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Critiques de Rainer Maria Rilke (340)
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Au fil de la vie : Nouvelles et esquisses

des petites nouvelles sur un ton anodin pour des histoires qui le sont moins. Et avec cette écriture millimétrée, romantique qui nous emporte dans des songes déstabilisants.
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Au fil de la vie : Nouvelles et esquisses

"Au fil de la vie" est un recueil, publié en 1898, composé de 11 nouvelles signées de l'écrivain et poète autrichien Rainer Maria Rilke, célèbre pour son roman "Elégies de Duino" et "Lettres à un jeune poète", sa correspondance de plusieurs années avec un jeune officier.



Dans "La fête de famille" et "L'anniversaire", un homme et une femme célèbrent chacun à leur manière l'énième anniversaire de ce frère parti trop tôt.

"Le secret" nous dépeint l'étrange amitié qui lie Clotilde et Rosine, cette dernière étant fermement décidée à découvrir ce que son amie dissimule dans un coffret verrouillé.

"La fuite" évoque le désir de liberté de Fritz et Anna, un jeune couple forcé de se fréquenter en cachette de leurs parents.

"Toutes en une", "L'enfant Jésus" et "Unis" nous font faire connaissance avec Betty, Werner et Gerhard, trois jeunes gens malades qui cherchent le réconfort au gré de leur imagination.

Dans "Bonheur blanc", Théodor Fink appréhende de revoir son frère mourant et fait une bien étrange rencontre.



Frères et soeurs en deuil, vieilles filles, jeunes malades au bord de la mort. Les personnages qui peuplent ces nouvelles ne sont guère heureux.

Tous partagent la peur de l'inconnu, de cette mort qu'ils attendent et redoutent.

Ils ont perdu cette étincelle qui les raccroche à la vie et se retrouvent seuls avec leurs angoisses, sans Dieu pour les secourir.



Le style de Rilke est teinté d'une mélancolie poétique. En revanche, je cherche encore l'humour promis par le résumé du livre...

L'écriture est assurément belle, sans doute un peu trop travaillée car j'ai eu l'impression que l'émotion s'effaçait au profit de phrases bien tournées. Je n'ai pas réussi à être transportée par ces nouvelles, si ce n'est par "L'enfant Jésus", l'histoire d'un conte de Noël qui a mal tourné...
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Au fil de la vie : Nouvelles et esquisses

Rilke n'a que 18 ans lorsqu'il écrit le premier récit de ce petit recueil de onze nouvelles édité en 1897. Il a alors 22 ans. Mais, déjà, avec intelligence et finesse, son oeil saisit la noirceur des âmes, la médiocrité des esprits, l'absurdité de la vie et traque la présence sournoise de la mort qui rôde. Des histoires simples, sans prétention, d'un autre temps, présentées avec mélancolie et romantisme, teintées d'une pointe d'humour, où les faiblesses humaines, lâcheté, égoïsme, mesquinerie, ne sont jamais oubliées. Mais, le lecteur est séduit par la poésie des mots, la richesse des métaphores. C'est avec délicatesse et réalisme que l'auteur, de façon très personnelle, dépeint, la complexité des êtres, l'infini de leurs contradictions et capture avec acuité le frémissement d'un instant, d'un reflet, d'une ambiance, d'un objet, en les traitant comme des personnages.

«Le soleil du matin lorgna comme un petit enfant joueur à travers les reflets blancs des rideaux de tulle, saisit son rayon le plus long et le passa, comme une plume d'or, en premier lieu sur le bonnet de nuit blanc, puis sur le front humide de la vieille femme, où il trembla, tressaillit sans repos autour des yeux, de la bouche et du nez, jusqu'au moment où elle prit la susdite respiration et dirigea vers la fenêtre des yeux étonnés, rouges et craintifs.». je ne sais pas vous, mais moi, je suis charmé.

Ce petit recueil mérite d'être savouré avec lenteur, non pas pour l'intrigue des histoires qui sont, finalement, assez banales, mais pour la petite musique de la prose, un peu comme ces bonbons aux fruits qu'on laisse fondre doucement dans la bouche pour en apprécier toute la saveur.

