Ramana Maharshi

Les grands enseignants disent que l'oubli [du Soi] est la racine du mal [de la dualité], et que c'est la mort pour ceux qui cherchent la libération; aussi devrait-on repo- ser l'esprit dans son Soi et ne jamais L'oublier : c'est le but. Si l'esprit est contrôlé, tout le reste peut l'être.

même si le Sage peut accomplir un certain nombre d'actes empiriques, en réalité il n'accomplit rien. Il fait reposer l'esprit dans le Soi sans laisser surgir la pensée « je ».

En vérité ultime, nous sommes la Réalité qui transcende connaissant-connu. Il n'y a rien d'autre que le Soi, Lequel n'est ni le voyant ni la chose vue. Il n'est impliqué en rien, ni comme sujet ni comme objet.

Par conséquent, la conscience du « je » qui surgit d'abord à l'égard du corps est appelée vanité (tarbodham), égoisme (ahamkâra), ignorance (avidya), illusion (mâyâ), impureté (mala), et âme individuelle (jîvâtman). Pouvons-nous rester sans nous enquérir de cela? Non. N'est-ce pas pour notre salut par l'investigation que toutes les Ecritures déclarent que la destruction de la vanité [du « je ] est la libération (mukti) ?
[Ramana]

Quand le mental identifie le Soi au non-Soi, il y a servitude, il ya souffrance. Là, le mental recourt à « l'usurpation d'identité ». Tel un squatteur, il s'approprie ce qui n'est pas à lui, il se pose là où il ne devrait pas être. Et c'est une malhonnêteté. Quand cette fausse identification disparait, c'est la libération -l'aube de l'éveil ou aham-sphurana.

Je suis Brahman. Je suis Tout.
Je suis pur. Éveillé.
Né de nulle part.
L'éternel Principe de conscience.
Dépourvu d'attributs.
L'Un-sans-un-second.
Je ne suis ni existant ni non-existant,
ni les deux à la fois.
Celui qui est parvenu à cette connaissance suprême
est un parfait yogî.
[Shankara]

Il n'existe pas un seul instant où le Soi, en tant que conscience, n'existe pas et celui qui voit ne peut pas demeurer à l'extérieur de la conscience. Cette conscience est l'être éternel, le seul être.

La réalité doit être évidente en permanence. Elle n'a ni formes, ni noms. C'est la réalité qui sous-tend ces derniers. Étant elle-même illimitée, elle sous-tend les limitations. Elle n'est reliée à rien. Étant le réel, elle est sous-jacente à ce qui est irréel. La réalité est ce qui est. Elle est comme elle est. Elle transcende la parole. Elle est au-delà des expressions « existence », « non existence », etc.
La réalité est la pure conscience qui demeure quand l'ignorance, en même temps que la connaissance des objets sont détruites; elle seule est le Soi [atman].

"Je suis" est Dieu et non le fait de penser "Je suis Dieu" ! Réalisez "Je Suis" et ne pensez pas "je suis ceci" ou "je suis cela" soyez-le, ne le pensez pas! "Je suis celui qui suis" signifie que l'on doit demeurer en tant que "Je", on est toujours le "Je" seulement, rien d'autre.

Les miracles, la clairvoyance, la clairaudiance, qu'est-ce que tout cela ? Ce sont des chemins auxiliaires. La personne qui a réalisé le Soi est au dessus d'eux. Le plus grand miracle est de réaliser le Soi. Certaines personnes décrivent des centaines de vies antérieures par la clairvoyance, mais de quelle utilité est tout cela ? Est-ce que cela les aide ou aide les autres à réaliser le Soi ? Que sont toutes ces vies sinon des naissances de corps ? La véritable naissance est dans le Soi. Même si vous pouviez être en Angleterre maintenant astralement, cela vous rendrait-il meilleur (plus heureux)? Vous ne vous seriez pas rapproché d'un pouce de la réalisation.

Voyez bien tous les différents états. Acceptez que seul cet état est l'Un suprême et véritable, et enga- gez-vous dans l'action; voyez votre propre vie comme un jeu.
Vous avez découvert Cela qui est la Réalité en votre Cœur, au-delà de toutes les apparences de ce monde. Aussi, sans laisser Cela disparaître de votre vue, jouez vous-même comme vous l'entendez dans ce monde.

