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Critiques de Rich Larson (85)
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Barbares

Un grand merci à Babelio et aux éditions le Bélial pour l'envoi de ce livre dans le cadre de la Masse critique mauvais genre. On ne présente plus la collection « Une Heure-Lumière » de cet éditeur qui se caractérise par des romans courts accompagnés d’une couverture atypique devenue sa véritable marque de fabrique.



Rich Larson est en train de se faire un nom dans la Hard Science-fiction anglo-saxonne au point de pouvoir être comparé à son illustre devancier Greg Egan. Dans Barbares, le jeune auteur de 28 ans raconte les péripéties de deux contrebandiers payés par des jumeaux d’une riche famille afin de les accompagner dans l’exploration d’une carcasse de bio-vaisseau en fin de vie. Le Nagevide c’est ainsi qu’on le nomme, est une immense créature qui parcourt l’espace avec toute une faune et une flore à l’intérieur du corps. Celui qui nous intéresse dans cette histoire bien qu’agonisant, reste impressionnant par les nombreux pièges et dangers qu’il conserve encore en lui. Le scénario est mené d’une main de maître par un vrai professionnel de la nouvelle. L’action et les nombreux rebondissements en font un véritable page-tourner.



Le style et l’écriture de Rich Larson tout en étant déconcertants, restent fluides. Si les néologismes comme acarcassage, vonNeumanns, vantablack, volbot, nanocottes, flotteux, siff, carniflash, crabot sont légion en nous rappelant le roman Étraves de Sylvain Coher, Ils restent malgré tout compréhensibles dans leur contexte. Les personnages principaux comme les contrebandiers Yanna et Hilleborg ainsi que les richissimes jumeaux X et Y sont bien décrits. Ils deviennent rapidement attachants et on sent ainsi la patte d’un spécialiste de la nouvelle. Les descriptions de l’intérieur de la bête sont aussi d’une originalité époustouflante. On patauge avec plaisir et quelque fois avec effroi dans l’anatomie du monstre en décomposition. L’ensemble nous donne une aventure trépidante et addictive.



Avec Barbares, Rich Larson nous sert dans un format court une histoire riche et dense. Tous les ingrédients sont réunis pour en faire un mets de choix. La découverte de ce jeune auteur de SF est prometteuse pour l’avenir. Son univers ne laisse pas indiffèrent et donne envie de poursuivre une exploration plus approfondie des autres nouvelles contenues dans son recueil « La fabrique des lendemains ». Une affaire à suivre…

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Ymir

J’étais curieuse de découvrir Rich Larson dans la forme longue, moi qui ai adoré ses nouvelles, tant dans leur traduction française (La fabrique des lendemains) que dans leur traduction québécoise (Rêves de drones et autres entropies).



Étrangement, je pense que je préfère cet auteur dans la forme courte, ce qui m’étonne un peu, parce que 1. J’ai généralement tendance à préférer les romans aux nouvelles ; 2. Les univers dépeints par Rich Larson sont si riches et complexes qu’on les imagine volontiers se déployer dans un roman pour en explorer tous les recoins. Finalement, j’en viens à penser qu’un des charmes des œuvres de cet auteur vient du plongeon brutal dans ses univers à chaque début de nouvelle : une sensation un peu diluée quand on l’étire sur un roman de 400 pages.



Cela dit, bien qu’un cran en-dessous de ses nouvelles, Ymir n’en reste pas moins un excellent roman, un planet opera cyberpunk aussi poisseux qu’émouvant. Ymir est une planète glacée, dont les habitants vivent sous le joug d’une compagnie minière depuis près de vingt ans, lorsqu’a eu lieu la Soumission (je crois que le jeu de mots n’existe pas dans la VO, coup de chapeau au traducteur pour cette trouvaille). Yorick, natif de la planète, qui a joué un rôle actif dans la Soumission (pour le camp de la Compagnie), doit y retourner pour une mission spéciale : traquer un « grendel », machine biomécanique antique qui menace l’exploitation des mines. Un retour contraint qui le confrontera à ses vieux démons…



Le personnage principal, traître devenu mercenaire désabusé, est de prime abord assez dur à apprécier, mais Rich Larson réussit le tour de force de finir par le rendre attachant. La principale clé du roman est sa relation d’amour/haine avec son jeune frère, Thello, le trop sensible Thello qui en a pris plein la poire de la part de la Compagnie et fomente une révolte… Cette relation difficile, basée sur une incompréhension fondamentale, a pris une tournure tragique lors de la Soumission : vingt ans plus tard, alors que tout semble joué, y’a-t-il de la place pour un ultime épilogue? En tant que lecteurice, on souhaite à tout prix que tout s’arrange entre eux, mais il arrive que certains actes demeurent impardonnables…



Le roman se présente également comme une réécriture de Beowulf, en reprenant notamment la trame du combat contre Grendel. Néanmoins, je ne connais vraiment pas assez le mythe originel pour repérer toutes les références et je ne doute pas que beaucoup de choses m’aient échappées.



Un roman fort et bouleversant. Je regrette de ne plus avoir rien d’autre de Rich Larson à me mettre sous la dent – comment ça, il y a une novella parue récemment dans la collection Une heure-lumière? Voilà qui serait idéal pour tester le format mi-long…
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Rêves de drones et autres entropies

Recueil de nouvelles de science-fiction de Rich Larson qui a cette particularité d'être traduit en québécois. Les univers sont très riches et les histoires centrées sur des personnages rapidement attachants.



C'est moins une science-fiction d'idées et vraiment une SF de personnages. La plupart des nouvelles terminent sur un retournement qui donne envie de relire la nouvelle au complet pour voir les indices qui nous avaient échappées.



Comme l'intérêt des nouvelles réside dans leur surprise, je ne peux pas vraiment vous en raconter sans les gâcher. Mais c'est très bon.
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Barbares

Je tiens tout d’abord à remercier Babelio et Le Bélial pour l’envoi de ce livre dans le cadre d’une Masse critique.



