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Critiques de Pramoedya Ananta Toer (110)
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Buru quartet, tome 3 : Une empreinte sur la..

La lecture du livre ‘Le fugitif', m'a donnée envie d'aller plus loin dans la découverte de l'écrivain humaniste indonésien. C'est de cette manière que Buru Quartet est entré dans mon univers, pour mon plus grand plaisir.



Minke commence les études de médecine dans une école pour les indigènes à Betawi. Il va constater par lui-même les injustices au sein de l' institution, car il doit renoncer à ses habits européens et marcher pieds nus. (c'est un règlement absurde de l' école qui s'applique aux indigènes). Expulsé suite à une enfreinte au règlement , il commencera une autre vie, celle de la politique. Minke devient journaliste et va tenter de lutter contre les inégalités sociales et le racisme.



Ce troisième volet de la tétralogie retrace la naissance du nationalisme en Indonésie, et nous fait découvrir une Indonésie multi- ethnique qui commence à changer lentement.

C'est un roman captivant, mais qui se mérite. Même si l'écriture est fluide, il y a beaucoup de choses à retenir, donc une lecture lente s'impose. ( ce fut mon cas. )

Encore un vrai bonheur de lecture qui me pousse à aller vers le dernier rendez-vous.

'La maison de verre', why not ?





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Buru quartet, tome 3 : Une empreinte sur la..

Poursuite, entre épreuves et erreurs, d'une lutte pour l'émancipation qui, dans ce volume, se cherche une forme collective. Toujours un rien trop didactique, Pramoyeda Ananta Toer souligne les difficultés d'une unité tant sociale qu'ethnique, les récupérations de toute prise de parole. Une empreinte sur la terre, merveilleuse compréhension des résistances d'un territoire.
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Buru quartet, tome 3 : Une empreinte sur la..

Dans ce troisième tome, on suit les aventures de Minke à Betawi, dans l'école de médecine puis dans la création de syndicats, d'association et de journaux.

Ce tome a été plus long que les autres à lire - il y a tellement d'idées développées - et Minke devient plus abstrait, et les personnages secondaires y ont moins de poids. Malgré tout, ses idéaux anti coloniaux, progressistes et indépendantistes sont toujours là, et m'ont encore une fois beaucoup appris sur l'Indonésie du début du XXème siècle
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Buru quartet, tome 3 : Une empreinte sur la..

Minke a laissé derrière lui Surayaba pour Betawi afin d'intégrer la Stovia, l'école de médecine ouverte aux indigènes de haut rang. Alors qu'intégrer cette école était un objectif de longue date, Minke prend conscience que la médecine n'est pas la bonne voie. Après avoir enfreint le règlement et perdu sa seconde épouse, Minke se fait renvoyer de son école.

Minke se lance à temps plein dans le journalisme mais également à la création d'une organisation destinée aux indigènes. Mais rassembler les indigènes n'est pas chose facile, car les indonésiens constituent un groupe de personnes hétéroclites comprenant différentes castes, plusieurs religions, différentes coutumes, ... Malgré les difficultés, Minke mène son combat pour les indigènes à travers son journal hebdomadaire devenu quotidien. Mais ce journal n'est pas au goût des néerlandais. Minke n'est pas à l'abri de nouveaux ennuis.



"Une empreinte sur la terre" est le troisième du "Buru Quartet". Il est différent des deux premiers tomes sur de nombreux points. C'est le premier roman où l'on sent clairement l'homme qui a inspiré Pramoedya Ananta Toer pour sa tétralogie, la vie du journaliste indonésien Tirto Adhi Soerjo, une figure de l'éveil national indonésien et l'un des premiers journalistes d’État. "Une empreinte sur la terre" est à la hauteur des précédents romans du Buru Quarteet. Il nous permet de découvrir les Indes Néerlandaises alors que le monde entre dans la modernité en ce début du XXème siècle et où la notion de nationalisme prend de l'ampleur dans les colonies.
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Buru quartet, tome 3 : Une empreinte sur la..

