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Citations de Pierre Kropotkine (169)


En toute société animale, la solidarité est une loi (un fait général) de la nature, infiniment plus importante que cette lutte pour l’existence dont les bourgeois nous chantent la vertu sur tous les refrains, afin de mieux nous abrutir. (page 41)
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Il est entièrement faux de représenter l’humanité primitive comme une agglomération désordonnée d’individus obéissant seulement à leurs passions individuelles et tirant avantage de leur force et de leur habileté personnelle contre tous les autres représentants de l’espèce. L’individualisme effréné est une production moderne et non une caractéristique de l’humanité primitive.
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Une différence entre maître et apprenti ou entre maître et ouvrier existait depuis l'origine dans les cités du moyen-âge ; mais ce fut d'abord une simple différence d'âge et d'habileté, non de richesse et de pouvoir. Après un apprentissage de sept années, et après avoir prouvé son savoir et ses capacités par une œuvre d'art, l'apprenti devenait lui-même un maître. Ce fut seulement beaucoup plus tard, au XVIeme siècle, après que le pouvoir royal eut détruit la commune et l'organisation des métiers, qu'il fut possible de devenir un maître en vertu d'un simple héritage ou par richesse. Mais ce fut aussi une époque de décadence générale des industries et des arts du moyen-âge.
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« Lorsque nos savants occidentaux se trouvent en présence de ces faits, ils ne peuvent les comprendre. Cela leur paraît inconciliable avec un haut développement de la moralité dans la tribu, et ils préfèrent jeter un doute sur l’exactitude d’observations dignes de foi, au lieu d’essayer d’expliquer l’existence parallèle de deux séries de faits: à savoir une haute moralité dans la tribu, en même temps que l’abandon des parents et l’infanticide. Mais si ces mêmes Européens avaient à dire à un sauvage que des gens, extrêmement aimables, aimant tendrement leurs enfants, et si impressionnables qu’ils pleurent lorsqu’ils voient une infortune simulée sur la scène,vivent en Europe à quelques pas de taudis où des enfants meurent littéralement de faim, le sauvage à son tour ne les comprendrait pas. Je me rappelle combien j’ai essayé en vain de faire comprendre à mes amis Toungouses notre civilisation individualiste; ils n’y arrivaient pas, et ils avaient recours aux suppositions les plus fantastiques. Le fait est qu’un sauvage,élevé dans les idées de solidarité de la tribu, —pour le bien comme pour le mal, —est incapable de comprendre un Européen « moral », qui ne connaît rien de cette solidarité, tout comme la plupart des Européens sont incapables de comprendre le sauvage ».
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En définitive, a notre époque de crise structurelle du capitalisme et de crise écologique, où l'on voit fleurir nombre de discours sur la fin du monde et l'effondrement, laissant place aux visions sordides d'une humanité dévastée à la Mad Max, la redécouverte des idées de Kropotkine ne peut être que bénéfique. (préface de Renaud Garcia).
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Le peuple commet bévue sur bévue quand il a à choisir dans les urnes entre les infatués qui briguent l'honneur de le représenter et se chargent de tout faire, de tout savoir, de tout organiser. Mais quand il lui faut organiser ce qu'il connaît, ce qui le touche directement, il fait mieux que tous les bureaux possibles.

(page 113)
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Cette morale n'ordonnera rien. Elle refusera absolument de modeler l'individu selon une idée abstraite, comme elle refusera de le mutiler par la religion, la loi et le gouvernement.
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Quand nous nous élevons plus haut et que nous disons : "Le bonheur de chacun est intimement lié au bonheur de tous ceux qui l'entourent. On peut avoir par hasard quelques années de bonheur relatif dans une société basée sur le malheur des autres ; mais ce bonheur est bâti sur le sable. Il ne peut pas durer ; la moindre des choses suffit pour le briser ; et il est misérablement petit en comparaison du bonheur possible dans une société d'égaux.
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En devenant anarchistes, nous déclarons la guerre à tout ce flot de tromperie, de ruse, d'exploitation, de dépravation, de vice - d'inégalité en un mot - qu'elles ont déversé dans les cœurs de nous tous.