Rich Larson est un auteur que je découvre et à ma note, vous vous doutez bien que cela n’a pas été le coup de coeur. Je n’ai pas accroché à l’univers ni au style de l’auteur.



Le mots inventés et les mots-valises ont rendu ma lecture ardue : « carniflash », « cuvetivé », « crwth », « volbot », « vitiligo », « crabot », … J’imagine qu’un crabot est un robot en forme de crabe ? Enfin soit, j’ai terminé ma lecture avec une légère migraine.



Autant j’ai pu faire « comme si » avec ‘La tête du professeur Dowell ‘, autant j’ai eu du mal avec celle de Hilleborg. J’ai surtout eu beaucoup de difficultés à me représenter le nagevide et donc à imaginer l’histoire en elle-même.



J’ai trouvé que certains éléments de l’histoire n’étaient pas crédibles et la fin m’a laissée dubitative.



J’espère que ce texte trouvera des amateurs.









Challenge mauvais genres 2023
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Ymir

Révélé en France par La Fabrique des lendemains (son premier recueil de nouvelles couronné par le Grand Prix de l’Imaginaire, rien que ça), le Canadien Rich Larson revient cette fois dans la forme longue pour la première fois avec Ymir. Toujours chez Le Bélial’, toujours illustré par l’excellent Pascal Blanché et bien sûr toujours traduit par l’impeccable Pierre-Paul Durastanti. Débarquons dès à présent sur une planète de glace en compagnie d’un certain agent de la Compagnie…



Ymir est un pur roman de science-fiction. Un planet-opera même.

Et à ce titre, il nous emmène sur une lointaine planète dans un univers complètement étranger. Rich Larson n’est pas du genre à expliquer dans quoi on s’embarque et c’est avec un mystérieux « vaisseau bocal » que la descente s’opère. À l’intérieur, Yorick s’éveille de la mort. Littéralement.

Mis en stase dans un bassin de torpeur pendant des années dans l’attente d’une nouvelle affectation, d’une nouvelle chasse.

Revenir sur Ymir, sa planète natale, n’a rien d’une bonne nouvelle pour Yorick. Mauvais souvenir. Sombres fantômes.

Bien des années plus tôt, la Soumission a mis les habitants d’Ymir au pas.

La Compagnie, suite à la découverte de richesses importantes dans le sous-sol de la planète, s’est décidée à exploiter cet enfer de glace inhospitalier colonisé par les sang-froids et les rouges, des humains génétiquement modifiés pour résister au climat terrible qui règne à la surface.

Dans l’Entaille, principale cité souterraine du Nord, les hommes, les femmes et les nons vivent sous un ciel artificiel et s’épuisent dans les mines. La Compagnie, elle, a imposé son joug et son autorité.

Et si elle a réussi, c’est notamment grâce à Yorick, devenu traître aux siens et rejeté par son propre frère, Thello, qui lui a arraché la mandibule d’un tir de pistolet aiguille par la même occasion.

Alors revenir sur Ymir…même vingt ans plus tard, c’est prendre un risque certain pour le demi-sang, fils d’une selkie et d’un outremondain.

Malgré tout, Gausta a besoin des compétences de Yorick. Dans une des mines du Nord, un grendel s’est éveillé, un esprit machinique abandonné par les Anciens qui peuplaient autrefois la galaxie. Chasseur de grendels reconnu et aguerri, Yorick doit donc se mettre en chasse alors que les braises de la révolte se réchauffent et qu’elles menacent de nouveau la planète de glace d’un incendie populaire incontrôlable…

Rich Larson nous fait pénétrer pas à pas dans l’univers d’Ymir, et le début du récit n’est pas une mince affaire pour le lecteur.

Petit à petit, court chapitre par court chapitre, le lecteur va pourtant de mieux en mieux cerner la complexe situation socio-politique de cette planète multiculturelle où la violence s’avère omniprésente.

On admire d'emblée la description minutieuse de ce système d’oppression très cyberpunk dans l’esprit et mis en place par la Compagnie. Cette entité tentaculaire qui semble régner sur une bonne partie de la galaxie, impose sa loi mécanique aux hommes, gouvernant les planètes par des choix algorithmiques inhumains et n’hésitant jamais à sacrifier le nécessaire pour garder la situation sous contrôle.

Rich Larson compose non seulement une société presque dystopique avec cette Compagnie mais également un univers dans lequel les technologies sont à la fois numériques et biologiques. On peut ainsi se recoller une mandibule perdue à coup de gel chair ou découper en tranches des prisonniers pour les décorporer et les mettre dans des bioréservoirs.

Que de place supplémentaire dans les cellules de la Compagnie…



Si l’univers semble à la fois très riche et très noire, Rich Larson s’attache avant tout à décrire la relation complexe qui unit Yorick à son frère Thello.

Le Canadien dresse le portrait de deux hommes aux tempéraments opposés, l’un rongé par la violence, l’autre qui ne la supporte pas.

Dès lors, les chemins se mettent à diverger très tôt et la peur puis la rancœur s’installent. Au centre du récit, la rédemption de Yorick passe par la compréhension de son propre passé, l’acceptation de ses crimes et, surtout la revisite de ses souvenirs. Rich Larson explore le labyrinthe de la mémoire, ou comment l’on s’arrange avec nos traumatismes pour leur donner un sens ou, au contraire, pour éviter d’en affronter les conséquences terribles.

Alternant avec l’histoire principale de Yorick, les flash-backs et les rêves/cauchemars vont mettre en lumière les racines du mal, ou comment deux frères qui s’aiment ont pu s’éloigner autant avec les années.

