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Citations de Pierre Jarawan (67)


Comme à travers un épais brouillard, je l'ai vu debout sur le seuil. Mes paupières se sont alourdies, on aurait dit qu'un poids les accablait. Si j'avais su que les secondes étaient les dernières qui me restaient avec mon père, j'aurais davantage résisté. J'aurais essayé de capturer son image plus longtemps.
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En parlant de l'odeur des livres.
Elle attestait des innombrables histoires qui sommeillaient sous les couvertures en attendant d'être lues. Telle une substance attirante, une mystérieuse phéromone favorisant la rencontre entre le bon lecteur et le bon livre.
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Mais pour revenir à ta question, bien sûr que certains Libanais s’opposent à l’afflux de réfugiés. Les Syriens restent un sujet sensible dans ce pays. Voilà moins de dix ans que leurs soldats sont partis, et maintenant ce sont leurs civils qui arrivent. L’armée syrienne n’est pas franchement appréciée par ici. Pour une bonne partie des Libanais, les Syriens représentent des années d’oppression et de brimades. Sans compter qu’il est tout à fait plausible que les Syriens aient assassiné Hariri, l’affaire n’est pas encore résolue. Nous aimions tous Hariri. Le gouvernement libanais est divisé en deux camps : d’un côté les sunnites et les chrétiens, de l’autre le Hezbollah. Les sunnites fournissent des armes et des munitions à l’opposition en Syrie, tandis que le Hezbollah la combat au côté d’Assad. Tu comprends ? Au fond, la guerre civile libanaise s’est déplacée de l’autre côté de la frontière. Tu vois toujours les mêmes aux informations, couchés sur des couvertures dans des camps et ainsi de suite. Mais il y a aussi quantité de riches Syriens qui ont fui et louent des étages entiers d’hôtels, ainsi que ces penthouses que tu vois ici.
Il pointe du doigt les immeubles en face de nous.
– Ils sont nombreux, mais ils n’apparaissent pas dans les statistiques des réfugiés. Ces Syriens appartiennent à une autre catégorie. Pour eux, c’est aussi simple que s’ils rentraient chez eux.
– Chez eux ?
– Beaucoup de Syriens considèrent le Liban comme une partie d’une grande Syrie. À leurs yeux, nous ne sommes jamais devenus indépendants. Si tu les interroges, ils te disent qu’ils se sont juste un peu rapprochés de la mer.
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Pour moi, les livres , les récits, les romans ont été et sont encore des refuges. Jai toujours vécu avec eux et par eux. Je me souviens du bonheur qui était le mien quand les héros étaient récompensés de leurs efforts, quand les amoureux finissaient par se retrouver et les pauvres par échapper à leur misère, quand les épreuves étaient surmontées, les énigmes résolues, les disparus retrouvés et les criminels châtiés.
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Le récit ne peut ressusciter ce qui n’est plus. Mais il peut nous le rendre sensible.
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Nous avons tous au fond de nous un lieu secret où ni la lumière ni le langage ne pénètrent. (…) j’en vins à l’idée que j’avais été moins fasciné par les sculptures en elles-mêmes que par le mystère qu’elles m’opposaient. Ne rien savoir d’elles préservait leur force d’attraction. Il y avait un passage étroit par lequel l’incontestable, c’est à dire leur existence, rencontrait l’inconnaissable, qui échappait à toute expertise, à toute analyse scientifique.
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De toutes éternité, les plus belles, les plus vieilles histoires du monde entier commencèrent ainsi : « Il était une fois. » Les Persans disent quand à eux :  Yeki boud. Yeki naboud. « Il était et n’était pas une fois. » Une phrase persane sortie d’une malle aux trésors remplie de phrases persanes, mais qui est la genèse de tout. Le ressort de tout écrit. Le commencement de tout conte.

