Citations de Pierre de Villiers (100)
En réalité, l’État fonctionne sur lui même sans se demander si telle ou telle décision va dans le sens du bonheur des citoyens. […] Le pouvoir s’est éloigné de nos concitoyens et notre démocratie est en péril, gagnée par l’abstention ou le vote protestataire.
« La jeunesse d’aujourd’hui est offerte au premier qui saura la prendre, peut-être plus que jamais jeunesse ne l’a été. Elle n’attend qu’une chose: qui sera capable de l’enflammer. Elle rêve de grand air, de pureté, de santé, comme la jeunesse de toujours… Mais elle appelle ça ‘écologie’.
« Elle rêve de dévouement, de fidélité ; elle rêve d’admirer, elle rêve de héros… Elle appelle ça ‘liberté’. Elle rêve de certitudes, de garanties ; elle rêve d’être écoutée, ‘prise en compte’… Elle appelle ça ‘responsabilité’. Même si elle aime bien se défiler quand il s’agit d’en prendre!
« Le vocabulaire a changé. L’apparence a évolué, comme la morale. Mais croyez-vous qu’au fond les différences soient si grandes? »
Depuis 2008 cinquante unités de l’armée de terre, dix-sept bases aériennes, deux bases aéronavales et vingt bâtiments de la marine ont été supprimés.
Une femme d’une cinquantaine d’années se présente, visiblement émue, et me dit qu’elle a peur. « Peur pour samedi prochain. » Son mari, Gilet jaune convaincu, prévoit d’aller manifester à Paris. Or l’unité de CRS à laquelle appartient son fils a été désignée pour y assurer le maintien de l’ordre. Ne vont-ils pas se retrouver face à face ? Cette pensée la hante, comment ne pas la comprendre ?
Ce qu'attendent les Français de l'Etat, c'est qu'il les protège et qu'il exerce le droit et la justice avec équité, tempérance et clarté, sans passe-droit ni anathème. La fibre sociale, l'amour des autres sont complémentaires d'une saine gestion financière.
La première raison d'être d'un Etat tien en effet à la protection des ses citoyens, à la justice et à l'éducation, pas à la croissance de son PIB et à la rémunération des patrons du CAC 40.
Alors, à quoi reconnaît-on un vrai chef ? Le premier critère tient certainement à sa capacité à analyser avant toute décision l'impact qu'elle aura sur les femmes et les hommes qui en subiront les conséquences.
Rien ne vaut le contact direct, en vérité, loin de la comédie humaine et des faux-semblants.
FOCH: "L'intelligence pour savoir ce que l'on veut; le silence pour y asseoir sa réflexion; et puis la volonté pour assurer la poursuite tenace".
Nous sommes là au point précis où le chef justifie sans fonction, son rôle. Son discernement ne relève ni de la seule raison, ni de la seule intuition, mais d'une alchimie mystérieuse capable de les mettre en ordre.
Je prône une Europe de la défense plus qu'une défense européenne. Toute coopération communautaire est bonne à prendre, mais c'est avant tout la coopération interétatique qui fait avancer l'Europe dans ce domaine. La nuance est d'importance. L'armée européenne fusionnée est un rêve, qui pourrait se terminer en cauchemar. Je crois aux souverainetés nationales, pas à la souveraineté européenne.
"La mode, c'est ce qui se démode." Notre société médiatique de l'instantané surfe sur ces phénomènes de mode et de mouvement permanent. La réflexion se banalise et se situe de plus en plus en surface. Elle évolue comme sur une patinoire. Tout point fixe est une réticence au changement et à la modernité. Le mieux pour être heureux est d'être de nulle part ou de partout. L'espace et le temps se perdent dans le trou noir du nihilisme.
Le mot "autorité" vient du latin auctoritas et se rattache, par sa racine, au même groupe que augere (augmenter), augure (celui qui accroît l'autorité d'un acte par l'examen favorable des oiseaux), augustus (celui qui renforce par son charisme). Cette idée d'augmentation est fondamentale. L'autorité ne fait pas subir une quelconque chape de plomb sur les subordonnés, mais au contraire élève, améliore, augmente, renforce. Parler avec autorité suscite la confiance et l'espérance. C'est le langage des grands chefs. S'imposer en écrasant les autres est la marque des petits chefs.
L'autorité avec un grand A est celle qui ne tombe dans aucun des deux pièges qui la guettent. Ni l'abus de pouvoir qui détruit l'autorité ni la démagogie qui est la négation même de l'autorité. Ni la coercition ni l'argumentation. Ni la dureté froide ni la mollesse tiède.
L'autorité avec un grand A écoute, décide, ordonne, entraîne, oriente, guide, sanctionne si besoin, encourage si nécessaire. Elle réchauffe ce qui est froid et redresse ce qui fléchit. Elle ne compte ni son temps ni ses efforts. Elle crée une dynamique, un élan, un mouvement dans lequel on souhaite s'inscrire. Elle suscite l'adhésion et la volonté de vaincre !
On a déjà donné. On a déjà tout donné. Le ministère de la Défense a été le plus important contributeur de la révision générale des politiques publiques (RGPP), instaurée en 2007 pour réduire la dépense publique et renforcer l’efficacité de l’action publique. En poste à Matignon entre 2008 et 2010, j'ai pu le vérifier, chiffres à l’appui. Notre modèle s'est alors contracté autour d’un cœur de métier minimaliste : c'est sa cohérence d’ensemble qui s'est trouvée fragilisé alors que les armées étaient en même temps de plus en plus sollicitées. Lorsque les engagements opérationnels sont en hausse et le budget en baisse, j'appelle cela un grand écart.
La véritable victoire est humble et discrète ; elle ne se paie pas de mots. Elle n'écrase rien, ni personne, sous son propre poids. Elle se reconnait plus à ses fruits qu’à ses trophées. Saint-Exupéry disait d’elle qu’elle organise et bâtit. Autre signe distinctif et sans doute le plus éclatant, c’est l'avènement d’une paix durable ; « une situation meilleure de paix », pour reprendre les termes de Sir Lidell Hart. Là réside la vraie finalité de notre engagement.
"Mieux vaut faire de la stratégie que de la tactique."
"Une chose est sûre : seuls les poissons morts suivent scrupuleusement le sens du courant."
Imaginer, c'est envisager ce qui est réellement possible, sans se limiter à ce qui apparait faisable.
La nature l'a faite belle et l'histoire l'a faite grande. (la France).