Samedi 4 mars, nous avons eu le plaisir de recevoir Baptiste Beaulieu à la librairie Dialogues à Brest ! On en a profité pour lui poser quelques questions !
Bibliographie :
- Les gens sont beaux, de Baptiste Beaulieu et Qin Leng (éd. Les Arènes)
https://www.librairiedialogues.fr/livre/20926603-les-gens-sont-beaux-baptiste-beaulieu-les-arenes
- Jonathan Livingston le Goéland, de Richard Bach, Russell Munson et Pierre Clostermann (éd. Flammarion)
https://www.librairiedialogues.fr/livre/1178899-jonathan-livingston-le-goeland-richard-bach-flammarion
- le Comte de Monte-Cristo, d'Alexandre Dumas (éd. Folio)
https://www.librairiedialogues.fr/livre/16747243-le-comte-de-monte-cristo-alexandre-dumas-folio
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La vitesse augmente de façon vertigineuse. A ces altitudes, il faut être très prudent, car on atteint vite la vitesse du son, et alors, gare ! On risque fort de se retrouver accroché au parachute, en caleçon, en moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire.
Je sais bien que le Q.G. de Londres fait des efforts pour me donner satisfaction. A Paris, on s’en moque. La politique est la seule préoccupation et ce n’est pas à ceux qui combattent que l’on se préoccupe de donner du galon.
Heureusement, on n’ a pas trop remarqué mon mauvais atterrissage – il y en a de si mauvais cet après-midi, dont deux avec casse grave que, tant que la voiture est intacte, c’est considéré comme une bonne arrivée.
C’est toujours le Boche que l’on ne voit pas qui vous descend.
La guerre, pour nous, ce n’était pas la course désespérée, baïonnette au canon, de milliers d’êtres humains suant de peur, se poussant mutuellement et se soutenant dans le massacre anonyme et forcé. Pour nous, c’était l’acte volontaire, individuel, prévu, scientifique, du sacrifice – c’était l’aiguillon atroce de la peur qu’il faut, seul, briser quotidiennement dans la chair – c’’était la volonté que l’on sent partir en nausées amères et qu’il faut garder, reformer.
Mon groupe ne peut durer ainsi – j’ai eu entre le 15 février et le 15 mars 31 pilotes tués ou portés disparus sur un effectif en ligne de 24 ! Sur les pilotes qui composaient cette unité du temps de Fairkanks, seul deux officiers, un sergent et moi-même survivons.
Le Grand Cirque est parti.
Le public a été satisfait. Le programme était assez chargé, les acteurs pas trop mauvais, et les lions ont dévoré le dompteur.
L’auteur a reçu sa première D.F.C. après 8 victoires homologuées et près de 300 missions. Sa seconde D.F.C. après 370 missions et 20 victoires, et finalement le D.S.O. après 420 missions, 33 victoires et un commandement effectif de squadron et de wing.
Après 300 missions de guerre, ce n'est plus avec l'enthousiasme du pilote frais émoulu, ni avec la sûre confiance en soi que donne la supériorité de l'expérience, que je reviens (p.164).
Huit mille pieds. Il faut redresser.Je tire sur la profondeur, doucement mais fermement. Dans l'air plus dense les commandes accrochent, et je vois l'horizon qui commence à filer sous le nez de l'avion mais la mer est déjà là ! Ce n'est plus le bloc solide que je voyais à quarante mille pieds c'est une masse mouvante verdâtre, ourlée d'écume, qui se rue vers mon avion. Je tire sur le manche rien à faire, je sens que je ne vais pas pouvoir redresser à temps.Alors je risque le tout pour le tout : je donne un tour de manivelle aux compensations de la profondeur Immédiatement un voile de sang s'étend sur mes yeux, je sens ma colonne vertébrale et mes os qui se tordent, un déchirement dans les entrailles, les joues qui se tirent sur les orbites, comme des doigts, qui m'arrachent les nerfs optiques.Tout est noir. La structure de l'avion craque ! Lorsque je rouvre les yeux, l'élan vertigineux m'a remonté jusqu'à quatre mille mètres. Un filet chaud me coule des narines et tombe sur les gants de soie.