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Citations de Rachel de Queiroz (17)


Seu Bradini ne comprenait pas que, parmi les étrangers, je me trouvais enterrée, noyée, ensevelie, sans rien autour de moi, seule au milieu des autres, toute seule du lever au coucher du soleil, seule dans ma chambre et dans la rue, dans l'obscurité de la nuit et au milieu de la foule... Il ne comprenait pas ça.
A la fazenda, j'étais seule aussi, mais dans une sorte de solitude peuplée, une solitude que je connaissais, une solitude ancienne que je portais dans mon sang.
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J'avais très bien senti que cet homme, il n'avait qu'à le vouloir, pouvait m'attraper dans le creux de sa main.
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Il avait imaginé, au commencement, que , prisonnier, là, tout allait conspirer à le compromettre, à le rendre malheureux, à l'emprisonner davantage.Neanmoins, au fil des jours, grâce à la possibilité d'avoir un travail manuel, sa tension nerveuse s'amenuisait.Et ce qui le calma le plus, ce fût l'indifférence générale qu'on témoigna à son sujet et à l'égard de son crime.
( p.62)
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La prison semblait échangée, comme une chose morte; et ceux qui étaient là oubliaient le compte des jours et des heures, qui finissaient par tous se brouiller, quand on essayait de classer quelque souvenir.
( p.164)
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Il avait cessé d'être un homme, il avait perdu le droit de vivre comme les autres, de marcher, de parler, d'ouvrir une porte.(...)
L'homme d'après le crime était le même que celui d'avant le crime.Et pourtant c'était l'homme ancien qui subissait maintenant le châtiment conçu pour l' "autre" !
Parce que celui qui savait vivre, qui savait rire, qui avait pitié, qui avait de la nostalgie, qui faisait l'aumône, qui priait, n'était pas le criminel que tout le monde insultait et qui faisait peur aux autres, celui qui était en prison.
Lui, il était bien le premier, l'innocent.L'autre n'avait vécu qu'une minute...à l'heure fatale de la mort.
( p.39)
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Quand on y réfléchit, c'est toi qui es dans le vrai, seu Jean.Y a rien de pire en ce monde pour un homme que de passer sa vie en prison. On dit qu'il n'y a pas de malheur qui ne profite...Mais quel profit peut-on tirer en mettant une créature sous les verrous? Si ce n'est pour venger ceux qu'on a tués...Mais quel intérêt peut-on tirer de cette vengeance ?
(...)
A quoi ça nous sert, la prison ? A nous rendre pires, c'est tout...(...)
En vivant en mauvaise compagnie, ceux qui ne sont pas méchants par nature et qui ont fait une bêtise sans savoir comment, à la fin, ils deviennent comme les pires...
(p.150)
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Et il ne se souvenait plus de ce qu'il l'enlaidissait ou la vieillissait, il ne se souvenait plus de ses dents usées , noircies par la pipe, ni de sa maigreur, de sa décadence... Elle lui semblait maintenant belle, inaccessible, seulement parce qu'elle était loin, parce qu'elle l'avait oublié et avait fui.
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Enfin, ils étaient là.
Et l'enfant si gros que portait Cordulina, à cette époque, était sans doute celui qui se suspendait à son cou, et qu'elle portait maintenant si maigre, si maigre qu'aucun fantôme, pas même la mort, seul peut-être un squelette, ne pourrait être aussi maigre...
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Et puis ce fut la désolation de la première faim. Elle surgit, sèche et tragique, dans le fond sale des sacs vides, dans la nudité décharnée des boîtes raclées.
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Mais la même impression de vide que le jour du crime lui revenait à la tête. Comme tout à l'heure, il avait seulement la sensation d'un événement prévu, attendu. Quelque chose, en lui-même, lui disait déjà que cela " allait arriver".Et son geste de lion, son geste de vengeance, qui serait sa revanche contre tout, ne venait pas...Comme s'il avait les veines creuses...et que la prison lui avait sucé son courage et sa force d'homme.
( p.89)
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Mais le pire en ce monde, ce n'est pas de vivre seul, non, Dona. On trouve partout de la compagnie. Le pire, c'est de savoir qu'on ne vaut rien, qu'on ne sert qu'à se louer, de patron en patron, comme une bête de somme. C'est pour cela qu'on se met à boire. Pourquoi être bon, être un être de confiance, prêt à tous les boulots ? Pout que le mâitre vous écrase encore plus, pour qu'il vous presse encore plus comme un citron...Tout au plus, il vous donne un cruzado supplémentaire par journée...Les flemmards, on les épargne davantage?
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On souffre beaucoup plus quand on est un homme, Dona Angelica. Un enfant , ça ne sent pas les choses très longtemps : en un instant, ça s'amuse ! Vous ne pensez qu'à la souffrance de l'enfant, mais vous oubliez qu'un homme souffre deux fois plus. Depuis que je suis un homme, j'en ai bavé beaucoup plus... Ne serait-ce que la consolation de pouvoir pleurer qu'ont tous les enfants !
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Néanmoins, c'était la même main... Les doigts maintenant tremblants, avaient la même apparence des jours anciens, des heures de travail et de plaisir.
La même...
En vain, dans un examen anxieux, il chercha le vestige du crime, du couteau, de la main frémissante. Rien n'avait changé en elle, comme rien n'avait changé en lui-même.
Alors, pourquoi sa vie de tous les jours, avait-elle subi une révolution aussi étrange, douloureuse, irrémédiable ?
Il avait cessé d'être un homme, il avait perdu le droit de vivre comme les autres, de marcher, de parler, d'ouvrir une porte.
Il était comme une bête féroce que l'on garde enfermée pour qu'elle ne fasse de mal à personne.
Ceux qui auparavant voyait en lui un ami, un camarade, le regardaient maintenant comme un être monstrueux qui, après une vie entière, se révèle tout à coup, tel un sorcier qui se transforme en serpent et apparaît sous sa forme nouvelle pervers et maléfique.
Pourtant, malgré tout, il était toujours lui.
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Un livre écrit dans les années 30, mais une réflexion encore très moderne.
Raquel de Queiroz avait à peine 20 ans quand elle a écrit ce livre... et quelle maturité ! Sans quitter les murs de la prison, on en apprend beaucoup sur ce qui se passe à l'extérieur...
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Ils partaient vers un destin qui les avait appelés de si loin, des terres sèches et fauves de Quixada, et les avait amenés là entre la faim et les morts, et d'infinies angoisses, pour les conduire maintenant, sur les eaux de la mer, jusqu'à des terres lointaines où ne manquent jamais la farine, jamais les pluies d'hiver...
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Et cette botte de paille et son sac déjà entamé, ils allaient aussi rester là. Tout restait là. Lui seul partait, libre enfin, homme de nouveau.Oui, il allait pouvoir vivre de nouveau...Vivre !
...Vivre ? Mais de quoi ? Ce temps de prison avait été comme une mort, une mort qui non seulement l'avait touché, lui, mais tout ce qui l'entourait, tel un souffle de peste...
( p.182)
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Les jours venant à se succéder, le véritable supplice de la prison- l'isolement et l'inaction- commença à torturer intensément le prisonnier. (p. 27)
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