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Citations de Régine Pernoud (192)


Un élément essentiel de la vie médiévale a été la prédication. Prêcher, à cette époque, ce n'était pas monologuer en termes choisis, devant un auditoire silencieux et convaincu. On prêchait un peu partout, pas seulement dans les églises, mais aussi dans les marchés, sur les champs de foire, en carrefour des routes, – et de façon très vivante, pleine de flamme et de fougue. Le prédicateur s'adressait à l'auditoire, répondait à ses questions, admettait même ses contradictions, ses rumeurs, ses apostrophes. Un sermon agissait sur la foule, pouvait déchaîner sur l'heure une croisade, propager une hérésie, entraîner des révoltes. Le rôle didactique des clercs était alors immense [...]. De nos jours ceux qui manquent de mémoire visuelle, cependant plus rare, et d'un exercice plus automatique, moins raisonné que la mémoire auditive, sont handicapés dans leurs études et dans la vie. Au Moyen Âge, il n'en était rien ; on s'instruisait en écoutant, et la parole était d'or.
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En fait, c'est au Moyen Âge que s'est élaborée l'une des plus vastes et des plus audacieuses synthèses qu'ait connues l'histoire de la philosophie. Cette conciliation entre la sagesse antique et le dogme chrétien, aboutissant aux grandes œuvres des théologiens du XIIIe siècle, ne représente-t-elle pas, toute préoccupation d'ordre religieux mis à part, un magnifique effort de l'esprit ?
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La façon d'envisager le mariage, d'après les idées chrétiennes, était, elle aussi, radicalement nouvelle : jusqu'alors on n'avait vue que son utilité sociale, et admis par conséquent tout ce qui n'entraînait pas de désordres de ce point de vue ; l'Église, pour la première fois dans l'histoire du monde, voyait le mariage par rapport à l'individu, et considérait en lui, non l'institution sociale, mais l'union de deux êtres pour leur épanouissement personnel, pour la réalisation de leur fin terrestre et surnaturelle ; cela entraînait, entre autres conséquences, la nécessité d'une libre adhésion chez chacun des conjoints dont elle faisait les ministres d'un sacrement, ayant le prêtre pour témoin, – et l'égalité des devoirs pour tous les deux.
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De son côté, l'Église n'a pas toujours su se défendre des convoitises matérielles qui sont pour elle la plus redoutable des tentations. C'est le grave reproche que l'on peut faire au clergé médiéval, de n'avoir pas dominé sa richesse. Ce défaut a été vivement senti à l'époque.
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Ne serait-il pas temps d’en finir avec cette incuriosité systématique et d’admettre qu’on peut étudier dans le champ des sciences humaines, sans mépris ni complexe, ces mille années de notre histoire qui furent tout autre chose qu’un moyen terme ?
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Pour l’historien de l’an 3000, où sera le fanatisme ? Où, l’oppression de l’homme par l’homme ? Au XIIIe ou au XXe ?
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Mille années sans production poétique ou littéraire digne de ce nom, est-ce concevable ? Mille années vécues par l’homme sans qu’il ait rien exprimé de beau, de profond, de grand sur lui-même ? A qui le ferait-on croire ? On l’a pourtant fait croire à ces gens très intelligents que nous sommes, nous autres Français, et cela pendant presque 400 ans. Il avait suffi que Boileau écrive :
Villon sut le premier, dans ces siècles grossiers,
Débrouiller l’art confus de nos vieux romanciers
Pour que tout le monde en soit convaincu. Villon était le « premier en date » des poètes français. Cela se trouve consigné dans tous les manuels scolaires.
...
Nous avons aujourd’hui un retard considérable dans la connaissance de notre propre passé littéraire, au contraire d’autres pays tels que la Scandinavie, l’Allemagne, les Etats-Unis, la Suisse allemande. Cela par le caprice de quelques universitaires et parce qu’ainsi en ont décidé quelques générations d’inspecteurs généraux.
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L’art ne peut être « ajouté » à l’objet utile, contrairement à ce que croyaient Ruskin et son école : il naît avec lui ; il est l’esprit même qui anime ou alors il n’est pas. Tel est du moins l’enseignement que dégage l’art gothique aussi bien que roman, et cet enseignement de notre temps se trouve singulièrement préparé à l’admettre.
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Nous assistons aujourd’hui à une recherche d’originalité qui, en peinture par exemple, confine à la frénésie, alors que, parallèlement, l’architecte de la HLM et autres équipements populaires renonce et démissionne, faisant de la ville un univers de clapiers, au moment même où, soudainement, la jeunesse prend conscience du fait que l’homme ne peut pas vivre comme un lapin.
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L’optique classique a eu une autre conséquence, dont nous ne sommes pas encore dégagés à l’heure actuelle : la méthode qui consiste à n’étudier dans une œuvre que les « origines », les « influences », dont elle procède.
Il est bien entendu que, rien ne naissant de rien, l’étude des sources et des origines est indispensable dans chaque discipline. Mais réduire l’histoire de l’art à l’étude des « influences » qui ont pu amener à telle ou telle forme d’art entraînait des conclusions aberrantes.
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Les roses du transept de Notre-Dame de Paris n’ont été conservées – si l’on fait abstraction des dégâts de l’époque révolutionnaire – que parce que l’on craignait de ne pouvoir techniquement les refaire – ce qui, entre nous, était rendre un bel hommage aux bâtisseurs du Moyen âge !
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Ce qui, aujourd’hui, nous paraît injustifiable, c’est le principe même d’imitation le goût du modèle, de la copie. C’est Colbert faisant donner pour instruction aux jeunes gens qu’il envoyait à Rome apprendre les beaux-arts, de « copier exactement les chefs-d’œuvre antiques sans rien y ajouter ». On aura vécu sur ce principe d’imitation, dans les milieux officiels du moins, jusqu’à une époque très proche de la nôtre. En France surtout où la culture classique a été jusqu’à notre temps considérée comme la seule forme de culture. Rappelons que, tout récemment encore, on ne pouvait prétendre être cultivé sans connaître le latin, voire le grec ; et que, jusqu’à une date très proche de nous, l’essentiel du travail des élèves des Beaux-Arts dans toutes les sections, y compris l’architecture, consistait à dessiner des plâtres grecs ou romains. Les temps classiques n’ont concédé quelque valeur artistique qu’à certaines œuvres de l’art chinois, objet d’une mode passagère au XVIIIe ou encore à la suite des campagnes napoléoniennes, à l’art classique égyptien. Hormis ces deux concessions à « l’exotisme », toute Beauté se résumait dans le Parthénon en architecture, la Vénus de Milo en sculpture.
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Il n'y a sur terre que deux choses précieuses : la première, c'est l'amour ; la seconde, bien loin derrière, c'est l'intelligence.
Gaston Berger
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Marguerite était alors sur le point d'accoucher. Elle vivait des journées d'angoisse terribles et des nuits pleines de cauchemars, que Joinville nous raconte de manière pathétique. Un pieux chevalier commis à sa garde, qui couchait au pied de son lit, la rassurait : "Madame, n'ayez pas peur, car je suis ici". Avant d'accoucher, elle fit sortir tout le monde de sa chambre, sauf ce chevalier, et lui fit prêter le serment "que si les Sarrasins prennent cette ville, vous me coupiez la tête avant qu'ils ne me prennent" ; et le chevalier répondit : "Soyez certaine que je le ferai volontiers, car je l'avais déjà bien pensé que je vous occirais avant qu'ils nous eussent pris". Un historien, Paul Deschamps, grand spécialistes des expéditions au Proche-Orient et des forteresses construites par les Croisés, a pu identifier le vieux chevalier. Sa promesse a servi de devise à sa famille depuis l'époque des Croisades : il s'appelait d'Escayrac et la devise est 《Y pensais》.
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Il apparait aujourd'hui qu'aucun absolutisme, aucun pouvoir totalitaire ne saurait s'accommoder d'un pouvoir spirituel par lequel lui résiste une partie de l'homme, dont l'importance n'échappe pas à notre époque, laquelle a inventé pour y répondre les internements interminables et les lavages de cerveaux.
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M.Melville a fait judicieusement remarquer comment, après la maîtrise de Bertrand de Blanquefort, l'habitude s'introduit de choisir comme maître du Temple plutôt des hommes extérieurs à l'ordre, ayant rempli, par exemple, de hautes fonctions dans le royaume de Jérusalem, que des chevaliers mûris dans l'observance de la règle.(...) Semblable usage, né du désir de mieux assurer l'influence de l'ordre auprès du pouvoir séculier, devait en réalité amener de fâcheuses déviations.
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( dans le post scriptum ) :

