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EAN : 9782234094031
162 pages
Stock (08/03/2023)
3.58/5   6 notes
Résumé :
« Il n’était pas seulement drôle. Il était au-delà. Il était le rire. Il était rire. Il n’était que rire. Du moins c’est ce que croyait tout le monde. C’est ce que croyait Marcia aussi, au début. »
Ils sont trois. Trois personnes. Il y a Maxence, un humoriste qui occupe depuis toujours le rôle du bouffon – celui qui rit de nous. Il y a Marcia, une sociologue qui le rencontre pour le faire parler de son drôle de métier. Et il y a Michel, une star du stand-up... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Roman surprenant et fort intéressant. D'abord dans sa construction : six chapitres sur la déclinaison du je-tu-il-nous-vous-ils. Et autour de trois personnages : elle, sociologue, spécialiste du rire, qui vit tour à tour avec un premier humoriste (une vraie star), et un second après le suicide du premier. Sur le fond, de belles réflexions sur le métier d'humoriste, l'humour dans nos sociétés contemporaines, sur les réseaux sociaux, etc. Puis sur un autre sujet moins drôle : la mort (et le suicide en particulier). Toutes ces personnes, c'est ce trio, leur rapport, mais aussi le public qui écoute et rit, et surtout toutes ces personnes qui habitent nos cerveaux : on est plusieurs dans nos têtes non ?
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Court roman (150 pages) mais foisonnant et inventif. Aussitôt acheté, aussitôt lu.

Construit - comme le résumé le laisse entendre – sur une déclinaison « je-tu-il-nous-vous-ils » autour de 3 personnages uniquement (Michel, humoriste et chroniqueur réputé, Marcia sociologue spécialisée dans le rire, et Max, roi du stand-up, « trois M. dont deux aiment la même »), le roman multiplie subtilement les liens, les recoupements, les rebonds, les indices, les points de vue, les symétries, les oppositions, ...

En dire plus sur ce court roman serait dévoiler les inattendus ressorts tapis entre ses pages.
Alors faisons diversion. Et décrivons autrement.

Comme dans ses autres ouvrages, l'auteur semble se plaire à partir de thèmes particuliers. Ici : le rire, l'humour, comme auparavant le cinéma, la conspiration, la roue, voire des villes, pelotes qu'il va ensuite démêler à l'infini, en tirer tous les fils possibles (humains, historiques, sociologiques, anecdotiques, médiatiques, voire scientifiques ou techniques …). Thèmes, une fois démêlés puis fondus comme on le ferait pour des alliages dans des trames romanesques, qui nous donnent à voir le monde autrement, l'humain sous ses différentes facettes, et le temps qui passe.

On aura du mal à s'empêcher de penser à « nos » générations d'humoristes, monstres du rire, rois du gag, maîtres du caustique, stars du stand-up, sans compter la cohorte des chroniqueurs radios actuels. Et de réfléchir à la face cachée du rire et de ses artisans. A ce que veut dire se mettre en scène et rire des autres et de nous. Aux conséquences d'un « bon mot » ou d'une « punch line »…

Les ouvrages de Raphaël Meltz sont des bouillonnements, des îles aux trésors, des puits sans fond, des malles remplies raz-la-gueule cachées dans les fonds des greniers. Celui-ci est un condensé de tout ça, l'auteur réussissant dans ce dernier roman à dompter une certaine propension à digresser encore et toujours, certes euphorisante, mais parfois déroutante. Dans « Toutes les personnes », et malgré le paradoxe du titre, le resserrement de l'écriture et de l'histoire y gagne en intensité (oserait-on dire en efficacité ?).

Bon, vous l'aurez deviné, je suis fan depuis un moment de cet auteur-fantôme (sa discrétion - son invisibilité volontaire ? – des médiaux et réseau est tout de même remarquable pour l'époque ; même sa photo Babelio est fausse…).

Ah non, pas « fan » (« vos livres sont passionnants, là il vaut mieux ne pas dire « fan », parce que ça sonnerait bizarre, ce serait ridicule… »).
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Un étrange triangle amoureux

Dans ce roman à la construction unique, Raphaël Meltz nous présente un trio de personnages, deux hommes et une femme, celle-ci les reliant dans un triangle amoureux qui s'étend sur plus de vingt ans.

