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Citations de Raul Argemi (104)


J’avais manqué de jugeote. Il me fallait une arme et je pensais savoir où en dénicher une, à supposer qu’on ne les ait pas retirées. Je retournerais au bureau et j’ouvrirais la trappe au fond de l’armoire. S’ils n’avaient pas tout vidé, j’y trouverais au moins un flingue et des munitions.
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Je ne voulais pas en voir davantage. Le passé m’avait bondi dessus comme une créature vivante.
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Dès que j’entendais ses pas, je me réveillais en sursaut et j’empoignais mon pistolet. C’était plus fort que moi, même si je savais mon geste inutile. Au moment de la descente, ils approcheraient en catimini, défonceraient la porte et entreraient en faisant feu.
Avec un peu de chance, avais-je décrété, je pourrais en buter un, puis je garderais la dernière balle ou l’avant-dernière, enfin, celle que ma peur aurait choisie – dans un moment pareil, on n’est pas en condition de compter ses tirs – pour me la loger dans la tête. Je ne voulais pas céder à cet élan qui vous pousse à rester en vie et vous conduit tout droit à la torture et l’humiliation, mais aussi à la trahison.
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Cet endroit m’était familier. Silvia et Pedro m’y avaient emmené jadis, affublé de lunettes de soleil pour dissimuler les boules de coton qui masquaient mes yeux. Quand ils étaient venus me chercher à la base de repli, des relents de poudre flottaient encore dans l’air et je ne me doutais pas que la maison où j’habitais était grillée. Comme tant d’autres. Sans que l’on sache d’où venait le coup. Qui nous avait balancés. Qui connaissait tant d’adresses et les avait livrées.
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On devinait la patte de Jorge dans une des clauses. Aucun d’entre nous n’était en capacité de certifier qu’il serait en vie le mois suivant, aussi pouvions-nous nous trouver dans l’impossibilité d’être trois pour valider l’autorisation. Il était donc prévu, en substance, que si au cours des années à venir le décès de plusieurs d’entre nous empêchait que l’on atteigne le quorum de trois cosignataires, le ou les survivants devraient prouver par tout moyen, y compris l’information contenue dans les médias ou autres sources disponibles – que la banque se chargerait de confirmer –, le décès ou la disparition définitive des titulaires manquants.
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Tant qu’on ne touchait pas au compte, des intérêts annuels s’ajouteraient au capital, et plus on attendrait, plus la somme gonflerait.
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– Avant de vous remettre un double de ce document, je dois l’enregistrer. Je vous prierai donc de ne pas bouger car j’ai numéroté les enveloppes pour vous retrouver. Si vous changez de place, cela pourrait donner lieu à des confusions fâcheuses, expliqua Regules, les mains croisées comme s’il s’apprêtait à prier.

Ensuite, quand il eut récupéré tous les contrats, il murmura un je vous prie de m’excuser et disparut avec les enveloppes derrière la porte latérale.

Cela me donna le temps de réfléchir. Les règles étaient très claires, on pouvait par exemple transférer une partie ou la totalité des fonds vers une autre banque. Pour autoriser l’opération, il suffisait que trois d’entre nous appellent ou se déplacent, s’identifient en communiquant leur nom d’utilisateur, leur code alphanumérique et le numéro du document attestant de leur identité. Dans mon cas, Juan Hirám Gutiérrez, né en 1946 à La Plata.
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– À la fin du contrat, vous trouverez une feuille à part, dit Regules. C’est un formulaire de sécurité. Nous espérons toujours ne pas avoir à l’utiliser, mais il arrive qu’un client perde son code secret ou se le fasse voler. En cas de doute, la banque peut ainsi vérifier. Vous verrez, ce sont des questions simples, je vous conseille d’y apporter des réponses véridiques, la mémoire peut nous jouer des tours et il est fortement déconseillé de les conserver par écrit.
Il s’agissait d’une vingtaine de questions banales comme le lieu de naissance de notre mère, mais si on donnait une réponse farfelue, il y a fort à parier que l’on ne la retrouverait jamais. Il y avait aussi une suite alphanumérique que je me suis efforcé d’apprendre par cœur, car ce serait ma carte d’identité, mon code secret vis-à-vis de la banque. Dans la case réservée au nom d’utilisateur, j’ai écrit Meursault, le nom du protagoniste de L’Étranger, de Camus. Sans doute parce que je me sentais déjà étranger à tout.
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Jorge avait l’air très sérieux dans son costume cravate, nous avions tous choisi le même genre d’uniforme.
– Nous devons attendre quelques minutes, le temps qu’ils corrigent le document, m’expliqua-t-il. J’ai dû faire enlever la Russe.
– … ?
– La Russe n’est pas d’accord sur ce repli, elle et son équipe ont décidé de continuer la guerre de leur côté, avec ceux qui voudront les suivre. Elle estime, et son compagnon Lucho aussi, que nous avons trahi la révolution. Je suppose qu’ils n’ont jamais eu le temps de lire Lénine…
– Quel connard, ce Lucho, il lui monte la tête. J’avais raison de vouloir le virer de l’organisation d’un coup de pied au cul, ai-je pesté à voix haute, animé d’une très vieille rancune parce que certains à l’époque avaient pris sa défense.
Jorge haussa les épaules et esquissa un sourire pacificateur :
– C’est de l’histoire ancienne. T’avais raison, mais ça sert à quoi de le reconnaître maintenant ?
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Contrairement à ce que j’imaginais, le bureau du représentant de la banque suisse ne se cachait pas dans l’arrière-boutique d’une teinturerie japonaise, comme dans les films sur la mafia – où les teinturiers seraient plutôt chinois –, mais dans un des gratte-ciel qui se dressent à Retiro, à quelques pas du Río de la Plata.

