Lecture jeune, n°124 - Heliane Bernard et Alexandre Faure poursuivent leur remarquable travail d’anthologies poétiques illustrées et prolongent les beaux « Album Dada » de Mango chez Michalon avec la nouvelle collection « Albums Tatou », inaugurée par de la poésie étrangère. Après Garcia Lorca, voici Rilke, le magnifique René Maria, objet étrange et fascinant, où les vers singuliers et secrets de l’écrivain allemand trouvent dans la peinture de Chloé Poizat de mystérieuses correspondances. Dix-huit poèmes pour chanter : « L’obscurité des chutes infinies/Et le jeu scintillant de toute remontée », la solitude de la nuit, les gouffres paisibles, les amours insaisissables - dix-huit soleils noirs de la Mélancolie qui s’élancent vers notre âme émue. Sous le pinceau du peintre, des lignes s’entrelacent, des étoiles colorées se délitent. Un homme sans tête parcourt l’album en quête d’une flamme et marche vers l’abyme. Tout s’écroule. Cependant, d’une goutte de savon, naît une galaxie colorée de bulles légères et joyeuses ; d’une goutte d’encre échappée au porte-plume du poète, grandit un verger vert et touffu. La matière est partout présente et belle : traces de pinceau, rafales de traits, densité des couleurs, stries des gravures et dentrites végétales. Ce très bel objet, éclairé par les textes d’Héliane Bernard, offrira aux jeunes lecteurs une entrée lumineuse dans l’univers du poète. Charlotte Plat
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