Je ne saurai trop bien dire pourquoi mais ce tome m'a quelque peu lassé. Alors même que les engagements, les questionnements et le projets de Minke s'accélère. Qu'il s'affirme de plus en plus en leader voire guide d'une révolution latente en Indonésie, son personnage m'a de plus en plus irrité et un semblant de gène à suivre sa pensée s'est instauré au cours de ma lecture. C'est toujours aussi passionnant de découvrir un pays et une culture complétement inconnue et de voir naître et évoluer les idées de souveraineté et d'autodétermination et pourtant j'ai vraiment peiné de devoir les suivre au travers de Minke.
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Buru quartet, tome 3 : Une empreinte sur la..

Mincke, dans ce troisième volume de Burru Quartet, devient pleinement adulte et endosse des responsabilités.

L'école de médecine indigène qu'il a intégrée dans une ville où il se retrouve seul ne lui convient pas vraiment, et sa rencontre avec une jeune activiste chinoise va le faire basculer vers l'action politique, via la création d'associations, et de journaux.

Ce volume fait moins de place à sa vie personnelle, à ses relations avec ses amis et ses deuxième et troisième épouses car Mincke s'interroge beaucoup sur les moyens à utiliser pour permettre aux indigènes de prendre leur place, comme les métis ont pu le faire.

Au fil de ses expériences, Mincke apprend comment les intérêts particuliers peuvent pervertir les meilleures intentions, et surtout à quel point, pour les colonisateurs, tous les moyens sont bons pour se débarrasser du gêneur qu'il est devenu.
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Buru quartet, tome 3 : Une empreinte sur la..

Une véritable fresque historique et politique, roman aussi d'initiation comme roman d'amour qu'est cette tétralogie Buru Quartet dépeignant avec talent l’histoire des Indes néerlandaises du 19è et 20è siècle à travers ce personnage Minke, un jeune Indigène.



Après Le Monde des hommes et Enfant de toutes les nations, voici donc Une empreinte sur la terre. Nous retrouvons Minke, qui après avoir tenté des études de médecine, va se lancer dans le journalisme. Ce troisième épisode est, à mon sens, le plus politique, certes un monde passionnant à découvrir, mais j'avoue que parfois je me suis quelque peu ennuyée au cours de pages sans fin, trop techniques et pas assez empruntes d'émotions qui retiennent l'attention du lecteur. Fort heureusement, Minke, le narrateur et le héros de cet épisode, sait toujours s'entourer de femmes remarquables, de magnifiques portraits qui font la force poétique de sa vie et donne un autre élan à son engagement politique.




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Buru Quartet, tome 4 : La maison de verre

Dans un contexte historique très particulier, fut confiée à Jacques Pangemanann, la lourde charge de s'attaquer au problème des Indigènes. Le mouvement de ces derniers prenait de l'ampleur. Le Gouvernement se devait d'agir vite et efficacement. C'est ainsi qu'il fut demandé à ce fonctionnaire d'état, de rédiger un rapport sur les indigènes instruits des Indes néerlandaises et donc de Raden Mas Minke, la personnalité la plus importante parmi eux pour l'envoyer rapidement en exil. Seulement Pangemanann vouait un intérêt à cet homme et il était tiraillé entre l'admiration et le devoir de condamner ce dernier. Ainsi, au retour de la traversée qui conduisit Minke à Amboine, Pangemanann écrivit " C'est la première fois de ma vie que j'ai été lié directement à un évènement historique en exécutant l’ordre accompagner jusqu'à sa terre d'exil l'homme que je considère comme mon maître, Raden Mas Minke. Il est la première victime des initiatives prises par les autorités coloniales pour empêcher les Indes néerlandaises de connaître le sort des Philippines. " Nous aurions pu imaginer que ce commissaire agisse autrement, prenne la défense de Minke ! mais non au final il va le détruire totalement par des actions insoutenables ! Il va détruire un homme et la vie de quelques uns autour de lui sans scrupule aucun, mais au fond de lui il réalise que tout s'écroule, sa femme le quitte, ses enfants partent en France .... Et suite à la guerre mondiale, il comprend combien il est juste un pion sur le grand échiquier politique.... Mais c'est trop tard.



J'ai eu grand plaisir de lire ce tout dernier volet de la tétralogie Buru Quartet, très dense comme les autres livres, très puissant seulement il me reste un regret, qui est, la trop grande absence de Minke tout au long de ces pages. Car ce commissaire je ne l'ai pas aimé dès les premières pages et c'est lui qui raconte ici toute l'histoire.



