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Critiques de Raphaël Meltz (69)
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24 fois la vérité

Les explorateurs 2021 Lecteurs.com- Rentrée littéraire 2021



Plus qu'un simple chiffre, le vingt-quatre est un nombre aux nombreuses correspondances.

Il est employé pour évoquer le nombre d'heures d'une journée, le nombre de cycles dans l'année solaire chinoise ou encore pour évoquer le nombre de carats d'or pur.

Dans l'ouvrage 24 fois la vérité, le chiffre vingt-quatre fait référence au nombre d'images par secondes projetées au cinéma depuis 1926 abandonnant les seize images par secondes utilisées autrefois pour la projection de films muets. Même si le nombre d'images à évolué passant de vingt-quatre à vingt-cinq par seconde avec l'essor du numérique, ce nombre est resté inchangé depuis bientôt un siècle dans nos salles de cinéma.



Après plusieurs années en tant que pigiste à écrire des papiers sur des produits i-tech dans divers quotidiens ou magazines, Adrien décide de sauter le pas : il va se lancer dans l'écriture de son premier roman. le sujet est déjà tout trouvé : rendre hommage à Gabriel, son grand-père centenaire décédé depuis peu qui a travaillé dans le milieu du cinéma tout au long de sa vie.

Depuis son clavier d'ordinateur, Adrien va faire reprendre vie à Gabriel au travers de vingt-quatre chapitres tels un clin d'oeil au septième art.

Né en 1908 et petit dernier d'une famille, Gabriel est un enfant heureux qui adore partager des moments de complicité avec sa grande soeur Hélène. A cinq ans, c'est avec elle qu'il va vivre sa première expérience cinématographique grâce à l'achat par leur père de l'une des premières caméras familiales, la Pathé-kok. Ce moment magique suivi d'un événement tragique vont marquer à jamais le jeune garçon. Malgré cela, une passion est née. S'intéressant de plus aux avancées cinématographiques et à l'évolution des projecteurs développés par les géants de cette industrie, c'est tout naturellement que Gabriel intégre Pathé pour devenir opérateur. Caméra sur l'épaule, Gabriel va au cours de plusieurs décennies être aux premières loges pour filmer les grands moments de l'Histoire qui resteront fixés sur des kilomètres de pellicules en plus d'être gravés dans la mémoire collective... Par cet hommage, Adrien décide enfin de mettre en lumière cet homme de l'ombre pour notre plus grand plaisir...



C'est avec le sourire aux lèvres que je termine cet ouvrage. Gabriel, ce personnage aux milles vies qui a réussi à capturer à travers son objectif a aussi réussi à capter mon attention tout au long de son histoire.

La lecture des vingt-quatre chapitres consacrés à Gabriel a été pour moi un vrai coup de coeur. Ces vingt-quatre "vérités" m'ont permis de balayer de manière très originale le XXème siècle et d'en apprendre plus sur l'évolution et l'essor de l'industrie cinématographique française. Raphaël MELTZ a réussi l'exploit de rendre l'histoire de Gabriel vivante et très réaliste. En parallèle de ma lecture, j'ai fait de nombreuses recherches pour creuser certains points et il s'est révélé que toutes les anecdotes historiques sont véridiques. Si le personnage d'Adrien avait porté le nom de l'auteur, j'aurais vraiment cru à une biographie et non pas à une fiction. Même si ce roman a pour fil conducteur constant celui du cinéma, je n'ai pas réussi à accrocher aux chapitres consacrés à Adrien. Il m'est arrivé parfois de sauter lors de ma lecture certains paragraphes. Néanmoins, ces parties numérotées par des lettres de l'alphabet sont de bonnes transitions et offrent un point de vue différent sur les théories cinématographiques existantes.



En refermant cet ouvrage la locution latine " Verba volant, scripta manent", "les paroles s'envolent, les écrits restent" m'est tout de suite venue en tête. Ce livre très accessible rappelle à quel point se souvenir est important et que conserver une trace à travers un texte, une image ou une photographie rend la transmission de ces souvenirs possibles...



#item 37
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Des vivants

Des vivants raconte l’histoire d’un des premier réseau de résistance en France au début de la guerre, le “réseau du Musée de l'Homme.



