Citations de Raphaële Billetdoux (78)
Calmes et réguliers, les deux sommeils s'entretenaient l'un l'autre. Le nez dans ses cheveux, la bouche ouverte, il rassemblait la mer à son oreille. Rien ni personne ne leur voulait de mal. Un ange lui toucha l'épaule, il se réveilla.
Pour le moment, la seule chose réellement difficile était de détourner les yeux de cette large déchirure de ciel, profonde et envenimée, qui allumait une sorte de brasero au-dessus de Paris. Les plus violents paysages terrestres, les plus étonnants animaux y étaient en réplique, sculptés dans la pourpre des anges mourants dont on ne voyait plus briller par réfraction que l’or des trompettes. Sous cette dernière lumière vivante, les êtres, les oiseaux, les voitures étaient pris de folie. L’invasion de l’ombre et l’agitation du monde donnaient seulement une illusion de vent, qui ne changeait rien à la chaleur du temps.
La journée devait être longue et voici qu'elle avait passé. C'est à cette heure la plus religieuse que l'on souffre tout à coup très précisément de ne pas être aimé et qu'à l'existence des personnes de sexe contraire qui passent et qui vous ignorent il soit interdit d'attenter.
Son plaisir était le plaisir d'Estelle, il n'en avait pas d'autre, n'en concevait pas d'autre.
Il apprendrait d'elle, par elle, avec elle, et il apprenait vite, à ne plus avoir besoin d'être rassuré.
Il sentait fort. Il était anormalement doux. Il avait promis tout. Il était bourré de vie et d'envie d'en découdre. C'était terrible.
Je m'appelle Lucas Boyenval. Je m'appelle Lucas Boyenval. Je m'appelle Lucas Boyenval. Vous n'avez connu que le prénom et le corps. Un jour de cour, un jour d'amour et vous m'envoyez dire que vous êtes fati-guée. Je connais votre constitution. Je sais jusqu'où peut aller votre folie. Ce n'est pas vrai, votre opinion n'est pas faite. Je ne comprends pas, mais je passe.
Je m'appelle Lucas Boyenval. J'étais sur terre bien avant vous. Je vous ai attendue.
Vous avez eu la grossièreté de vous marier.
Vous avez singé l'amour. Aujourd'hui, vous singez l'amitié avec un reste de mari. Je n'ai pas été élevé pour voir ça, mais je passe.
Je m'appelle Lucas Boyenval. Il y a trente ans que je vous cherche. Je vous ai choisie. Je conçois que vous ayez peur, que vous rameutiez la mère, le mari, la morale et toute la merde de la vie pour essayer de m'éviter. Ils n'y suffiront pas.
Je m'appelle Lucas Boyenval. Non, avec moi, on ne chante pas. On ne travaille pas.
On ne cuisine pas. On ne parle pas. On n'appelle pas sa mère. On n'a pas des rendez-vous. On n'a pas besoin de s'exprimer, pas besoin de se réaliser, on n'est pas épanoui.
Avec moi, on ne se détend pas. On ne se lave pas, on ne quitte pas le lit. On se tait et on respire.
Je m'appelle Lucas Boyenval. Les filles m'appellent le fou. Elles ont du jour entre les jambes, elles foutent du parfum partout et ça veut communiquer. Vous sentez la sueur et le foin coupé, vous avez un oiseau dans la gorge et la gorge dans la chatte, j'aime ça.
Je m'appelle Lucas Boyenval. J'ai mauvais caractère. Je n'ai pas de famille, je ne veux pas d'amis. J'ai du mal avec le bonheur. Il y a trente ans que je ne pleure plus. Cette nuit, vous m'avez fait pleurer. Pour vous, je chan-gerai.
Je m'appelle Lucas Boyenval. Je vous ai reconnue, vous êtes ma femme. Je vous offre de jouir. Je vous offre de vivre. Je vous offre d'aller un peu plus loin.
Je m'appelle Lucas Boyenval. Il y a deux hommes en moi. C'est l'autre qui vous aime.
Je m'appelle Lucas Bovenval.
J'attends de vous que vous soyez là.
Jattends de vous que vous restiez là. J'attends que sorte de vous mon enfant. J'attends de vous voir blanche de poil et toujours femme.
Je suis déjà plus vieux que mon père.
Je m'appelle Lucas Boyenval. Je m'appelle Lucas Boyenval. Je m'appelle Lucas Boyenval. Vous n'avez connu que le prénom et le corps. Un jour de cour, un jour d'amour et vous m'envoyez dire que vous êtes fati-guée. Je connais votre constitution. Je sais jusqu'où peut aller votre folie. Ce n'est pas vrai, votre opinion n'est pas faite. Je ne comprends pas, mais je passe.
Je m'appelle Lucas Boyenval. J'étais sur terre bien avant vous. Je vous ai attendue.
Vous avez eu la grossièreté de vous marier.
Vous avez singé l'amour. Aujourd'hui, vous singez l'amitié avec un reste de mari. Je n'ai pas été élevé pour voir ça, mais je passe.
Je m'appelle Lucas Boyenval. Il y a trente ans que je vous cherche. Je vous ai choisie. Je conçois que vous ayez peur, que vous rameutiez la mère, le mari, la morale et toute la merde de la vie pour essayer de m'éviter. Ils n'y suffiront pas.
Je m'appelle Lucas Boyenval. Non, avec moi, on ne chante pas. On ne travaille pas.
