Bakir, proche de la cinquantaine, marié et père de quatre enfants est chef de service dans une administration. Avec un jeune stagiaire, il gère entre autres les demandes d'autorisations avec les entrepreneurs. Fonctionnaire modèle, apprécié et respecté pour sa probité, il a vu quantité de ses collègues s'enrichir grâce à des pots de vin et afficher leur richesse sans vergogne. Avec des enfants et leurs études à payer, il vit de moins en moins bien sa situation et, las d'être le dindon de la farce, se lance fébrilement avec un premier commerçant chinois, et, passée cette épreuve du feu, continue sur sa lancée. Au grand dam de sa femme et de son stagiaire, tous deux voient des changements d'attitude chez Bakir. le temps passant il s'enrichit, se trouve une deuxième épouse, déménage mais se retrouve finalement seul, aimé uniquement pour son argent et se rendant compte mais trop tard, qu'il a perdu son âme en cédant aux sirènes du profit vite gagné.
Pramoedya Ananta Toer évoque avec
Corruption, la vie et les tourments d'un fonctionnaire exemplaire de l'Indonésie post coloniale, après l'indépendance et le départ des Hollandais. Une administration qui a semé les germes d'arrangements pour accélérer les démarches, arrangements qui se sont ancrés après l'indépendance, favorisés par des salaires insuffisants. Dans cette ambiance, Bakir a su résisté à la tentation, se targuant de son honnêteté et de sa probité mais avec quatre enfants et un maigre salaire il va céder.
Corruption est une peinture de la classe moyenne indonésienne, celle des fonctionnaires, rouages essentiels dans l'administration et qui, pour nombre d'entre eux, survivent ou s'enrichissent grâce aux pots de vin, un système que chacun semble accepter, car apparaissant comme inévitable, même les plus probes se laissent convaincre. La
corruption, un mal qui se répand dans les sociétés où, gouvernance ou post-colonialisme ne permettent pas d'établir des conditions de vie décente et poussent finalement les individus à profiter du système.
Corruption est un roman agréable et facile à lire, édifiant sur le destin des individus au sortir du colonialisme et qui ont trouvé dans la
corruption un moyen individuel de s'en sortir.
Pramoedya Ananta Toer, un auteur auquel je vais m'intéresser.