Le traitement graphique est audacieux, cet album est conçu et imprimé en quatre couleurs non primaires, un violet, un vert, un jaune et un noir. le trait est simple, presque shématique, avec un style rétro que la gamme de couleur met en avant. La lumière circule, le graphisme, malgré sa simplicité, met en avant les bâtiments, les décors citadins, les salles du musée.



Le récit s’en tient au faits, assez simple, pour bien relater les évènements tels qu’ils ont eu lieu. On découvre les premiers héros de la résistance, des personnages ordinaires, motivés par leurs convictions humanistes, anti-racistes.



J’ai aimé la simplicité du récit, du graphisme, qui nous met face aux évènements sans emphase ou grandiloquence. Ces gens, plus cultivés que la moyenne de se présentent pas en donneurs de leçons, ils agissent, c’est ce qui les rend encore plus grands. Il nous raconte un moment de notre histoire qu’il est important de connaître.



À lire…
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24 fois la vérité

Godart disait "le cinéma c'est 24 fois la vérité par seconde ...

Gabriel, jeune ingénieur pour qui l'informatique , les réseaux sociaux n'ont plus de secrets se penche sur la vie et le travail de son grand-père Gabriel, opérateur chez Pathé qui a commencé sa carrière en 1920, et est maintenant centenaire.

En 24 chapitres dédoublés , Gabriel raconte les évènements du siècle filmés par son grand-père, les débuts balbutiants du cinéma, les caméras tremblotantes, et comme en miroir ce qu'il vit et ressent en ce début de siècle : technologie avancée certes , mais pauvreté d'expression de plus en plus visible.

Beaucoup de pudeur dans cette écriture, l'absence, la filiation, l'héritage familial, des mots justes pour écrire l'intime. Beaucoup d'explications techniques sur l'avancée du matériel du matériel cinématographique; Elles ne m'ont pas gênée dans ma lecture.

Les excellentes Edts Tripode nous indiquent qu'il s'agit d'une fiction... Certainement .

Pour moi c'est un coup de coeur. Sortie le 26 aout
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Toutes les personnes

Roman surprenant et fort intéressant. D'abord dans sa construction : six chapitres sur la déclinaison du je-tu-il-nous-vous-ils. Et autour de trois personnages : elle, sociologue, spécialiste du rire, qui vit tour à tour avec un premier humoriste (une vraie star), et un second après le suicide du premier. Sur le fond, de belles réflexions sur le métier d'humoriste, l'humour dans nos sociétés contemporaines, sur les réseaux sociaux, etc. Puis sur un autre sujet moins drôle : la mort (et le suicide en particulier). Toutes ces personnes, c'est ce trio, leur rapport, mais aussi le public qui écoute et rit, et surtout toutes ces personnes qui habitent nos cerveaux : on est plusieurs dans nos têtes non ?
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Des vivants

Voici encore une découverte possible grâce à ma médiathèque. On y suit le personnel du musée de l'homme à Paris peu avant l'occupation allemande de la capitale et après lorsqu'ils décident de résister à l'ennemi en créant leur propre cellule. Ils s'organisent et tentent d'être discrets au possible afin de ne pas tomber aux mains de l'ennemi. Les personnes représentées ayant réellement existées sont touchantes et on ressent très vite beaucoup d'empathie pour elles, quelle force, quelle courage et quelle détermination !



Le choix des couleurs m'a beaucoup plu, cela est très original. Toutefois je n'ai pas trouvé cette bd facile à lire dans le sens où certains personnages se ressemblent et je n'ai pu les différencier. De plus les événements s'enchaînent très vite et je crains d'être passée à côté d'une meilleure compréhension de la situation et des faits de cette cellule de résistants. Ma lecture m'a parue brouillon.



Cette bd m'aura tout de même permis d'en apprendre plus sur ces résistants du musée de l'homme !
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Des vivants

Des Vivants est une "collaboration" (si le terme convient étant donné le sujet) entre Simon Roussin pour le dessin et Raphaël Metz et Louise Moaty pour le scénario aux éditions 2024.



Dans Des Vivants, le trio raconte une histoire quelque peu oubliée - celle d'un des premiers mouvements de Résistance* connu sous le nom de Réseau du Musée de l'Homme - tout en renouvelant le genre de la bande dessinée historique. Pour raconter l'histoire de ce réseau constitué entres autres autour de Boris Vildé, d'Anatole Lewitsky, d'Yvonne Oddon, Raphaël Metz et Louise Moaty se sont servis des véritables mots des différents protagonistes qu'ils ont montés et adaptés sans rien inventer - "Nous avons répété ce que nous avons entendu. L'histoire est finie" comme cela est souligné à la fin de l'histoire.



