L’étrange histoire du collectionneur de papillon est un roman qu’on classe en thriller. Alors je n’ai jamais lu de thriller auparavant, on peut donc dire que c’est mon premier. Certes il y a des policiers, des scènes haletantes au suspens assez élevé, des situations très dangereuses, mais je n’ai pas eu l’impression que c’était un thriller. En tout cas, ça ne se calquait pas sur l’image que j’en avais. Si ça veut dire que ça m’a réconcilié avec le thriller, bravo Mr Brook ! ^^
Mais revenons-en au livre. Llew Jones, qu’on va baptiser par après Rip Van Jones, est un jeune homme qui est tenté par l’idée de découvrir l’Amérique. Il n’a pas tellement plus d’ambitions que ça, si ce n’est écrire. Un jour, Joe Bosco, un vendeur de papillons, lui propose un travail contre lequel il aura une visite globale des USA, devant voyager un peu partout pour vendre. S’en suit alors une découverte des States assez impressionnante, pas forcément au niveau des lieux décrits, mais surtout au niveau de l’ambiance. Cette atmosphère dangereuse, susceptible mais très extravagante,. ce qui fait un extrême assez flagrant avec la classe britannique de Rip.
Ce qui m’a surtout marqué dans ce livre, ce sont les personnages. Ils ont tous quelque chose de particulier, presque de poussé à l’extrême, à la limite de la caricature. Joe Bosco est un être fantasque, merveilleux, tout à fait original qui fait des néologismes à chaque phrase (ou presque), qui pense d’une façon assez extraordinaire… bref : je pense que c’est exactement ça : Joe Bosco est extraordinaire.
Dans la maison familiale, Joe ramène plusieurs âmes perdues, mais il a quand même deux soeurs : Mary et Isabelle. Ces deux femmes ne peuvent être décrites l’une sans l’autre. Mary est la lune ; Isabelle, le soleil. Le Ying et le Yang. Le bien et le mal. Malgré ça, elles sont toutes les deux à leur manière attachante, Mary parce qu’on lui ment depuis sa naissance, et Isabelle parce qu’elle n’appartient pas tellement à cette famille « démoniaque » et illégale.
Rip Van Jones, le personnage principal donc, a son côté intéressant également. En réalité, il m’a intriguée par une chose en particulier. Pendant tout le long du récit, le coeur de Rip balance entre ce bien et ce mal. Et quand il est avec Mary, il se décrit presque comme un anti-héros : il sait qu’il a des défauts, il les assume et ne retient pas ses pensées maléfiques et néfastes. Il n’est pas un homme parfait, loin de là, et il le sait. A contrario, quand ses sentiments penchent plus pour Isabelle, il cesse de se « démolir » et agit comme un personnage principal le fait généralement. Entre parenthèses, il se détourne de Mary pour une raison qui colle bien à sa peau d’anti-héros, mais ça c’est un autre débat !
Mais le plus incroyable et le plus agaçant de tous, c’est Wolff, le père des enfants Bosco (qui, par les forces du destin, on reprit le nom de leur mère. J’ai de la peine à trouver les mots pour le décrire tellement il m’a énervée. D’abord, il est obsédé par ses papillons comme même moi je ne suis pas obsédée par Disney (c’est te dire !). Mais le plus agaçant, c’est qu’il y a toujours un détail qui nous fait penser qu’au final, c’est peut-être un mec bien. Puis il sort une phrase, une seule !, et tout s’éclate en mille morceaux alors qu’on venait de tout recoller. Si le personnage était prévu pour, chapeau ! Le seul truc qu’il a de bien, c’est qu’il est vraiment défenseur des papillons, du coup écolo et sauveteur d’espèces sur les bords. Il apporte donc un thème écologique et sauvegarde des espèces protégées.
En dehors des personnages, j’ai trouvé l’écriture très belle, avec les mots, les tournures et les métaphores justes. Quelques pointes d’humour par-ci par-là et, comme l’a dit Margaud Liseuse dans une de ses vidéos sur la rentrée littéraire, vraiment accessible. Bien écrit sans être pédant.
Seul bémol : je trouve que, de temps à autre, il y a quelques petits moments de lenteur qui font qu’on se lasse de l’intrigue, qui est pourtant extra à la base. Trop de routes, un seul paysage trop présent.
Pour terminer, au niveau de la fin, j’ai trouvé ça vraiment bien amené. Sans trop vous en dévoiler, on peut dire que la boucle est bouclée. On sait que ça ne sera pas un cycle (bien qu’on le croit au début…). C’est comme si Rip avait traversé une boucle temporelle et qu’il était revenu à son point de départ, les aventures en plus. Un Alice aux pays des merveilles en plus réaliste.
En soi, un excellent livre. De bons personnages, une intrigue assez forte, bien qu’on se doute de la résolution, une écriture agréable. La lenteur de certains passages anéanti malheureusement un peu tout. C’est comme si tu avais un méga beau gâteau devant toi, et qui tu y foutais ton doigt. Il est toujours bon (maintenant que tu l’as goûté tu es sûr(e), hein, gourmand(e) !) mais il manque un truc pour qu’il soit parfait.
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