Citations de Richard Malka (408)
Dans 22 pays dont l’islam est la religion d’État, l’athéisme est considéré comme un crime et il est puni de mort dans 12 d’entre eux. Dans ces pays, les musulmans sont donc privés du droit de décider de ne plus l’être. On leur retire leur liberté de conscience. Je n’ai jamais entendu personne au monde parler d’athéophobie ni lu un article sur ce sujet.
(page 67)
Il y aura éternellement des dessinateurs ou des femmes cheveux au vent pour défier les totalitarismes.
(page 86)
Les attentats de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher ne sont pas seulement des crimes. Ils ont une signification, une portée politique, philosophique, métaphysique. Les attentats commis par les frère Kouachi et par Amedy Coulibaly convergent vers la même idée. Ils sont indissociables, ils ont été préparés de concert, ils ont le même but. Quand Coulibaly tue des Juifs, il ne tue pas que des Juifs, il tue l’Autre. Le Juif, c’est l’Autre. Sous toutes les latitudes, à toutes les époques de l’humanité, de l’Égypte ancienne à l’Allemagne nazie, des ghettos de Pologne aux quartiers réservés du Maghreb, en passant par les shtetls de Bessarabie.
(pages 10-11)
"C’est à nous, et à nous seuls, qu’il revient de s’engager, de réfléchir, et parfois de prendre des risques pour rester libres d’être ce que nous voulons. C’est à nous, et à personne d’autre, de trouver les mots, de les prononcer pour recouvrir le son des couteaux sous nos gorges. A nous de rire, de dessiner, de jouir de nos libertés, face à des fanatiques qui voudront nous imposer leur monde de névroses et de frustrations. C’est à nous de nous battre pour rester libres. C’est ça qui se joue aujourd’hui."
L’interprétation, la critique et même l’humour grinçant de Charlie Hebdo, sont une nécessité vitale pour les religions elles-mêmes et surtout pour les hommes.
(page 53)
Tu vois Idiss, je t’avais dit qu’un jour tu aurais ton mari, tes enfants et ta maison.
- Tu avais raison… Mais quand tout va mal, on pleure… et quand tout va bien, on a peur. Heureusement, il y a les enfants pour le bonheur.
(page 29)
C’est le mobile du crime et il est explicite : le respect du Coran et la vengeance du Prophète. L’action de ces terroristes est motivée par l’islam – ils le disent – et plus précisément par une vision de l’islam.
(page 13)
Voltaire… Le pourfendeur des religions, l’esprit libre, révolutionnaire, celui dont on a brûlé le dictionnaire philosophique dans le bûcher du chevalier de La Barre, l’auteur du Traité sur la tolérance et de la pièce de théâtre Le Fanatisme ou Mahomet le Prophète que l’on n’ose plus jouer nulle part au monde ou presque. Celui qui n’hésitait pas à affirmer, en un temps ou cela entraînait la mort, l’enfermement ou l’exil, plus certainement qu’aujourd’hui, que le christianisme était la religion « la plus ridicule, la plus absurde et la plus sanguinaire qui ait jamais infecté le monde », ou encore « la superstition la plus infâme qui ait jamais abruti les hommes et désolé la terre ».
Ainsi osait-on parler des religions au XVIIIe siècle. Il est de ceux auxquels nous devons de vivre libres. Mais nous ne le savons plus, nous l’avons oublié.
- Tu vois, Idiss, je t’avais dit qu’un jour tu aurais ton mari, tes enfants et ta maison …
- Tu avais raison …
Mais quand tout va mal, on pleure …
… et quand tout va bien, on a peur. Heureusement, il y a les enfants pour le bonheur.
La science a cet avantage sur la religion qu’elle peut se déjuger sans se discréditer. La raison progresse par ses erreurs quand la foi meurt de ses errements.
(page 39)
Et rester libres, cela implique de pouvoir encore parler librement, sans être menacés de mort, abattus par des kalachnikovs ou décapités. Or ce n’est plus le cas dans notre pays.
(page 14)
Le juif, c'est celui qui est différent, qui garde son identité à travers les millénaires, qui refuse de se fondre. C'est l'idée de l'irréductible singularité, donc de la diversité. Charlie Hebdo aussi, c'est l'Autre. Celui qui est libre, libertaire, qui s'exprime sans entraves, et, pire, qui rie de ceux dont la pensée totalitaire refuse la différence. Le sens de ces crimes, c'est l'annihilation de l'Autre, de la différence. Si l'on ne répond pas à cela, alors on se sera arrêté au milieu du chemin, on aura sanctionné l'acte, le crime, sans appréhender sa portée.