Quelqu’un était et n’était pas là.
Il était et n’était pas une fois.
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Le destin nous brise comme du verre
et personne ne peut recoller les morceaux.
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- Une Sri-Lankaise, explique t-il. C'est l'usage dans les classes supérieures libanaises. Il hausse les épaules.
- Ça a commencé dans les années cinquante et soixante, quand le pays prospérait, surtout du point de vue économique. Aujourd'hui encore, quand on a un certain standing, il faut avoir une domestique. La plupart venaient du Sri Lanka, autrefois. Du coup, forts de l'indécence que procure l'argent, les riches en ont fait une expression courante. Je conduisais un homme d'affaires un jour, et sais-tu ce qu'il m'a dit ? "Nous avons maintenant une Sri-Lankaise qui vient d'Angola" Invraisemblable, pas vrai ?
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Un départ peut être triste, car ce qu'on quitte est trop précieux et important pour qu'on ne le regrette pas. Et un départ peut être joyeux, car ce qui vous attend est une promesse si radieuse qu'elle n'éveille pas la tristesse mais une joie anticipée. La vie regorge de départs. Et à chacun d'eux, le sentiment qu'on éprouve est différent.
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Comme toujours quand il parlait du Liban, sa voix était chargée de nostalgies secrètes, vibrante de la même émotion que s'il parlait d'une bien-aimée qu'il regrettait terriblement.
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La miraculeuse supercherie des grands romans est de réussir à nous persuader que tout s’est réellement passé comme il est écrit, que la littérature de fiction n’est pas un monde artificiel, un mécanisme qu’on démonte et remonte à volonté .
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Les « hakawati ».
(…) « Hikaya », histoire, conte.
« Wati », maître des arts de la rue.
« Hakawati », conteur de rue.
« La tradition des hakawatis est très ancienne, me confia-t-il comme un secret une fois la porte de la bibliothèque refermée derrière nous. Il y a longtemps, très longtemps, le hakawati était le personnage le plus important après le roi ou le président. De Beyrouth à Damas, du Caire à Ispahan, les gens se rassemblaient dans les cafés, sur les places et dans les lieux publics pour écouter les aventures que contait le hakawati. Il arrivait même, en des âges reculés, qu’on s’adresse à lui pour résoudre une difficulté. Il convoquait alors une histoire qui était une sorte de parabole. (…)
« Le hakawati est maître dans l’art de tromper son auditoire. Il interprète tous les rôles, joue sur les accents et les dialectes, incarne ses personnages. Et au moment où la tension est à son comble, il s’arrête et rentre chez lui.
- Comme ça, sans prévenir ?
- Comme ça, sans prévenir. C’est un vieux truc. Pour attiser le désir de connaître la suite.
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À quelle fréquence revivons-nous ces moments qu’après coup nous identifions comme des tournants, et sur lesquels nous bâtissons une maison dont nous parcourons les pièces en songeant : c’est ici que le bonheur a viré au malheur , ou le malheur en bonheur ? Est-ce là notre façon d’apprendre la vérité sur ce qui a fait de nous ce que nous sommes ?
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Et un départ peut être joyeux, car ce qui vous attend est une promesse si radieuse qu’elle n’éveille pas la tristesse mais une joie anticipée. La vie regorge de départs. Et à chacun d’eux, le sentiment qu’on éprouve est différent. C’est la raison pour laquelle on s’autorise à employer ce mot au pluriel. En revanche, c’est toujours au singulier qu’on parle du retour. Pourquoi ? Parce qu’il n’existe pas plusieurs façons de rentrer vraiment chez soi.
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Tous voulaient obtenir son amitié, entrer dans son orbite. On aurait dit que tout lui était dû. Elle parcourait les couloirs avec une aisance impressionnante, les yeux reflétant cette assurance arrogante que les parents inculquent à leurs enfants à force de les placer au centre de l'univers.
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De nombreux réfugiés libanais s'étaient regroupés en fonction de leur confession, si bien que le gymnase reflétait les mêmes divisions que les rues de Beyrouth : les musulmans à gauche, le chrétiens maronites à droite. Tous se renvoyaient mutuellement la responsabilité de leur situation. C'était la faute des autres s'ils avaient tout perdus, s'ils s'étaient enfuis et devaient maintenant vivre dans ce gymnase.
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Extrait de mes conversations avec Saber Mounir

Noté au cours de l’été 1994 :

« Guide le lecteur à travers ton histoire, Amin. Dis-lui : tiens-toi à ma main, fais-moi confiance, le voyage sera pénible et peut-être même douloureux, mais à la fin nous atteindrons ensemble les ruines qui referment en elles toutes les réponses. »
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Les changements qui nous concernent personnellement sont les plus difficiles à percevoir, surtout lorsqu’ils sont progressifs. Plus encore à l’âge où l’on ne veut plus être un enfant, sans vouloir pour autant être un adulte. Des êtres croisés sur notre chemin s’évanouissent en laissant derrière eux des traces que nous identifieront, avec le recul des années, comme des repères. Des liens se défont, d’autres se renforcent, et nous nous employons avec obstination à conforter nos certitudes. Peut-être en est-il comme de la mer et de la falaise : il faut attendre le matin suivant la tempête pour remarquer ce qui a bougé.
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« Il suffit d’un grain de sable », me dit un soir, lorsque j’étais encore un enfant, l’un de ces maîtres anciens. Surpris par une tempête, nous avions dû passer la nuit dans la maison d’un inconnu. « Il suffit d’un grain de sable pour faire un grand récit. »
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