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En jetant par-dessus bord la Loi, la Religion et l'Autorité, l'humanité reprend possession du principe moral qu'elle s'était laissé enlever afin de soumettre à la critique et de le purger des adultérations dont le prêtre, le juge et le gouvernant l'avaient empoisonné et l'empoisonnent encore.
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Ils savent que la loi a simplement utilisé les sentiments sociaux de l'homme pour lui glisser, avec des préceptes de morale qu'il acceptait, des ordres utiles à la minorité des exploiteurs, contre lesquels il se rebiffait. Elle a perverti le sentiment de justice au lieu de le développer.
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Si l'homme distingue entre le bien et le mal, disent les hommes religieux, c'est que Dieu lui a inspiré cette idée. Utile ou nuisible, il n'a pas à discuter : il n'a qu'à obéir à l'idée de son créateur.
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Le jour où le travailleur des champs pourra cultiver la terre sans payer la moitié de ce qu'il produit ; le jour où les machines nécessaires pour préparer la terre aux grandes récoltes seront, en profusion, à la libre disposition des cultivateurs ; le jour où l'ouvrier de l'usine produira pour la communauté et non pour le monopole, les travailleurs n'iront plus en guenilles ; et il n'y aura plus de Rothschild ni d'autres exploiteurs.
Personne n'aura plus besoin de vendre de force de travail pour un salaire ne représentant qu'une partie de ce qu'il produit.
Soit, nous dit-on. Mais il vous viendra des Rothschild du dehors.

Pierre Kropotkine, 1892
(page 57)
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Les sociétés se divisent en deux camps hostiles, et dans ces conditions la liberté devient un vain mot. Tandis que le radical demande une plus grande extension des libertés politiques, il s'aperçoit bientôt que le souffle de liberté mène rapidement aux soulèvements des prolétaires ; et alors il tourne, change d'opinion et revient aux lois exceptionnelles et au gouvernement du sabre.
Un vaste ensemble de tribunaux, de juges et de bourreaux, de gendarmes et de geôliers, est nécessaire pour maintenir les privilèges, er cet ensemble devient lui-même l'origine de tout un système de délations, de tromperies, de menaces et de corruption.

(page 24)
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Le jour où, en conséquence du développement de la situation révolutionnaire, les gouvernements seront balayés par le peuple et la désorganisation jetée dans le camp de la bourgeoisie qui ne se maintient que par la protection de l'État, ce jour-là - et il n'est pas loin -, le peuple insurgé n'attendra pas qu'un gouvernement quelconque décrète dans sa sagesse inouïe des réformes économiques.
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Fière de ses libertés, elle ne cherchait pas à les étendre sur ceux qui gémissaient au dehors. C’est à ce prix même, au prix de la conservation du servage chez ses voisins, que mainte commune a reçu son indépendance. Et puis, n’était-il pas aussi de l’intérêt des gros bourgeois communiers, de voir les serfs de la plaine rester toujours attachés à la glèbe, sans connaître ni l’in-dustrie, ni le commerce, toujours forcés de recourir à la ville pour s’approvisionner de fer, de métaux et de produits industriels ?
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«  Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent » ...
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Il y a droits et droits. Il y a des droits pour lesquels le peuple est toujours resté froid, parce qu’il sent parfaitement que ces droits ne sont qu’un instrument entre les mains des classes dominantes pour maintenir leur pouvoir sur le peuple. Ces droits ne sont pas même des droits politiques réels, puisqu’ils ne sauvegardent rien pour la masse du peuple ; et si on les décore encore de ce nom pompeux, c’est parce que notre langage politique n’est qu’un jargon, élaboré par les classes gouvernantes pour leur usage et dans leur intérêt.
