AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Pierre Schoendoerffer (133)


« Commander des hommes, ce n’est pas leur demander l’impossible, c’est exiger le possible. Mais c’est aussi aller le plus loin possible, le plus près possible de l’impossible… Il faut savoir. »
Commenter  J’apprécie          30
L'orage de la veille continue à se développer. Pendant la nuit les lourds nuages noirs se sont dissous lentement. A l'aube il ne restait d'eux qu'une vapeur fragile, rose pâle, dans un ciel frais. Mais avec le soleil ils sont revenus, massifs et blancs, boursouflés comme un cancer monstrueux. Maintenant ils pèsent, épais et sales, sur la torpeur de la jungle.
Commenter  J’apprécie          50
Nous sommes des soldats, nous avons choisi de croire à des choses simples.
Nous ferons ce qu'on nous demande et, connaissant la vanité des entreprises humaines, combien sont confus les desseins de l'homme, que Dieu nous prenne en sa sainte garde.
Commenter  J’apprécie          40
Tous les matins le vieux missionnaire au masque de pierre venait me voir.
- Vous avez l'air fatigué, me dit-il une fois.
Je venais de passer une de mes nuits blanches et j'étais particulièrement agité.
- Non ! répondis-je, je me sens vieux... Je vais vous dire. J'ai eu tout ce qu'un homme peut avoir : la jeunesse, le pouvoir, le danger et la chance. Je n'en ai rien fait. J'ai pris et j'ai rejeté. J'ai tout gaspillé. Je me sens vieux.
Le vieux missionnaire me regarda tranquillement.
- Ça vous passera... Mais c'est vrai, vous avez l'air fatigué.
Commenter  J’apprécie          00
J'avais trente ans. La guerre était finie. J'étais vivant. Je me demandais si j'étais resté fidèle à l'image de moi-même, à ce jeune homme incorruptible qui nous ressemble comme un frère et que chacun de nous garde enfoui au fond de sa conscience ?
Je me demandais qui j'étais ?
J'avais l'impression de n'avoir pas dirigé ma vie, de l'avoir subie. C'est la vie qui s'était emparée de moi et m'avait entraîné où bon lui semble.
Commenter  J’apprécie          00
La nuit est dangereuse. Elle trouble l'âme. Le matin la vie est simple.
Commenter  J’apprécie          00
C'était un grand garçon exubérant qui pensait que n'importe quels problèmes humains pouvaient être résolus par une charge appropriée d'explosifs.
Commenter  J’apprécie          00
Comme tout civil, je goûtais un plaisir particulier à patauger dans l'art militaire. J'avais, évidemment, étudié Hannibal et Napoléon, lu Clausewitz et d'autres bons auteurs (Mão Zédong n'était pas connu à l'époque) et le rôle de grand capitaine, d'homme de guerre victorieux, qui retourne à sa charrue quand l'empire n'a plus besoin de lui, faisait toujours vaguement partie de la panoplie des rêves qui avaient survécus à mon enfance.
Commenter  J’apprécie          10
C'était une de ces nuits bénies où l'on oublie que l'homme est un étranger de passage sur cette terre, que la vie, l'amitié, la mort n'ont pas plus d'importance que la destinée de ces brins d'herbe, où nous mordions ; que la nature n'est ni douce, ni cruelle, qu'elle n'est rien...
Commenter  J’apprécie          00
Il y a presque toujours un moment où le besoin de repos, le besoin de paix, submerge la volonté de vie d'un moribond; il est trop fatigué, il se rend, il s'arrête, comme un naufragé dans l'immensité de la mer cesse soudain de nager. De petits signes, une mollesse, l'ombre d'une veulerie passe sur le visage du combattant usé par la longue bataille : c'est fini, il accepte, il est déjà mort, mais la Mort, elle, a un rendez-vous et elle attend son heure. Il est plus rare - sauf chez les femmes - de voir le combat perdu se poursuivre jusqu'au bout, sans raison et sans espoir, et la Mort obligée d'arracher sa victoire de haute lutte.
Commenter  J’apprécie          20
Lundi 27 avril 1953, 08 h 15.

