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Citations de Pierre-Jean Rémy (35)


Chacun, dans le petit monde étroit des ambassades de Pékin, évitait d'élever seulement la voix pour parler à un domestique, de crainte de froisser la susceptibilité socio-révolutionnaire d'un prolétariat chatouilleux, et surtout de peur de se retrouver sans cuisinier ou boy pour des semaines, voire des mois...
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Bruits de la nuit sur ces hauteurs battues des vents que les sœurs Brontë ont hantées de leurs visages frêles : tourmente, bruyère et fougères roussies, marécages, tourbe, et la terre nue qui pourtant affleure. Ça et là, un mur de pierres - comme au pays de Galle - qui divise en vain des milliers de kilomètres carrés inutiles. Pas même une ferme, un cottage, une baraque, jusqu'aux troupeaux de moutons qui disparaissent dans la masse uniforme et désherbée d'une terre où rien ne saurait pousser que ces maigres bruyères, donc, et ces fougères déjà mortes.
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Ces visages, profils de papier découpé, qui passent et, tout à la fin, le lit de bois dans la chambre nue aux murs blancs.
Le petit chien de la gravure qui suivra le cercueil.
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Et moi qui ai vu la nymphée de Coplet, la grotte au cygne de Louis II, l'étang miraculeux de Stourhead, je le sais. Une barque à fond plat posée sur l'eau aux transparences insidieuses : chaque perle qui y brille entre deux cailloux est peut-être une larme de bergère Louis XV, chaque éclat de verre un diamant abandonné par une courtisane qu'on a dérangée dans l'amour. Je sais : l'esclave noir qui manie la perche a les reins ceints d'une écharpe indienne où j'ai glissé une dague. Le moment venu, il pourra aimer ou tuer...
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J'avais été de la fête, oui. Mais, au-delà du carnaval vénitien, j'avais surtout redécouvert en un fulgurant défilé ce que je croyais pourtant bien connaître : l'immense talent, le génie démiurge de Mattheus. Ceux qui, un temps, critiquèrent la solennité de la réception n'avaient probablement pas comme moi arpenté les galeries pour voir les toiles au lieu de bavarder avec les invités.
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Elle avait quarante ans, voulait en paraître trente et son maquillage épais lui en donnait presque cinquante.
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Il a vite compris qu'obéir d'abord permet ensuite bien des écarts. Ce n'est pas en élevant la voix qu'on obtient davantage qu'en faisant le gros dos pour mieux rebondir.
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On ne veut pas mourir, loin de là, on veut vivre, on le veut absolument, on voudrait même donner à sa vie mille fois plus d’énergie ; c’est une aptitude prodigieuse au bonheur, qui s’exaspère de rester sans application, et qui ne peut se satisfaire qu’au moyen de jouissances immenses, dévorantes, furieuses, en rapport avec l’incalculable surabondance de sensibilité dont on est pourvu.
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Le règne de Callas - son règne absolu - va encore durer deux ans. Pour qui connaît tant soit peu ce que représente une carrière de chanteuse, la brièveté de celle de Callas commence à nous apparaître dans sa terrible rigueur. Quoi ? Nous venons juste de la sacrer, à Milan, première soprano dramatique et coloratura de son temps, et déjà, alors que New York l'acclame pour la première fois, nous parlons de la fin d'une époque ? On en a froid dans le dos...
C'est bien pourtant de cela qu'il s'agit : Callas a brûlé les étapes, elle a vécu avec une ardeur inouïe ses années de jeunesse vocale, et elle s'est épuisée - on l'a épuisée, nous l'avons épuisée, à l'aimer jusqu'à la détruire, jusqu'à la laisser exsangue lorsque ses moyens n'ont plus été ceux de l'Abigaïl de 1949, ni même ceux de l'Anna Bolena et du Pirate, dernières grandes créations lyriques de sa carrière en 1957 et 1958 avant le Poliuto final... L' Anna Bolena, c'est le triomphe absolu sur Milan, et Le Pirate, c'est le chant du cygne et la fin de Callas à Milan. Son retour, plus tard en 1964, sera une autre histoire, une autre femme, une autre voix - la même artiste, pourtant.
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Est-ce Dunois ou Thomas qui remarqua un jour que, si certains d'entre nous appartenaient à quelques-uns de ces clubs où l'on se retrouve à plusieurs centaines une fois par mois dans une vilaine salle à manger pour chipoter une nourriture innommable sous le prétexte, tous âges et toutes carrières confondues, de refaire sinon le monde, du moins la France, jamais autour des petites tables rondes qu'il avait fallu trois semaines pour mettre au point, et organiser ainsi les plus improbables des rencontres, on ne brassait autant d'idées parfaitement vaines et si brillamment convenues qu'au cours des dimanches soir de la rue de l'Université ?
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Plus tard, faute de trouver des librettistes à la hauteur de ses ambitions, il deviendra l’auteur des textes qu’il mettra en musique : on ne cessera de le rappeler, Berlioz est l’un des tout premiers parmi les écrivains du romantisme !
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Berlioz voit le monde et le traduit comme le font Hugo, Delacroix, Alexandre Dumas, chacun dans la langue qui est la sienne.
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Que c’est bon et que c’est enivrant d’avoir douze ans, d’en avoir quinze, et de lire à l’infini puis de marcher dans la campagne en se répétant ce qu’on a lu. Chaque nouveau livre est une pierre de plus apportée à ce pauvre monument mais ce monument quand même, qu’on se construit soi-même et qui s’appelle un homme, bientôt un artiste, très vite un créateur.
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Encore devait-il dîner le plus souvent en compagnie de Despins, dont il ne s'était pas encore rendu compte qu'il supportait de plus en plus mal l'arrogance froide et déterminée.
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Il y avait eu tant de matins semblables à celui là...
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* Je savais que je ne pouvais me passer des femmes, mais j’avais vite appris aussi qu’elles ne pouvaient se passer de moi. Chacune de mes aventures se jouait en cinq actes. Après avoir vu, je me faisais voir, il y avait un regard et puis je possédais : au cinquième acte, je savais quitter, c’était mon plus grand talent. Pour le reste, choisir et posséder n’est qu’une affaire de goût et de tempérament. Chaque homme, s’il le voulait, saurait me ressembler : il suffit d’un peu de courage.