Acheté en partie parce que conseillé par mon libraire (label de qualité) et parce qu'aux éditions 2024 (label de qualité), je n'avais pas fait attention que d'une part j'avais déjà lu un roman graphique de Simon Roussin et que d'autre part le sujet m'était déjà en partie connu.



De Simon Roussin, j'avais déjà lu Xibalba (également chez 2024), long récit d'aventure centré sur deux pilotes de la déclinante Aéropostale en Amérique du Sud. Cette fois-ci, Simon Roussin ne s'occupe pas du scénario mais uniquement du graphisme.



Du Réseau du Musée de l'homme, j'avais déjà connaissance via le poignant Journal et lettres de prison, 1941-1942 de Boris Vildé, un des principaux animateurs de ce premier mouvement de résistance qui sera fusillé au fort du Mont Valérien le 23 février 1942 en même temps que six autres membres du Réseau du Musée de l'homme.



Tant sur plan graphique que sur le plan narratif (le procédé d'écriture est expliqué en fin d'ouvrage et les références bibliographiques utilisées présentées sur une vingtaine de pages), Des Vivants s'impose comme une oeuvre unique et magnifique sur des femmes et hommes qui prirent le parti de résister au péril de leur vie.



Que cette histoire de la vie et de la mort d'un réseau de résistance soit connue ou qu'il s'agisse d'une découverte, Des Vivants est à lire - le Journal et lettres de prison, 1941-1942 de Boris Vildé également.



* https://www.slate.fr/story/101973/musee-homme-resistance
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Des vivants

A travers cette bande-dessinée aux graphismes pleins de vivacité, et aux couleurs assez vives, elles aussi, dans des tons principalement bleus, violets, verts et orangés, qui contrastent fortement avec la gravité du sujet, c'est la formation, en 1940, du premier réseau de résistance française qui nous est contée, celui du Musée de l'Homme, jusqu'à son démantèlement causé par la dénonciation, l'arrestation, et la mort de la majorité de ses principaux membres.



Pour ce faire, Raphaël Meltz et Louise Moaty ont choisi de présenter les évènements au plus près de leur réalité historique, des paroles prononcées telles quelles par les protagonistes, aux extraits de lettres, tracts... conservés, en suivant, semaine par semaine, mois par mois, la constitution du réseau, les stratégies mises en place pour le faire grandir, pour échapper à la répression nazie, pour sauver des familles, des résistants, en les envoyant clandestinement en zone libre... Et l'on comprend mieux, alors, le choix des couleurs et graphismes de Simon Roussin, qui montrent à quel point le choix de la résistance a été, pour celles et ceux qui l'ont fait, malgré les risques, le choix des vivants.



Une lecture passionnante, émouvante, qui rend un très bel hommage au réseau du Musée de l'Homme.
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Lisbonne : Voyage imaginaire

Voyager ? Pour voyager il suffit d'exister, écrivait Pessoa cité par Raphaël Meltz dans le prologue de son texte illustré par les aquarelles de Nicolas de Crécy où il imagine quatre journées fictives dans cette ville. Publié en 2001 l'album est réédité aujourd'hui, augmenté de quelques notes et d'illustrations supplémentaires. “A quoi bon voyager, si dans les livres j'en vois plus ?”, poursuit-il devenant voyageur à Lisbonne grâce à eux et s'emparant d'une myriade de documents existant sur la ville de l'illustre Fernando. Il tente le premier jour une description par procuration sélectionnant quelques récits écrits signées de voyageurs authentiques et notamment des XVIIIe et XIXe siècles (entre autres ressources il dispose de huit-cent-cinquante-huit voyages à Lisbonne depuis l'Antiquité établis à ses dires par une liste de 1896, sans compter tous ceux du XXe siècle !). Des “livres que plus personne ne lit” et qui questionnent vues de leur époque lointaine mille et une choses que le voyageur contemporain veut toujours découvrir aujourd'hui, lors d'un premier contact avec une ville inconnue ou avec ses habitants. Ces données textuelles plus ou moins fiables et objectives avec leurs approximations et préjugés accompagnent d'abord le lecteur et font ressortir l'image d'une ville peu engageante, mal construite, malpropre et malodorante selon un ambassadeur bougon dont on peut oublier le nom ; mais image irrémédiablement battue en brèche par la beauté des aquarelles attenantes de N. de Crécy et leurs éblouissants contrastes (p. 37, p. 75, p. 81), leurs escaliers plongeant dans la mer ou grimpant vers des ciels glorieux (p. 40, p. 43), par-dessus tuiles et toits enchevêtrés parfois éventrés (p. 13, p. 15, p. 29).