PS : Ça marche aussi avec un chocolat Mon Chéri, des M&M's ou des berlingots de Carpentras. Cependant, attention, le nougat de Montélimar fond difficilement.
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Au fil de la vie : Nouvelles et esquisses

Écrit fin XIXème, à l'âge de 22 ans, "Au fil de la vie" interpelle par une profondeur d'écriture peu commune mais qui, à l'heure actuelle, me paraît peut-être "hors temps". La plupart des classiques ont bien passé les siècles.

Quid de ce recueil ? Je dirais plutôt non mais à chacun de faire sa propre opinion.

Est-ce les sujets, les thèmes abordés ou encore les personnages ? Je ne sais pas. C'est une impression personnelle après avoir lu et relu récemment Balzac, Dostoïevski et d'autres classiques.

En tout cas, ici, il faut s'accrocher. Les nouvelles sont brèves. Tout est donc concentré et chaque mot semble important. Rien de superflu.

Par contre, ce n'est pas l'ode à la joie ! Loin de là. Côté mélancolie, on est servi. Dépressifs, prière de s'abstenir !



De nouveau, la 4ème de couverture est trompeuse et décrit que "Rilke nous fait rire de chacune de ces scènes. Il révèle le grotesque et la drôlerie des moments et des caractères les plus pathétiques."

Sans commentaire.









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Au fil de la vie : Nouvelles et esquisses



Onze petits récits plus ou moins prenants. Rilke était très jeune lorsqu'il a écrit ces petits récits mélancoliques. Est-ce dû à la traduction, certaines phrases m'ont parfois semblé peu claires.

Une réunion de famille pour commémorer un décès, une rivalité entre deux femmes, des vieux qui prennent le soleil, une rencontre en train, le retour à la maison d’un jeune homme condamné par la maladie.. Et celui que j’ai préféré L'enfant Jésus qui malgré sa tristesse contient une étrange magie de Noël.



Pas une révélation mais ça se laisse lire.

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Au fil de la vie : Nouvelles et esquisses

Des textes courts, ciselés, le plus souvent sans réelle chute. Une parenthèse poétique et surprenante.
Lien : http://madimado.com/2010/07/..
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Au fil de la vie : Nouvelles et esquisses

La force des nouvelles et de l'oeuvre même de Rilke c'est son acuité à voir ce que les autres ne perçoivent pas ou à appréhender des situations d'un point de vue qu'on n'aurait jamais envisagé.



De manière naturelle, simple mais d'une langue magnifiquement poétique, le poète autrichien nous fait voir ce qu'on a sous les yeux, ce qui littéralement crève les yeux, et qu'on n'a pourtant jamais vu.

Dans ces instantanés de vie qui se lisent comme on regarde une photo, Rainer détache le visible du secret des évidences.



Chaque nouvelle est habitée par des personnages qui regardent, impuissants, la vie les enfouir sous les rides.

On entend littéralement résonner une voix discordante, ironique, qui se bat à chaque phrase au nom de la vérité, contre l'élégance trompeuse, celle des mots et des sentiments.



Emile Ollivier a dit : La lecture est une félicité qui se mérite.

Das war's schon ! Lire Rilke c'est garantir sa petite part de bonheur !





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Au fil de la vie : Nouvelles et esquisses

Il y a un certain nombre d'années, j'ai lu "Histoires pragoises" et je n'ai pas été franchement séduit. Cette année, j'ai décidé de relire de la prose de Rilke et j'ai acheté ce petit recueil bon marché qui contient onze nouvelles.

Mon impression de ce livre est aussi mitigée. Je suis un peu déçu parce que finalement il ne se passe pas grand-chose dans ces petites histoires. J'aurais aimé qu'il y ait davantage d'action, ce qui n'est sans doute pas le style de Rilke ! Par contre, ses descriptions et ses observations des relations humaines sont très fines.

Les thèmes des différentes histoires ne se prêtent guère à l'optimisme : décès, manque de communication, déceptions amoureuses,... J'ai été assez sensible à la dernière histoire. Une mère veille son fils qui est en train de mourir et entre eux il n'y a pas vraiment de communication. Mais ils se rendent compte que ce qui les a séparés et conduits à ce moment, c'est la relation qu'ils ont eue chacun avec leur père et mari respectif, sans qu'ils le sachent. Et finalement les voici en pleine communion.