Maxence, dit Max, la quarantaine, est un humoriste à la mode, qui occupe le rôle du bouffon : celui qui rit de ses contemporains. le roman s'ouvre sur un entretien entre lui et Marcia, sociologue venue l'interroger, mais dont l'auteur ne nous montre rien durant l'interview (pas de questions, ni d'interruption dans les réponses - sorte de long monologue - de Max).
Comme toute personne célèbre, Max est narcissique - le 𝑗𝑒 est omniprésent - il parle de lui, beaucoup, et du rire, un peu, de manière décousue mais sincère.

Marcia est sociologue spécialiste du rire. Elle a publié de nombreux ouvrages et articles sur la question du rire et de la folie ; elle est considérée comme l'experte française, traitant ce sujet sous toutes ses formes depuis plus de 20 ans.
Max explique à Marcia lors de l'entretien qu'il a un modèle : l'humoriste Michel le Fou. Marcia se garde bien de révéler qu'elle a vécu une histoire d'amour avec Michel, 20 ans plus tôt.

Michel le Fou est décédé alors qu'il n'avait que 47 ans. Humoriste de grand talent, roi du 𝑠𝑡𝑎𝑛𝑑-𝑢𝑝 et chroniqueur à la radio ; son spectacle écrit en 2000, 𝑇𝑜𝑢𝑡𝑒𝑠 𝑙𝑒𝑠 𝑝𝑒𝑟𝑠𝑜𝑛𝑛𝑒𝑠, est considéré comme un chef d'oeuvre du genre.
A travers ce personnage complexe de 𝑐𝑙𝑜𝑤𝑛 𝑡𝑟𝑖𝑠𝑡𝑒, l'auteur tisse le lien entre humour et dépression.

« 𝐼𝑙 𝑛'𝑒́𝑡𝑎𝑖𝑡 𝑝𝑎𝑠 𝑠𝑒𝑢𝑙𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡 𝑑𝑟𝑜̂𝑙𝑒. 𝐼𝑙 𝑒́𝑡𝑎𝑖𝑡 𝑎𝑢-𝑑𝑒𝑙𝑎̀. 𝐼𝑙 𝑒́𝑡𝑎𝑖𝑡 𝑙𝑒 𝑟𝑖𝑟𝑒. 𝐼𝑙 𝑛'𝑒́𝑡𝑎𝑖𝑡 𝑞𝑢𝑒 𝑟𝑖𝑟𝑒. 𝐷𝑢 𝑚𝑜𝑖𝑛𝑠 𝑐'𝑒𝑠𝑡 𝑐𝑒 𝑞𝑢𝑒 𝑐𝑟𝑜𝑦𝑎𝑖𝑠 𝑡𝑜𝑢𝑡 𝑙𝑒 𝑚𝑜𝑛𝑑𝑒. 𝐶'𝑒𝑠𝑡 𝑐𝑒 𝑞𝑢𝑒 𝑐𝑟𝑜𝑦𝑎𝑖𝑡 𝑀𝑎𝑟𝑐𝑖𝑎 𝑎𝑢𝑠𝑠𝑖, 𝑎𝑢 𝑑𝑒́𝑏𝑢𝑡. »

Le roman nous présente chaque personnage, leurs interactions, leurs histoires d'amour : Max et Marcia vont commencer leur relation amoureuse et bien que Maxence et Michel ne se soient pas connus, Marcia les unit.
Michel prend beaucoup de place, dans le passé de Marcia mais surtout pour Maxence : il l'a admiré, aurait adoré le connaitre et le considère comme son maitre.

A la fragilité et l'inconstance de Michel et Maxence, répond la stabilité et la force de Marcia. Trois personnages à l'esprit atypique et attachant, trois vies traversées par la solitude et l'amour, trois êtres à part, qui ont du mal à trouver leur équilibre.

La narration n'est pas linéaire, elle multiplie les retours, alterne les points de vue, les personnages se parlent en s'écrivant, aucun dialogue direct. le roman – comme son nom l'indique – est composé de 6 chapitres, tous écrits à un pronom personnel différent (je, tu, il, nous, vous, ils). Chaque chapitre possède sa voie propre, son rythme et sa temporalité.