A côté de ces récits et souvenirs de voyages chevauchant les siècles, moult publications plus « modernes » aussi vagabondes qu'éclectiques tantôt littéraires, tantôt documentaires, journalistiques ou touristiques, d'aménagement urbain, avoisinent et mélangent allègrement leur profusion sans guillemets (quitte à induire une certaine confusion malgré une légère différence de police), aux propos directs de l'auteur qui fait pénétrer dans Lisbonne comme par effraction. Accès au port le deuxième jour, grâce à des cartes maritimes, mouillages et balises, toutes odeurs de mazout et d'embruns océaniques inclus. Lisbonne, entre secousses telluriques et vibrations du tramway, le troisième jour, ruinée par les tremblements de terre successifs, reconstruite. La ville disparue devinée sous certains pavés défoncés (aquarelles p. 46, p. 53) ; pavés alignés plus paisiblement aujourd'hui qui accueillent l'emblématique réseau lisboète en montagne russe de la CARRIS dont la ligne 18 retrace l'histoire qui se poursuit jusqu'au Canada (une voiture du tramway échouée sur la neige p. 59). Le jour des poètes et des écrivains vient enfin, Almada-Negreiros, Camoes et Pessoa, ce sera le dernier jour de ce voyage à Lisbonne alors que la question canine déjà soulevée par les voyageurs d'antan revient hanter les fantasmagories de l'illustrateur (p. 82). Cette manière brouillonne, revendiquée, hypothétique et foisonnante d'interroger la légitimité d'écrire sur un lieu ou de prétendre le connaître sans y avoir mis les pieds est ma foi très convaincante et valide pleinement les thèses de Pierre Bayard (Comment parler des lieux où l'on n'a pas été, 2012) ; au leurre du déplacement physique touristique tous azimuts se substitue dans ce magnifique album le dépaysement rêveur immobile incarné par le voyage distancié dans les livres. Lisbonne se prête parfaitement à cet exercice magnifié par la puissance graphique suggestive ou elliptique des visions de Nicolas de Crécy qui font écho au texte.

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24 fois la vérité

Une amie libraire m'a offert ce livre alors que je vivais des moments difficiles. "Je pense que cela peut te plaire". Un geste spontané, lors d'une visite à Point-Virgule.

Bien vu !

Le cinéma, c'est le grand-père, Gabriel, jadis. le numérique, c'est Adrien aujourd'hui (même prénom que mon aïeul). L'homme à la caméra livre peu de lui-même au contraire de son petit-fils, égaré dans une société qu'il prise moyennement.

L'écriture alerte décrit en alternance une époque révolue et le questionnement d'Adrien sur la vie, plongé dans le passé de Gabriel, décidé à immortaliser son grand-père dans un livre- hommage. Les phrases coulent à flot continu, sur un rythme allègre, parcourues du souffle de narrer avec émotion, tendresse et justesse en ce qui concerne les évolutions de la caméra et du digital. Les pages déroulent le siècle à la troisième personne, au nom du grand-père et expriment en "je" les doutes et les indignations du petit-fils. La ponctuation excentrique d'Adrien don ne un sel savoureux à sa chronique.

L'auteur maîtrise parfaitement ses sujets, sans avoir l'air d'y toucher, entraînant le lecteur à sa suite enjouée. Il nous donne un regard pétillant (et érudit) sur le siècle à travers deux personnages auxquels on s'attache petit à petit, d'année en année, selon une chronologie affective.

Merci Anouk.

Merci à tous les vrais libraires qui nous ouvrent encore et encore de nouvelles perspectives.