Une fresque historique exceptionnelle et incontournable à lire, qui nous permet une certaine compréhension de cette époque coloniale sur l'île de Java. Un homme, Minke qui nous a séduit dès les premières pages du tout premier volet Le monde des hommes. Une vie qui semble faire résonance avec son auteur, celle de cet homme d'un grand humanisme, qui a été emprisonné par le gouvernement colonial hollandais et envoyé au bagne sous la dictature de Suharto et mort en 2006.
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Buru Quartet, tome 4 : La maison de verre

Je quitte à regret la compagnie des personnages du Buru quartet et plus particulièrement celle de Minke, héros de cette fresque romanesque qui relate la prise de conscience des Indonésiens au début du 20ème siècle et les premières actions politiques afin d’accéder à une forme d’autonomie.

Le narrateur des trois premiers volumes est un fils d’aristocrate dont le père est bupati d’une région, c’est-à-dire représentant indigène du gouvernement colonialiste. Le jeune Minke suit une scolarité européenne au lycée néerlandais de Surubaya. Ses études le mettent en contact avec la culture européenne et transforment sa vision de la société traditionnelle indonésienne, très hiérarchique et basée sur la soumission des subalternes. Le gouvernement colonialiste s’appuie sur cette organisation pour dominer les indigènes. Plus tard, à travers sa rencontre avec Ontorosh, une concubine, vendue par ses parents à un propriétaire néerlandais dont elle a eu deux enfants et à présent gérante d’une exploitation agricole, le jeune Minke prend conscience des abus du colonialisme et des violences que subissent les paysans javanais. Devenu adulte, il organise une des premières associations indigènes et publie le premier journal en malais donnant ainsi aux Javanais la possibilité de s’exprimer. Minke se heurte assez rapidement à la puissance coloniale qui voit en ces initiatives un danger pour ses intérêts économiques basés en partie sur l’exploitation de la canne à sucre.

L’auteur aborde à travers cette fresque la question du pouvoir colonialiste confronté à la montée du nationalisme. Il traite également de l’européanisation des élites indigènes qui sont tiraillées entre leur culture et la modernité. L’histoire se termine sur une note pessimiste avec la création de la première assemblée représentative du peuple comportant huit d’indigènes nommés par le gouvernement sur soixante-dix députés

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Buru Quartet, tome 4 : La maison de verre

C'est peut-être le tome que j'ai le plus apprécié, la rupture avec la narration de Minke m'a semblé bienvenue et permet aussi de comprendre mieux les rouages de la colonisation au travers du nouveau narrateur, Pangermanann, personnage complexe, à cheval entre les mondes, coloniaux et indigènes, celui d'avant et celui d'après, individualistes et collectifs.
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Buru Quartet, tome 4 : La maison de verre

Ce quatrième volume marque une rupture avec les précédents puisque le narrateur est désormais Pangemanann, l'indigène au service du Gouverneur des Indes néerlandaises qui a conduit Minke à l'exil.

Sa maison de verre est celle où il "abrite" tous les activistes qu'il est chargé de surveiller... et de neutraliser.

Pangemanann ne cache pas son admiration pour la figure charismatique de Minke, qu'il a pourtant combattue avec des méthodes pas toujours honorables.

Ce livre est crépusculaire, puisque qu'il signe la fin de parcours de Minke, revenu affaibli et ruiné de son exil... mais l'aube n'est pas loin pour l'indépendance de l'Indonésie tant la montée des mouvements sociaux et politiques décrits par notre narrateur paraît irrépressible.

En refermant cette somme, je ne peux que me réjouir que l'œuvre magistrale de Pramoedya Ananta TOER, à la fois romanesque et pédagogique, nous soit enfin accessible.
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Buru Quartet, tome 4 : La maison de verre

C'est la fin de la fresque historique sur les Indes néerlandaises portée par Buru Quartet, quatre tomes passionnants qui parlent de la marche vers l'indépendance de l'Indonésie et de la prise de conscience de Minke, indigène éduqué à l'européenne, des inégalités et des humiliations subies par son peuple soumis au pouvoir arbitraire néerlandais. Dans le troisième volume, Minke avait créé une association indigène musulmane, Siryakat Islam, et un journal, Medan, pour défendre les intérêts indigènes, exprimer des revendications et signaler des problèmes ou des injustices. Devant le succès de cette publication, Minke commence à faire parler de lui et à faire du bruit, il est condamné à l'exil.