Ce roman à la structure singulière développe une trame oxymorique : il traite de thèmes légers - l'humour et de rire - sur fond de questions existentielles : le sens de la vie, les relations amoureuses, la tristesse. 𝑻𝒐𝒖𝒕𝒆𝒔 𝒍𝒆𝒔 𝒑𝒆𝒓𝒔𝒐𝒏𝒏𝒆𝒔, pour exposer les liens entre humour, amour et solitude.
Un étrange roman, dont Raphaël Meltz est coutumier.
Lien : https://www.facebook.com/pho..
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Quand le rire est conjugué à toutes les personnes. Je (Max humoriste en plein essor), Tu (Marcia, universitaire qui aura consacré ses travaux au fou rire), Il (Michel, humoriste inégalable de l'ancienne génération), Nous, Vous, Ils. Les gens. La place de l'humour dans le monde, dans l'esprit de chacun. Son rôle aussi. Son aspect extérieur et sa présence intérieure. Prouesse d'un roman inattendu qui évoque l'envers du décor, sans lumière. Une lecture intéressante et fulgurante.
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critiques presse (1)
LeMonde
19 juin 2023
Ces six chapitres, écrits, chacun, à un pronom personnel (je, tu, il, nous, vous, ils), racontent leur parcours, les raisons qui les ont menés où ils sont, raniment l’histoire de Marcia et Michel tandis que se noue celle avec Maxence. A n’en pas douter, Toutes les personnes, traversé par des fantômes, a quelque chose de douloureux et de noir.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Il vivait toujours dans ce voyage épuisant et fascinant qui va de la pulsion de vie à la pulsion de mort, qui scintille, qui oscille, qui n'est jamais stable, jamais stabilisé, jamais posé. Il ondulait toujours entre trop et pas assez, ne connaissant que rarement l'état de juste-comme-il-faut : il était comme ces courbes sinusoïdales qu'on apprend au lycée, celles du courant alternatif, mais pour lui elles ne faisaient qu'effleurer le point central, les parties hautes et basses étaient interminables, les parties médianes étaient brèves, fugaces, et si rares.
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Tu as appris à ne pas t'effondrer devant les doutes, les dénis, à ne pas laisser ta vie partir dans un magma gluant et repoussant mais tu n'as pas appris à ne pas prendre l'autre en charge. Cela tu n'y arrives pas. C'est plus fort que toi - la faiblesse des autres, leurs failles, leur façon de quitter les rails de la raison te paraissent toujours plus intenses, plus évidentes, plus certaines, que les tiennes. Ce n'est pas que tu te nies: simplement tu te mets dans la file d'attente, à une place mouvante qui fait que tu es toujours derrière quelqu'un qui vient de te passer devant.
Tu ne sais pas prendre la première place à tes propres yeux. Depuis toujours tu ne t'autorises pas à être la première sur la liste. Est-ce que ça, cela changera un jour, Marcia ?
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Il n'avait jamais eu le projet d'intégrer quoi que ce soit. Il avait ri le jour où Marcia sans faire attention lui avait dit qu'elle avait intégré Normale sup, intégré c’était le mot qu'utilisaient ceux qui étaient en prépa scientifique, intégrer comme l'intégrale d'une fonction, Michel avait dit toi tu as intégré et moi j'ai plutôt désintégré mes études (il avait fait trois ans de droit, porté par l'idée qu'il aimait parler, somme toute – mais la parole qu'il aimait déployer il ne pouvait pas la contraindre aux règles du code pénal, il s'en était vite rendu compte et avait bientôt tout laissé tomber pour se jeter à esprit perdu dans le café- théâtre) [...]
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Toute sociologie critique finit par se heurter au poids réel de la pâte humaine: dans le cas de Michel, cet aveuglement n'était peut-être qu'une solution de survie plutôt qu'un vieux relent de domination masculine; et la suite avait prouvé que les difficultés à vivre n'étaient en effet pas les mêmes pour elle que pour lui. Les enjeux sans doute, les questions évidemment, mais les difficultés non – et que vaut encore la mise à distance des réflexes genrés face à la détresse infinie d'un individu?
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C'est plus fort que toi – la faiblesse des autres, leurs failles, leur façon de quitter les rails de la raison te paraissent toujours plus intenses, plus évidentes, plus certaines, que les tiennes. Ce n'est pas que tu te nies : simplement tu te mets dans la file d'attente, à une place mouvante qui fait que tu es toujours derrière quelqu'un qui vient de te passer devant.
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VLEEL 276 Rencontre littéraire avec Raphaël Meltz, À travers les nuits, Franz Kafka, Buchet Chastel
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