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Des vivants

J’ai découvert la bande dessinée « Des vivants » à La Grande Librairie (que je ne regarde pourtant jamais). Francois Busnel y était dithyrambique sur cet album de Simon Roussin, qui raconte la génèse et la fin d’un des premiers réseaux de résistance français, celui dit du musée de l’Homme. Ou comment des scientifiques, hommes et femmes, n’ont pu se résoudre à la victoire de l’Allemagne nazie et ont œuvré en silence pour résister. Tout intelligents qu’ils étaient, ils n’ont malheureusement pas réussi à suffisamment se cacher, et la plupart ont connu une fin tragique…

C’est peu de dire que le sujet prend aux tripes. Les scénaristes Raphaël Meltz et Louise Moaty ont réussi la prouesse de ne donner comme paroles aux personnages que des faits réels (lettres, articles, enregistrements), afin de dénaturer le moins possible le récit. Malheureusement, pour ma part, ça ne prend pas : on a beaucoup de mal à rentrer dans l’histoire et à reconnaitre les personnages, et il y a pas mal de planches sans dialogues qui tirent en longueur. De plus je n’ai pas été fan des couleurs choisies par l’illustrateur, trop vives et tranchées à mon goût. Par contre la lecture des notes à la fin du livre m’a beaucoup émue, les faits devenant plus clairs et concrets : respect messieurs et mesdames…

Bref, déçue.
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Des vivants

Ce gros et beau pavé relate l'histoire d'un réseau de Résistance, le Groupe du Musée de l'Homme, depuis l'inauguration du musée, jusqu'à l'exécution des femmes et hommes qui le constituaient.

Les auteurs ont fait le choix de retracer leur histoire en utilisant uniquement leurs écrits, témoignages, lettres, journaux intimes... "Tous les mots qu'ils prononcent sont les leurs." L'effet obtenu est terriblement émouvant.

On commence par découvrir ce petit monde d'ethnologues, d'anthropologues, qui mènent une réflexion approfondie et progressiste sur le colonialisme, le pillage de l'art étranger, sur toutes les formes de racisme. Progressisme qui s'applique aussi au sens même de musée : c'est un "Musée de l'Homme pour l'homme", qui reste ouvert tard tous les soirs pour être accessible aux travailleurs... (Aujourd'hui, on a une "Nuit des musées" par an.)

Puis arrive la drôle de guerre, on organise la mise à l'abri des précieuses collections, mais les Nazis se rapprochent et c'est l'exode : saisissantes images d'un Paris qui se vide de sa population (Tous les dessins de lieux sont très beaux).

Premier acte de ce qu'on n'appelle pas encore Résistance : le musée ouvre, comme un défi, "à l"heure habituelle le jour de l'arrivée des Allemands. C'est traiter l'invasion par le mépris."

Ce sont ensuite les tracts laissés discrètement dans les cabines téléphoniques, les "Vive de Gaulle" tapés à la machine sur les billets de banque avec lesquels on paie candidement ses légumes... puis enfin (entre autres fabrications de faux papiers et organisations d'évasions) le bulletin "Résistance" imprimé et diffusé en cachette.

Les années d'existence du réseau sont décrites avec en toile de fond les momies, statuettes et masques, qui mettent en lumière la passion et les valeurs qui animaient ce groupe. Puis les arrestations et la prison font l'objet de toutes petites cases sur fond sombre faisant puissamment sentir l'enfermement et la solitude.

Quel bel hommage que ce livre, pour ce réseau qui a payé cher son engagement, et dont Germaine Tillion et Geneviève de Gaulle-Anthonioz, rescapées de Ravensbrück, ont été les mémoires.
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Des vivants

Des vivants est roman graphique de Louise Moaty et Raphaël Meltz (scénario) et Simon Roussin (dessin) publié en 2021. 1940, la France est occupée par l'Allemagne nazie et au cœur du Musée de l'homme, un groupe de Résistants s'organise. Le sujet est important mais le résultat n'est pas tout à fait convaincant. L'intrigue est confuse (même si les partis pris des auteurs sont compréhensibles) et les dessins n'aident pas à l'identification des nombreux protagonistes.
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Des vivants

J'étais si impatient de lire cet album récompensé du prix Goscinny – jeune scénariste et en rupture de stock depuis plusieurs semaines !



Et comme ce prix est mérité. Les auteurs R. Meltz et L. Moaty ont en effet construit une trame narrative à partir de paroles dites, de mots écrits, de témoignages s'approchant au mieux de la réalité historique pour raconter la naissance de la résistance au Musée de l'Homme à Paris de 1938 à 1942.