On ne cuisine pas. On ne parle pas. On n'appelle pas sa mère. On n'a pas des rendez-vous. On n'a pas besoin de s'exprimer, pas besoin de se réaliser, on n'est pas épanoui.
Avec moi, on ne se détend pas. On ne se lave pas, on ne quitte pas le lit. On se tait et on respire.
Je m'appelle Lucas Boyenval. Les filles m'appellent le fou. Elles ont du jour entre les jambes, elles foutent du parfum partout et ça veut communiquer. Vous sentez la sueur et le foin coupé, vous avez un oiseau dans la gorge et la gorge dans la chatte, j'aime ça.
Je m'appelle Lucas Boyenval. J'ai mauvais caractère. Je n'ai pas de famille, je ne veux pas d'amis. J'ai du mal avec le bonheur. Il y a trente ans que je ne pleure plus. Cette nuit, vous m'avez fait pleurer. Pour vous, je chan-gerai.
Je m'appelle Lucas Boyenval. Je vous ai reconnue, vous êtes ma femme. Je vous offre de jouir. Je vous offre de vivre. Je vous offre d'aller un peu plus loin.
Je m'appelle Lucas Boyenval. Il y a deux hommes en moi. C'est l'autre qui vous aime.
Je m'appelle Lucas Bovenval.
J'attends de vous que vous soyez là.
Jattends de vous que vous restiez là. J'attends que sorte de vous mon enfant. J'attends de vous voir blanche de poil et toujours femme.
Je suis déjà plus vieux que mon père.
Je m'appelle Lucas Boyenval.
Lucas Boyenval, né de mère volage, n'est pas convaincu de devoir attendre encore.
Lucas Boyenval, né de parents mortels, ne peut plus être quitté.
Lucas Boyenval, fils de criminel, n'est pas décidé à renoncer.
Lucas Boyenval est doux.
Il comprend que sa femme a besoin de se reposer. Il ne s'inquiète pas. Il va manger les légumes. Il va aller dans le lit. Il ne va pas dormir, il ne va pas pleurer et elle va revenir.
Au mois de novembre dernier, j'ai fait une incursion dans le milieu des artistes. La seule faute que j'ai commise est d'avoir attendu, pour le dire à Rémi, d'être certaine qu'il n'ait pas à rougir d'être mon mari. Trois moi plus tard mon courage et mes efforts étaient couronnés de succès, mais il est votre fils, né route des Sanguinaires à Ajaccio, et depuis lors je suis regardée comme une traînée.
Toute rencontre est un risque ; à la première minute, aux premiers mots échangés, l'histoire, déjà, est en marche.
D’autres avaient fait, d’autres feraient après lui les mêmes gestes… Mais qu’il ait eu le droit d’ouvrir les boutons de sa robe, mais qu’il l’ait vue nue et toute suppliante, mais qu’il ait découvert sa mouillure et qu’il y ait trempé les doigts, mais qu’il l’ait entendue crier et pleurer, mais qu’il l’ait connue cernée, défaite et sale, que soient entrées par la pupille de ses yeux toutes ces images d’elle et que maintenant, il puisse s’en aller et les emporter, que maintenant il ne nourrisse plus que du mépris, que maintenant il puisse éprouver du dégoût peut-être au souvenir de ses rougeurs, de ses soupirs et de son excitation de femme, tout cela pour la première fois, à travers l’irréductible honte qui grandissait en elle, lui paraissait être quelque chose qu’elle ne pourrait plus, de sa vie, ni surmonter, ni dépasser.
Viens plus bas, parle bas...
Le noir n'est pas si noir...
Paul Valéry, La Jeune Parque
le culte que l'on voue à un dieu fait à coup sûr vivre celui qui prie, mais n'atteint pas forcément le dieu qui peut très bien, pendant ce temps-là, se permettre de n'en être pas un.
Pour le moment, la seule chose réellement difficile était de détourner les yeux de cette large déchirure de ciel, profonde et envenimée, qui allumait une sorte de brasero au-dessus de Paris; Les plus violents paysages terrestres, les plus étonnants animaux y étaient en réplique, sculptés dans le pourpre des anges mourants dont on ne voyait plus briller par réfraction que l'or des trompettes. Sous cette lumière vivante, les êtres, les oiseaux, les voitures étaient pris de folie. L'invasion de l'ombre et l'agitation du monde donnaient seulement une illusion de vent, qui ne changeait rien à la chaleur du temps. Les enfants tombaient à plat ventre et décidaient de pleurer. Les chiens se retournaient sur eux-mêmes et levaient la gueule pour regarder les hommes aux yeux. La journée devait être longue et voici qu'elle avait passé. C'est à cette heure la plus religieuse que l'on souffre tout à coup très précisément de ne pas être aimé et qu'à l'existence des personnes de sexe contraire qui passent et qui vous ignorent il soit interdit d'attenter.
...il avait la raison d'aimer vivre et j'avais le tort de l'aimer.
Je n'existais plus seule et j'étais pourtant seule.
Alors il me semblait parfois que c'eut été à moi d'entrer chez lui, si je le voulais vraiment, sans attendre son invitation qui n'attendait peut-être que mon intrusion, selon les mystères de ces forces contraires.
Jaloux finalement de la vie d'autrui, éperdu et avide de marques de tendresse, il se confisquait lui-même brutalement à ses amis pendant plusieurs jours, afin qu'ils ressentent une blessure à l'endroit de cette échappée.