Libre arbitre et destin existent toujours. Le destin est la conséquence des actions passées; il concerne le corps. Laissons le corps agir comme cela lui convient. Pourquoi être concerné par cela? Pourquoi y faire attention? Libre arbitre et destin demeurent tant que demeure le corps, mais le libéré les trans- cende tous deux. Le Soi est au-delà de la connais- sance et de l'ignorance. Ce qui arrive, arrive comme conséquence des propres actions antérieures, de la volonté divine et d'autres facteurs.

Le Gourou authentique est celui avec lequel votre esprit s'harmonise. Il doit être doté de calme, de patience, de miséricorde et d'autres vertus; il doit être capable d'attirer les autres, ne serait- ce qu'avec son regard, comme un aimant attire le fer; il doit avoir un sentiment égal pour tous. Celui qui possède ces qualités est le véritable Gourou, mais celui qui veut connaître la nature véritable du Gourou doit d'abord connaître sa propre nature véritable. Comment pourrait-il en être autrement? Si vous désirez saisir la nature véritable ou la forme propre du Gourou, vous devez d'abord apprendre à regarder l'univers entier comme la forme du Gourou. Il vous faut voir le Gourou dans tous les êtres vivants. C'est la même chose avec Dieu. Vous devez considérer toute chose comme la forme de Dieu. Comment quelqu'un qui ne connaît pas son propre Soi peut-il percevoir la forme propre de Dieu ou celle du Gourou ? Comment peut-il les déterminer? Connaissez d'abord votre vraie nature, votre forme propre.

Le maître est à l'intérieur ; la méditation sert à écarter l'idée fausse qu'il n'est qu'extérieur. Si c'est un étranger que vous vous attendez à voir apparaître, il devra aussi disparaître. Quel est I'intérêt de quelqu'un qui ne fait que passer ? Mais aussi longtemps que vous pensez que vous êtes séparé des autres, ou que vous êtes le corps, un maître extérieur est nécessaire et dans ce cas, il apparaitra avec un corps. Quand la fausse identification avec le corps cessera, on s'apercevra que le maître n'est rien d'autre que le Soi.

Ainsi, les mots sont les arrière-petits-fils de la source originelle. Si les mots peuvent produire un effet combien plus grande sera alors la prédication par le silence!

L'ignorance qui est l'oubli de son Être pur.

Ecoutez. Je ne suis pas doué de télépathie. Ce n’est pas un don dont Dieu m’a gratifié. Que dois-je faire ? Comment puis-je répondre à vos questions ? Les gens m’appellent Maharshi et me traitent en conséquence. Mais je ne me vois pas moi-même comme un Maharshi. Au contraire, chacun est un Maharshi pour moi. C’est une bonne chose que vous essayiez, dès votre jeune âge, de trouver Dieu. Concentrez-vous sur Lui. Faites votre travail sans en désirer les fruits. C’est tout ce que vous devez faire.

« Si l’ego est présent, tout le reste existera aussi. S’il est absent, tout disparaîtra. Comme l’ego est tout cela, interroger ce qu’il est, c’est abandonner tout attachement ».

C’est clair. Sur le plan de la vérité absolue, le Soi est toujours présent en l’homme, mais, sur le plan relatif, tant que l’éveil n’a pas été réalisé, des pratiques constantes doivent être accomplies. La pratique, c’est la sâdhanâ, et elle s’applique à toutes les voies religieuses, spirituelles et philosophiques.
Patrick Mandala

Ce livre va vous révéler les méthodes employées par un Sage authentique pour guider pas à pas son disciple. C’est ce qui fait la valeur et l’originalité de cet ouvrage. (…) Bhagavân expose ici son enseignement, ou, pour être plus juste, témoigne de sa réalisation du Soi, en termes particulièrement simples, directs et vivants. (…) Le ton est ici celui de la transmission directe et vivante de maître à disciple. Direct. Précis. Simple. Cette transmission est issue de son expérience de l’Unité, de la Réalité. Patrick Mandala