Une prouesse et surtout un choix qui donne une puissance et un réalisme passionnant et glaçant. Passé les moments de surprise de début de lecture, le temps de bien saisir que certaines cases ne servent qu'à illustrer et incarner les propos, on est emporté par le souffle de ces premiers résistants.



Du refus de l'armistice en juin 40 impulsé par Paul Rivet, fondateur du Musée de l'Homme, aux condamnations du 17 février 1942, on suit donc pas à pas les prémices d'une résistance improvisée, la structuration des réseaux, les actions, l'importance de faire circuler des messages, les craintes et les trahisons…



Le dessin de Simon Roussin vient adoucir le contexte. Des couleurs pastels, violet, orange, vert, des personnages semi-réalistes et des cases épurées nous éloignent d'une dérive didactique du propos.



Au final, un grand livre tout simplement, un travail historique énorme, étayé par 20 pages de notes, traité brillamment de façon romanesque. A lire absolument !

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24 fois la vérité

Gabriel a dépassé les cent ans, il a vécu un siècle en entier, le siècle pendant lequel l’image est devenue reine de tous les écrans.

Dans sa lignée, Adrien est spécialiste du numérique. Son bilan personnel le fait se pencher sur l’histoire de son grand-père et un « spectre » s’impose : celui d’Hélène. L’écrivain qui cherche à convoquer « les spectres » précisément, souligne alors l’influence que celui de sa défunte grand-tante a exercé, à son insu, sur une descendance de fils uniques.

Si Gabriel ne théorise pas, le propos questionne pourtant le rapport du cinéma à la réalité, du cinéma documentaire ou d’information à celui qui joue la carte de la distraction, voire de la diversion (p 157-8.

On peut compléter la lecture avec le livre de Jean-Louis Comolli, Une certaine tendance du cinéma documentaire et David Vasse, Critique et université, Les lois de l’hospitalité – voir mes avis critiques – par exemple) sur http://anne.vacquant.free.fr/av/index.php/2021/12/20/raphael-meltz-24-fois-la-verite/
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Des vivants

Beaucoup a été écrit sur l’engagement admirable des femmes et des hommes du Réseau de du musée de l’homme. Comment ces ethnologues, intellectuels ont cachés, protégés, publiés clandestinement et inlassablement au nom d’un humanisme inaltérable. Comment beaucoup d’entre eux ont été dénoncés puis assassinés.

Raphaël Meltz, Louise Moaty et Simon Roussin se sont plongés dans une solide documentation pour remettre en lumière ces quasi inconnus qui sont pourtant l’honneur d’un pays. La profondeur et la rigueur des dialogues et du scénario prennent une dimension encore plus forte avec le choix esthétique radical de Simon Roussin. Son dessin élégant aux tonalités lilas, vert amande ou orange douce s’éloigne de toutes velléités de reconstitution historique pour mieux toucher à l’intemporel.

Absolument indispensable tant sur le fond que sur la forme.

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24 fois la vérité

Une façon originale de nous raconter l histoire de notre pays

Contrairement à certaines fois je ne me suis pas perdue dans les retours dans le temps

La construction en chapitres répertoriés en chiffres ou lettres aide beaucoup

Ce livre est très interressant il y a une opposition entre les anciennes technologies et les nouvelles( matériel cinématographique , teléphone portable etc)Quand on est passionne de cinéma on peut retracer l'histoire

Ce n est pas du tout un langage scientifique c'est expliqué simplement

Comment vivions nous il y a quelques années il semblerait que nous étions moins pris par le tourbillon de la vie '

Le papy de Gabriel se contentait de peu

Il est où il était où le bonheur ?



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24 fois la vérité

Derrière l'agacement, la suffisance du c'était mieux avant, 24 fois la vérité mène une réflexion sur la vérité de l'image, romanesque ou cinématographique, les spectres qui la hantent mais aussi, avec un peu plus d'insistance, l'immédiateté numérique qui en ferait un flux de pur virtualité. Dans un jeu de doublure, derrière un détestable narrateur, Raphaël Meltz continue à interroger le réel romanesque, sa matérialité, son impact sur l'époque, sur la vie qu'il faut continuer à en exiger.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
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Toutes les personnes

Court roman (150 pages) mais foisonnant et inventif. Aussitôt acheté, aussitôt lu.