On pourrait faire remarquer que ce qui distingue une époque d'une autre, c'est l'échelle de valeurs : ainsi, au XIXè siècle, le terme même de "valeurs" désigne des actions susceptibles d'être cotées en Bourse ; au Moyen Age, on appelle ainsi l'estime que ses exploits valent au chevalier, sa beauté, son courage, etc.
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Et quand Rouen, la dernière ville normande à résister à Philippe Auguste, demanda du secours au roi Jean sans Terre, il refusa d'interrompre sa partie d'échecs pour recevoir les envoyés.
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C'est au milieu de ces circonstances dramatiques qu'Aliénor donne pleinement sa mesure. Sans cesse sur la brèche, expédiant lettre sur lettre, messager sur messager, se tenant en liaison avec les sénéchaux du continent comme avec les principaux barons d'Angleterre, elle réussit à la fois à déjouer les menaces que Philippe-Auguste et Jean ( 1 ) faisaient peser sur le royaume, et à mettre tout en jeu pour la libération de son fils, Richard Cœur de Lion, roi d'Angleterre.

NDL : en 1192, Richard, au retour de la 3è croisade ( contre Saladin ), en infériorité numérique, revient en Angleterre. Il est fait prisonnier par le duc d'Autriche. Le roi de France en profite pour s'approprier le Vexin Normand, et Jean sans Terre, petit frère instable de Richard, cherche à s'approprier l'Angleterre. C'est sans compter sur la reine mère Aliénor, 70 ans, qui veille au grain.
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On peut se demander quelle impression aura faite à la reine Aliénor prisonnière, ce pèlerinage à Cantorbéry, accompli côte-à-côte par les deux rois [ Louis VII de France pour que son fils se rétablisse, et Henri II Plantagenêt d'Angleterre pour se disculper du meurtre de l'archevêque Thomas Beckett ] qui avaient été ses époux, auprès desquels elle avait successivement porté la couronne. L'amour, elle l'avait inspiré au premier, éprouvé pour le second. A présent, ces deux hommes qu'elle avait divisés [ pour se venger de la belle Rosemonde ] se réconciliaient devant le Seigneur.
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