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Citations de Pierre Faupoint (29)


Autour de nous, il y eut comme un arrêt sur images. Puis, la jeune fille m'offrit sa bouche joliment ourlée. Appliqué, sans hâter mes mouvements, j'acceptai sa riche offrande fragile. Notre baiser fut intense, si doux. Si divinement doux que je ne distinguais même plus la musique qui flottait dans l'air trente secondes plus tôt. Quant à elle, elle ferma les yeux, je l'entrevis...
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Puis, une voix, feutrée, que je connaissais si bien, si chaude, me chuchota : « Au revoir, papa… ». Ce fut comme un coup de massue sur la tête que je venais de recevoir ! Mais une massue de plumes, et de velours. Moi, moi qui avais tant espéré que Leila s’appropriât ces deux lettres magiques, ces deux syllabes salvatrices, interchangeables, « pa – pa », voilà qu’elle avait exaucé mon vœu le plus cher.
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Puis, j'ouvris la porte. Un air glacial pénétra en même temps que la vieille femme. « Entrez ! » l'invitai-je pour abréger cette attente. Sa silhouette s'étira dans le grincement béât de la porte déployée. Quand elle me remarqua derrière elle, il était bien trop tard. Je l'empoignai par le cou pour la faire basculer sur moi et plongeai le couteau dans son cœur. L'épaisse lame lui ôta la vie en un éclair. La pauvre femme s'affala comme un bibelot poussiéreux près du corps supplicié d'Olivier. Plus aucun souffle n'émanait de sa bouche édentée. Seule une larme avait pris forme sur l'une de ses joues fripées. Soquettes l'aspira, d'un rapide coup de langue.
Mais, pour ma part, j'étais déjà dans l'après-carnage. Je savais devoir penser à notre fuite. Vite. Très vite.
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Enfin, j'entendis Nahima poser le pied sur la dernière marche de l'escalierde sortie de mon immeuble. Elle prenait un nouveau cap tandis que je n'en connaissais toujours pas la véritable cause. Je perçus le bruissement de ses belles ombres, encore une fois, sur les murs, le plafond, dans mon être. Et puis, quand la porte d'entrée se referma, dans un vacarme à pleurer, je sus que je le deviendrais, ce très mauvais homme. De vergogne, je n'aurais point.
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Dès que j'eus fermé la porte à clé, je me métamorphosai. Mes mouvements étaient mécaniques, mes sensations et mon âme en surchauffe.
Alors je passai ma combinaison en polypropylène. Lorsque je protégeai mon visage du masque en élastomère, des picotements de plaisir envahirent la peau de mes joues. Après que j'eus enfilé mes gants anti-coupures, quelques-uns de mes organes semblèrent exploser au fond de moi. Je ressentis la force harmonieuse de ce cataclysme avec la dimension d'un ouragan. Enfin, avant de rejoindre mon hôte dans la pièce au piano à queue, je retirai une poire d'étouffement de mon havresac...
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Derrière le comptoir de la cuisine, je n’en menais pas large. Je voyais bien que Leila avait du mal à me croire sur parole. Grâce à la relation surnaturelle qu’elles avaient toujours entretenue entre elles, Leila et Soquettes étaient comme deux sœurs jumelles. Et je n’aurais pas été surpris que la seconde eût dévoilé à la première la vérité sur notre voyage en voiture ! J’en étais là de mes pensées quand je m’aperçus que le journal télévisé de 19 heures accaparait toute l’attention de Leila.
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La nuit, expressive, balançait des étoiles filantes au-dessus de ma tête. J’avais causé tant de dégâts dans cette famille, pour sans doute, deux ou trois générations entières, que j’éprouvais un extraordinaire sentiment de satisfaction intérieure. Il était grand temps pour moi de disparaître. Avec, dans le bissac de mon âme, une seule idée, un unique objectif : traquer une nouvelle nourriture humaine.