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Au fil de la vie : Nouvelles et esquisses

Des histoires courtes, remarquablement écrites, poétiques et touchantes mais un peu désuètes, d'un autre siècle.
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Au fil de la vie : Nouvelles et esquisses

Voici un livre à l’image des rencontres qui jalonnent notre existence, habitées parfois de bêtise humaine, d’âmes tourmentées, noires ou viciées. Des rencontres empreintes de vie et de mort, qui avancent sur le fil de la vie de chacune de nos existences.

Dans ces onze nouvelles, Rilke expose les vicissitudes de l’âme humaine, sa profondeur et l’ampleur de sa complexité. Et c’est peut-être toute l’acuité, toute la clairvoyance, qu’il met dans ses écrits qui font de ce recueil un petit bijou de littérature.



Écrites alors qu’il avait entre 18 et 22 ans, ces nouvelles mettent en lumière toute la finesse et l’intelligence de ce poète autrichien. Car, finalement, ce ne sont pas les histoires en elles-mêmes qui portent le véritable intérêt du livre, mais bel et bien l’incroyable poésie qui se dégage des mots de Rilke. Sous sa plume, un simple rayon de soleil se transforme en rivière d’or et de lumière et une vieille femme devient une des plus belles choses que vous puissiez lire en littérature. Ce recueil se déguste, comme on prend le temps de savourer un bon chocolat… sachant qu’à la fin du carré, on y retournera. Avec délectation.



C’est grâce à ce magnifique recueil que je découvre donc Rilke… que je ne manquerai pas de retrouver grâce à ses "Lettres à un jeune poète"
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Au fil de la vie : Nouvelles et esquisses

Il s’agit de ma toute première lecture de René Maria Rilke, suggérée par ma maman. Les nouvelles sont courtes et simples, ce qui met en valeur la compassion acide et le pathétique moqueur des histoires.
Lien : http://zizi-mule-a-tresse.ov..
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Chant de l’amour et de la mort  du cornette..

Un texte sublime dans lequel s’entremelent la passion amoureuse, l’adieu a l’enfance , la quête, l’héroisme...

A relire 100 fois ...
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Chant éloigné

Cette sélection de poèmes montre le rapport complexe (et contrarié ?) de Rilke à la musique, et le recueil invite à parcourir le processus qui conduisit Rilke à établir une correspondance entre les sons et l'espace, leur lien avec la mortalité, et l'aboutissement poétique de cette conscience par les élégies de Duino et les Sonnets à Orphée.
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Chant éloigné

Recueil de poésie bilingue allemand/français traduit par Jean-Yves Masson.



La postface du traducteur précise que Rilke était connu pour évoquer différents arts dans ces textes, mais pas vraiment le quatrième art, la musique.



Le traducteur a voulu prouver que Rilke écrivait aussi sur la musique, avec ces textes inédits en français.

Rilke crée une architecture de la musique.

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Correspondance : Rainer Maria Rilke / Lou A..

Mon Dieu que cette correspondance m'a parfois ennuyée ! J'ai cru ne jamais en venir à bout. Elle fourmille pourtant d'informations sur la genèse de l'oeuvre de Rilke, sur son mode de vie et sur le monde intellectuel au début du vingtième siècle. On peut aussi rendre hommage aux liens de l'amitié qui l'ont uni pour la vie à Lou Andreas Salomé après la fin de leur relation amoureuse.



Celle-ci semble l'avoir porté à bout de bras : que de plaintes, de lamentations, de vraies (ou fausses) dévalorisation de soi de la part du grand poète : pas de jour sans une douleur ici ou là sur laquelle il ne s'étende longuement (alors que Lou est alitée pour des problèmes cardiaques) : prémices de la leucémie qui finira par l'emporter ? On peut le penser ; d'éternelles demandes de recommandations, d'avis sur l'opportunité d'un déménagement ou d'une nouvelle habitation, située en un lieu, propice ou non à la santé ou à l'inspiration ; de longues considérations sur l'opportunité de suivre tel ou tel cours ; de plaintes sur la luxuriance tape-à-l'oeil des floraisons en Italie, du sirocco, de la lumière trop violente, de la chaleur, du bruit, de la promiscuité. Car le grand homme se présente comme un loup solitaire mais aime être entouré de gens capables d'apprécier son travail, de le rassurer sur sa valeur, de respecter son besoin d'isolement.