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(Décharge des obligations humaines d'entraide par l'État et l'impôt, p. 286)
L’absorption de toutes les fonctions par l’État favorisa nécessairement le développement d’un individualisme effréné, et borné à la fois dans ses vues. À mesure que le nombre des obligations envers l’État allait croissant, les citoyens se sentaient dispensés de leurs obligations les uns envers les autres. Dans la guilde – et au Moyen Âge, chacun appartenait à quelque guilde ou fraternité – deux « frères » étaient obligés de veiller chacun à leur tour un frère qui était tombé malade ; aujourd’hui on considère comme suffisant de donner à son voisin l’adresse de l’hôpital public le plus proche. Dans la société barbare, le seul fait d’assister à un combat entre deux hommes, survenu à la suite d’une querelle, et de ne pas empêcher qu’il y ait une issue fatale, exposait à des poursuites comme meurtrier ; mais avec la théorie de l’État protecteur pour tous, le spectateur n’a pas besoin de s’en mêler : c’est à l’agent de police d’intervenir, ou non. Et tandis qu’en pays sauvage, chez les Hottentots par exemple, il serait scandaleux de manger sans avoir appelé à haute voix trois fois pour demander s’il n’y a personne qui désire partager votre nourriture, tout ce qu’un citoyen respectable doit faire aujourd’hui est de payer l’impôt et de laisser les affamés s’arranger comme ils peuvent. Aussi la théorie, selon laquelle les hommes peuvent et doivent chercher leur propre bonheur dans le mépris des besoins des autres, triomphe-t-elle aujourd’hui sur toute la ligne – en droit, en science, en religion. C’est la religion du jour, et douter de son efficacité c’est être un dangereux utopiste.
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(Vitalité artistique des cités médiévales et des guildes, p. 268-270)
Comme l’art grec, [l’architecture médiévale] jaillissait d’une conception de fraternité et d’unité engendrée par la cité. Elle avait une audace qui ne peut s’acquérir que par des luttes audacieuses et des victoires ; elle exprimait la vigueur, parce que la vigueur imprégnait toute la vie de la cité. Une cathédrale, une maison communale symbolisaient la grandeur d’un organisme dont chaque maçon et chaque tailleur de pierres était un constructeur ; et un monument du Moyen-Âge n’apparaît jamais comme un effort solitaire, où des milliers d’esclaves auraient exécuté la part assignée à eux par l’imagination d’un seul homme – toute la cité y a contribué. Le haut clocher s’élevait sur une construction qui avait de la grandeur par elle-même, dans laquelle on pouvait sentir palpiter la vie de la cité ; ce n’était pas un échafaudage absurde comme la tour en fer de 300 mètres de Paris, ni une simili bâtisse en pierre faite pour cacher la laideur d’une charpente de fer comme le Tower Bridge à Londres. Comme l’Acropole d’Athènes, la cathédrale du Moyen-Âge était élevée dans l’intention de glorifier la grandeur de la cité victorieuse, de symboliser l’union de ses arts et métiers, d’exprimer la fierté de chaque citoyen dans une cité qui était sa propre création. […] Les ressources dont on disposait pour ces grandes entreprises étaient d’une modicité étonnante. La cathédrale de Cologne fut commencée avec une dépense annuelle de 500 marks seulement ; un don de 100 marks fut inscrit comme une grande donation […] Mais chaque corporation contribuait pour sa part en pierres, en travaux et en inventions décoratives pour leur monument commun. Chaque guilde y exprimait ses conceptions politiques, racontant en bronze ou en pierre, l’histoire de la cité, glorifiant les principes de « Liberté, Égalité et Fraternité », louant les alliés de la cité et vouant ses ennemis aux feux éternels. Et chaque guilde témoignait son amour au monument communal en le décorant de vitraux, de peintures, de « grilles dignes d’être les portes du Paradis », comme le dit Michel-Ange, ou en décorant de sculptures en pierre les plus petits recoins du bâtiment. […] « Aucune œuvre ne doit être entreprise par la commune si elle n’est conçue selon le grand coeur de la commune, composé des coeurs de tous les citoyens, unis dans une commune volonté » – telles sont les paroles du Conseil de Florence ; et cet état d’esprit apparaît bien dans toutes les œuvres communales d’une utilité sociale : les canaux, les terrasses, les vignobles et les jardins fruitiers autour de Florence, ou les canaux d’irrigation qui sillonnent les plaines de Lombardie, ou le port et l’aqueduc de Gênes, bref tous les travaux de cette sorte qui furent accomplis par presque toutes les cités.
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