Roman mémoriel, Ymir investit l’intime pour dire la violence et l’influence de l’environnement sur la personne. Non seulement les rudes conditions de la surface glacée de la planète et les problèmes raciaux qui y règnent entre natifs et colons, mais aussi l’éducation maternelle, la main levée qui finit par transformer l’enfant en un être froid et tranchant comme une lame de rasoir. L’inné et l’acquis. Toujours.

Dans cette plongée presque psychanalytique, Ymir dissémine ses références mythologiques. Prenant le nom du père des Jötnars de la mythologie nordique, la planète laisse apparaître les vestiges disparus d’une civilisation éteinte, les Anciens. Un BDO (Big Dump Object) marque leur présence comme un fossile d’une taille écrasante : l’Ansible.

Vient alors le temps du grendel, cousin éloigné de l’adversaire de Beowulf, vestige-prédateur au comportement étrange et incompréhensible, qui marque et illustre la fable racontée par Yorick, ce qui est mort doit rester mort. Et tant pis si, pour cela, il faut tuer ou anéantir en se droguer à coup de Doxe ou de Hyène.



Enfin, et c’est peut-être le plus important, Ymir est un roman de notre temps, de notre époque. Il illustre à merveille que la science-fiction, loin d’être un genre abstrait déconnecté du réel, le retranscrit au contraire parfaitement. Dans le roman de Rich Larson, on retrouve cette peur du contrôle par les multinationales, de la colonisation et de l’asservissement, de la privation de liberté jusqu’à la privation du corps lui-même.

La dépossession de soi, de ses sensations, de ses souvenirs.

Le contrôle devient un enjeu, même sous le vent glacé de la surface.

C’est aussi un certain avertissement sur les possibilités de la technologie qui déshumanise autant qu’elle guérit, qui piège autant qu’elle libère.

Pour se confronter au gouffre qui nous sépare de cette époque ultra-technologique, Rich Larson investit le sentiment humain, celui de la culpabilité et de l’amour fraternel. Il rassemble au lieu de diviser.

Il aime au lieu d’haïr. Comme un mantra thérapeutique.

Ymir est bien un roman pour aujourd’hui et pour demain, définitivement.



Roman dense et passionnant, Ymir s’offre la plus belle science-fiction pour explorer nos culpabilités et nos révoltes. Sur la planète de glace couve le feu de la révolte contre l’oppression et les souvenirs bouillonnent pour nous rappeler au réel et au fondamental : l’amour entre les frères humains.

Rich Larson signe un premier roman aussi maîtrisé que noir où politique et science-fiction se marient à merveille sans jamais s’étouffer mutuellement.
Lien : https://justaword.fr/ymir-82..
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La fabrique des lendemains

Le Bélial nous propose de découvrir un jeune nouvelliste de science-fiction, Rick Larson, grâce à ce recueil de courtes nouvelles : 28 textes entre 2 et 30 pages. Il serait fastidieux et peu intéressant d’en faire une recension détaillée, même si aucune ne se ressemble (ce qui est un très bon point).



Dans des univers tantôt d’anticipation mais avec une touche de dystopie, tantôt postapocalyptiques, tantôt sur des planètes inconnues avec un worldbuiding épatant, nous assistons au hasard des lectures à des tranches de vie ou des destins parfois émouvants, parfois sombres, parfois perturbants.



Des robots, des IA (sans verser dans la hard-SF), des êtres d’une autre espèce dont les descriptions sont fascinantes, des « mondes d’après », des criminels aux corps transformés, des implants cérébraux : l’imagination de l’auteur s’épanouit au travers d’une plume au service d’univers étranges et par moment effrayants quant aux dérives technologiques. Le traducteur n’a pas eu un travail évident : la prose peut être exigeante, et je doute que ce recueil plaise aux lecteurs qui souhaitent des lectures « faciles ».



Les nouvelles sont souvent denses : ce recueil ne se lit pas d’une traite, d’autant plus que certains textes sont d’un abord moins aisé. Variations sur le transhumanisme ou le posthumaniste, avenirs peu réjouissants, récits postapocalyptiques désespérés, ambiances âpres ou poétiques, planètes imaginaires aux sociétés radicalement différentes : la multitude de thèmes sert une réflexion sur l’humanité, et la plupart des nouvelles explorent les relations entre les êtres (je ne peux pas dire humains, puisque certains protagonistes sont des aliens).



Même si je suis passée à côté de quelques rares nouvelles, l’ensemble permet de faire la connaissance d’un auteur à idées, qui expose des ambiances et des univers avec talent et dont la diversité des inspirations est remarquable.


Lien : https://feygirl.home.blog/20..
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Ymir

Ce n’était pas le moment pour moi de lire ce roman. « Ymir » est un roman exigeant, qui demande une implication, un investissement particulier au lecteur. Ce que j’étais incapable de faire actuellement. Je traverse une mauvaise passe, des problèmes familiaux importants, qui m’empêchent de me concentrer sur une lecture comme celle du roman de Rich Larson. Et puis, de toute façon « Ymir » est trop cyber-punk pour moi. Ce n’était pas le moment de lire ce roman, ce n’était même pas un roman pour moi pensais-je. Pourtant, je ressors de cette lecture complètement sonnée. Dire que j’ai adoré « Ymir » ne serait pas le terme juste. C’est au-delà de ça. Ce roman m’a remuée intimement comme jamais un roman ne l’avait fait. Je ne peux même pas dire que j’ai tout compris, j’ai ressenti.