Dans ce dernier volume de Buru Quartet, le narrateur est Jacques Pangemanann (avec deux n), le policier qui a escorté Minke vers l'exil. Pangemanann est un indigène né aux Indes néerlandaises, adopté par des Français, élevé à Lyon puis étudiant à la Sorbonne, devenu policier aux Indes néerlandaises puis conseiller auprès du Gouverneur général. Un indigène collaborateur du colonisateur, on peut le dire ainsi, personnage assez méprisable bien qu'il se dise porteur des valeurs européennes d'égalité et de liberté, tout ce que n'est justement pas la colonisation. Dans ce 4è volume, on voit donc les rouages du pouvoir et de la colonisation, les petites et grandes mains qui ont condamné Minke et ses compagnons pour leurs activités politiques et continuent de surveiller toute personne représentant un danger pour le gouvernement néerlandais. Pangemanann partage toutes ses idées et ses réflexions sur la société coloniale, raconte les actions policières qu'il a menées, les différents dossiers qu'il a à traiter etc...

C'est toujours passionnant et extrêmement bien écrit, il est juste dommage que l'on ne suive quasiment plus Minke.
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Buru Quartet, tome 4 : La maison de verre

La fin des aventures de Minke par les tourments de celui qui le torture. Pramoyeda Ananta Toer conclut son examen minutieux, renseigné et habilement mené, de tous les aspects du colonialisme, ses manipulations et crasses, les luttes de pouvoirs indigènes autant que la répression coloniale. La maison de verre illustre alors la manière dont le roman n'est que surveillance généralisée, arrangements et dissimulations et ici, retour sur la véracité des précédents tomes.
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Corruption

Bakir, est fonctionnaire, chef de service plus exactement. Il vient d’une famille de fonctionnaire de père en fils. Il a 20 ans de carrière et quatre enfants. Il s’en sort de moins en moins bien avec ses fils qui grandissent et vont bientôt rentrer au lycée. Il se met donc à réfléchir afin d’augmenter ses revenus et vivre une vie plus confortable. Une idée lui vient, faire comme tout le monde, le mot est lâché : corruption.

C’est là que les ennuis commencent...

J’ai beaucoup aimé ce livre. Au début, j’ai eu envie de secouer Bakir, un éternel indécis, pleutre comme ce n’est pas permit. Puis je me suis posé des questions, effectivement, le danger mérite réflexion. Quand sa femme a essayé de le dissuader, j’ai était irrité par cette conscience qui se rappelait à mon bon vouloir. Mais quand ce fut le tour de son secrétaire alors là, je me suis dit : non, mais c’est le pompon !

Le récit en forme de fable et de farce est très drôle, écrit avec beaucoup de psychologie. L’auteur pose un regard très dur sur les fonctionnaires javanais d’ancien régime et assez méfiant sur les premières années de la république.

J’ai pensé à Voltaire, entre autres.

Je compte bien lire d’autres livres de cet auteur.
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Corruption

Corruption, tout est dit dans le titre. Ou presque. Paru en 1951, soit deux années après l'indépendance de l'Indonésie, le roman dénonce cette plaie qui gangrène les services de l'État.



Le narrateur est un directeur de service à Jakarta, fils et petit-fils de fonctionnaires. Il a débuté sa carrière sous colonisation hollandaise, vingt ans avant le début du récit. Marié et père de quatre enfants, il a vu ses émoluments et son train de vie diminuer graduellement après la décolonisation. Non par incompétence mais par une grande probité qui l'a toujours empêché de se laisser circonvenir par des tentateurs. Ses fils voulant poursuivre des études au lycée, il se retrouve asphyxié, n'arrivant déjà pas à boucler les fins de mois. La colère le prend et le désir de se faire de l'argent facile vient le hanter. La corruption commence dans l'esprit.



