Rébecca Shankland

La gratitude est un mélange subtil de surprise, de joie, d'émerveillement et d'un sentiment de connexion aux autres que je qualifierais interdépendance positive : la prise de conscience que les êtres humains peuvent être une source de bien-être pour les autres.

Plusieurs enquêtes ont montré qu'à la question : " Qu'est-ce qui vous rend heureux et donne du sens à votre vie ? ", la réponse la plus fréquente était : " La relation aux autres " ( famille et amis en priorité).

L'émotion correspond à une expérience physique et psychique associée a une situation ou un événement . Par exemple, la joie de rencontrer un ami se traduit psychique ment par des pensées agreables, et physiquement par une sensation de détente musculaire.... L'émotion differe de la sensation , qui est un phénomène uniquement physique. ... Elle se distingue également du sentiment qui est phénomène uniquement psychique, et qui n'est pas lié à une situation particulière ou, si c'est le cas, le sentiment perdure au delà de cette situation. A l'inverse l'émotion est une réaction de courte durée .

Positives ou négatives, les émotions ont pour fonction de mettre l'individu en mouvement. Elles ont également une fonction de communication.

Défendre son point de vue ne signifie pas éreinter l'autre. On a tendance à penser, à tort, que la critique négative est ce qui permet de progresse. Répéter à quelqu'un qu'il a tel défaut ou qu'il manque de telle compétence n'incite pas à changer. Les recherches montrent que plus l'on critique l'autre, plus il a tendance à rigidifier sa manière de penser et de se comporter. A l'inverse, l'accepter tel qu'il est lui permet progressivement de s'améliorer: il s'ouvre à d'autres façons de faire et se mat à l'écoute des besoins de l'entourage.

Dans le hors série du magazine "Psychologies" n° 74 de décembre 2022 et janvier 2023.

La dépendance affective est caractérisée par un manque d'affirmation de soi, un caractère fortement influençable, une quête permanente de réassurance quant à ses propres qualités et à propos de la relation, et se traduit par des comportements visant toujours à aider l'autre alors que ce dernier n'en a pas exprimé le besoin.

A force d'écouter les propos de proches qui considèrent qu'il faut éviter de prendre le bébé trop souvent dans ses bras de peur qu'il ne demande toujours plus de présence, les parents craignent parfois de la faire, alors qu'il s'agit du moyen le plus efficace, le plus simple, progressivement, de développer une plus confiance en la vie. Et cette confiance facilite le développement de l'autonomie et de ses propres compétences pour faire face aux situations.

... les chercheurs ont montré qu'on accordait plus d'importance aux relations extra familiales dans les sociétés dites individualistes, car il s'agit de relations qui se tissent parce que l'on choisit de le faire et parce qu'elles peuvent favoriser un épanouissement mutuel. Individualiste, ne signifie donc pas oubli des autres ou isolement social, mais cela indique que l'on prend davantage en compte ses besoins personnels dans les choix effectués.

Dans notre vie quotidienne, prendre régulièrement conscience de toutes nos interdépendances, les observer, nous en réjouir, est aussi un exercice simple et fort ; un exercice qui nous permet de nous sentir pleinement humains. Et ça tombe bien : c'est lorsque nous nous sentons heureux et solidaires que nous pouvons accomplir les plus grandes choses. Ensemble, bien sûr...

La gratitude est un second plaisir, qui en prolonge un premier : comme un écho de joie à la joie éprouvée, comme un bonheur en plus pour un plus de bonheur.
André Comte-Sponville

Grâce au regard bienveillant de l'autre, on peut ainsi adopter une perspective nouvelle sur la situation et identifier des compétences restées inaperçues de nous jusqu'ici. L'autre agit comme un révélateur de forces que nous ne parvenons pas toujours à voir en nous. Il nous donne aussi davantage confiance en nos capacités quand nous traversons des moments difficiles.

Dans le hors série du magazine "Psychologies" n° 74 de décembre 2022 et janvier 2023.

L'attachement entre les humains est normale , naturelle et nécessaire. (...) L' interdépendance positive repose sur un équilibre entre attentes et besoins de l'autre , et nécessite de développer des compétences relationnelles et de discernement. Sans effort de notre part, nos liens s'appauvrissent et nous avec.

Chacun a la possibilité de faire un pas en direction de l'autre ( ou plusieurs), ce qui peut aider à le faire, c'est la compréhension de nos différences plutôt que la stigmatisation des réactions inappropriées.

Le docteur Marion Salomon, après plusieurs décennies d'accompagnement de couples, décrit dans son ouvrage sur la dépendance positive que le problème des couples actuels n'est pas lié au fait que les hommes présentent une "phobie de l'engagement", mais plutôt que la société occidentale fait la promotion de l'indépendance et la réalisation de soi en l'opposant à l'acceptation de la nature interdépendante de toute relation.

On est plus heureux et plus fort quand on est en lien.

Des recherches ont également permis de repérer que la qualité des relations diminuait le risque de mortalité précoce et contribuait à améliorer le rétablissement dans le cas de maladies graves ou chroniques.

L'expression constructive des émotions favorise, d'une part, la régulation émotionnelle et d'autre part, la qualité relationnelle. En effet, la mise en mots de nos émotions nous oblige à prendre conscience et nous évite des passages à l'acte émotionnels. Nous nous mettons à penser et à parler de l'émotion au lieu d'agir et d'être emportés par l'émotion. La mise en mots des émotions permet aussi à l'autre de mieux comprendre ce que nous ressentons. En nous exprimant de manière constructive, notre interlocuteur peut davantage nous entendre et ajuster ses comportements en fonction. Exprimer sa colère de façon constructive à l'aide d'un "message-je" représente une première étape de la résolution positive d'un conflit.

Le bien-être, la santé physique et psychique sont déterminés par un ensemble de facteurs bio-psycho-sociaux et environnementaux. Parmi ces facteurs, certains sont favorables à la santé et au bien-être (les facteurs de protection) et d'autres y sont défavorables (les facteurs de risque). C'est généralement l'accumulation de facteurs de risque et le manque de facteurs de protection qui sont à l'origine d'un problème. Pour une meilleure appréhension de ces facteurs, il est aussi courant de les regrouper en trois catégories : les facteurs individuels, les facteurs relationnels (ou liés à la famille et aux proches) et les facteurs environnementaux.

Le contact physique chaleureux représente l'une des clés fondamentales de la construction du lien d'attachement sécurisant.

Mais la quête moderne et éperdue de liberté individuelle (= surtout ne dépendre de personne" conduit de plus en plus de personnes à un sentiment de solitude, de fragilité, de vulnérabilité. Et ainsi, par peur de la fragilité liée à la dépendance, on se jette dans les bras d'une fragilité plus grande encore, celle de la solitude.
Mais il y a une solution : accepter joyeusement l'interdépendance ! S'en réjouir en comprenant qu'elle nous épanouit et nous enrichit, qu'elle nous fait plus forts et plus intelligents.

Dans la passion harmonieuse, la relation ne laisse pas de côté les activités ou les loisirs permettant de se ressourcer.

Dans le hors série du magazine "Psychologies" n° 74 de décembre 2022 et janvier 2023.