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Citations de Raphaël Esrail (30)


Ma colère est absolue : à cet instant, je veux survivre plus que jamais pour dire au monde ce que des hommes sont capables de faire à d'autres hommes.
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Je suis pertubé par des hommes jouissant d'une position sociale dite élevée, satisfaits d'eux-mêmes jusqu'à la prétention et se considérant comme supérieurs. Je m'interroge systématiquement : comment ces hommes se seraient-ils comportés au camp ? Qu'auraient-ils été dans cet univers où tout n'était que mort , hiérarchie, force et écrasement ?
On le sait, les conditions extrêmes agissent comme un révélateur. Des êtres sans grand relief dans notre vie courante apparaissent lumineux de grandeur, de coeur et d'esprit lors de conditions exceptionnelles.
En situation de survie, l'homme est vrai.
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Les survivants n'éprouvent pas de haine. Depuis plusieurs décennies, ils témoignent de ce que fut Drancy, de ce que fut la Shoah, dans l'intention surtout de prévenir le racisme et l'antisémitisme.
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Drancy fut un condensé d'Europe. On y entendait parler Yiddish, et des accents polonais, allemand, autrichien, hongrois, tchèque, russe... de tous ces juifs venus vers l'ouest durant l'entre-deux-guerres ou qui avaient fui le nazisme, animés d'un espoir fou envers cette patrie qui se disait, depuis le XVIIIe siècle, celle des "droits de l'homme". Ils avaient espéré en finir avec les persécutions, les pogroms, les humiliations.
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Nous qui avons connu les camps, nous qui avons côtoyé la mort, nous qui avons survécu à la machine exterminatrice, nous gardons chevillée à notre corps et à notre esprit la certitude que c'est en encourageant la jeunesse à maintenir en éveil son esprit critique, et à refuser la haine de l'autre, qu'elle supprimera de tous ses horizons les miradors, réels ou virtuels, toujours susceptibles d'y inscrire leurs terrifiantes silhouettes.
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Présence oppressante du passé et volonté de distance entretiennent une tension permanente : à côté de la personne que nous avons été chemine une autre personnalité, traumatisée. Soudées l'une à l'autre, inséparables, en conflit. Une force morale nous porte et nous fait paraître intacts aux yeux du monde. Il n'en est rien. Dans la vie quotidienne, la survie demeure à tout jamais. Des fils courent à travers le temps dont on essaie de se défaire mais qui jamais ne nous lâchent.
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Malgré quelques rayons de soleil, les cinq années qui suivent la fin de la guerre ont été difficiles. Des ombres s'installent qui ne nous quittent plus et avec lesquelles nous devons apprendre à composer. Nous cheminons avec la mémoire du camp. Elle a épousé notre présent. La suite de l'histoire, en quelque sorte.
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On le sait, les conditions extrêmes agissent comme un révélateur. Des êtres sans grand relief dans notre vie courante apparaissent lumineux de grandeur, de coeur et d'esprit lors de conditions exceptionnelles. En situation de survie, l'homme est vrai.
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Avec insistance et constance, me revient en mémoire la chance continue que j'ai eu au cours de ma déportation, alors que tout s'opposait à la survie. L'idée de Dieu rôde dans mes pensées sous la douce blancheur de la Voie lactée ; pourtant, je sais que Dieu n'était pas à Auschwitz. Ce débat intérieur se poursuit, dans une atmosphère de quiétude absolue. Toute ma vie, je demeurerai agnostique.
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Sans la moindre goutte d'eau, inéluctablement la mort intervient au moment où notre corps ne peut plus apporter de force à l'esprit. Mort horrible.
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Ici, chacun de nous est à nu, le vernis de l'homme est décapé, apparaît le fond, qui structure l'individu, dans sa grandeur et sa bassesse, dans la bestialité de ses instincts. Les différences de statut social issues de l'argent, du savoir, de la culture, de la religion ont disparu. Ici, seul le caractère inné de l'homme demeure face à la mort omniprésente, l'homme est vrai.
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Être néant mais être néanmoins ; encore un peu. Dans la "société mortuaire" d'Auschwitz, nous sommes des condamnés, des êtres-à-tuer, des non-êtres. Cette espèce d'existence désespérante, sans avenir, dont la seule perspective est la mort, ouvre sur l'idée du suicide. Pourtant ils sont rares. Durant onze mois dans ce camp, j'en entends parler trois ou quatre fois "seulement". Il s'agit d'électrocutions sur les barbelés, un des seuls moyens.
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C'est aussi à cette époque que je fais la connaissance de Marceline Loridan ; je l'appelle la "petite rouquine". Toute frêle, elle semble encore une enfant. Elle a quinze ans. Elle est extraordinaire de vie. Elle est arrivée vers la mi-avril au camp. Nous éprouvons une véritable sympathie l'une pour l'autre.
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La mort omniprésente est collée à notre corps, à nos pensées, à notre mode de vie. Il faut être aux aguets pour tâcher d'éviter le pire et s'y préparer aussi.
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Le risque d'infection est écarté. J'ai de la chance car les petites plaies, dans la crasse où nous devons vivre, peuvent rapidement devenir purulentes, suivies de mort "naturelle".
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La nuit, dans le silence, ma couverture sur la tête, mes chaussures enveloppées dans mon pantalon en guise d'oreiller, je suis libre de penser, de rêver... Les cris, les "Schnell" dans tous les sens, les coups s'éloignent ; notre peur de chaque instant s'atténue. Ce sentiment de liberté que je me ménage, que je m'invente, m'aide à transcender ma faim permanente. Je ne suis pas croyant. Mes réflexions se mélangent. Pourquoi tant de haine ? Où est passée notre civilisation ? Je m'endors en pensée près de Liliane.
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À "l'appel", nous sommes comptées, recomptées. Un véritable enfer qui fait mal. Debout, la tête droite, ne pas parler, ne pas bouger jusqu'à la fin des comptes interminables qui doivent confirmer que toutes, mortes ou vivantes, sont présentes. le grand comptage de "l'appel", impossible, ubuesque, douloureux, enregistre le mouvement de la vie vers la mort.
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Après quelques semaines dans le camp, nous savons ce qui s'y passe. C'est sous nos yeux, au quotidien. On voit des flammes sortir d'une haute cheminée dont le reste du bâtiment est caché à la vue. Il y a aussi une horrible odeur de viande grillée qui nous enveloppe. Très tôt, je n'ai plus eu d'illusions.
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les perspectives espérées s'effondrent. Mon intuition se révèle juste : les nazis traquent les Juifs pour les tuer. Dans les premières minutes et même les premières heures et, pour certains, durant les premiers jours, l'information reste peu crédible. Sans doute est-elle refusée par des cerveaux sains.
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À la différence de beaucoup de malheureux internés, j'ai au moins une "raison" d'être là. je m'étais engagé pour défendre des valeurs humanistes et celles de la République, pour aider le maximum de Juifs à survivre au nazisme. Je suis maintenant avec eux.
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