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85 jours. Je resterais reclus 85 jours comme un chien. Alors que certains de mes collègues, bien plus concernés que moi par le trafic de stupéfiants, bénéficièrent de leur levée d’écrous les uns après les autres, le juge d’instruction souhaitait me tenir sous sa coupe. Il mit en exergue, pour me maintenir aussi longtemps captif, que je connivais aux actes suspects d’une famille connue de la région. Mais je n’étais qu’un jeune adulte, paumé, qui appréciait la compagnie des filles, et celles, de temps à autres, de l’absinthe et de l’opium.
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Après quelques instants, je fus installé, crépuscule brumeux, à l’arrière d’un fourgon sans chauffage. Assis sur la même banquette que la mienne, un brigadier, à l’air ribaud, proposa de me tutoyer. Il avait l’âge de mon père, j’aurais été dédaigneux de lui refuser un tel passe-droit. Et puis, après tout, frais émoulu de mes 18 ans, de la morve coulait encore de mon nez !
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« Il y avait autant d'objets crasseux dans cette pièce que dans le vestibule.
En avançant encore, des remugles d'urine, qui s'exhalaient de la banquette, heurtèrent mon odorat. Je marquai un temps d'arrêt mais Franck sembla si saoul qu'il n'entendait rien. Je n'étais pourtant qu'à un mètre de lui. Je m'emparai d'abord de la lampe à souder et, malgré le feulement dans l'air, la forme humaine ne réagit toujours pas. Puis, je me saisis des cisailles crocodiles pour chauffer l'intérieur des lames bordées de pointes. La flamme souleva quelque boucan mais l'homme ne se réveilla pas davantage. Mais, au moment même où je me penchai au-dessus de lui il rouvrit les yeux, comme mû par un vain sursaut de vie. Alors je refermai d'un bruit sec les deux lames acérées sur sa verge flasque ! Sous le coup de la douleur, Franck hurla à s'en décrocher la mâchoire. Et aussitôt son cerveau se déconnecta, ses yeux roulèrent sur eux-mêmes et sa tête se plia sur le côté. Il perdit connaissance pendant que du sang, par flots ininterrompus, s'enfuyait de ses parties génitales. Pour accentuer l'hémorragie artérielle, je tirai de toutes mes forces sur les cisailles crocodiles et son sexe, déjà mort, fut projeté contre la télévision éteinte. Un ultime cri, sans âme, sans espoir, sortit de sa pouacre bouche et, en moins de cinq minutes, la vélocité de mes gestes, ajoutée à la débilité de sa santé physique, lui furent fatales.
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« Il y a dans mon ventre une nuit qui me brûle,
Des nausées, désespoirs ; et toi qui prends le large,
Qui t'évanouis, jolie, avec tes majuscules, Dans le jardin fini où je me sens en cage.

Il y a dans mon cœur une bave éternelle, Vide extra-ordinaire, ennui de tout instant.
Rappelle-toi la plage où, repliant nos ailes,
Nous disions au soleil notre amour inconscient.
Ô mon Ange, ô mon Ange... Ô mon Ange, ô mon Ange,
Je pleure un peu de vent, je bruis de tout exploit,
Je suis si épeuré devant ce grand émoi, Témoin de mon vieux mal, toujours autant étrange,
De ma blessure ignoble et du sang qui m'exhorte, À faire de toi ma fée folie... mais bien morte. »
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Je me faufilai comme une ombre dans la nuit gélive. Posté sur le perron de la porte d’entrée, je vérifiai la présence de mon havresac, des instruments de torture que j’avais prévus : les cisailles crocodiles, l’araignée espagnole et la lampe à souder. Avec mille précautions, je saisis ma combinaison de peinture avec capuche et l’enfilai par-dessus mes habits de ville.
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De retour dans ma chambre d’hôtel, j’essayais de faire entendre raison à ma folie mais je sentis que mes efforts devenaient inutiles. Je perdais pied ; le fil de mon existence. Il me prit une envie de dingue de brûler le tableau qui me regardait de biais. La tête dans les mains, je m’interrogeai sur le vrai sens de ma destinée et, au bout du compte, je soupçonnai « le mec de là-haut », depuis belle lurette, de s’être pendu avec mes propres illusions.