Le style et la narration du roman sont vraiment particuliers. N’ayant pas pu y consacrer l’entièreté de mon cerveau, plein de choses me sont restées hors de portée, je n’ai pas tout compris. Et pourtant, il me semble que personne ne pourrait aimer ce roman plus que moi. Certains y verront un récit de SF d’action, ce qu’il est, certains y verront un roman à tendance cyber punk marquée, ce qu’il est, mais pour moi, il est avant tout un magnifique drame familial qui m’a bouleversée, faisant écho d’une façon plus ou moins proche à ce que je traverse actuellement. « Ymir » c’est donc une sublime histoire de famille où il est question de pardon, un thème qui est au cœur de mes préoccupations actuelles. Et ce roman m’a aidée à me mettre sur le chemin. Je ne suis pas encore parvenue au terme de ce voyage intérieur, c’est une véritable quête intime que j’entame mais « Ymir » a dégagé ce qui me cachait la route que je devais emprunter, il m’a mise sur la voie. J’aimerais tant pouvoir dire à Rich Larson combien je lui suis reconnaissante pour ça, le remercier. Je n’en aurai jamais l’occasion mais voilà, si quelqu’un lit ce modeste billet, pas très inspiré, je suis trop bouleversée pour être pertinente, si quelqu’un qui aurait la possibilité de le faire lit cette bafouille, qu’il lui dise que son roman m’a empêchée de sombrer, m’a donnée un élan, qu’il m’a, d’une certaine façon, sauvée. Merci Monsieur Larson.

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Ymir

Yorick revient sur Ymir contre sa volonté. On le sort de stase pour une mission dans ses cordes : retrouver et liquider un grendel, une bestiole machinique, aux capacités particulières, qui nécessitent un professionnel dans son genre. Mais Yorick est né sur Ymir et, vu comment il a quitté ce monde, il espérait ne pas y remettre les pieds. Le passé va lui éclater à la gueule. Et ça va gicler sur tout le monde.



Âmes sensibles, passez votre chemin ! Rich Larson aime les fluides, les corps déchiquetés, triturés, maltraités. Le parcours de Yorick est un chemin de croix sanglant. En particulier pour lui. Sa rédemption (s’il y parvient : je ne vais quand même pas divulgâcher dès le début !) doit être douloureuse ou elle ne sera pas. Dès son réveil, on sent que rien ne sera facile. Réveil comateux. Et surtout, difficulté à installer sa nouvelle mâchoire. Car Yorick, on comprendra comment plus tard, a eu la mâchoire arrachée sur Ymir. Il doit donc s’en installer une nouvelle, artificielle. Heureusement, en cette époque, la technologie et la médecine ont fait d’énormes progrès. Sans cela, d’ailleurs, plus d’histoire, vu le nombre de blessures récoltées par les personnages. La gelchair (une parenthèse pour féliciter le traducteur, Pierre-Paul Durastanti, qui n’a pas dû avoir la partie facile avec ce style très heurté et violent par moments ; et bravo pour certains néologismes qui passent très bien.) comble les plaies et permet de cicatriser rapidement. Pas de miracle, mais une grande efficacité malgré tout.



Yorick se retrouve donc, presque entier, sur la planète qui l’a vu naitre. Et grandir dans la douleur. Un père outremondain qui les a abandonnés ; une mère violente et taiseuse ; un petit frère à protéger. Et le roman va nous donner les clefs de ce passé, page après page, entre les moments de chasse au grendel, de beuverie dans les bars. Car Yorick est un personnage totalement fracassé. Dès qu’il le peut, il se drogue : alcool ou drogue dure. Il se cache derrière ces substances pour parvenir à se supporter et à supporter l’existence. Mais surtout, à supporter la possible rencontre avec son jeune frère, qui, lui, est resté sur Ymir. Et a pris fait et cause pour la résistance. Alors que Yorick a choisi d’abandonner sa planète natale, trop dure avec lui, et a pactisé avec le diable, l’ennemi : il est parti sur un vaisseau de la compagnie. La compagnie, c’est le monstre tentaculaire venu d’une autre planète et qui impose son ordre et son profit aux aux autres. Utilisant les armes et les I.A., elle mate les résistances, par la persuasion, mais surtout par la force et la dissuasion. Et malheur à ceux qui résistent ! Ils sont torturés pour obtenir des renseignements. Puis découpés et décorporés. Efficace. Cela rappelle bien évidemment les méga sociétés de William Gibson (Comte Zéro, Périphériques ou Agency), puis de Richard Morgan (Thin Air). D’ailleurs, l’inspiration de Rich Larson pioche largement dans ce terreau : avec ses êtres augmentés, trafiqués, changés jusque dans leur chair même, dans leur intégrité physique ; avec l’importance des puissances électroniques et les I.A. multiples et variées. Mais il brasse tous ces éléments pour les mixer à sa sauce. Saignante.



Décidément, j’ai actuellement une tendance à trouver des récits utilisant les mêmes prénoms. On trouve une Orca ici, comme dans Superluminal de Vonda N. McIntyre. Elles ont en commun le côté non-humain, car cette Orca est une rouge, tandis que celle de l’Américaine est une plongeuse (une humaine modifiée pour s’adapter à l’eau). Et leur caractère entier. Mais la Orca de Rich Larson est plus mutique, plus massive, plus inquiétante. Comme tous les personnages de ce roman, elle est un bloc fracturé, dangereux et en même temps fragile sous certains angles. Mais ses angles sont aigus, tranchants, rugueux. Tout sauf doux.



Pourtant, on trouve de la douceur, voire de la poésie dans Ymir. À travers certaines descriptions du ciel, de certains moments passés, d’échanges de regards. Mais cela ne dure pas. Tout comme la gigue, cette danse mortelle inventée pour se distraire. Les combats illégaux, dans des cages, devant des dizaines, voire des centaines de spectateurs déchainés, sur Ymir, ressemblent à une danse. Les combattants sont équipés de chaussures aux pointes effilées et tranchantes, ou crochetées pour agripper l’adversaire. Et ils dansent l’un autour de l’autre, l’un avec l’autre, l’un contre l’autre. Grâce de ces moments récoltés au prix de la sueur et, surtout, du sang. Car si certains duels s’arrêtent à la première goutte versée, d’autres doivent aller jusqu’à l’ultime don. Celui de la vie d’un des danseurs. Même la beauté est mortelle sur Ymir.



