me trompe, mais je pense que cette parole devait te manquer aussi sinon les bancs d'église t'auraient vue un peu plus souvent.
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— On va droit à la guerre.
André m’expliqua ... qu’on n’avait rien à craindre, la France avait la meilleure armée du monde, on avait gagné la grande et puis on possédait la ligne Maginot, infranchissable :
— Les Allemands vont se casser les dents sur elle et capituler tout de suite après, ils n’auront même pas la possibilité de poser un pied chez nous.
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Nous étions sous le sapin à déchirer le papier cadeau qui faisait des flammes colorées dans la cheminée, et toi tu devais penser à tes Noëls en rase campagne, tes Noëls de peu de chose.

Y avait-il seulement un sapin ?
Pas sûr, une bonne bûche de chez la forêt qui brûlait dans la cheminée, une messe de minuit histoire de dire, et au lit.
La nature se chargeait des décorations en givrant les fenêtres, en faisant fructifier le houx de la porte de la cour et en parasitant les pommiers de guis pour les premiers de l'an.

Tu as vu la France s'enrichir de Noël en Noël ...
Tu es passée de Noëls de terre battue à des Noëls de parquets cirés.
De Noëls de feux dans la cheminée pour se chauffer à des Noëls de feux dans la cheminée pour faire beau et avoir trop chaud avec nos sous-pulls en Nylon et notre chauffage central ...
De Noëls de dîners à peine mieux que d'ordinaire à des Noëls de combines de comité d'entreprise pour toucher des huîtres CGT par bourriches entières, du saumon CFDT en promotion, du foie gras Force ouvrière, et des Noëls aussi où l'on découvrait l'avocat et le kiwi, des entrées "qui changent" comme on disait en regardant du coin de l'œil pépé regrettant sa tranche de galantine.
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Je me suis juré que plus tard, je me serais laissé aller à couiner pour le moindre petit bobo tant j'avais le coeur qui pompait dans le vide, j'étais blanc comme un linge.
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On roulait tous les deux, mon père et moi. Mais mon père, pour la seule fois de ma vie, était là rien que pour moi. Il avait négocié ça avec ma mère, c’était mon tour.
C’est la dernière fois que la vie fut belle. Après, la guerre est arrivée. Juste après la guerre, mon père est mort d’une crise cardiaque, et encore après je me suis trouvé comme un couillon en Indochine.

(Incipit)
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Merci Mémé, grâce à toi j'aime la pluie...Cette pluie verte, un vert de prés verts.
Ta pluie fait fumer la terre.
Ta pluie dure et coupante comme un coin de tôle.
Ta pluie si pleine.
C'est à dire ronde grasse et franche.
Ta pluie fine, sans fin et ruisselante.
Ta pluie tenace et têtue.
Ta pluie qui fait du bien aux rêves.
Ta pluie fait faire des choses à l'intérieur.
Ta pluie est espérance.
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J'écris tout ça pour rien mémé. Tu as trop fouillé la terre pour comprendre que là-haut ne sert à rien, c'est en bas que ça se passe, au ras du sol, lorsque le palpitant palpite(...). On quitte tout ça, tout ce travail, cette vie de labeur à se débrouiller pour mettre quelque chose dans les assiettes trop nombreuses du midi et du soir, une vie à rattraper les coups tordus et les vacheries de la vie, une vie à mettre de côté ses rêves et ses désirs en espérant tous les jours ne plus retrouver l'endroit exact où on les a cachés...
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Mémé ça ne se dit plus. Tu étais une des dernières, encore un coup dur pour la biodiversité. Maintenant on n'a plus que des papis et des mamies, ou des grands-pères et grands-mères pour faire plus respectable.
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On suait, on en bavait, mais on était fiers, du vrai travail de paysans. Mémé venait nous apporter la collation, du pain du fromage et du cidre, dans un panier. Je prenais l'accent et faisais semblant de comprendre lorsque la pause casse-croûte déliait un peu les langues des gars à Léon. Il ne fallait surtout pas rater l'inflexion du début de phrase, c'est elle qui donnait le mode et l'humeur de la repartie, tout le reste était avalé, embourbé dans la langue et les joues...
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On laissait mémé toute seule dans cette campagne noire. Toute seule dans son lit, sans câlins, sans mari qui se lève quand il y a du bruit, sans personne pour qui craindre. Juste des cauchemars avec des morts dedans. Mais de quoi a t'on peur quand la mort est déjà venue faire ripaille chez toi ?
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