Miyazaki réalise "Nausicaä de la vallée du vent", son second long-métrage tiré d'un manga qu'il a lui-même écrit, en 1984. Cette oeuvre de science-fiction mène, comme tout au fil de son cinéma, une réflexion sur l'éthique de la terre. Doit-on dominer la nature ? Doit-on chercher l'équilibre ?
Dans ce quatrième épisode, Adèle van Reeth reçoit Raphaël Colson, essayiste spécialisé dans l'étude de l'imaginaire populaire et l'imaginaire futuriste, ainsi que la science-fiction.
"Philosopher avec Miyazaki", c'est une série de podcasts en huit épisodes qui revisite huit films du génial Hayao Miyazaki. Vent, enfants, personnages étranges, nature, animaux, machines, guerre... Chacune de ses oeuvres offre de multiples niveaux de lecture et renferme de grandes notions philosophiques.
Pour en savoir plus : https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/serie-philosopher-avec-miyazaki
Découvrez aussi notre vidéo sur ce génie de l'animation : https://youtu.be/sFGMoBpO2S4?si=W26ErDQByCq3FU7a
#miyazaki #anime #philosophie
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La science-fiction, ce n'est pas un "genre" littéraire, c'est tous les genres, c'est le lyrisme, la satire, l'analyse, la morale, la métaphysique, l'épopée. Ce sont toutes les activités de l'esprit humain en action dans les horizons sans limites. C'est en ce moment la seule littérature vivante du monde entier. (René Barjavel)
(...) pour imaginer demain, il faut connaître son présent (et le passé), (...)
Il faut en effet se souvenir que, pour les penseurs des Lumières, le roman n'est ni chose sérieuse ni lecture souhaitable : "Lire un livre uniquement pour tuer le temps est un acte de haute trahison envers l'humanité, parce que l'on rabaisse un moyen destiné à atteindre des buts supérieurs", écrira même un commentateur allemand, J.A. Bergk, en 1799.
Avec le temps, l'association des thèmes du Meilleur des mondes et de 1984 avec la dictature consumériste de Planète à gogos fournit une radiographie cruellement réaliste de notre société contemporaine. Le caractère prophétique de la spéculative-fiction tient sans nul doute dans cette capacité des auteurs à extrapoler, avec justesse et pertinence, l'évolution des mécanismes sociaux, politiques et culturels qui fondent notre cadre de vie, au moyen d'une littérature à la fois divertissante et réflexive.
Ce caractère d'auteur est plus criant encore avec Babylon 5 (1993-99), épopée galactique centrée sur le destin d'une station spatiale. Un space opera d'une inhabituelle noirceur, entièrement imaginé et produit par J. Michael Straczynski - oeuvre d'auteur, oui, vraiment, puisqu'au-delà de la première saison il se mettra a en rédiger chaque épisode lui-même, allant même jusqu'à se payer le luxe d'inviter deux écrivains prestigieux, Neil Gaiman et Harlan Ellison, à livrer chacun un unique épisode. On oubliera les essais de prolongements opérés par le producteur, de moins en moins convaincants à mesure de Straczynski rejoint le "politiquement correct" hollywoodien, pour se concentrer sur les cinq saisons de Babylon 5 : un début, une fin, et entre les deux tout un univers remarquable de cohérence et de progression dramatique.
Parlons de la France, alors. Grande y est la résistance à l'élan moderniste : considérée comme une menace envers la stabilité et le conservatisme de la société, la science-fiction, quand elle n'est pas simplement rejetée dans le domaine de la jeunesse, se voit expurgée et combattue, éliminée non par une action intellectuelle mais par des actions juridiques d'organisations catholiques.
Songez que le premier prix Goncourt, en 1903, est remporté par Force ennemie de John-Antoine Nau (1860-1918). Son thème? Un transfert d'esprit par-delà les espaces intersidéraux. Mais il est vrai que l'académie Goncourt était alors présidée par J.H. Rosny aîné : de telles spéculations ne pouvaient guère l'effaroucher.
En 1945 [...]... Outre ce bouleversement idéologique, l'autre conséquence du conflit mondial concerne l'existence matérielle d'Astounding et, par extension, celle de la science-fiction, du fait d'une transformation formelle provoquée par l'économie de restriction et les difficultés d'approvisionnement en papier. Abandonnant le format traditionnel des pulps, Astounding est la première revue populaire à passer en poche. (p.32)
[...] - ladite poche n'étant pas tout d'abord celle d'une veste ou d'un pantalon, mais bien d'un treillis. En effet, soucieux du moral de ses troupes, le commandant militaire américain décidé, lors de l'engagement du second conflit mondial, qu'il faut fournir de la lecture à ses hommes. Les pulps ont montré la voie d'une littérature à vocation exclusive de divertissement populaire, prouvant que livre ne rimait pas toujours avec subversion intellectuelle. L'armée fait par conséquent fabriquer des livres de format oblong, souples et de petite taille, rognés quasiment sans marge. Un nombre considérable de titres sont ainsi réédites, au sein desquels se glissent bien entendu des romans provenant du marché des pulps - signés par exemple Curt Siodmak, H.P. Lovecraft ou E.R. Burroughs.
L'objectif immédiat d'une guerre ne vise pas la destruction d'une nation, mais la défaite de son régime, car la paix constitue la fin dernière de la victoire militaire.
Après tout, n'est-ce pas l'une des choses merveilleuses dans un livre en papier? Cette possibilité de feuilleter, de s'arrêter et de reprendre à volonté, de piocher au gré des envies et d'appréhender d'un seul regard la masse entière formée par l'information présentée... L'ère du "livre numérique" est enfin là, ou presque. En attendant, bienvenue dans un bon vieux livre à l'ancienne.