Rilke a aussi des qualités : ami généreux, il envoie à Lou les livres qu'il a aimés, recherche ceux qu'elle lui demande, lui adresse la primeur des ses oeuvres, lit les siennes en priorité, lui dédicace des poèmes, la tient informée de ses rencontres avec les grands hommes (Rodin, Kassner) ; ne se plaint pas des contretemps qu'elle lui inflige, des rendez-vous manqués à l'autre bout d'un pays.



Les correspondances sont un atout précieux pour qui souhaite approfondir une oeuvre ; mais sans doute pas pour qui l'aborde en néophyte ; tout comme pénétrer dans les coulisses ou assister aux répétitions d'un danseur, à ses découragements, à ses luxations pourrait diminuer la magie de la scène pour le spectateur tout neuf.

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Correspondance : Rainer Maria Rilke / Lou A..

Encore plus intéressante que la correspondance avec Freud, cette fois ce sont les échanges de lettres que Lou Andreas-Salomé a eu avec le poète Rilke. Pour mieux comprendre leur relation. Pour ceux qui l'ignore, Lou Andreas Salome, mariée à monsieur Salome a entretenu des relations privilégiées ou intimes avec nombre de personnes illustres, telles Freud, Nietzsche ou Rilke.
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Correspondance : Rainer Maria Rilke / Lou A..

"Un poète, un poète lyrique surtout, ne se traduit pas" écrivait péremptoirement Albert Thibaudet dans ses réflexions. Les perpétuels débats qu’offrent les traductions en général et de poésie en particulier (faut-il davantage respecter le rythme ou l’esprit, le fond ou la forme, etc.) seront toujours sans fin et il n’appartient pas au lecteur de trancher. Ce même lecteur, béotien de la langue originale, éprouvera toujours une frustration à lire de la poésie traduite. D’où la plus grande importance, par rapport au lecteur partageant la langue du poète, que revêtiront pour lui les écrits prosaïques de l’auteur. Dans ce livre, nous avons la traduction par Philippe Jaccottet, lui-même poète et grand connaisseur de la langue allemande, d’une correspondance qu’entretinrent deux esprits remarquables. Ces lettres donnent des clefs supplémentaires et non négligeables pour pénétrer l’œuvre de Rilke. Elles s’étendent sur la majeure partie de sa période de création et en l’occurrence de non-création. Car il est surprenant de lire à quel point la sécheresse poétique (dix ans pour écrire les Elégies de Duino!) mine le moral - et le physique - de Rilke. On se rend compte au fil des lettres, dans lesquelles il s’adresse sans contrainte à une femme qui le connait et le comprend particulièrement bien, que cette angoisse de la page blanche (quasi-légendaire dans l’imaginaire collectif et même caricaturale) n’a peut-être aucune cause particulière et est même inhérente au processus créatif de Rilke. Tout ceci n’a rien à voir avec les nombreuses réjouissances qu’aura le lecteur à parcourir cette correspondance, notamment les descriptions des petites choses simples dont Lou, véritable havre de paix, parsème ses lettres ; ou même, paradoxalement, quand Rilke narre à celle-ci ses tortures morales, comme dans cette magnifique lettre sur son expérience parisienne.
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Correspondance à trois : Eté 1926

Encore un chef d'oeuvre de partage poétique et pensées philosophiques au sujet de l'art d'écrire, vivre sa passion, aimer... Les trois protagonistes échangent et nous gratifient d'une littérature sensible et sensée. Un pur plaisir!
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Correspondance à trois : Eté 1926

Cette correspondance était improbable, elle ne dura que quatre mois, et encore plus improbable, elle fut conservée malgré toutes les vicissitudes du XXème siècle ! Pasternak écrit depuis Moscou, Marina Tsvetaieva depuis la France où elle a émigré, quant à Rilke il est en Suisse, malade (il meurt en décembre 1926), Rilke ne connaissait pratiquement pas Pasternak et n’a jamais rencontré Marina Tsvetaieva.