L’Armistice fut signé le 22 juin 1940. Ainsi, comme Schulim en 1914, Simon ne fut pas mobilisé. Il revint à Nantes…
La République s’était effondrée, le pays était occupé, la Nation saignée. Sans tarder, le Maréchal Pétain et son gouvernement promulguèrent les premières lois antisémites dès octobre 1940.
(page 89)
On voit jusqu’où va le blasphème. Il interdit tout, jusqu’à l’approche historique.
(page 48)
On en est arrivé là parce que l’arme du blasphème, nous explique Gilles Kepel, a fait l’objet d’une surenchère de radicalité entre Daech et Al-Qaïda, entre l’Iran et l’Arabie Saoudite, entre le sunnisme et le chiisme, qui, je le cite, « se disputent la mobilisation de leurs coreligionnaires dans un jihad universel contre l’Occident judéo-chrétien ».
(pages 54-55)
Je ne sais pas quelle direction nous prendrons, celle du crépuscule des Lumières ou celle d’une nouvelle aube. Dans tous les cas, il y aura probablement, et malheureusement, d’autres attentats, d’autres morts et d’autres procès. Alors autant que ce soit pour redevenir ce peuple qui, il y a bien longtemps, inspira l’idée de liberté au monde, celle de l’acceptation de l’Autre. C’est notre rêve commun depuis trois cents ans et nous n’en avons pas de rechange. Il n’y a pas de salut dans la lâcheté. J’espère que nous ne serons pas la génération qui aura tourné le dos à son histoire et à son avenir.
Même les hadiths considérés comme les plus fiables se contredisent sur un même propos du Prophète ou sur un même épisode de sa vie. Il y en a d’affreusement guerriers et d’autres merveilleusement pacifiques.
(pages 42-43)
Ce soir-là, Simon dit à Robert qu’un jour tout redeviendrait normal, « même en mieux », et Idiss l’embrassa de toutes ses forces en demandant à l’Éternel de le protéger. Mais avant, son père expliqua au jeune garçon que les choses avaient changé. Sa République tant aimée, la République d’Hugo et de Zola, celle de la déclaration des droits de l’homme, avait cessé de les protéger et les enfants juifs devraient se comporter prudemment pour ne pas être dévorés .
J’arrive au terme de ce que j’ai à vous dire et j’espère que cela sera compris comme un message d’altérité.
En 1936, Thomas Mann, prophétique, avertissait l’Europe des dangers qui la guettaient. Il avançait que « dans tout humanisme il y a un élément de faiblesse qui vient de sa répugnance pour tout fanatisme, de sa tolérance et de son penchant pour un scepticisme indulgent, en un mot de sa bonté naturelle. Et cela peut, en certaines circonstances, poursuivait-il, lui devenir fatal. Ce dont nous aurions besoin, concluait-il, serait d’un humanisme militant, convaincu que le principe de la liberté, de la tolérance et du libre examen n’a pas le droit de se laisser exploiter par le fanatisme sans vergogne de ses ennemis. Sinon, il ne nous restera plus qu’à chercher un refuge hors du temps et de l’espace ».
C’est la dernière fois que je plaiderai ce dossier. Je suis au bout de ce chemin.
Aux universitaires de travailler pour notre futur commun ;
Aux intellectuels de faire preuve d’un peu de courage, de défendre le vertige de la liberté plutôt que le respect des dogmes :
Aux artistes et aux créateurs de retrouver la liberté de Molière et de Voltaire, sinon à quoi bon créer. Qui ose encore ? À eux de ne pas abandonner l’audace de la critique des religions dans les tombes de ceux qui ont forgé la liberté dont ils bénéficient ;
Aux exploitants de salles de cinéma et aux diffuseurs de tenir bon ;
Aux journalistes d’oser nommer les choses. C’est leur mission, leur responsabilité, leur devoir de rouage essentiel de notre grande horlogerie démocratique ;
Aux juges administratifs d’être parfois moins naïfs ;
Aux autorités politiques du monde musulman de cesser d’instrumentaliser et de politiser une religion :
À nos politiques d’être des humanistes militants, intraitables sur nos libertés et notre universalisme ;
Aux théologiens de proposer une nouvelle vision ;
Et à tous, que l’on en finisse avec l’obligation de respecter les religions.
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Les croyances ne peuvent jamais exiger le respect. Seuls les hommes y ont droit. Aucune croyance, aucune idée, aucune opinion ne peut exiger de ne pas être débattue, critiquée, caricaturée.
(page 72)