Pramoedya Ananta Toer raconte avec force la lutte de ce quadragénaire usé contre son honnêteté et la morale profondément ancrées en lui pour franchir la ligne. On suit avec compassion ses atermoiements, ses dilemmes et la crise morale et familiale que l'idée de se laisser acheter provoque. Avec compassion en effet car vu la vie difficile quoique sans tache qu'il mène, on peut comprendre qu'il en ait assez de tirer le diable par la queue. Ce qui ne légitime en aucun cas la suite de ses actes. L'enfer est pavé de bonnes intentions, dit le proverbe et c'est le cas puisqu'il voit au départ de meilleures conditions pour les siens, une bonne éducation pour ses enfants, etc. Avant de sombrer dans la spirale infernale de l'argent facile qui brûle les doigts - et l'âme - et induit toujours plus de féroces désirs de possessions matérielles.



Le roman, court avec ses quelques deux cents pages, dénonce avec efficacité tout un système administratif basé sur la corruption où prévaut l'idée que "si ce n'est pas moi ce sera un autre". Le narrateur a longtemps refusé toute malversation et le récit, par son cas, dépasse le cadre socio-politique pour toucher à l'éthique personnelle et à l'effondrement moral généré par l'accroissement des richesses et des biens. Aliénation matérielle mal acquise qui prive l'esprit du repos et de la sérénité et transforme la vie en enfer personnel.



Je ne connaissais pas cet auteur. Bien m'a pris de me laisser tenter par cette édition Picquier, qui reprend une traduction plus ancienne de 1981, comme le précise le traducteur dans sa préface. Pramoedya Ananta Toer dénonce les dérives des administrations post-indépendance de son pays, l'Indonésie. Mais son roman, au-delà des particularités du lieu et de l'époque, tend à l'universel puisque la tentation et la corruption sévissent partout et en tout temps.
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Corruption

Une belle leçon de morale universelle à travers le monologue de Bakir, cinquantenaire respectable, époux dévoué et père de quatre enfants, fonctionnaire indonésien à la parfaite "probité". Ce dernier décide un matin de prendre son destin en main, et de mettre un terme à sa passivité et à son honnêteté qui ne lui ont jusque-là rien apporté ; les sommes exorbitantes nécessaires à la scolarité de ses enfants lui fournissent une excuse rêvée : le voilà lancé dans "la corruption".



Dès sa première tractation, d'une simplicité inouïe, la machinerie se met en place ; Bakir sombre inexorablement dans la spirale infernale de l'argent facile, du désir, de la crainte qu'on ne le découvre...Mais c'est surtout le cheminement de sa pensée, ses longues réflexions et ses tentatives pour se convaincre lui-même du bien fondé de ses actes qui sont intéressantes pour le lecteur ; l'on comprend combien il est difficile de résister à l’appât du gain, et de répondre à la question "pourquoi pas moi ?" quand tout semble à portée de main !



Bien que cela passe en second plan, on saisit également des bribes de la vie indonésienne peu après l'indépendance, et du ressentiment ambiant envers la communauté chinoise qui s'enrichit si aisément.



Quelques deux-cent pages bien équilibrées, divertissantes, mais qui poussent aussi à la réflexion sur les autres pays où la corruption est généralisée.
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Corruption

Nous suivons dans ce roman un petit fonctionnaire à Jakarta peu après l'indépendance. Vous vous doutez bien du sujet principal du livre : la corruption. Ce fonctionnaire qui a toujours été droit et honnête toute sa vie finit par basculer de l'autre côté. Il n'en peut plus de souffrir et de voir sa famille privée de tout, il a peur de ne pouvoir laisser ses enfants continuer leurs études faute d'argent. Il finit donc, comme tant d'autres, par se lancer dans la corruption. Nous suivons alors sa lente descente aux enfers, son incapacité à sortir de cet engrenage, de ce cercle infernal.

Ce qui m'a marqué est son égoïsme. Il prenait sa famille comme excuse, mais finalement c'était beaucoup pour le paraître et pour lui-même. J'ai également été choquée de sa vision de la femme, qui ne semble être là que pour lui obéir...