Ymir, un roman coup de poing. Ymir, une claque bardée de lames dans une face déjà abimée par le froid et la glace. Ymir, une histoire de famille et d’amour, de haine et de pardon. Ymir, un roman à lire.
Lien : https://lenocherdeslivres.wo..
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La fabrique des lendemains

Ma bonne résolution lecture de cette année, c’est de lire davantage de littérature de l’imaginaire, et pour cela, rien de tel que de la SF, qui reste mon genre de prédilection dans ce domaine. C’est en tout cas pleine de cette bonne résolution que j’ai décidé d’emprunter ce recueil de nouvelles à la médiathèque, notamment aussi parce que j’en avais lu quelques bons échos de ci de là.



Au rythme d’une nouvelle par jour, j’ai donc été accompagnée, pendant presque un mois, par Rich Larson, par sa capacité à pousser tous les travers de nos sociétés, de notre humanité, dans leurs retranchements, parfois les plus ridicules, le plus souvent les plus graves, afin de mettre en évidence, de dénoncer plus ou moins subtilement, selon les nouvelles, tous ces travers. Ainsi de l’importance donnée au virtuel ou à l’intelligence artificielle, de la non prise en compte suffisante du réchauffement climatique, pour ne citer que quelques exemples.



Rien de neuf finalement quant aux thématiques présentes, assez récurrentes en SF, mais j’ai trouvé qu’en contrepartie la plume de l’auteur apportait quelque chose de neuf, en ce qu’il arrivait à jouer facilement avec les tons, les registres, parfois dans une même nouvelle, et surtout qu’il parvenait, en quelques lignes, à nous transporter de plain-pied dans un univers potentiel, comme si cet univers prenait littéralement vie sous nos yeux, même dans les nouvelles très brèves. Où comment ce qui n’est que fiction nous paraît encore plus vraisemblable…



Je vais donc poursuivre ma découverte des œuvres de Rich Larson, ayant beaucoup apprécié cette première lecture.

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Ymir

J'aime beaucoup les romans de SF qui en plus de proposer une vraie évasion, offre également une critique assez virulente de la société.

Avec Ymir on est en plein dedans et ce livre a été un coup de coeur.



Ymir est une planète à l'hiver éternel sur laquelle Yorick s'était pourtant juré de ne jamais revenir. Mais soumis aux ordres de la Compagnie, il doit accepter sa mission et partir à la chasse au Grendel, un monstre biotechnologique, qui sème la pagaille dans les mines d'extraction de minéraux et cause des pertes financières à la compagnie. Il doit également tout mettre en place pour faire échouer le début de rébellion qui agite autant les souterrains de la planète que les hauts dirigeants de la compagnie.



Yorick est donc obligé de retourner sur son ancienne planète, 20 ans après l'avoir quittée en fuite et à moitié démembré. Il doit jouer serré car il est considéré comme un traître parmi son peuple. Accusé d'avoir assassiné des centaines de personnes pour le compte de la Compagnie, il sait qu'au moindre faux pas, il sera reconnu et dénoncé.

Yorick est est un personnage atypique. Physiquement d'abord puisqu'il n'est pas humain. Son apparence différente n'a été qu'un détail pour moi puisque son fonctionnement et son mode de pensée restent proche de celui d'un être humain. Sa mandibule inférieure, arrachée par son jeune frère et qui a précipité sa fuite loin de sa planète, le rend difforme et lui pose de nombreux problèmes.

Alors Yorick se drogue. Il oublie la douleur physique et le souvenir de ce frère qui l'a mutilé. Pendant ses errements dans le coton trompeur de la drogue, Yorick se souvient.

D'avant la compagnie.

De sa mère violente, aigrie par les privations et l'abandon du père de ses enfants. Un père qu'ils n'ont jamais connu et dont on sait seulement qu'il n'était pas de cette planète. Yorick et son frère se trouvent souvent obligés de se battre pour exister, pour répondre au racisme qui les entoure, pour trouver une porte de sortie autre que finir dans les mines à creuser pour dénicher des minéraux pour le compte d'une Compagnie affamée.

Yorick se souvient. De son frère et de la tendre relation qu'ils entretenaient. Lui le grand frère courageux et bagarreur, l'autre, le petit qu'il fallait protéger et dont il ne comprenait pas l'innocence.

Et puis Yorick, de nouveau dans le présent, s'enfonce dans la mine, à la recherche du grendel et d'informations à rapporter à la Compagnie. Entre plongées souterraines, hébétitude hallucinée et verres descendus au bar, le profil de Yorick se dessine plus nettement. Son passé également.

Les sources de la haine entre les deux frères prennent forme et on se surprend plus d'une fois à espérer une fin heureuse pour ces deux personnages que le colonialisme a détruit.

Le roman joue beaucoup avec le concept de mémoire et comment celle-ci peut nous trahir.



Un livre sombre, une sale histoire

Un world building étonnant

Une one-shot très réussi.
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Barbares

Dernier titre en date de la collection Une-Heure-Lumière, "Barbares" est un récit qui mixe Space et Planet Opera.

Nous suivons deux contrebandiers (ou plutôt un et demi, vu que l'un des deux ne possède que sa tête), Yanna et Hilleborg.

Ils vont aider deux personnages étranges dans une visite "guidée" sur un monstre spatial géant en décomposition.

Action, aventure, transhumanisme, clonage, et une pointe de cyberpunk sont au centre du récit mais nous abordons également des thèmes tels que la différence des classes sociales, la symbiose de jumeaux, la génétique, la politique, le tout avec un worldbuilding et un bestiaire hyper développé pour une histoire aussi courte (100 pages), c'est un récit très "sense of wonder" au final.