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La médecin-chef butait sur le mot qui aurait pu traduire sa pensée. Luc, lui, souriait, visiblement déjà fort satisfait. Il avait su, au moment où son fils avait téléphoné de la voiture, dès potron-minet, qu’il tenait en Fantin le cobaye idéal.
- L’IRM vient de nous confirmer que le cerveau de Fantin a pris cent-cinquante centimètres cubes de volume en plus…. Et que pour accueillir ce rabiot, sa tête a légèrement grossi et s’est allongée sous la forme d’un chignon occipital. C’est proprement hallucinant !
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« - Et c’est quoi la profession du père de ton Tibo ?
- Euh… un genre d’scientifique, y paraît ! Tibo m’a dit qu’son père travaille sur des plans de guerdin !
- Et on lui demandera de faire quoi, à cette nana…. De transformer le plomb en or ? se moqua Fantin dans un grand éclat de rire.
- Chais pas, moi ! On trouv’ra bien un keutru, bordel ! s’énerva presque Khris. Vas-y, quand c’est mon idée, c’est naze, quand c’est la tienne, c’est mortel ! Y a qu’toi qui décides, tout l’temps ! »
Cette fois-ci, Fantin ferma la bouche. Khris n’avait pas vraiment tort. C’est vrai qu’il rejetait toujours en bloc, le plus souvent par paresse, les projets que son ami mûrissait de son côté.
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Dès son élection à la présidence de la République française, en 2022, Michèle Rhizome signa ce décret emblématique qui autorisait la constitution, sur le territoire national, de milices gérées par les citoyens eux-mêmes : les Meres. On aurait pu croire qu’avec une femme à la tête d’un gouvernement, la société eût enfin rimé avec progression et modernité. Mais, au contraire, en l’espace d’à peine une année, partout, aussi bien dans les campagnes que dans les villes, de tels groupes se mirent à pousser comme de la mauvaise herbe. Et ces simulacres de francs-gardes étaient réputés pour leur violence aveugle.
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Mais pourquoi, Ismaël, l'assassinat de la jeune fille dans le train, dont j'ai entendu parler à la télé l'autre soir ? Pourquoi celui du journaliste ? Y a quoi dans ta tête pour expliquer toute cette violence ?
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Pendant une seconde, je repensai au vœu d'abstinence que j'avais formulé, des années plus tôt, devant la photo de Nahima. Mais j'effaçai vite cette image de mon esprit pour me remettre à ma besogne. Je renversai d'abord Daniel face contre terre, comme un paquet de linge sale. Puis, muni de la poire d'angoisse, je le sodomisai avec une grande, avec une très grande bestialité. J'actionnai ensuite le système de vis et les segments de l'instrument, en s'écartant dans son rectum, déchirèrent ses intestins. Du sang, du pus, aussi noirs que ma fureur, s'écoulaient de son anus. Et ses râles devinrent oppressés quand les dents de la poire du pape furent écartées au maximum. Alors, pour abréger ses souffrances, je lui sectionnai la carotide gauche avec un autre bout de la table en verre. Sa tête retomba, lourde, sur la moquette, tandis que ses jambes cessèrent de gigoter. Le silence, soudain, était total.
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Je luttai de toutes mes forces pour ne plus jamais endosser pleinement mon rôle d'assassin poétique. Et puis, au début de l'année 2018, les choses évoluèrent. Ma colère envers autrui se matérialisa sous la forme de jets de morgue vireuse. Alors que l'éducation de ma fille Lélia m'avait presque toujours tenu à l'écart de mes anciens démons, j'eus de nouveau envie de trinquer en leur compagnie.
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De retour dans le salon, mon état d'énervement était à son comble. Lélia pleurait toujours et je ne pus le supporter davantage : « Tais-toi ! » criai-je en posant sur ma bouche le doigt qui montrait. Mais, au lieu d'atteindre le résultat escompté, ma petite fille redoubla de pleurs pendant qu'elle était agitée de violents spasmes. Puis, je réussis enfin à marquer une pause dans ma propre détresse. Cet intermède me permit de regarder à nouveau ma fille avec la tendresse d'un père compatissant. Et je compris que ses larmes étaient à présent d'une sincérité bouleversante.
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