Ce court roman est très intéressant, il met en lumière la fragilité parfois de notre bonne volonté et la facilité à passer la ligne interdite. Bien qu'écrit dans les années 50, le sujet traité dans ce livre est toujours d'actualité dans bien des pays...
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Corruption

Bakir, proche de la cinquantaine, marié et père de quatre enfants est chef de service dans une administration. Avec un jeune stagiaire, il gère entre autres les demandes d'autorisations avec les entrepreneurs. Fonctionnaire modèle, apprécié et respecté pour sa probité, il a vu quantité de ses collègues s'enrichir grâce à des pots de vin et afficher leur richesse sans vergogne. Avec des enfants et leurs études à payer, il vit de moins en moins bien sa situation et, las d'être le dindon de la farce, se lance fébrilement avec un premier commerçant chinois, et, passée cette épreuve du feu, continue sur sa lancée. Au grand dam de sa femme et de son stagiaire, tous deux voient des changements d'attitude chez Bakir. Le temps passant il s'enrichit, se trouve une deuxième épouse, déménage mais se retrouve finalement seul, aimé uniquement pour son argent et se rendant compte mais trop tard, qu'il a perdu son âme en cédant aux sirènes du profit vite gagné.



Pramoedya Ananta Toer évoque avec Corruption, la vie et les tourments d'un fonctionnaire exemplaire de l'Indonésie post coloniale, après l'indépendance et le départ des Hollandais. Une administration qui a semé les germes d'arrangements pour accélérer les démarches, arrangements qui se sont ancrés après l'indépendance, favorisés par des salaires insuffisants. Dans cette ambiance, Bakir a su résisté à la tentation, se targuant de son honnêteté et de sa probité mais avec quatre enfants et un maigre salaire il va céder.

Corruption est une peinture de la classe moyenne indonésienne, celle des fonctionnaires, rouages essentiels dans l'administration et qui, pour nombre d'entre eux, survivent ou s'enrichissent grâce aux pots de vin, un système que chacun semble accepter, car apparaissant comme inévitable, même les plus probes se laissent convaincre. La corruption, un mal qui se répand dans les sociétés où, gouvernance ou post-colonialisme ne permettent pas d'établir des conditions de vie décente et poussent finalement les individus à profiter du système.

Corruption est un roman agréable et facile à lire, édifiant sur le destin des individus au sortir du colonialisme et qui ont trouvé dans la corruption un moyen individuel de s'en sortir.

Pramoedya Ananta Toer, un auteur auquel je vais m'intéresser.
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Gadis Pantai : La fille du rivage

Dans le prologue, l’auteur nous présente une vielle femme pauvre et courageuse, et nous dit qu’il s’agit de sa grand-mère. Et qu’à la place du vêtement promis, il lui offre ce livre, ce récit de son histoire.

Avec une telle présentation, je m’attendais à traverser le siècle en suivant la vie de cette femme. Ce n’est pas ça. Le récit se cantonne à une période d’une durée de 3 ans, celui où cette très jolie jeune fille, vivant dans un village de pêcheurs, plaît à un noble de la ville qui la prend comme concubine et l’enferme dans sa grande maison, où elle doit apprendre des codes sociaux qu’elle ignore totalement.

Le propos consiste essentiellement en l’opposition des deux modes de vie, antagonistes, insistant sur les notions de richesse, de liberté, de bonheur. Dans le village de pêcheurs, l’or est source de convoitise donc de malheur. L’auteur nous relate également l’étanchéité entre les classes sociales, qui fait que cette épouse non noble n’en sera jamais une, juste une servante de son mari et maître, épouse en trompe-l’œil.

Avec ses dialogues étoffés et sa morale, le roman prend des allures de conte qui pourrait être adapté en pièce de théâtre. Dans le roman cela donne du réalisme, mais aussi quelques longueurs. Mais c’est indéniablement dépaysant et instructif.
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Gadis Pantai : La fille du rivage

Gadis Pantai, la fille du rivage, est l'histoire d'une jeune fille à peine pubère qui se retrouve arrachée du jour au lendemain de sa vie auprès des siens dans un petit village de pêcheurs pour devenir la concubine d'un riche homme dans une maison cossue de la ville. Une poupée, une femme objet qui doit juste vivre pour être au service de son époux et surtout assouvir tous ses désirs.



Avec ce roman, Pramoedya Ananta Toer rend un hommage à sa grand-mère. Les concubines étaient une pratique au temps des Indes Néerlandaises - ceux qui se prenaient des concubines étaient des fonctionnaires Hollandais. Un sujet souvent repris par Pramoedya Ananta Toer dans ses romans. Certes l'écriture est simple, comparée à sa trilogie du Buru Quartet et sa lecture très rapide. Pourtant, le lecteur ne peut qu'être touché par le destin tragique de Gadis Pantai.


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