Construit - comme le résumé le laisse entendre – sur une déclinaison « je-tu-il-nous-vous-ils » autour de 3 personnages uniquement (Michel, humoriste et chroniqueur réputé, Marcia sociologue spécialisée dans le rire, et Max, roi du stand-up, « trois M. dont deux aiment la même »), le roman multiplie subtilement les liens, les recoupements, les rebonds, les indices, les points de vue, les symétries, les oppositions, ...



En dire plus sur ce court roman serait dévoiler les inattendus ressorts tapis entre ses pages.

Alors faisons diversion. Et décrivons autrement.



Comme dans ses autres ouvrages, l'auteur semble se plaire à partir de thèmes particuliers. Ici : le rire, l'humour, comme auparavant le cinéma, la conspiration, la roue, voire des villes, pelotes qu'il va ensuite démêler à l'infini, en tirer tous les fils possibles (humains, historiques, sociologiques, anecdotiques, médiatiques, voire scientifiques ou techniques …). Thèmes, une fois démêlés puis fondus comme on le ferait pour des alliages dans des trames romanesques, qui nous donnent à voir le monde autrement, l'humain sous ses différentes facettes, et le temps qui passe.



On aura du mal à s'empêcher de penser à « nos » générations d'humoristes, monstres du rire, rois du gag, maîtres du caustique, stars du stand-up, sans compter la cohorte des chroniqueurs radios actuels. Et de réfléchir à la face cachée du rire et de ses artisans. A ce que veut dire se mettre en scène et rire des autres et de nous. Aux conséquences d'un « bon mot » ou d'une « punch line »…



Les ouvrages de Raphaël Meltz sont des bouillonnements, des îles aux trésors, des puits sans fond, des malles remplies raz-la-gueule cachées dans les fonds des greniers. Celui-ci est un condensé de tout ça, l'auteur réussissant dans ce dernier roman à dompter une certaine propension à digresser encore et toujours, certes euphorisante, mais parfois déroutante. Dans « Toutes les personnes », et malgré le paradoxe du titre, le resserrement de l'écriture et de l'histoire y gagne en intensité (oserait-on dire en efficacité ?).



Bon, vous l'aurez deviné, je suis fan depuis un moment de cet auteur-fantôme (sa discrétion - son invisibilité volontaire ? – des médiaux et réseau est tout de même remarquable pour l'époque ; même sa photo Babelio est fausse…).



Ah non, pas « fan » (« vos livres sont passionnants, là il vaut mieux ne pas dire « fan », parce que ça sonnerait bizarre, ce serait ridicule… »).

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Des vivants

Ce livre retrace l'histoire du premier réseau de résistance en France, le réseau du Musée de l'homme (1940-1942). Les auteurs nous relatent les évènements de l'ouverture du Musée à la chute du réseau et à l'exécution de sept de ces membres. Je ne connaissais que Germaine Tillion suite à son entrée au Panthéon et Yvonne Oddon. J'ai découvert l'engagement des hommes et des femmes de ce réseau ainsi que leur volonté de dire non jusqu'au bout quoiqu'il en coûte. C'est un engagement d'intellectuels pour des valeurs universelles, pour préserver l'humanité et l'art. C'est aussi un engagement au quotidien de différentes personnes pour ne pas renoncer et refuser la défaite. Tous se retrouvent avec un seul mot d'ordre : Résister. L'ouvrier peut côtoyer la comtesse ou le directeur de musée.



C'est une leçon de courage, d'humilité, de passion, de fidélité.



Le parti pris des auteurs de n'utiliser que des propos tenus par les protagonistes est plus que judicieux : ils nous replongent dans le contexte de l'époque. Les articulations se font sans difficulté et donnent de la cohérence au récit.



Le choix graphique m'a surpris dans un premier temps : par le dessin mais aussi par les couleurs. Une fois entré dans le récit, la pertinence de ce choix m'est apparue. Mettre en avant celui qui parle, qui évoque au milieu des formes atténuées de couleurs comme des filigranes, renforce le récit et le voyage devoir de mémoire au milieu des fantômes.. Il en est de même pour les pages noires évoquant l'enfermement dans les geôles nazies : on accompagne les condamnés dans leur voyage au bout de la nuit.



