Livre offert par une amie au Salon du Livre 1987 !...Lu le 14 août 2022
Un manquement et un délaissement injustifiés ,réparés enfin... par cette lecture et cette chronique... !!
Un roman très étonnant, ne " payant pas de mine" mais qui prend une toute autre dimension, lorsqu'on apprend qu'il a été écrit en 1939 et que son auteure n'avait que 22 ans , lors de sa publication..!
Le personnage central,
Jean Miguel, a eu une vie très difficile, une enfance d'enfant orphelin, qui a dû travailler très, très jeune comme une bête de somme....En dehors de l'alcool qui le rend violent, l'homme est un homme sans histoires, vivant paisiblement avec Santa...et puis PATATRAS...un soir un peu alcoolisé, un homme le provoque, et dans un coup de sang, le tue ...accidentellement !...
Jean Miguel se retrouve emprisonné, perdu, ne comprenant rien à cet instant de folie...il n'éprouve qu'un état de sidération...pas vraiment de culpabilité ni de vraie conscience...de la gravité du geste, étant alors dans un état second.
Dans cette prison, il va rencontrer d'autres hommes et femmes, aussi déshérités et accablés que lui par un quotidien misérable et un horizon sans horizon !!
Ce qui ne devait pas être une opinion courante à l'époque, c'est la conviction de cette future célèbre romancière brésilienne que la prison n'est pas la bonne réponse...qu'elle aggrave et empire la nature des hommes au lieu de les mettre au service de la communauté, afin qu'ils réparent positivement et ne soient pas stigmatisés, à
jamais !...
"Il avait cessé d'être un homme, il avait perdu le droit de vivre comme les autres, de marcher, de parler, d'ouvrir une porte.(...)
L'homme d'après le crime était le même que celui d'avant le crime.Et pourtant c'était l'homme ancien qui subissait maintenant le châtiment conçu pour l' "autre" !
Parce que celui qui savait vivre, qui savait rire, qui avait pitié, qui avait de la nostalgie, qui faisait l'aumône, qui priait, n'était pas le criminel que tout le monde insultait et qui faisait peur aux autres, celui qui était en prison.
Lui, il était bien le premier, l'innocent.L'autre n'avait vécu qu'une minute...à l'heure fatale de la mort."
Sa compagne, Santa viendra le voir quotidiennement le soutenir, lui apporter du matériel : de quoi fabriquer des chapeaux en paille...et puis Santa sera attiré par un autre homme et trahira
Jean Miguel !
Ce dernier passera par des moments d'intense désespoir ; heureusement , il y a l' "Ymagier", son ami qui sculpte dans le bois des ex- votos, avec lequel il discute
beaucoup ! Il y a aussi le travail manuel qu'il réalise qui le calme et atténue l'atroce monotonie des journées...Une autre personne lui importe : Dona Angelina qui vient rendre visite à son colonel de père ( ayant tué un homme), demandant à
Jean Miguel de veiller sur son vieux père...
Jean Miguel se révèle attentif, compatissant avec les chagrins et les épreuves de ses codétenus....
On s'attache spontanément à
Jean Miguel, ours bourru , aux manières brusques, mais dont le coeur renferme " des trésors de délicatesse et de fidélité "...
Un récit d'une rare sobriété qui défend les " déshérités " et les êtres écrasés par le "destin", en dénonçant les méfaits de la PRISON...sans autre réflexion constructive pour l'avenir, afin de ne pas mettre les " fautifs" au ban de la société....Réflexions inhabituelles surtout dans un pays où la pauvreté et la violence, sont " légion" !
En plus des reproches que je m'adresse pour avoir tant tardé à lire ce roman, plein d'empathie et de maturité pour une si jeune romancière, à l'époque..je m'étonne dans un même temps d'être la première à rédiger un " billet" sur ce livre !!!??