Citations de Pierre Teilhard de Chardin (149)
Le Cosmos (…) est, fondamentalement et premièrement, vivant.
Toutes les fibres du Réel convergent, sans se confondent, en un Christ à la fois personnel et universel (Theilhard de Chardin)
(page 195) Le Christ cosmique - Matthew Fox
À strictement parler, sans doute, le simple fait d'avoir vu s'évanouir la prétendue barrière séparant le Dedans et le Dehors des choses, - ou même de constater que, la cloison une fois sautée, un courant s'établit, expérimentalement et tangiblement, allant du moins au plus conscient dans la Nature, - ce fait, je l'avoue, ne suffirait pas, à lui seul, pour établir rigoureusement une supériorité absolue de l'Animé sur l'Inanimé, - de la Psychè sur le Soma.
La fin du monde, c’est à dire, pour nous, la fin de la Terre… Avez-vous quelque fois réfléchi sérieusement, humainement, à cette chose menaçante et certaine ? p153
Découverte et synthèse intellectuelles ne sont plus seulement spéculation, mais création. p276
Comme tous les autres êtres animés, sans doute, l'Homme désire essentiellement être heureux. Mais cette exigence fondamentale, chez lui, prend une forme compliquée et nouvelle. L'Homme, en effet, n'est pas seulement un vivant plus sensible et plus vibrant que les autres. De par son « hominisation » il est devenu un vivant réfléchi et critique. Or ce don de la réflexion entraîne avec soi deux propriétés redoutables, je veux dire la perception du possible et la perception de l'avenir, - double pouvoir dont l'apparition suffit à jeter le trouble et la dispersion dans la montée jusqu'alors si cohérente et si limpide de la Vie. Perception du possible et perception de l'avenir, l'une et l'autre se conjuguant pour rendre inexhaustibles et pour disperser en tous sens nos craintes aussi bien que nos espérances... Là où l'animal ne paraît pas trouver de difficultés à avancer, infailliblement, vers ce qui le satisfait, l'Homme, lui, voit, à chaque pas et dans chaque direction, un problème, auquel il n'a pas cessé, depuis qu'il est Homme, de chercher, sans succès, une solution définitive et universelle.
Il a fallu des centaines de siècles à l'Homme rien que pour peupler la Terre et la couvrir d'un premier réseau. Il lui a fallu encore d'autres millénaires pour construire, au hasard des circonstances, dans cette nappe originellement flottante, des noyaux solides de civilisations, rayonnant à partir de centres indépendants et antagonistes. Aujourd'hui, ces éléments se sont multipliés ; ils ont grandi ; ils se sont serrés et forcés les uns contre les autres, - au point qu'une unité d'ensemble, quelle qu'elle soit, est devenue économiquement et psychologiquement inévitable. L'Humanité, se faisant adulte, a commencé à subir la nécessité et à sentir l'urgence de faire un seul corps avec elle-même. Voilà la source profonde de nos malaises.
AINSI, deux fois dans une vie d'homme, nous aurons vu la Guerre. Deux fois ? ou bien, pire que cela, n'est-ce pas la même Grande Guerre qui continue ? le seul et même processus d'un monde en voie de refonte... ou de désagrégation ? Tout paraissait si bien fini en 1918. Et voici que tout recommence.
Comme vous le savez et comme le dessin ci-contre vous l'indique, Alexandrie est bâtie sur une langue de terre, entre la mer et la grande lagune du Mariout qu'on dessèche tout doucement. Je l'ai trouvée bien plus indigène que je l'aurais cru. Même les beaux quartiers du centre gardent quelque chose d'arabe, avec leurs maisons à terrasses, les cochers en tarbouches, et les Arabes qui se promènent. Tout autour de ces quartiers européens, se trouvent les quartiers arabes, encore pleins de couleur locale.
Le Savant, jusqu'au XVIIIe siècle, c'était surtout le Curieux, c'est-à-dire celui qu'une douce manie ou de longs loisirs inclinaient à cultiver une occupation honnête, intéressante, mais peu utile. C'était aussi, à l'intérieur du monde religieux, l'Apologète, qui se plaisait à inventorier les merveilles de la Création, ou bien qui cherchait à réfuter des adversaires sur quelque domaine philosophique ou scripturaire, ou bien tout simplement qui aspirait à décorer l'Église des dépouilles du monde profane. Nulle part encore le chercheur n'était encore ce qu'il commence à nous apparaître maintenant une sorte de prêtre .
Ce n’est donc pas simplement sur deux (comme on dit souvent) ; c’est sur trois infinis (au moins) qu’est bâti spatialement le Monde. L’Infime et l’Immense sans doute. Mais aussi (enraciné comme l’Immense dans l’Infime, mais divergeant ensuite suivant sa direction propre) l’immensément Compliqué.
Nous restons confondus, je l’avoue, devant la rareté et l’improbabilité d’astres semblables à celui qui nous porte. p142
Immensité des durées sidérales, tellement vastes qu’on ne voit pas bien comment, en deux régions diverses du ciel, deux Pensées pourraient coexister et coïncider à des phases comparables de leur développement. p319
Zoologiquement considéré, l’Humanité nous présente le spectacle unique d’une « espèce » capable de réaliser ce à quoi avait échoué toute autre espèce avant elle : non pas simplement être cosmopolite, - mais couvrir, sans se rompre, la Terre d’une seule membrane organisée. p268
Ce qui mine et empoisonne généralement notre bonheur, c'est de sentir si proche le fond et la fin de tout ce qui nous attire : souffrance des séparations et de l'usure, - angoisse du temps qui passe, - terreur devant la fragilité des biens possédés, - déception de parvenir si vite au bout de ce que nous sommes et de ce que nous aimons.
(Sur le bonheur)
Non seulement physiquement, mais intellectuellement et moralement, l'homme n'est homme qu'à condition de se cultiver. Et non pas seulement jusqu'à l'âge de vingt ans!... Pour être pleinement nous-mêmes, nous devons donc travailler toute notre vie durant à nous organiser, c'est-à-dire à porter toujours plus d'ordre, plus d'unité dans nos idées, nos sentiments, notre conduite.
(Sur le bonheur)
L’Homme : non pas un type zoologique comme les autres. Mais l’Homme, noyau d’un mouvement de reploiement et de convergence où se trahit localement sur notre petite planète (si perdue soit-elle dans le Temps et l’Espace) ce qui est probablement la dérive la plus caractéristique et la plus révélatrice des immensités qui nous enveloppent. L’Homme : ce sur quoi, et en quoi, l’Univers s’enroule.
Non point […] « toujours plus de conscience dans le Monde, parce que toujours plus de complexité » (fortuitement réalisée) ; mais « toujours plus de complexité (préparée), parce que toujours plus de conscience » (graduellement émergée).
[…] force nous est désormais […] de considérer et d’admettre, animant la masse totale des Choses, un courant constant, pérenne, de « complexification intériorisante ».
Car enfin, un Univers qui s’épand spatialement, s’il le faut pour expliquer le virement au rouge du spectre des galaxies, c’est très bien ; et personne n’objecte. Mais pourquoi pas alors, afin de rendre compréhensible le mécanisme persistant, insistant, ubiquiste, de la Corpusculisation, -pourquoi pas un Univers qui, d’un seul bloc, du haut en bas, s’enroulerait sur lui-même jusqu’à s’intérioriser, dans une croissante complexité ?
La tentation du Monde trop grand, la séduction du Monde trop beau, où est-elle maintenant ?