Cette correspondance éblouissante entre trois grands poètes est à lire absolument. Rien de quotidien, de terre à terre, de purs échanges intellectuels et poétiques, l’enthousiasme de Marina Tsvetaieva, la solitude et la mélancolie de Rilke, la fascination de Pasternak, initiateur de cette correspondance, …
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Correspondance à trois : Eté 1926

Entre ces trois êtres, trois poètes aux âmes incandescentes, il suffira d'une simple étincelle, de quelques mots échangés par écrit, pour qu'une flamme emporte leur imagination, vers de nouveaux rivages, abolisse les distances, et installe une correspondance qui va transfigurer leurs perceptions de l'amour.



Marina Tsvétaïeva, est à st Gilles-sur-vie, Boris Pasternak vit à Moscou.

Rainer Maria Rilke publie depuis le château de Muzot en Suisse. Ce dernier répond enfin le 14 mars 1926 au père de Boris Pasternak pour lui dire combien sa lettre expédiée depuis Berlin l'a touché. La nouvelle parvenue à Moscou fait sur Boris un effet foudroyant. Son amour épistolaire pour Marina devient un amour absolu, elle a 33 ans, elle a quitté la Russie.





De ce chassé-croisé, c'est le duo Marina-Rilke qui va tout emporter. le 3 mai 1926 la première lettre de Maria Rilke à Marina Tsvétaïeva est reçue comme l'incarnation suprême de la poésie..

Marina reçoit ses Élégies et dès le neuf répond dans la langue du poète Rilke en allemand, le tutoie sans plus attendre, elle écrit « je t'aime ».





Dans cette correspondance Rilke s'exprimera beaucoup sur sa solitude, sur sa fragilité, sur son incapacité à créer une famille, sur la maladie qui le ronge, comme s'il trouvait par les mots de Marina, la douceur nécessaire à une confession. Étrangement il livre sa mélancolie, et plus encore sa propre conscience aux mains de Marina, son chant alors devient celui de la douleur à mots feutrés, comme si une fissure s'était enfin ouverte.

Il lui écrit ces mots page 58 : je t'ai reçu dans mon coeur, dans toute ma conscience qui tremble de toi, de ta venue, comme si ton grand compagnon de lecture, l'océan, avait avec toi, Ô marée du coeur déferlé sur moi.



C'est l'océan qui offre au poète Rilke la plus belle des métaphores. Les digues sont rompues et ses aveux comme les vagues glissent vers Marina. Elle a dessiné un grand 7 son chiffre fétiche.

Chacun des mots choisis par Marina Tsvétaïeva, devient alors comme un bourgeon prêt à s'ouvrir.

Ces lettres offrent un balancement entre un optimisme démesuré de l'espoir d'une rencontre, et le rappel à peu plus loin des discordances du corps.





Marina lui répondra le 12 mai, toi tu es l'ami qui rend plus profonde et plus haute la joie d'une grande heure entre deux âmes. Elle veut écrire en allemand pour ne pas céder à trop de facilités dans son expression écrite pour que ses mots s'affirment avec plus de profondeur encore.





Leur correspondance ne durera que quelques mois, 4 mois . Car tout se tait, Maria Rilke est mort. Rilke est mort le 30 décembre, nous n'irons jamais visiter Rilke dira t-elle à Pasternac.

Ils étaient tous les deux mariés à la solitude. Ils se seront aimés comme l'envol des oiseaux, à distance, mais dans le même ciel. Marina mettra un terme à sa vie le 31 août 1941.



Mieux qu'un certain abandon, c'est une communion, elle écrit page 126 : "si je veux aller te voir, c'est aussi à cause de la nouvelle Marina, celle qui ne peut naître qu'avec toi, en toi, je veux dormir avec toi m'endormir et dormir, la merveilleuse locution si profonde si vraie si dépourvue d'équivoque qui dit si bien ce qu'elle dit simplement dormir c'est tout non ! En plus la tête enfouie dans ton épaule gauche, et en plus, écouter comment sonne ton coeur ? Et embrasser ton coeur.



Les lettres s'enchaînent se répondent dans une écriture qui est celle de la communion où les lettres pourraient s'inverser.



C'est une partition d'une émotion palpable et brûlante, plus profonde que celle de la lettre à un jeune poète, Maria Rilke se sent proche de la mort, écrire à Marina est une sur-vie.

J'ai ressenti comme le prélude à une piéta, et doucement une longue descente, vers un espace créé pour deux amants libérés enfin de leurs corps douloureux.

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