Citations de Régis de Sa Moreira (180)
Lorsque, au milieu de la journée, il n'avait plus la force de lire, le libraire, les yeux grands ouverts, rêvait.
Et lorsqu'il rêvait, il rêvait qu'il lisait.
Un livre où il ne se passait rien. ----- Absolument rien.
J'au un nom, merde ! Personne ne s'en sert jamais. Mes enfants m'appellent papa, ma femme chéri, ma mère mon petit, ma soeur enfoiré, je ne sais même plus qui je suis...
Il se mit à lire tout haut pour mémoriser une nouvelle page.
- Vous dites ? demanda une femme au ventre arrondi.
- Excusez-moi, dit le libraire, je ne vous avais pas entendu.
- Je vous en prie...répondit la femme qui portait la vie. Ça avait l'air délicieux.
Le libraire la dévisagea, lui retira véritablement son visage, et y vit un instant celui de son amour perdu.
Puis il rendit à la femme enceinte son visage dont elle se servit aussitôt pour sourire.
-Ne désespérez pas, dit encore le libraire.
Certains livres sont à retardements...
Le jeune homme réfléchit.
-Certaines personnes aussi, répondit-il.
Je ne dis pas que c’était mieux avant, je dis que c’est pire maintenant.
- Auriez-vous un livre avec deux femmes, quatre hommes, et trois enfants ?...
- Auriez-vous un livre où tout se passe dans un bois ?...
- Auriez-vous un livre dans lequel une princesse croit trouver la mort... et se rend compte ensuite qu'en fait, elle a trouvé l'amour ?
- Auriez-vous un livre dont l'héroïne s'appelle Teresa ? ...
- Auriez-vous un livre qui contienne à plusieurs reprises le mot : mansuétude ?...
- Auriez-vous un livre avec Gary Cooper ?
- Auriez-vous un livre sans aucun appareil électroménager ?...
- Voyons, voyons... dis le libraire. Même pas un frigidaire ?
- Surtout pas un frigidaire.
J'avoue que l'ennui reste un problème. Une fois qu'on est en paix avec soi-même, on s'emmerde assez vite.
On s'est mis sous le tilleul et on a regardé les étoiles à travers les feuilles. Ce qu'on était bien.
Dès que je rentre chez moi, je me déshabille. Si je me suis acheté mon propre studio c’est pour pouvoir me balader toute nue à l’intérieur. Dans trente ans, il m’appartient ! J’inviterai mon banquier à dîner, s’il peut encore mâcher…
Le libraire était assez mélancolique, c'est vrai, mais il s'en accomodait.
Il ne voyait pas très bien comment garder un moral d'acier au milieu de tous ces livres, de toutes ces histoires, de toutes ces pensées, de toutes ces vies. Il enviait, dans ses pires moments, les vendeurs de voitures.
Sans trop y croire.
Car le libraire enviait surtout, non pas les auteurs, mais les personnages des livres qu'il lisait. Et il n'avais jamais lu de livre où le héros était un vendeur de voitures.
Dès qu'il ouvrait un livre, le libraire était heureux.
Ou du moins, il se sentait bien.
C'était presque une joie d'enfant.
C'était aussi une faiblesse.
Il avait l'impression que l'on s'occupait de lui, qu'on prenait soin de lui.
Pour tout dire, lorsque le libraire lisait un livre, il avait le sentiment d'être aimé.
"Il faut une grande force pour quitter quelqu'un qu'on aime."
On s’évade comme on peut. Une amie m’a avoué un jour qu’elle épluchait des courgettes pour s’amuser avec, je n’ai jamais osé, j’ai trop peur qu’elles se cassent à l’intérieur et de terminer aux urgences, ils doivent en voir de toutes les couleurs là-bas…
Ça n’arrête pas, les gens se mettent n’importe quoi, les hommes surtout. Bouteilles de bière, épis de maïs, trombone à coulisse, ça fait peur parfois.
Je reconnais tout de suite les hommes qui aiment lécher, ils ont un regard différent, entre honteux et insolent, un regard d’enfant. Le drame c’est qu’ils sont bien souvent avec une femme qui n’aime pas ça, ou cinq minutes seulement…
- Vous l’avez lu?
- Oui, dit le libraire.
- Moi aussi, répondit le jeune homme.
Le libraire lui sourit. Le jeune homme prit confiance :
- Mais je l’ai offert à quelqu’un… à qui je n’aurais pas dû l’offrir.
- C’est difficile d’être sûr de ces choses-là, répondit le libraire.
- Oui, dit le jeune homme.
- Ne désespérez pas, dit encore le libraire. Certains livres sont à retardement…
Lorsque, au milieu de la journée, il n'avait plus la force de lire, le libraire, les yeux grands ouverts, rêvait.
Et lorsqu'il rêvait, il rêvait qu'il lisait.
Un livre où il ne se passait rien.
Absolument rien.
Mon dernier père me faisait marcher pieds nus dans la neige tous les matins…
Ça forge le caractère et c’est bon pour la circulation. Ce qui ne tue pas rend plus fort, hélas il en est mort.
On a juste massacré nos voisins et violé leurs femmes après avoir égorgé leurs enfants sous leurs yeux. C’est pas la mer à boire, leurs parents avaient brûlé les miens vivants et aucun journaliste n’en a jamais parlé…
Tout ce que je vois depuis ma fenêtre c'est le mur d'en face. Avec un tag énorme qui me dit de niquer ma mère. Dommage que mon père ne vienne pas me voir plus souvent ...
On s'est planqué parce qu'on devait être à l'école. Je suis peut-être le dernier de la classe mais c'est moi qui sort avec la première !