On retrouve vraiment l'écriture riche et dense de Rich Larson comme dans son recueil de nouvelles "La fabrique des lendemains" et dans son roman "Ymir" dont certain éléments reviennent ici, en particulier l'homme réduit a une "tête" suite à un emprisonnement dans un pénitencier surpeuplé ou l'on réduit les corps en pâte en ne gardant que la tête pour faire de la place, c'est un peu glauque mais si original.

Une pointe d'humour noir est également présente, ce qui donne du piquant a notre duo de choc, la fin est parfaite.

Je vous conseille vivement cette novella qui se lit d'une traite, vivement un nouveau livre de Rich Larson.

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La fabrique des lendemains

Le livre de l'année ? Je ne sais pas, mais la question mérite d'être posée.

Le nom de Rich Larson circulait sous mes yeux depuis quelques mois, mais je n'avais pas encore eu l'occasion de le lire.

Le nouveau génie de la SF mondiale, rien que ça. Et ma foi, je ne le dementirai pas.



Une claque. Un délice pour l'esprit.

Transhumanisme, drones en tout genre, lendemain de catastrophe. Clonage, manipulation génétique et marchandisation des corps. Des sujets traités, triturés, réinventés. Rich Larson excelle dans la forme courte et impressionne par l'ampleur de son imagination.

Une partie de ces nouvelles, savamment sélectionnées par les 42 et traduites par Pierre-Paul Durastanti, forment une sorte de fix-up tant l'on retrouve soit des personnages, soit des termes formant un univers cohérent. Mais ne cherchez pas à deviner qui vous retrouverez plus loin, vous le découvrirez le moment voulu ! D'ailleurs dans leur préface les 42 suggèrent fortement de les lire dans l'ordre proposé.

D'autres chroniqueront mieux cet ouvrage, l'analyseront finement. Pour ma part, je ne peux que reposer mon téléphone sur lequel j'écris ces mots, afin de pouvoir applaudir des deux mains.
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Barbares

Petit défi personnel cette année, lire plus tous ces UHL (Une Heure Lumière) qui me tentent et me permettent soit de découvrir la plume d’un auteur, soit d’avoir accès rapidement et brièvement à des concepts et auteurs parfois ardus. Avec Barbares, je mets un pied timide dans la production de Rich Larson dont j’ai beaucoup entendu parler depuis la sortie d’Ymir. Est-ce que j’y reviendrai ? Oui, mais avec peut-être moins d’attentes et d’ambition que prévues…



En effet avec une pub sur France Culture qui vantait la « SF vive, saillante, politique, parfois acide, toujours surprenante » de l’auteur, je pense être en droit d’attendre plus que le divertissement certes efficace mais un peu bref et court que j’ai eu.



En débutant cette lecture, je me suis dis : « tiens, on dirait du Andrea Corp » et ayant adoré les nouvelles et romans de celle-ci, j’étais enthousiaste. Cependant Rich Larson, s’il écrit des aventures pleines de verve et de peps, n’a pas la capacité d’Adam-Troy Castro à dépasser cela pour nous faire ressentir tour à tour vertige et émotion face à des questions sociétales modernes. Rich Larson en reste au stade du divertissement et l’éditeur m’ayant parlé de « sense of wonder », je suis un peu déçue car je ne l’ai pas trouvé…



J’ai cependant aimé la plume vive et entraînante de l’auteur, un peu crasseuse, avec un bel effet « aventure de chasseur de primes ». Le cadre de son histoire, ce navegide, vaisseau organique mort, a titillé la fan de body horror et SF organique en moi. J’ai également aimé la gouaille des échanges et les secrets portés par chacun. Les petites pointes de SF avec manipulation génétique, création transhumaniste, forcément m’ont plu. Mais pour moi, l’auteur n’exploite pas assez tout cela. Il pose un peu les concepts là sans en faire grand-chose de plus et laisse juste son aventure se dérouler. Il faut dire que moins de 100 pages, c’est très bref aussi, peut-être trop pour un tel épisode où il faut allier découverte d’un lieu singulier, personnages à potentiel et intrigue avec mystère et thématiques sociales + SF à la clé. Mais j’aurais voulu bien plus.



Voici donc une lecture pour laquelle j’avais certaines attentes. Elles n’ont pas été pleinement comblée. Cependant j’ai passé un bon moment et j’ai trouvé du potentiel aussi bien à la plume qu’aux idées de l’auteur et je me dis que dans un cadre plus long, il y aurait peut-être de quoi me satisfaire. Car clairement un vaisseau organique et des menées transhumanistes avec des personnages à gouaille, c’est totalement mon kif ! Ceux qui l’ont lu, pensez-vous qu’Ymir pourrait me convenir du coup ?
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Barbares

Mais c'est pas mal du tout ! Voilà une petite novella très bien construite, dynamique, tout axée sur le divertissement.



L'idée est originale et alléchante. Elle reprend le thème de l'exploration d'un artefact gigantesque, dans la tradition du sens of wonder. Mais en lieu et place d'un artefact ou d'un vaisseau, c'est d'un nagevide qu'il s'agit, une créature titanesque capable d'évoluer dans l'espace.

Ici, nous sommes dans la variante de l'épave, puisque les explorateurs s'immiscent à l'intérieur d'une carcasse de nagevide. L'aspect décomposition de la créature-monde confère au roman une tonalité particulière, ainsi que son originalité.





Les quelque cent pages de ce récit se lisent facilement, quoique le style un peu plus travaillé que d'ordinaire oblige parfois à lire attentivement. De courts chapitres de deux à cinq pages contribuent à la fluidité. Le suspense inhérent à ce type de récit et le savoir-faire de l'auteur font le reste.

L'écriture de Rich Larson parfaitement maîtrisée. Dynamique et moderne.

Contrairement à ce qui se fait souvent dans les récits d'aventures basés sur l'exploration d'univers exotiques, il y a très peu de descriptions de l'univers. Les descriptions ne sont pas inexistantes, mais ciblent davantage les personnages eux-mêmes.

