Le règne de Callas - son règne absolu - va encore durer deux ans. Pour qui connaît tant soit peu ce que représente une carrière de chanteuse, la brièveté de celle de Callas commence à nous apparaître dans sa terrible rigueur. Quoi ? Nous venons juste de la sacrer, à Milan, première soprano dramatique et coloratura de son temps, et déjà, alors que New York l'acclame pour la première fois, nous parlons de la fin d'une époque ? On en a froid dans le dos...
C'est bien pourtant de cela qu'il s'agit : Callas a brûlé les étapes, elle a vécu avec une ardeur inouïe ses années de jeunesse vocale, et elle s'est épuisée - on l'a épuisée, nous l'avons épuisée, à l'aimer jusqu'à la détruire, jusqu'à la laisser exsangue lorsque ses moyens n'ont plus été ceux de l'Abigaïl de 1949, ni même ceux de l'Anna Bolena et du Pirate, dernières grandes créations lyriques de sa carrière en 1957 et 1958 avant le Poliuto final... L' Anna Bolena, c'est le triomphe absolu sur Milan, et Le Pirate, c'est le chant du cygne et la fin de Callas à Milan. Son retour, plus tard en 1964, sera une autre histoire, une autre femme, une autre voix - la même artiste, pourtant.
Ah vous écrivez : émission du 27 août 1976
Au sommaire de ce magazine littéraire de
Bernard PIVOT, trois écrivains:Pierre SCHOENDOERFFER pour "Le crabe-tambour"
André STIL pour "
Romansonge"
Pierre Jean REMY pour "La figure dans la pierre".