Jorge m’avait prévenu qu’au rez-de-chaussée je trouverais sept ascenseurs différenciés par des lettres. Je devais impérativement prendre le « F ». Il devait y avoir une raison, mais cela ne m’empêcha pas, car on n’est jamais trop prudent, d’arriver en dernier, de monter jusqu’au vingtième par l’ascenseur indiqué et de redescendre trois étages par l’escalier.

Ils étaient tous là, trépignant à cause de mon retard, dans une salle d’attente anonyme dont on aurait dit que les meubles sortaient à peine du magasin. Nous étions quasiment les mêmes que lors de notre dernière réunion sous la boutique de cadeaux : Lucas, Fernando, Silvia et Pedro, Negro, Tordo, Pelado, Paula, Jorge et moi-même, pour la première fois depuis bien longtemps sous l’identité de Juan Hirám Gutiérrez.
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À vrai dire, je n’ai rien contre les homosexuels. Ce sont les tantouses et les travestis qui m’agacent avec leur imitation au fond agressive, péjorative des femmes. C’est pourquoi, je ne peux ni ne veux imaginer comment ce serait de cohabiter avec une tantouse qui a pris le pire des femmes. Je parie qu’elles ne te laissent pas chier en paix.
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— Tu crois aux amours des putes ?
— Écoute-moi bien. (Bairoletto fit un pas en arrière.) Tu crois que, moi, avec cette gueule de con, je peux prendre d’assaut un train, faire l’amour en quatre langues avec une Hollandaise et séquestrer un sénateur ? Tout ça le même jour ?
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Lotti fit un effort pour mobiliser ce qu’elle avait appris sous le soleil d’Argentine :
— Toi, tu me manges... la chatte. D’accord ?
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Celle-ci s’écarta un instant, sans cesser d’actionner son pénis comme le bâton d’une majorette, pour ainsi dire.
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— Ah ! Je ne sais pas. Mais moi je fais griller la viande ici. Et si quelqu’un se brûle, qu’il aille se faire voir ! Je ne suis pas là pour entendre des coïts en vingt langues ; je ne suis pas de...
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— Ecoutez, l’ami, pardonnez-moi, mais dans l’autre wagon on ne peut pas faire une grillade tranquille.
— Ah... ? Pourquoi... ?
— Que voulez-vous que je vous dise ? C’est à cause du fourgon. Votre associé et la gringa. Vous me comprenez maintenant. J’ai eu l’occasion de faire la foire, n’allez pas croire, mais les cris de ces deux-là sont de nature à rendre fou le plus aguerri. Vous êtes sûr que Bairoletto ne va pas mourir dans cette expérience ?
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— Écoute, matelot, une vague ne fait pas la mer, comme on dit. Mais si tu m’obtiens un morceau de cette viande, je croirai n’importe quoi.
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Avec l’argent que je possédais, j’aurais pu survivre de longues années mais une personne qui ne travaille pas est toujours suspecte.
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Les femmes ont plusieurs façons de se dévêtir, du manque total d’érotisme de la routine quotidienne jusqu’à la provocation factice du strip-tease sur scène. Mais entre ces deux extrêmes, il y a une façon de procéder où le corps se dénude comme si les yeux qui l’observent étaient des mains sur la peau. Cette façon de se déshabiller est celle destinée à un amant parcourant du regard chaque recoin du corps de la femme.
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Quand on annonce une condamnation à mort, il souffle toujours un vent glacé. Mais quand la sentence est une promesse sans date d’exécution, la peur reste congelée dans le temps.
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