L'accent est donc mis sur l'action et les personnages, avec de nombreux dialogues.





Ceux-ci sont bien campés.

L'héroïne narratrice porte le récit autant par ses actions que par son caractère bien trempé. Le cynisme dont elle fait preuve presque constamment est très bien retranscrit, et occasionne quelques pointes d'humour sympathiques.

Son compagnon d'aventures a une particularité surprenante qui donne au roman une touche cyberpunk. Une particularité par ailleurs très bien exploitée sur le plan du scénario.

Les deux jumeaux sont atypiques et détonnent un peu, mais tout finit par trouver une explication.

Enfin, on a une méchante... très méchante, comme attendu !



On a même droit à un passé très solide des deux héros, exposé très adroitement tout au long de l'histoire.





L'impression qui domine mon esprit à la lecture de ce texte est celle d'un véritable récit d'aventures complet, compressé au maximum possible. Tout y est et fonctionne de manière parfaitement huilée : exposition, exploration, dangers et nombreuses actions, mystères, intrigue et dénouement. Il y a tout pour faire un film de SF orienté action ou un roman de 300 pages, mais Rich Larson nous en a fait une novella de cent pages à peine ! C'est donc une réussite, une prouesse, et en même temps je pense que cela frustrera celles et ceux qui auraient voulu approfondir davantage l'univers proposé. Car, paradoxalement, l'univers proposé, son originalité, semble laissé à l'arrière-plan, même s'il y a de nombreuses interactions qui le ramènent ponctuellement au premier plan.



Ma plus grande déception concerne les deux grands mystères du récit, à savoir la nature des nagevides et le contenu du fameux caveau. Je n'en dirai pas plus, sinon qu'il était sans doute difficile de faire autrement sur aussi peu de pages.



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La fabrique des lendemains

Il y a un peu plus d'un an et demi, sortait au Bélial dans la collection Quarante-Deux, le recueil d'un auteur "inconnu" en France : Rich Larson. Né au Niger, il a vécu aux Etats-Unis, au Canada, en Espagne avant de s'établir à Prague. En une dizaine d'années il a publié un roman et plus de deux cents nouvelles. Ce jeune auteur (d'à peine trente ans), très prolifique, est considéré comme le nouveau prodige de la Science-Fiction anglo-saxone. On le compare souvent à Greg Egan dont il serait le digne héritier mais également à Ken Liu ou à Peter Watts (tous publiés dans cette même collection).



La Fabrique des Lendemains, le recueil dont il est question aujourd'hui, regroupe vingt-huit textes de l'auteur, des récits relativement courts, qui dépassent rarement la trentaine de pages et qui pour certains ne comprennent que deux ou trois feuillets.



Rich Larson est un pur auteur de Science Fiction, probablement un peu moins Hard-SF que Greg Egan. Il est le digne héritier du cyberpunk, nombre de ses récits sont ancrés dans un futur proche où la technologie omniprésente malmène les hommes. Transhumanisme et posthumanisme sont au cœur de la majorité des nouvelles du recueil, les Intelligences Artificielles ne sont jamais loin, avec souvent en trame de fond le post-apocalyptique. Ces textes sont très accessibles, malgré un verbiage technologique parfois abscons (encore une fois un grand bravo à Pierre-Paul Durastanti pour la traduction fluide et agréable !) mais l'écriture visuelle de l'auteur permet de s'immerger dans ce futur pas si éloigné du nôtre.



Entre ces textes très technologiques s'insèrent quelques pastiches d'humour, des textes complétement décalés comme Tu peux surveiller mes affaires ou En cas de désastre. L'auteur fait aussi preuve de beaucoup de poésie, c'est en cela qu'il se rapproche de Ken Liu avec comme par exemple Rentrer par tes propres moyens une nouvelle humaniste et mélancolique ou Il y avait des oliviers, un récit d'apprentissage post-apocalyptique de toute beauté.



Sur les vingt-huit textes sélectionnés, un petit tiers ne m'a pas convaincu soit je n'ai pas compris où l'auteur voulait en venir, soit je suis complétement passé à côté. Les autres textes sont à minima très bons, voire excellents. Je citerai Circuits où une IA fait preuve de solitude, De viande, de sel et d'étincelles, quand une chimpanzé a subi une augmentation de son intelligence se retrouve isolée de son espèce : bouleversant. Six mois d'océan traite de la dépossession (par location) de son corps et la récupération de celui-ci après l'usage qui en a été fait par un.e autre. Sans être novateur, ce récit est assez dérangeant. En règle générale, l'auteur est plus percutant dès qu'il y a des implants neur(on)aux et des transferts de personnalités, il fait mouche à chaque texte, maîtrisant son sujet et diversifiant les réflexions.



Pour conclure, La Fabrique des Lendemains permet de découvrir Rich Larson, un jeune auteur talentueux qui nous dépeint un avenir sombre où même les IA peuvent s'ennuyer, où les technologies sont omniprésentes pour le meilleur mais souvent pour le pire et où le concept d'humanité prend un sens bien différent.






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La fabrique des lendemains

Livre reçu lors d'une masse critique mais je n'avais pas réalisé qu'il s'agissait de nouvelles de science fiction. Je n'aime pas ce genre. Du coup, j'ai essayé mais pas du tout accroché. J'abandonne. Pas pour moi,mais les amateurs pourront apprécier
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Barbares

Un petit bouquin (100 pages) remarquable.

Certes un début qui pique à cause d'un vocabulaire abscons à coup de carniflash, d'acarcassage, de crwth ou de portoeil, et ce dès les 1eres pages. Néanmoins on s'y fait vite et les néologismes se digèrent en fin de compte assez aisèment et n'empêchent nullement de piger l'histoire.



Le récit est brillant et bien ficelé, une expédition sur et dans une créature titanesque, qui dérive dans l'espace, et qui possède son propre biotope, avec sa faune et sa flore. Fallait oser.