* Par la grâce de ses petits cris, de ses cuisses mouillées et de la paille ou du foin qui me piquait les fesses, je me croyais perdu aux frontières extrêmes d’un paysage ancestral, le pays des chemins creux et des haies vives, les larges prairies bordées de peupliers où de solides garçons d’écurie labouraient des bergères en friche dans de grands relents de purin. Et cette odeur de merde tiède, de paille humide, d’aisselles ouvertes me montait davantage à la tête que tous les ambres et les vaselines dont les bourgeoises prennent si bellement soin d’oindre leurs intimités.

* Ici, Isabelle, l'épouse fidèle, dévouée de Don Juan s'adresse à lui : « - Tu ne trouves ton plaisir que dans l’éphémère qu’au fond de toi tu hais. Et tu désires de toute ton âme une éternité que tu redoutes pourtant plus encore, mais dont je suis quand même en toi la seule image »

* Rosembert aimait chaque pouce et anfractuosité du corps de chacune et de la même manière que mon père idolâtrait les fleurs, j’adorais aussi ces replis parfumés ou ces bourgeons pubescents…
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Une clef bonne à ouvrir la serrure de nos secrets fantasmes ou la porte ouverte à nos rêves les plus débridés.
On dit : "C'est un Don Juan ", on ne dit pas : " C'est un Faust ou un Hamlet ! "
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C'est que le mythe quasi universel - notre univers à nous …. - de Don Juan est multiplié ici par la musique de Mozart qui lui donne son ampleur inégalée.
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C'est toujours le règne de l'aube qui ne se décide pas à devenir matin.
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Quelles richesses rêves-tu ?… la poignée de piastres nécessaire pour acheter un âne ou te marier, tes économies de trois ans y suffiront. Qu’est une femme pour toi ?… un autre sexe. Que cherches-tu dans l’art ?… un moyen de matérialiser les objets de ton culte et de t’exciter au rire ou à la danse.
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