Cette BD m'a profondément marqué me renvoyant à d'autres destins plus connus de cette période. J'ai appris à connaître ces héros du quotidien dont je n'avais jamais entendu les noms et j'ai découvert que je suis passé souvent sur les mêmes lieux qu'eux, adepte des musées et ayant suivi une formation près du Mont Valérien.



Belle lecture dans le cadre du devoir de mémoire.









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Des vivants

J'en ai pourtant lu des livres sur la Seconde guerre mondiale, la Résistance, le nazisme, des ouvrages d'histoire, des mémoires (Alias Caracalla de Daniel Cordier), la vie des Français sous l'occupation d'Henri Amouroux, la France de Vichy, les décisions fatales des généraux des deux côtés, les horreurs du génocide …



Et j'avais naturellement entendu parler du réseau de résistance du Musée de l'Homme, en y associant tout aussi automatiquement le nom de l'ethnologue et résistante Germaine Tillon (1907 – 2008), rescapée de Ravensbrück et panthéonisée en 2015.



Mais j'ignorais tout de ce que représentait alors la philosophie et les objectifs populaires du musée de l'Homme, inauguré en 1938 en tant que défi au racisme qui gangrénait alors le monde, et pas seulement l'Allemagne.



Ce livre n'est pas un roman graphique ordinaire.



Certains commentateurs l'ont même qualifié de « bizarre ». Comme c'est bizarre … Il se donne la mission de mettre en lumière l'action – parfois désordonnée, artisanale, maladroite, naïve, follement dangereuse – d'un groupe de scientifiques – mais pas que – qui furent parmi les insoumis de la première heure, opposants à une occupation qui leur est particulièrement odieuse.



A la qualité du dessin, très peu de couleurs – le jeune, le vert, le violet – appliquées en larges aplats, la simplification des personnages répond le sérieux des références regroupées en fin de volume. Les bulles sont essentiellement des extraits de textes authentiques : témoignages des uns et des autres, lettres de condamnés à mort à leur famille, comptes-rendus de procès, mémoires.



Ici sont rendus à la mémoire nationale ces héros qui poursuivaient un seul objectif : faire connaître la vérité en publiant et en distribuant au péril de leur vie un journal clandestin, récupérer des aviateurs anglais et leur trouver des filières d'évasion vers l'Espagne, transmettre à Londres des plans des positions allemandes.



Le héros principal de cette terrible histoire est Boris Vildé (pseudo : Maurice). Mais aussi la bibliothécaire Yvonne Oddon, Anatole Lewitsky, le directeur du musée Paul Rivet, Agnès Humbert, Léon-Maurice Nordmann, la Comtesse de la Bourdonnaye, Jean Cassou, Claude Aveline, Marcel Abraham, Simone Martin-Chauffier, Sylvette Leleu, René Sénéchal, Georges Ithier, Thérèse Béguinot, Gisèle Joland, Pierre Walter, Jacqueline Bordelat, René Creston …



Boris Vildé, fils d'émigrés russes, linguiste spécialiste des civilisations arctiques, ethnologue, était le chef du réseau du Musée de l'Homme, il fut fusillé au fort du Mont-Valérien – je pense encore à la récente profanation de ce haut lieu du martyre. Il écrivait à sa femme dans sa dernière lettre qu'il espérait « qu'on rende justice à notre souvenir après la guerre, ça suffit. »



Il est grand temps. Et je dis Honte à ceux qui galvaudent aujourd'hui les termes de Résistance, Liberté, et protestent contre le drapeau de l'Union Européenne !



Deux suggestions : lire une première fois le scénario puis relire avec les notes de fin de volume au fur et à mesure, pour mieux comprendre le contexte.



Et, pour la Mairie de Paris, puiser dans cette liste de femmes héroïques des idées pour renommer certaines voies de la capitale, si pauvres en références féminines (seule Aubervilliers, me semble-t-il a nommé une de ses rues Yvonne Oddon).



Opprobre sur les traitres qui ont vendu le réseau de leurs collègues aux occupants : de duo Erouchkowsky/Fédorowsky et surtout Albert Gaveau (1901 – 1990), grassement rémunéré par les nazis, jugé en 1949 et habilement défendu par l'avocat d'extrême-droite Jean-Louis Tixier-Vignancourt, condamné après la guerre mais mort dans son lit à 89 ans …
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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