Ajoutez à cela des personnages peu nombreux mais bien campés, une atmosphère sombre et légèrement cyberpunk hardcore, et une intrigue qui tient en haleine avec son lot de retournements.

En somme la seule critique négative que je puis émettre, c'est le fait que ça se lit bien trop rapidement.



Une courte mais intense expérience de lecture que j'ai appréciée, et que je conseille.
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Barbares

Pour le quarante-huitième opus de la collection Une Heure Lumière, Le Bélial nous offre une avant-première mondiale de Rich Larson, traduite de main de maître par Pierre-Paul Durastanti. Ce jeune prodige d'une trentaine d'années (l'auteur, pas le traducteur) incarne, avec Ray Nayler, le renouveau de la SF. Et c'est peu dire que nous en avons besoin, vu l'offre famélique en Science Fiction ces derniers mois.



Après avoir eu les honneurs d'un recueil de nouvelles La Fabrique des Lendemains dans la collection Quarante-Deux, Rich Larson intègre le catalogue UHL avec Barbares une courte novella très dense, plutôt originale (même si pour Apophis, Rich Larson ne fait que revisiter nombre de concepts déjà usités par les grands de la SF mais qu'il le fait très bien. Pour ceux qui n'ont pas son vécu littéraire cette novella sera originale !)



Yanna et Hilleborg, deux contrebandiers de l'espace sans le sou, acceptent contre une forte rémunération d'emmener des jumeaux, descendants d'une très riche famille, sur un Nagevide, immense créature vivante (même si celle-ci est morte et en état de décomposition avancée) grouillant d'une faune et d'une flore pas toujours sympathiques. Ce qui au départ devait être une promenade touristique s'avère bien différent une fois sur place, les jumeaux ayant un autre objectif...



Rich Larson nous décrit un univers riche, nous présente de multiples concepts et fourmille d'idées, le tout concentré en moins de cent pages pour presque autant de néologismes. J'exagère un peu mais les mots-valises et autres inventions narratives sont légion et c'est là que l'on applaudit la traduction de Pierre-Paul Durastanti qui a dû s'amuser (ou pas) à rendre ce texte fluide et agréable.



Barbares nous narre donc l'expédition au coeur de la bête, une exploration mêlant humour et horreur qui n'est pas sans rappeler un autre titre de la collection : Sur la Route d'Aldébaran d'Adrian Tchaikovsky, sans oublier de nous interpeller sur l'humanité et la psychologie humaine pour se terminer en apothéose sur une non-fin qui fera sourire ou agacera le lectorat.



Pour conclure, Barbares est une novella pulp horrifique et bourrée d'humour. Une aventure plaisante et dégoulinante qui éblouit autant qu'elle interroge. Un petit bonbon acidulé à déguster le temps d'une soirée.




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Barbares

Extrait de ma chronique :



"En reprenant à la toute fin de l'histoire (page 96) ce motif du "nid à bactéries" (en mode setup-payoff), Rich Larson semble confirmer que Barbares, à sa façon débridée, parle tout autant d'incommunicabilité que le Solaris de Stanislas Lem ou que L'Affaire Crystal Singer d'Ethan Chatagnier – à moins qu'il ne s'amuse avec les maniaques de l'interprétation comme moi ?





Plus généralement, Rich Larson me semble parler de la vacuité (ou de la profondeur insoupçonnée) qu'il y a derrière les postures convenues ou figées (des gens, mais aussi des histoires) ; je pense par exemple à ce que dit Yanna (page 72) de ses employeurs, une fois qu'ils approchent l'objet de leur quête (un "MacGuffin à faire pleurer Hitchcock" d'après Feyd Rautha)"
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Barbares

Avez-vous des auteurs que vous n’aimez lire que sous une seule forme ? Personnellement, je savais déjà que je préférais Victor Hugo le poète au romancier, et Isaac Asimov le vulgarisateur ou le nouvelliste au romancier. Je peux désormais ajouter Rich Larson à ma liste. L’auteur canadien a plusieurs nouvelles et un roman à son actif parus chez Le Belial’. Et autant certaines de ses nouvelles m’ont séduites, autant Ymir, son roman paru l’an dernier, m’a laissée froide (normal pour une histoire se passant sur une planète glaciaire me direz-vous). Autant dire qu’en recevant le dernier UHL à son nom, Barbares, j’étais mitigée. Et comme vous lisez ces lignes, vous avez déjà une idée du résultat.

Barbares est l’un des livres de cette collection de novellas les plus courts (hormis les hors-séries), ce qui convient bien à Rich Larson car cela l’oblige à resserrer son histoire en évitant les digressions et les longueurs. Nous sommes dans un univers futuriste ouvert où la technologie et la biologie se mélangent avec des vaisseaux organiques (dont les nagevides où se passent la majorité de l’action), de têtes coupées maintenues vivantes, du clonage et une utilisation extrême de la biométrie. Mais dans Barbares, l’action est limitée à un seul lieu : la carcasse d’un nagevide (sorte de poisson ou baleine de l’espace sur laquelle se développe un véritable écosystème) en décomposition. Il n’y a que peu de personnages : Yanna et Hilly et leurs clients jumeaux, plus l’antagoniste principale et ses hommes de main. Et l’histoire est simple : une exploration tournant à l’infiltration. Pour autant, les personnages décrits ont de l’épaisseur, des traumatismes plus ou moins cachés et des motivations un peu plus complexes que prendre l’argent et devenir richissime très vite (même si c’est officiellement le motif principal). Le monde lui-même est riche, les péripéties s’enchaînent et pour peu que vous ne soyez pas dégoûtés par le sang et les viscères, le résultat est une aventure plaisante dans l’espace. Même si, avouons-le, elle est certainement plus agréable à lire qu’à vivre.
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