(...)
La forêt silencieuse recommence doucement à vivre et à bruire : dans la jungle, une troupe en mouvement est toujours au centre d'une nappe de silence qui se déplace avec elle. Les bêtes troublées par une présence inhabituelle se terrent et attendent. Si les hommes s'arrêtent et ne font pas de bruit, la vie secrète reprend progressivement et mille frottements, mille souffles suspendus avec inquiétude renaissent.
Commenter  J’apprécie          80
Oh ! Je connais bien ce genre d'hommes. Ils étaient les bons soldats d'une bonne armée, robustes, disciplinés, efficaces, qu'un peu de gloire, qu'un désir d'évasion avaient lancés dans l'aven-ture. Ils étaient les descendants fatigués de ces Blancs qui coururent les sept mers pour les épices, pour l'or, pour rien, pour savoir si la terre était ronde. Ils blasphémaient mais ils avaient la crainte de Dieu, et l'idée qu'ils se faisaient du bien et du mal aurait pu être pire. Ils n'étaient pas éloquents, mais ils savaient mourir en silence. Ils étaient anglo-saxons, ils avaient l'orgueil de leur race :
ils contemplaient le reste du monde avec une méprisante tendresse.
Commenter  J’apprécie          10
Je voulais des cadres de qualité pour que leur autorité personnelle se substituât peu à peu au pouvoir de Learoyd. Là, je me trompais dans mes calculs; la guérilla développe un goût de la responsabilité individuelle, de l'indépendance, de la liberté, qui frise parfois l'indiscipline. Les meilleurs de mes Australiens, formés à l'esprit des Forces Spécia-les, cherchaient précisément ce genre de vie étrange. Eux aussi étaient romantiques à leur manière et le vieux sang des hors-la-loi, qui sommeille toujours dans les veines de l'homme civilisés se réveilla; ils se voulurent chefs de bande et se rangèrent tout naturellement sous la bannière de Learoyd. Ils devaient s'emparer d'un royaume, ils ne furent que des fous sur l'échiquier du roi.
Commenter  J’apprécie          00
Si je fais le bilan objectif de ma vie, que reste-t-il? Trois petits livres qu'un peu de vanité m'a fait relier de cuir et ranger à part dans ma bibliothèque : Étude sur la flore équatoriale (publié en 1936, revu et corrigé en 1947) ; les Orchidées d'Asie ; les Pierres et les Fleurs du pays de Galles. Voilà ! Je suis né, j'ai écrit trois livres, je vais mourir. Voilà la réalité. Poussière, tu retourneras à la poussière... Et pourtant que pèse cette pauvre réalité face aux rêves tumultueux de ma jeunesse, face à toutes les émotions incommunicables qui étreignirent mon âme, face à la beauté, face à l'horreur, à la joie, à la nuit, à l'angoisse ?...
Commenter  J’apprécie          50
Anderson m'a dit une nuit que pendant les bombardements allemands de Tobrouk il s'enfonçait dans son trou, fermait les yeux et tentait avec désespoir de penser à des corps de femmes nues; seule image assez puissante pour chasser la peur... Des femmes nues !
Commenter  J’apprécie          10
- Oui, un chef doit toujours être un poète. Il doit parler au nom des dieux, des génies et des esprits des morts. Pour ce peuple qui ne sait pas écrire, les mots sont comme le feu. Je les avais sentis se réchauffer lentement, se réveiller. Maintenant, ils brûlaient, ils rêvaient...
Commenter  J’apprécie          20
Je vous l'ai dit : l'homme rêve de Dieu. Encore faut-il trouver les mots qui enflamment son imagination. Moi, j'avais passé un an à apprendre les mots.
Commenter  J’apprécie          00
Un arbre solitaire qui se dresse, défiant la pesanteur, est déjà une provo-cation, un miracle de la vie sur le poids du monde, mais la jungle c'est un foisonnement qui rampe, s'agrippe, grimpe, enserre, étouffe et tue dans des étreintes de boa constrictor; monstre qui plonge des racines dans la putréfaction de la mort pour se hisser encore plus haut dans une quête agressive de la chaleur de Dieu.
Commenter  J’apprécie          20
Je suis le premier homme blanc à avoir revu Learoyd et j'aurais dû le tuer à ce moment-là. J'aurais évité beaucoup d'ennuis au roi d'Angleterre. Mais je ne savais pas alors qu'il était déjà fou, rogue comme un vieil éléphant solitaire, amok comme un pirate malais. Ensuite, je suis devenu l'ami de Learoyd, le roi fou.
Commenter  J’apprécie          20
Que sait-on des morts, si ce n'est qu'un jour on leur ressemblera ?
Commenter  J’apprécie          20



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Pierre Schoendoerffer (434)Voir plus

Quiz Voir plus

Oh, Antigone !

Comment se prénomme la sœur d'Antigone ?

Sophie
Hermine
Ismène

10 questions
3220 lecteurs ont répondu
Thème : Antigone de Jean AnouilhCréer un quiz sur cet auteur

{* *}